Le sport et la littérature, voilà deux des amours de Gérard de Cortanze. S'il fut, dans sa jeunesse, primé pour ses performances en athlétisme, l'auteur de « Assam », prix Renaudot en 2002, s'est surtout fait un nom dans le monde du livre. Critique littéraire, spécialiste de Jorge Semprun ou de Paul Auster, Gérard de Cortanze est aussi éditeur. En tant qu'écrivain, on lui doit des romans, des récits, des anthologies, des biographies et même de la poésie. C'est dire qu'il est prolixe. Ce qui motive Gérard de Cortanze,...
Le roi qui voulait voir la mer de Gérard Cortanze (de) - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :Bonjour Gérard de Cortanze, votre actualité chez Albin Michel « Zazous », un livre qui prend place dans une bibliographie déjà conséquente. Dans le monde du livre, on vous connait bien ! Vous êtes auteur, prix Renaudot en 2002 pour « Assam » et puis vous êtes aussi éditeur. Est-ce le même Gérard de Cortanze qui est derrière son clavier et qui écrit pour lui-même, que le Gérard de Cortanze qui conseille des auteurs et choisit les textes. Gérard de Cortanze :C'est exactement la même personne...
Le roi qui voulait voir la mer de Gérard Cortanze (de) - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :Dans le titre de ce nouveau roman, Gérard de Cortanze, tout est dit ! Et la couverture est très explicite les « Zazous ». L'histoire nous a un peu raconté qui ils étaient, mais dans le roman que vous nous proposez, on va mieux comprendre l'histoire de ces personnages qui furent des résistants en quelque sorte. C’est un roman, on fait connaissance avec une bande de copains qui se retrouvent au café Eva. Il y a Pierre, Odette, Josette, Sarah... Pourquoi avoir eu envie de vous plonger dans cette période, et...
Le roi qui voulait voir la mer de Gérard Cortanze (de) - Livre - Suite
Gérard de Cortanze
Zazous
Présentation 2'35Le sport et la littérature, voilà deux des amours de Gérard de Cortanze. S'il fut, dans sa jeunesse, primé pour ses performances en athlétisme, l'auteur de « Assam », prix Renaudot en 2002, s'est surtout fait un nom dans le monde du livre. Critique littéraire, spécialiste de Jorge Semprun ou de Paul Auster, Gérard de Cortanze est aussi éditeur. En tant qu'écrivain, on lui doit des romans, des récits, des anthologies, des biographies et même de la poésie. C'est dire qu'il est prolixe. Ce qui motive Gérard de Cortanze, c'est la passion qu'il porte à ses sujets, souvent teintée d'une admiration assumée. Qu'il raconte Le Clézio ou Hemingway, qu'il entraine son lecteur en Andalousie, en Italie ou en Amérique du Sud, Gérard de Cortanze n'est pas un auteur qui décrit, qui reste en retrait, qui observe. Bien au contraire, il est au cœur de son sujet et cherche avant tout à faire partager sa passion à son lecteur par une écriture vive, rythmée, colorée. Cela fut particulièrement vrai lorsqu'il s'empara de Frida Khalo, réhabilitant le personnage, lui offrant une nouvelle visibilité. Bon nombre de lecteurs ont découvert la célèbre artiste mexicaine grâce à Gérard de Cortanze. Cela se confirme aussi avec « Zazous », le nouveau roman de Gérard de Cortanze dans lequel il nous invite à redécouvrir ce phénomène que l'histoire officielle a souvent négligé. De 1940 à 1946, nous allons suivre une bande de copains, à Paris, confrontée à l'Occupation allemande. Ils n'ont qu'une religion, la musique swing. Ils font partie de ces jeunes que l'on appelle les zazous. Quelle insouciance, quelle inconséquence alors que la France du maréchal Pétain souffre. Voilà le discours officiel. Pourtant, ces jeunes, ces zazous, à leur façon vont résister. Avec une peinture très précise du Paris des années 1940, une minutie dans les évènements authentiques qui sont ici relatés, Gérard de Cortanze nous propose un vrai roman, aux personnages forts et à l'intrigue bien menée. Cette histoire résonne aussi avec notre actualité. Quand la musique et l'art en général peuvent contrer la barbarie. Les allemands voulaient faire taire le jazz et le swing, ils n'y sont pas parvenus. Aujourd'hui, d'autres forces obscures veulent aussi faire taire la musique par la violence, les jeunes leurs résisteront à leur tour.
Parmi à la rencontre de ces fameux zazous, laissez-vous entrainer dans ce nouveau roman de Gérard de Cortanze et vous aussi, vous serez swing.
« Zazous » de Gérard de Cortanze est publié chez Albin Michel.
Gérard de Cortanze
Zazous
Portrait 5'33'Philippe Chauveau :
Bonjour Gérard de Cortanze, votre actualité chez Albin Michel « Zazous », un livre qui prend place dans une bibliographie déjà conséquente. Dans le monde du livre, on vous connait bien ! Vous êtes auteur, prix Renaudot en 2002 pour « Assam » et puis vous êtes aussi éditeur. Est-ce le même Gérard de Cortanze qui est derrière son clavier et qui écrit pour lui-même, que le Gérard de Cortanze qui conseille des auteurs et choisit les textes.
Gérard de Cortanze :
C'est exactement la même personne oui, parce qu'en fait, il y a une chose qui m'intéresse, c'est la biographie. Donc je publie des biographies et j'en écris aussi : Hemingway, Le Clézio... Que fait le romancier ? Il ne fait rien d'autre que d'écrire des biographies. Il s'agit de l'importance de la vie dans une œuvre, c'est banal de dire ça mais je trouve que c'est profond parce qu'il n'y a pas d'oeuvre sans existence.
Philippe Chauveau :
Quel est le rapport entre le romancier et l'athlète que vous étiez plus jeune ?
Gérard de Cortanze :
Il y a un lien évident, c'est qu'on apprend à perdre. Lorsque vous faites du sport, vous passez votre temps à perdre, vous gagnez très rarement. Dans l'écriture il y a aussi une perte, mais surtout, il y a une sorte de moralité dans l'écriture et dans le sport. Je suis quelqu'un de très moral. Il y a un travail, une exigence à avoir dans le travail. Quand je faisais du sport, j'avais une exigence, j'avais un régime alimentaire strict, etc. Mais il y a une jouissance à suivre les préceptes impliqués par cette exigence.
Philippe Chauveau :
Si vous deviez définir le lien entre tous vos titres, notamment pour les romans avec « Assam » par exemple ou « Zazous », quelle est la démarche ?
Gérard de Cortanze :
C'est l'histoire ! Et la place de l'être humain dans l'Histoire. Je suis passionné par l'Histoire et mes livres ne cessent d'explorer les liens entre l'homme et l'Histoire. Mais cela me vient de mes ancêtres, qui eux-mêmes étaient impliqués dans l'histoire italienne.
Philippe Chauveau :
Gérard de Cortanze, au même titre que David Foenkinos avec Charlotte Salomon, vous avez publié plusieurs ouvrages sur Frida Kahlo, il y a eu un roman, une biographie et peut-être un projet au théâtre. C'est aussi cela le rôle de l'écrivain, de ressortir de l'ombre des personnages un peu oubliés ?
Gérard de Cortanze :
Oui bien sûr, c'est l'un des rôles de l'écrivain. Et puis il y a aussi eu l'exposition dont j'étais l'un des commissaires… Mais je suis fondamentalement amoureux de Frida Kahlo et du Mexique et de la langue espagnole, qui est une de mes patries. J'ai été amené à l'écriture à 18 ans et autour de moi j'avais des amis comme Carlos Fuentes, Mario Vargas Llosa, Mendoza et Julio Cortazar… Cela reste à jamais lié à votre existence et Frida Kahlo fait partie de cet ensemble.
Philippe Chauveau :
Si d'un mot vous deviez définir ce qu'est le livre dans votre vie ?
Gérard de Cortanze :
Alors je ne sais pas si c'est Giono ou Chateaubriand, « je ne suis que de l'encre et du papier »
Philippe Chauveau :
Gérard de Cortanze, vous publiez ce nouveau roman chez Albin Michel, « Zazous ».
Gérard de Cortanze
Zazous
Livre 7'07Philippe Chauveau :
Dans le titre de ce nouveau roman, Gérard de Cortanze, tout est dit ! Et la couverture est très explicite les « Zazous ». L'histoire nous a un peu raconté qui ils étaient, mais dans le roman que vous nous proposez, on va mieux comprendre l'histoire de ces personnages qui furent des résistants en quelque sorte. C’est un roman, on fait connaissance avec une bande de copains qui se retrouvent au café Eva. Il y a Pierre, Odette, Josette, Sarah... Pourquoi avoir eu envie de vous plonger dans cette période, et pourquoi les zazous ?
Gérard de Cortanze :
Parce qu'on parle très peu des zazous et un territoire aussi vierge pour un écrivain, c'est passionnant.
Je voulais parler de l'énergie propre à la jeunesse de cette période là. Ce sont des jeunes qui ont 15 ans au début de la guerre, qui en ont 21 à la fin de la guerre et sont devenus adultes. Après, le mouvement zazou s’arrête brusquement. C'est vraiment l'histoire de cette période très courte, de ces jeunes gens excentriques, qui refusent que leur jeunesse soit confisquée, qui refusent qu'on les empêche d'exister et de vivre dans une démocratie et tout cela c'est très contemporain. Et inconsciemment, c'est sans doute cela qui m'a poussé à écrire ce livre.
Philippe Chauveau :
Quand on parle des zazous, on a tendance à rapprocher ce mouvement de ce qui s’était passé au moment du Directoire avec les merveilleuses et les incroyables qui avaient envie d'être très excentriques pour oublier la période d'avant. Sauf que les zazous ont une sorte d'engagement. Au départ, ils ont envie de s'amuser mais après ils luttent contre l'occupant.
Gérard de Cortanze :
Vous avez raisons ! Je suis tombé sur un article qui comparait les zazous aux Muscadins. En effet, il y a contre sens absolu car oui, ils ont envie de continuer à s'amuser mais petit à petit, on se rend compte que le simple fait de dire ça, c'est un véritable engagement et c'est une résistance parallèle à la résistance armée. Ces adolescents vont par exemple écrire des V de la victoire dans la neige l'hiver, ils vont dessiner des croix de Lorraine, interrompre des pièces de théâtre.
Philippe Chauveau :
Toute la force de ce roman est de contextualiser l'époque et puis cet aspect romanesque avec cette galerie de personnages. Je le disais en préambule, il y a Pierre, Odette, Josette, Sarah et puis il y a aussi d'autres personnages qui apportent une densité au récit, je pense à l'officier allemand, qui adore la France et la musique et il va y avoir une histoire on s'en doute. Le personnage d'Ali aussi est assez trouble… Comment avez-vous conçu tous ces personnages ?
Gérard de Cortanze :
Je ne sais pas si ce sont mes origines italiennes qui ont joué ou mon grand intérêt pour le cinéma, mais j'ai beaucoup pensé au film « Le bal » d’Ettore Scola. Tout se passe dans un café et chacun raconte son histoire. Il y a une quinzaine de personnages dans le roman et l'idée est de raconter cette histoire de France par le biais de ces adolescents, car chacun a vécu sa guerre. Je me suis beaucoup documenté pour écrire mais dans les journaux de l'époque et non avec des livres d'analyse.
Philippe Chauveau :
Entre l'écriture du livre et sa sortie, la France a connu les évènements tragiques que l'on connaît. Lorsque l'on voit ces jeunes qui résistent grâce à la musique et quand on voit d'autres jeunes dans des salles de spectacle, forcément il y a un rapport avec l'actualité.
Gérard de Cortanze :
Quand j'ai écrit le livre, ce lien n'existait pas. J'ai compris après l’avoir écrit qu'il y avait un lien évident. Je pense que les écrivains, malgré eux, sont souvent des éponges, nous vivons complètement avec notre temps, nous sommes des témoins, même si, à la base, on ne veut pas parler de tel ou tel thème, nous y revenons obligatoirement. On n’échappe pas à l'Histoire.
Philippe Chauveau :
Gérard de Cortanze , je précise qu'un double CD est sorti en parallèle du livre qui regroupe 52 titres que vous évoquez dans ce roman, qui est un petit bijou. On apprend beaucoup de choses et c'est une belle peinture de cette époque. Un très beau roman avec ces personnages que l'on oublie pas. « Zazous », aux éditions Albin Michel. Merci Gérard de Cortanze .