Christine Kerdellant

Christine Kerdellant

Alexis ou la vie aventureuse du comte de Tocqueville

Portrait 5'55

Bonjour Christine Kerdellant. Merci d'être avec nous, votre actualité chez Robert Laffont c'est « Alexis », cette biographie romancée que vous consacrez à Alexis de Tocqueville. J'aimerais qu'on fasse un peu plus connaissanc.
Vous êtes romancière, vous êtes écrivain, il y a eu des essais, il y a eu des romans, il y a eu des thrillers et puis vous êtes aussi journaliste, vous êtes directrice adjointe de la rédaction de l'express.
Finalement est-ce qu'il y a un pont, est-ce qu'il y a une passerelle entre ces deux activités : l'écriture de roman et l'écriture journalistique ? Ou sont-ce pour vous deux vies bien cloisonnées ?
Alors en fait j'ai commencé à écrire des livres parce que je n'écrivais pas assez dans ma fonction de journaliste. Mais j'avais envie d'écrire depuis ma plus tendre enfance.
Je suis devenue journaliste pour écrire et pour voyager et en fait après trois années à « Jeune Afrique », où là effectivement j'ai écrit et voyagé beaucoup, je suis rentrée dans un journal qui s'appelait « L'entreprise »,
où là très vite au bout de deux ans je suis devenue rédactrice en chef et directrice de la rédaction. Et à partir de là, je n'ai presque plus écrit, à part des éditos, et ça me faisait presque souffrir, en tout cas une frustration certaine.
Et j'ai commencé à écrire, effectivement dans les années 90 parce que je souffrais de ne pas écrire suffisamment.
Lorsque l'on fait partie d'une rédaction au sein d'un magazine comme « L'express », qui est quand même l'un des plus grands hebdomadaires français, est-ce qu'on se sent (je vais employer les grands mots) investi d'une mission ?
Est-ce qu'on a sur ses épaules le poids de l'histoire d'un tel magazine ? Et lorsque l'actualité est aussi vibrante et aussi chargée, est-ce qu'on se dit « je suis journaliste, j'ai une mission bien spécifique. » ?
Disons qu'on se le dit lorsqu'on est dans sa fonction de journaliste. Mais je n'ai jamais ressenti le besoin, sauf au début de ma carrière, d'écrire sur l'actualité ou sur des phénomènes économiques en cours.
Je l'ai fait au début, parce que j'avais le temps pendant la semaine de mener de front mes articles et des livres d'enquêtes. Le fait d'être à « L'express » vous donne cette responsabilité au niveau de vos éditos ou de vos chroniques, ce que je fais dans « L'expansion » et dans « L'express ».
Mais au niveau des livres, c'est un peu trop lourd comme héritage, quand vous êtes assis dans le fauteuil qui a peut-être appartenu à Françoise Giroud ou Jean-Jacques Servan-Schreiber, je pense que l'humilité vous impose de faire autre chose.
Justement dans cette rédaction vous suivez l'actualité chaque semaine, est-ce que finalement l'écriture romanesque vous permet aussi de prendre un petit peu de recul avec notre époque contemporaine, vous permet de vous isoler par rapport à ce que vous vivez au quotidien ?
Oui c'est vrai. Tocqueville notamment entre un peu dans cette circonstance ou dans cette mouvance. Tous les hommes politiques citent Tocqueville.
Il a écrit des constitutions, il a effectivement voyagé en Amérique et rapporté le modèle de la démocratie américaine pour que la France essaie de s'en inspirer, mais il n'a jamais eu de très grand destin national, alors qu'il le mérite.
Dans l'actualité politique aujourd'hui il y a d'autres gens qui ainsi n'auront jamais de grand destin national parce qu'ils sont trop raisonnables ou qu'ils ne pensent pas assez à leur carrière personnel, qui sont peut-être trop intègres.
Qui pensent trop au pays avant de penser à leur parcours.
Voilà ! Et ça il n'y en a plus beaucoup des hommes politiques qui pensent au pays et à un projet qui les dépassent plutôt qu'à leur élection suivante.
Mais alors votre écriture, lorsque vous travaillez, ça vous isole un petit peu justement de tout ce milieu : l'économie, la politique, l'actualité internationale dans laquelle vous vivez au quotidien ?
Est-ce que le fait d'écrire vous apporte aussi un plaisir personnel qui vous permet peut-être de faire une respiration, une coupure ?
Oui, c'est exactement ça. C'est un plaisir personnel et effectivement comme vous le disiez, ça permet de prendre du recul par rapport au fracas du monde. Il a traversé une des périodes les plus mouvementées de l'Histoire de France,
et c'est vrai qu'il y a énormément de choses du XXème siècle et du XXIème qui prennent leur source finalement dans le XIXème. Et ça m'a vraiment permis de comprendre un certain nombre de choses du débat politique d'aujourd'hui.
Je le disais en préambule, dans votre bibliographie, il y a de nombreux essais, souvent liés à votre travail de journaliste, il y a des romans aussi, il y a des thrillers, il y a aujourd'hui ce que l'on peut appeler une biographie romancée.
Si vous deviez traduire votre recherche en terme d'écriture, quel est votre style ?
Je vais effectivement dans ce qui me fait plaisir, mais le point commun de tous mes livres, que ce soit des essais ou des romans, c'est en général de s'intéresser à une personne ou à une population précise.
Tout à l'heure, je parlais des « nouveaux Condottieres » ces repreneurs des années 80, c'était des gens qui avaient vraiment des points communs, et mon livre essayait d'analyser leurs points communs et les méthodes communes qu'ils avaient eu pour réussir.
En fait je suis obligée de partir de l'existant. Je crois que je n'ai pas une imagination complètement...
Même pour les romans ?
Même pour les romans !
Quand vous écrivez un thriller par exemple, il y a toujours un point de départ ?
Oui, c'était Versailles, c'était le jardin de Lenôtre. Il y a deux thrillers. Il y en a un c'est « Les fils de Ramsès » c'était à partir effectivement des pharaons,
mais ça m'a obligée avec mon co-auteur à vraiment comprendre l'époque de Ramsès, et à lire beaucoup et à comprendre. On n'est pas du tout parti de zéro.
C'est peut-être ce qui nous ramène justement à votre métier de journaliste, que finalement il y a toujours des recherches dans vos écrits.
Oui, c'est vrai.
Dans votre première réponse vous nous avez expliqué que l'écriture c'était un souvenir d'enfance, que déjà toute petite vous aviez envie d'écrire.
Vous pouvez l'expliquer, il y a une raison ? Est-ce qu'à la maison il y avait une bibliothèque, est-ce qu'on vous a vraiment incitée à lire et ça vous a donné le goût de l'écriture ?
J'ai énormément lu quand j'étais enfant, j'adorais m'évader dans les livres. Mon père lisait « L'équipe » tous les matins et me disait :
« Ce soir quand tu rentreras tu sauras lire ça, tu sauras lire l'Equipe. » Et donc je suis allée à l'école sans pleurer parce que j'espérais le soir lire, mais j'étais très déçue évidemment en rentrant.
Cette enfance que vous avez passé à Valognes, la commune que connaissait bien Alexis de Tocqueville qui est au coeur de votre actualité. Christine Kerdellant chez Robert Laffont : « Alexis ou la Vie aventureuse du comte de Tocqueville ».

Philippe Chauveau : Bonjour Christine Kerdellant.

Christine Kerdellant : Bonjour.

Philippe Chauveau : Merci d'être avec nous, votre actualité chez Robert Laffont c'est « Alexis », cette biographie romancée que vous consacrez à Alexis de Tocqueville. J'aimerais qu'on fasse un peu plus connaissance, vous êtes romancière, vous êtes écrivain, il y a eu des essais, il y a eu des romans, il y a eu des thrillers et puis vous êtes aussi journaliste, vous êtes directrice adjointe de la rédaction de l'express. Finalement est-ce qu'il y a un pont, est-ce qu'il y a une passerelle entre ces deux activités : l'écriture de roman et l'écriture journalistique ? Ou sont-ce pour vous deux vies bien cloisonnées ?

Christine Kerdellant : Alors en fait j'ai commencé à écrire des livres parce que je n'écrivais pas assez dans ma fonction de journaliste. Mais j'avais envie d'écrire depuis ma plus tendre enfance. Je suis devenue journaliste pour écrire et pour voyager et en fait après trois années à « Jeune Afrique », où là effectivement j'ai écrit et voyagé beaucoup, je suis rentrée dans un journal qui s'appelait « L'entreprise », où là très vite au bout de deux ans je suis devenue rédactrice en chef et directrice de la rédaction. Et à partir de là, je n'ai presque plus écrit, à part des éditos, et ça me faisait presque souffrir, en tout cas une frustration certaine. Et j'ai commencé à écrire, effectivement dans les années 90 parce que je souffrais de ne pas écrire suffisamment.

Philippe Chauveau : Lorsque l'on fait partie d'une rédaction au sein d'un magazine comme « L'express », qui est quand même l'un des plus grands hebdomadaires français, est-ce qu'on se sent (je vais employer les grands mots) investi d'une mission ? Est-ce qu'on a sur ses épaules le poids de l'histoire d'un tel magazine ? Et lorsque l'actualité est aussi vibrante et aussi chargée, est-ce qu'on se dit « je suis journaliste, j'ai une mission bien spécifique. » ?

Christine Kerdellant : Disons qu'on se le dit lorsqu'on est dans sa fonction de journaliste. Mais je n'ai jamais ressenti le besoin, sauf au début de ma carrière, d'écrire sur l'actualité ou sur des phénomènes économiques en cours. Je l'ai fait au début, parce que j'avais le temps pendant la semaine de mener de front mes articles et des livres d'enquêtes. Le fait d'être à « L'express » vous donne cette responsabilité au niveau de vos éditos ou de vos chroniques, ce que je fais dans « L'expansion » et dans « L'express ». Mais au niveau des livres, c'est un peu trop lourd comme héritage, quand vous êtes assis dans le fauteuil qui a peut-être appartenu à Françoise Giroud ou Jean-Jacques Servan-Schreiber, je pense que l'humilité vous impose de faire autre chose.

Philippe Chauveau : Justement dans cette rédaction vous suivez l'actualité chaque semaine, est-ce que finalement l'écriture romanesque vous permet aussi de prendre un petit peu de recul avec notre époque contemporaine, vous permet de vous isoler par rapport à ce que vous vivez au quotidien ?

Christine Kerdellant : Oui c'est vrai. Tocqueville notamment entre un peu dans cette circonstance ou dans cette mouvance. Tous les hommes politiques citent Tocqueville. Il a écrit des constitutions, il a effectivement voyagé en Amérique et rapporté le modèle de la démocratie américaine pour que la France essaie de s'en inspirer, mais il n'a jamais eu de très grand destin national, alors qu'il le mérite. Dans l'actualité politique aujourd'hui il y a d'autres gens qui ainsi n'auront jamais de grand destin national parce qu'ils sont trop raisonnables ou qu'ils ne pensent pas assez à leur carrière personnel, qui sont peut-être trop intègres.

Philippe Chauveau : Qui pensent trop au pays avant de penser à leur parcours.

Christine Kerdellant : Voilà ! Et ça il n'y en a plus beaucoup des hommes politiques qui pensent au pays et à un projet qui les dépassent plutôt qu'à leur élection suivante.

Philippe Chauveau : Mais alors votre écriture, lorsque vous travaillez, ça vous isole un petit peu justement de tout ce milieu : l'économie, la politique, l'actualité internationale dans laquelle vous vivez au quotidien ? Est-ce que le fait d'écrire vous apporte aussi un plaisir personnel qui vous permet peut-être de faire une respiration, une coupure ?

Christine Kerdellant : Oui, c'est exactement ça. C'est un plaisir personnel et effectivement comme vous le disiez, ça permet de prendre du recul par rapport au fracas du monde. Il a traversé une des périodes les plus mouvementées de l'Histoire de France, et c'est vrai qu'il y a énormément de choses du XXème siècle et du XXIème qui prennent leur source finalement dans le XIXème. Et ça m'a vraiment permis de comprendre un certain nombre de choses du débat politique d'aujourd'hui.

Philippe Chauveau : Je le disais en préambule, dans votre bibliographie, il y a de nombreux essais, souvent liés à votre travail de journaliste, il y a des romans aussi, il y a des thrillers, il y a aujourd'hui ce que l'on peut appeler une biographie romancée. Si vous deviez traduire votre recherche en terme d'écriture, quel est votre style ?

Christine Kerdellant : Je vais effectivement dans ce qui me fait plaisir, mais le point commun de tous mes livres, que ce soit des essais ou des romans, c'est en général de s'intéresser à une personne ou à une population précise. Tout à l'heure, je parlais des « nouveaux Condottieres » ces repreneurs des années 80, c'était des gens qui avaient vraiment des points communs, et mon livre essayait d'analyser leurs points communs et les méthodes communes qu'ils avaient eu pour réussir. En fait je suis obligée de partir de l'existant. Je crois que je n'ai pas une imagination complètement...

Philippe Chauveau : Même pour les romans ?

Christine Kerdellant : Même pour les romans !

Philippe Chauveau : Quand vous écrivez un thriller par exemple, il y a toujours un point de départ ?

Christine Kerdellant : Oui, c'était Versailles, c'était le jardin de Lenôtre. Il y a deux thrillers. Il y en a un c'est « Les fils de Ramsès » c'était à partir effectivement des pharaons, mais ça m'a obligée avec mon co-auteur à vraiment comprendre l'époque de Ramsès, et à lire beaucoup et à comprendre. On n'est pas du tout parti de zéro.

Philippe Chauveau : C'est peut-être ce qui nous ramène justement à votre métier de journaliste, que finalement il y a toujours des recherches dans vos écrits.

Christine Kerdellant : Oui, c'est vrai.

Philippe Chauveau : Dans votre première réponse vous nous avez expliqué que l'écriture c'était un souvenir d'enfance, que déjà toute petite vous aviez envie d'écrire. Vous pouvez l'expliquer, il y a une raison ? Est-ce qu'à la maison il y avait une bibliothèque, est-ce qu'on vous a vraiment incitée à lire et ça vous a donné le goût de l'écriture ?

Christine Kerdellant : J'ai énormément lu quand j'étais enfant, j'adorais m'évader dans les livres. Mon père lisait « L'équipe » tous les matins et me disait : « Ce soir quand tu rentreras tu sauras lire ça, tu sauras lire l'Equipe. » Et donc je suis allée à l'école sans pleurer parce que j'espérais le soir lire, mais j'étais très déçue évidemment en rentrant.

Philippe Chauveau : Cette enfance que vous avez passé à Valognes, la commune que connaissait bien Alexis de Tocqueville qui est au coeur de votre actualité. Christine Kerdellant chez Robert Laffont : « Alexis ou la Vie aventureuse du comte de Tocqueville ».

Alexis ou la vie aventureuse du comte de Tocqueville Robert Laffont
  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • LIBRAIRE
  • Alexis de Tocqueville, voilà un nom que chacun connait et pourtant difficile de dire aujourd’hui avec certitude quelle fut l’œuvre de cet homme et combien son influence reste capitale dans notre vision de la démocratie et de la chose publique. C’est pourquoi le livre de Christine Kerdellant « Alexis ou la vie aventureuse du comte de Tocqueville » m’a interpellé. Voilà un livre intéressant à double titre puisqu’on y retrouve le plaisir d’une écriture romanesque mais aussi parce qu’il permet de redécouvrir, 210...Alexis ou la vie aventureuse du comte de Tocqueville de Christine Kerdellant - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Bonjour Christine Kerdellant.Christine Kerdellant : Bonjour.Philippe Chauveau : Merci d'être avec nous, votre actualité chez Robert Laffont c'est « Alexis », cette biographie romancée que vous consacrez à Alexis de Tocqueville. J'aimerais qu'on fasse un peu plus connaissance, vous êtes romancière, vous êtes écrivain, il y a eu des essais, il y a eu des romans, il y a eu des thrillers et puis vous êtes aussi journaliste, vous êtes directrice adjointe de la rédaction de l'express. Finalement est-ce qu'il y...Alexis ou la vie aventureuse du comte de Tocqueville de Christine Kerdellant - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau : Christine Kerdellant j'ai envie de dire qu'Alexis de Tocqueville c'est quelqu'un que vous connaissez bien depuis longtemps, puisque sans trahir de secret vous êtes originaire de Valognes.Christine Kerdellant : De son fief, oui.Philippe Chauveau : Dans le département de la Manche, le château de la famille est à quelques kilomètres de Valognes.Christine Kerdellant : A 23 kilomètres.Philippe Chauveau : Ça veut dire que déjà enfant, ou du moins adolescente, Alexis de Tocqueville est un personnage dont on vous a un...Alexis ou la vie aventureuse du comte de Tocqueville de Christine Kerdellant - Livre - Suite
     « C'est un livre à la lecture plaisante, qui est très intéressante, qui parle d'un sujet qui est peu connu en France, parce qu'on connait peu Tocqueville et on connait encore moine De la démocratie en Amérique. »« Christine Kerdellant a eu la bonne idée de faire un roman, vivant, expliquant comment cette idée De la démocratie en Amérique est venue à Alexis de Tocqueville. Notamment à travers son voyage en Amérique, et aussi une histoire qu'on connait moins, c'est cette passion amoureuse qu'il a eue pour Marie qui...Alexis ou la vie aventureuse du comte de Tocqueville de Christine Kerdellant - Libraire - Suite