Gérard de Cortanze

Gérard de Cortanze

Zazous

Livre 7'07

Philippe Chauveau :
Dans le titre de ce nouveau roman, Gérard de Cortanze, tout est dit ! Et la couverture est très explicite les « Zazous ». L'histoire nous a un peu raconté qui ils étaient, mais dans le roman que vous nous proposez, on va mieux comprendre l'histoire de ces personnages qui furent des résistants en quelque sorte. C’est un roman, on fait connaissance avec une bande de copains qui se retrouvent au café Eva. Il y a Pierre, Odette, Josette, Sarah... Pourquoi avoir eu envie de vous plonger dans cette période, et pourquoi les zazous ?

Gérard de Cortanze :
Parce qu'on parle très peu des zazous et un territoire aussi vierge pour un écrivain, c'est passionnant.
Je voulais parler de l'énergie propre à la jeunesse de cette période là. Ce sont des jeunes qui ont 15 ans au début de la guerre, qui en ont 21 à la fin de la guerre et sont devenus adultes. Après, le mouvement zazou s’arrête brusquement. C'est vraiment l'histoire de cette période très courte, de ces jeunes gens excentriques, qui refusent que leur jeunesse soit confisquée, qui refusent qu'on les empêche d'exister et de vivre dans une démocratie et tout cela c'est très contemporain. Et inconsciemment, c'est sans doute cela qui m'a poussé à écrire ce livre.

Philippe Chauveau :
Quand on parle des zazous, on a tendance à rapprocher ce mouvement de ce qui s’était passé au moment du Directoire avec les merveilleuses et les incroyables qui avaient envie d'être très excentriques pour oublier la période d'avant. Sauf que les zazous ont une sorte d'engagement. Au départ, ils ont envie de s'amuser mais après ils luttent contre l'occupant.

Gérard de Cortanze :
Vous avez raisons ! Je suis tombé sur un article qui comparait les zazous aux Muscadins. En effet, il y a contre sens absolu car oui, ils ont envie de continuer à s'amuser mais petit à petit, on se rend compte que le simple fait de dire ça, c'est un véritable engagement et c'est une résistance parallèle à la résistance armée. Ces adolescents vont par exemple écrire des V de la victoire dans la neige l'hiver, ils vont dessiner des croix de Lorraine, interrompre des pièces de théâtre.

Philippe Chauveau :
Toute la force de ce roman est de contextualiser l'époque et puis cet aspect romanesque avec cette galerie de personnages. Je le disais en préambule, il y a Pierre, Odette, Josette, Sarah et puis il y a aussi d'autres personnages qui apportent une densité au récit, je pense à l'officier allemand, qui adore la France et la musique et il va y avoir une histoire on s'en doute. Le personnage d'Ali aussi est assez trouble… Comment avez-vous conçu tous ces personnages ?

Gérard de Cortanze :
Je ne sais pas si ce sont mes origines italiennes qui ont joué ou mon grand intérêt pour le cinéma, mais j'ai beaucoup pensé au film « Le bal » d’Ettore Scola. Tout se passe dans un café et chacun raconte son histoire. Il y a une quinzaine de personnages dans le roman et l'idée est de raconter cette histoire de France par le biais de ces adolescents, car chacun a vécu sa guerre. Je me suis beaucoup documenté pour écrire mais dans les journaux de l'époque et non avec des livres d'analyse.

Philippe Chauveau :
Entre l'écriture du livre et sa sortie, la France a connu les évènements tragiques que l'on connaît. Lorsque l'on voit ces jeunes qui résistent grâce à la musique et quand on voit d'autres jeunes dans des salles de spectacle, forcément il y a un rapport avec l'actualité.

Gérard de Cortanze :
Quand j'ai écrit le livre, ce lien n'existait pas. J'ai compris après l’avoir écrit qu'il y avait un lien évident. Je pense que les écrivains, malgré eux, sont souvent des éponges, nous vivons complètement avec notre temps, nous sommes des témoins, même si, à la base, on ne veut pas parler de tel ou tel thème, nous y revenons obligatoirement. On n’échappe pas à l'Histoire.

Philippe Chauveau :
Gérard de Cortanze , je précise qu'un double CD est sorti en parallèle du livre qui regroupe 52 titres que vous évoquez dans ce roman, qui est un petit bijou. On apprend beaucoup de choses et c'est une belle peinture de cette époque. Un très beau roman avec ces personnages que l'on oublie pas. « Zazous », aux éditions Albin Michel. Merci Gérard de Cortanze .

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  • LIVRE
  • Le sport et la littérature, voilà deux des amours de Gérard de Cortanze. S'il fut, dans sa jeunesse, primé pour ses performances en athlétisme, l'auteur de « Assam », prix Renaudot en 2002, s'est surtout fait un nom dans le monde du livre. Critique littéraire, spécialiste de Jorge Semprun ou de Paul Auster, Gérard de Cortanze est aussi éditeur. En tant qu'écrivain, on lui doit des romans, des récits, des anthologies, des biographies et même de la poésie. C'est dire qu'il est prolixe. Ce qui motive Gérard de Cortanze,...Le roi qui voulait voir la mer de Gérard Cortanze (de) - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Bonjour Gérard de Cortanze, votre actualité chez Albin Michel « Zazous », un livre qui prend place dans une bibliographie déjà conséquente. Dans le monde du livre, on vous connait bien ! Vous êtes auteur, prix Renaudot en 2002 pour « Assam » et puis vous êtes aussi éditeur. Est-ce le même Gérard de Cortanze qui est derrière son clavier et qui écrit pour lui-même, que le Gérard de Cortanze qui conseille des auteurs et choisit les textes. Gérard de Cortanze :C'est exactement la même personne...Le roi qui voulait voir la mer de Gérard Cortanze (de) - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau :Dans le titre de ce nouveau roman, Gérard de Cortanze, tout est dit ! Et la couverture est très explicite les « Zazous ». L'histoire nous a un peu raconté qui ils étaient, mais dans le roman que vous nous proposez, on va mieux comprendre l'histoire de ces personnages qui furent des résistants en quelque sorte. C’est un roman, on fait connaissance avec une bande de copains qui se retrouvent au café Eva. Il y a Pierre, Odette, Josette, Sarah... Pourquoi avoir eu envie de vous plonger dans cette période, et...Le roi qui voulait voir la mer de Gérard Cortanze (de) - Livre - Suite