Virginie Jouannet a passé une partie de son enfance loin de la France métropolitaine. A Tahiti ou en Afrique, c'est dans les livres qu'elle trouvait refuge, se construisant une autre existence, rêvant d'aventure et de voyages. Très tôt, elle dévore la bibliothèque familiale et dès 13ans, les auteurs russes ont sa préférence. Tout naturellement, ce goût de la lecture devient goût de l'écriture. Poésie, théâtre, nouvelles, Virginie Jouannet explore les différentes facettes de la littérature. Toutefois, bien qu'ayant déjà...
Escales littéraires de Virginie Jouannet - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Virginie Jouannet. Vous êtes dans l'actualité avec « Cavale » aux éditions XO que l'on peut considérer comme votre premier roman. Il y avait eu d'autres publications précédemment mais dans des univers un peu différents. J'ai quand même l'impression que vous avez toujours eu envie, et besoin d'écrire puisque vous avez travaillé dans la poésie, dans le théâtre. Pourquoi ce goût pour l'écriture ?
Virginie Jouannet :
Il m'est d'abord venu par la lecture. Enfant, j'étais une lectrice...
Escales littéraires de Virginie Jouannet - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
« Cavale », Virginie Jouannet vous allez nous présenter Jeanne. Jeanne est une femme d'une trentaine d'années, et vit à Lille. Et puis une nuit, elle se retrouve près d'un cadavre, celui de son fiancé. Il a un poignard dans le ventre, il est mort et il y a une marre de sang. Le problème c'est qu'elle ne se souvient absolument pas de ce qu'il s'est passé pendant les deux heures avant qu'elle appelle la police. Va donc naitre une cavale puisqu'elle se sent menacée. D'où vient cette femme ? Comment est né...
Escales littéraires de Virginie Jouannet - Livre - Suite
Virginie Jouannet
Cavale
Présentation 1'57Virginie Jouannet a passé une partie de son enfance loin de la France métropolitaine. A Tahiti ou en Afrique, c'est dans les livres qu'elle trouvait refuge, se construisant une autre existence, rêvant d'aventure et de voyages. Très tôt, elle dévore la bibliothèque familiale et dès 13ans, les auteurs russes ont sa préférence. Tout naturellement, ce goût de la lecture devient goût de l'écriture. Poésie, théâtre, nouvelles, Virginie Jouannet explore les différentes facettes de la littérature. Toutefois, bien qu'ayant déjà publié, ce titre « Cavale » qui vient de sortir, apparaît pour Virginie Jouannet comme un premier roman, une sorte de page qu'elle tournerait dans sa propre existence.
Il lui a fallu quatre ans pour venir à bout de ce livre, à la fois thriller et roman psychologique. Jeanne se retrouve une nuit auprès d'un cadavre, tué d'un coup de couteau. C'est son fiancé, David, un type un peu louche, à la main leste. Problème, Jeanne ne se souvient pas des deux heures qui précèdent le crime et rien ne dit qu'elle ne soit pas coupable. Jeanne prend la fuite. Elle cherche aussi à s'éloigner des appels anonymes qui lui pourrissent l'existence. Et dans sa fuite, elle quitte aussi sa sœur jumelle et tous les secrets et non-dits qui la blessent au quotidien, comme une morsure lancinante.
Le roman de Virginie Jouannet est rythmé, enlevée, bien ficelé puisque c'est un thrieller. Mais, comme il s'agit aussi d'un roman psychlogique, on aime aussi la part de mystère qui existe autour de Jeanne et qui se retrouve dans la construction du roman, cette nébulosité dans ses rapports aux autres, ses allers et retours avec son enfance et les secrets qu'elle a cherché à enfouir.
Un roman qui vous tient en haleine et une héroïne, Jeanne, qui n'a pas fini de vous surprendre.
« Cavale » de Virginie Jouannet est publié chez XO.
Virginie Jouannet
Cavale
Portrait 5'49Philippe Chauveau :
Bonjour Virginie Jouannet. Vous êtes dans l'actualité avec « Cavale » aux éditions XO que l'on peut considérer comme votre premier roman. Il y avait eu d'autres publications précédemment mais dans des univers un peu différents. J'ai quand même l'impression que vous avez toujours eu envie, et besoin d'écrire puisque vous avez travaillé dans la poésie, dans le théâtre. Pourquoi ce goût pour l'écriture ?
Virginie Jouannet :
Il m'est d'abord venu par la lecture. Enfant, j'étais une lectrice boulimique, et je le suis toujours. Je lisais tout et n'importe quoi, j'ai lu toute la bibliothèque maternelle qui était variée. Cela pouvait aller de Victor Hugo, à Dostoïevski, Steinbeck, Violette Leduc..
Philippe Chauveau :
Vous compreniez à l'époque tout ce que vous lisiez ?
Virginie Jouannet :
Etonnement oui. J'ai relu « L'Idiot » il y a une dizaine d'années et j'ai réalisé, presque avec stupéfaction, que j'avais tout saisi alors que j'avais à peine treize ans. Je me rappelle ouvrir ce livre, et j'étais presque en transe tellement l'univers des écrivains russes me touchait déjà énormément.
Philippe Chauveau :
Vous avez passé plusieurs années hors de France, en Afrique, à Tahiti. Lire les auteurs russes lorsque l'on est sur une plage de Tahiti c'est complètement surréaliste. Pourquoi ? C'était une protection ? Un refuge ?
Virginie Jouannet :
Oui, c'était un cocon et c'était un voyage. Gamine, je rêvais d'être aventurière, de voyager, et il est évident que les livres m'ont fait voyager.
Philippe Chauveau :
Ce n'est pas courant à treize ans de lire les auteurs russes classiques. C'était un besoin de vous isoler, de vous évader ?
Virginie Jouannet :
De me remplir, de donner une forme au monde. J'ai commencé à lire à Tahiti et je lisais un livre par jour. Je lisais Bob Morane, Homère, les Evangiles, tout et n'importe quoi. Je pense qu'il y avait un besoin de se remplir de mots, se protéger du monde, et puis rêver, m'évader.
Philippe Chauveau :
Alors que vous étiez déjà à des milliers de kilomètres de votre terre natale ?
Virginie Jouannet :
J'étais sans racine donc les livres me donnaient ce contour, ce cocon.
Philippe Chauveau :
Vous cultivez ce goût d'être libre, sans racine et cela se ressent dans votre écriture. Pourquoi l'écriture aujourd'hui ? Cela représente quoi dans votre parcours ?
Virginie Jouannet :
C'est difficile à dire car l'écriture est venue petit à petit, d'abord avec beaucoup de timidité. J'étais écrasée par les grands auteurs que j'avais lu. Au début c'était un rêve, et puis j'y suis allée avec des textes courts, des nouvelles. Et je n'ai pas pu m'arrêter. Il fallait trouver ma voie, ma cadence au milieu de tous mes géants. Je me sentais comme un petit poucet qui sème ses petits cailloux et qui s'ouvre aussi une route.
Philippe Chauveau :
Ecrivez-vous pour vous même ? Est ce une sorte de baume, de sparadrap sur des blessures, ou pensez-vous au lecteur qui va vous lire ?
Virginie Jouannet :
J'écris pour être lue. Je pense toujours à cette écriture exposée.
Philippe Chauveau :
Un goût du partage ?
Virginie Jouannet :
Absolument, et l'envie de toucher.
Philippe Chauveau :
Vous considérez « Cavale » comme votre premier roman, on sait que vous avez mis trois, quatre ans à venir à bout de ce roman. Il y a t-il déjà quelque chose qui mûrit dans votre tête ? Pensez-vous déjà à l'après « Cavale » ?
Virginie Jouannet :
Il y a des envies, des images, des flashs.
Philippe Chauveau :
Et il y a une appréhension ?
Virginie Jouannet :
Non, je n'ai pas l'appréhension de la page blanche.
Philippe Chauveau :
« Cavale » votre roman est publié aux éditions XO Virginie Jouannet.
Virginie Jouannet
Cavale
Livre 6'59Philippe Chauveau :
« Cavale », Virginie Jouannet vous allez nous présenter Jeanne. Jeanne est une femme d'une trentaine d'années, et vit à Lille. Et puis une nuit, elle se retrouve près d'un cadavre, celui de son fiancé. Il a un poignard dans le ventre, il est mort et il y a une marre de sang. Le problème c'est qu'elle ne se souvient absolument pas de ce qu'il s'est passé pendant les deux heures avant qu'elle appelle la police. Va donc naitre une cavale puisqu'elle se sent menacée. D'où vient cette femme ? Comment est né ce personnage ? Nous sommes à la fois dans un thriller mais également dans un roman psychologique.
Virginie Jouannet :
Jeanne est née d'une image, d'une femme qui part. C'est autour de cette image que j'ai petit à petit créée Jeanne, mais elle s'est crée toute seule. Le moteur qui l'a fait démarrer puise dans son enfance, dans un secret qui se réveille avec la découverte de ce cadavre.
Philippe Chauveau :
Très vite on va comprendre que les fêlures de Jeanne sont nombreuses, et on sait aussi que Jeanne est harcelée au téléphone et elle va tenter des fuir ces appels. De Lille elle va se retrouver à Biarritz, et Biarritz va être une sorte de personnage à part entière. Pourquoi passer de Lille à Biarritz ? Pourquoi ce goût pour le sud ?
Virginie Jouannet :
J'aimais l'idée qu'elle partait au bout du monde. Biarritz représentait pour moi la ville idéale. C'est une ville que j'ai connu enfant et où j'ai été heureuse alors que j'ai eu une enfance un peu chaotique.
Philippe Chauveau :
Biarritz avec ses décors, avec son front de mer qui sont très présents. Il y a plusieurs histoires en une dans « Cavale », il y a ce thriller ; Pourquoi David est il mort ? Quelle est la part de responsabilités de Jeanne ? L'autre histoire c'est de savoir qui est Jeanne, d'où vient-elle, quelles sont ses fêlures familiales ? La gémellité est importante, très vite on fait connaissance avec sa soeur Anne. Pourquoi traiter de la gémellité ?
Virginie Jouannet :
Plus que la gémellité, c'était la sororité, ce lien particulier entre soeurs qui me fascine, comme tous les liens fusionnels. C'est comme un écho.
Philippe Chauveau :
La fuite est très présente. Il y a un autre personnage que l'on va découvrir, c'est Emile qui est norvégien, il est veilleur de nuit dans l'hôtel où va s'installer Jeanne. Lui aussi il fuit, il fuit quelque chose, il fuit des fêlures. Pourquoi ce besoin de fuite, ou de liberté ?
Virginie Jouannet :
C'est un besoin que l'on a tous plus ou moins. Emile c'est l'altérité, c'est une possibilité, c'est l'échappée belle.
Philippe Chauveau :
Je le disais en préambule, c'est à la fois un thriller et un roman psychologique. Pourquoi avoir choisi de démarrer avec ce côté thriller ? Etait ce une façon d'envisager l'écriture rythmée du roman ?
Virginie Jouannet :
Oui, d'abord cela commence cela par une bascule, c'est pour moi le début idéal. J'aime bien mélanger les genres, j'avais envie de brouiller les codes.
Philippe Chauveau :
Avez-vous l'impression que Jeanne est devenue une amie au fil de l'écriture et avez-vous eu du mal à la laisser ?
Virginie Jouannet :
Oui un petit peu, en tout cas j'ai une tendresse évidente pour elle.
Philippe Chauveau :
Voilà en tout cas une premier roman avec une histoire bien ficelée, c'est sombre à souhait. On s'attache à ce personnage avec ses complexités. Je veux juste citer une phrase qui m'a beaucoup touché. Vous dîtes à un moment : « On vit avec les gens qu'on aime et parfois ils sont loin, parfois ils sont morts, mais ça n'empêche rien, et finalement c'est l'amour que tu leur porte qui est le plus important, c'est ça qui te grandit. » Je trouve que dans cette phrase il y a beaucoup du roman.
« Cavale » Virginie Jouannet, c'est votre actualité et vous êtes publiée chez XO.