Alexandra Lapierre

Alexandra Lapierre

Belle Greene

Portrait 00'06'36"

Philippe Chauveau :
Bonjour Alexandra Lapierre.

Alexandra Lapierre :
Bonjour.

Philippe Chauveau :
Quel plaisir de vous accueillir pour parler de votre actualité chez Flammarion, Belle Greene. Vous allez nous parler d'un personnage féminin de l'histoire, un personnage que vous ressortez d'ailleurs des limbes de l'histoire. On va revenir là dessus, mais reparlons de votre parcours. On vous connaît bien maintenant en librairie. Vous faites des biographies, très souvent romancées, mais où tout est véridique. Comment est né ce goût d'aller chercher des destins un peu oubliés de l'histoire? Le goût de la recherche? Pourquoi cette appétence?

Alexandra Lapierre :
En fait, ce qui m'intéresse, c'est de porter témoignage d'une vie qui a été passé à la trappe de l'histoire. Il y a un côté un peu Zorro où je me dis que c'est invraisemblable que personne n'ait raconté cette histoire. Et donc je suis obsédée par l'exactitude des recherches, des faits, des dates, des événements, des mots. Parce que sinon, cette histoire n'aurait aucun intérêt si je la racontais en inventant des choses. Et l'autre volet, c'est d'emmener des gens qui ne sont pas des spécialistes dans des mondes qui ne connaissent pas et donc de se servir des outils du roman pour les emmener.

Philippe Chauveau :
Vous parliez de ces personnages que vous remettez en lumière. Déjà, lorsque vous étiez enfant ou en tout cas adolescente, vous aimiez découvrir des personnages que l'on vous raconte des grands destins. Pourquoi ce goût?

Alexandra Lapierre :
Je crois que c'est très ancien. Il y a un double goût, celui de raconter des histoires. Je suis une conteuse. Je rêve de raconter des histoires. C'est très important pour moi. J'adore être emmenée, et qu'on m'emmène. Et c'est vrai que le côté aussi enquête est quelque chose d'extrêmement important pour moi. Je m'amuse à lire ces documents introuvables, difficiles à lire souvent dans le cas de Artemisia c'était en vieil italien ou en latin. Et tout d'un coup, de découvrir des choses dans des langues inconnues, cela m'a toujours beaucoup amusé.

Philippe Chauveau :
Vous parliez tout à l'heure de Zorro, mais je n'aime plus trop les personnages masqués en ce moment. On va plutôt dire que vous êtes une sorte d'Indiana Jones de la recherche plutôt qu'une historienne.

Alexandra Lapierre :
Oui, c'est les deux. Parce que c'est vrai que l'histoire est pour moi aussi très, très importante. C'est vraiment au cœur de mon travail d'être ancrée dans l'histoire. Avec chaque livre, j'espère vous emmener dans une période donnée et dans un contexte donné. Il n'y a rien de pire que quand on tire à soi des périodes ou des époques en étant complètement anachronique. En ce sens, l'histoire pour moi est très important.

Philippe Chauveau :
Vous avez une quinzaine de livres à votre effectif avec des personnages, beaucoup sont féminins, mais il y a aussi quelques personnages masculins. La plume romanesque pour raconter de véritables destins. Vous vous êtes quand même aussi essayé, parfois, au roman pur et simple roman historique. Vous aviez notamment Les Lionnes du boulevard. C'est comme ça qu'on vous a découvert. Vous pourriez revenir au roman pur pour raconter, par exemple, une période historique, mais en inventant des personnages où finalement, aujourd'hui, votre marque de fabrique, ce sont vraiment des destins authentiques.

Alexandra Lapierre :
Je crois que si je revenais au roman pur, ce ne serait pas des romans historiques. Ce serait des romans à notre époque contemporaine. Mais c'est vrai que comme j'aime rêver et partir voyager, tout ça est dans l'essence même de mon travail. L'idée du voyage, c'est une enquête, mais pas nécessairement à Paris et dans le faubourg Saint-Germain. C'est une enquête dans les archives du Pérou, dans des couvents perdus. C'est ça que j'aime. Donc, si je revenais au roman, ce serait probablement pas un roman historique. En revanche, pour que je puisse rêver moi, ce sont d'autres époques, d'autres lieux qui m'emmènent dans un premier temps. La première rencontre, le premier choc avec un personnage est à la fois complètement sentimental et je ne saurais pas l'expliquer vraiment et il est aussi cérébral et intellectuel. Donc, il y a toujours les deux aspects.

Philippe Chauveau :
Comment se fait la rencontre avec un personnage?

Alexandra Lapierre :
Ça, c'est vraiment le hasard. Ce que je veux dire, c'est que j'ai fait des enquêtes sur des personnages que j'abandonne au bout de trois mois, six mois. Non pas parce que ce n'est pas intéressant, mais ce n'est pas assez intéressant. Ce n'est pas suffisant pour que je passe trois ans, quatre ans de ma vie sur des personnages perdus. Il faut que autour de ces personnages, il y ait des personnages secondaires tous plus formidables les uns que les autres et que ce soit une grande aventure humaine. Ce n'est pas juste une histoire. C'est une histoire qui s'inscrit dans une aventure plus vaste.

Philippe Chauveau :
Je le disais parmi tous ces personnages que vous avez sorti des ombres de l'histoire. Il y a beaucoup de femme, comme Artemisia on peut rappeler aussi dans vos titres L'excessive ou encore Je te vois reine des quatre parties du monde, qui a eu moult prix. Aujourd'hui, c'est Belle Greene. Vous focalisez aussi sur des personnages féminins. Est ce le hasard? Ou y a t il une part de féminisme, de militantisme dans votre travail?

Alexandra Lapierre :
À partir du moment où l'idée de base est de sortir quelqu'un de l'ombre et de parler de grandes figures qui ont changé les destins de plusieurs personnes et quelquefois de l'histoire, mais dont on a oublié ou volé le destin, ce sont très souvent des femmes, évidemment pour des raisons sociologiques, puisque elles n'avaient pas d'existence légale jusqu'à très récemment. Dans le cas des pays latins, elle appartenait stricto sensu à leur père quand elles étaient fille, à leur mari quand elle était femme. Les raisons de mon choix des femmes sont évidentes puisque elles sont évidemment systématiquement privées de leurs œuvres ou de leur part par l'histoire et par là, par la sociologie de l'histoire. Et puis, évidemment aussi, il y a une espèce de complicité instinctive, mais en même temps, ça n'est pas du tout un parti pris. Ce qui m'intéresse, ce sont les gens formidables.

Philippe Chauveau :
C'est une bonne définition. Votre actualité Alexandra Lapierre, Belle Greene, aux éditions Flammarion.

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  • LIVRE
  • Fille du journaliste et romancier Dominique Lapierre à qui l’on doit notamment « Paris brûle-t-il » ou « La cité de la joie », Alexandra Lapierre a grandi au milieu des livres. Après ses études à la Sorbonne, elle file aux Etats-Unis où elle ambitionne de travailler dans le milieu du cinéma. Finalement, l’écriture la rattrape et son premier titre, « La lionne du boulevard », publié en 1984, préfigure ce qui fera son succès, raconter la grande Histoire à travers ses personnages et par une écriture...Belle Greene d'Alexandra Lapierre - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Bonjour Alexandra Lapierre.   Alexandra Lapierre : Bonjour.   Philippe Chauveau :Quel plaisir de vous accueillir pour parler de votre actualité chez Flammarion, Belle Greene. Vous allez nous parler d'un personnage féminin de l'histoire, un personnage que vous ressortez d'ailleurs des limbes de l'histoire. On va revenir là dessus, mais reparlons de votre parcours. On vous connaît bien maintenant en librairie. Vous faites des biographies, très souvent romancées, mais où tout est véridique. Comment est né ce...Belle Greene d'Alexandra Lapierre - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau : Alexandra Lapierre, vous avez ce chic pour trouver des personnages que la grande histoire a oublié et qui pourtant, à un moment, ont fait partie de cette grande histoire. Voici Belle da Costa Greene, une femme que l'on connaît bien dans le milieu de l'art. Ce sont les Etats-Unis de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle. Et pourtant, il y a tout un autre pan de son histoire que l'on ne connaît pas, que vous allez nous raconter dans ce livre. Comment arrive-t-elle dans votre vie, cette fameuse Belle...Belle Greene d'Alexandra Lapierre - Livre - Suite