Sophie Henrionnet

Sophie Henrionnet

Sur les balcons du ciel

Livre 00'06'02"

Philippe Chauveau
Sophie Henrionnet, dans ce nouveau livre, ce qui est votre cinquième roman en littérature générale, vous nous emmenez sur les toits de Paris, Sur les balcons du ciel en l'occurrence. C'est vrai que la couverture, en plus, est très belle. Nous allons faire connaissance avec deux personnages. Tout d'abord, Vadim, Vadim est un jeune garçon d'aujourd'hui qui a perdu son père dans des conditions tragiques que l'on découvre au fil des pages. Qui est-il cet adolescent ?

Sophie Henrionnet
Alors cet adolescent a perdu son père quelques années auparavant dans des circonstances dramatiques.

Philippe Chauveau
Il avait dix ans à peu près.

Sophie Henrionnet
Il avait dix ans exactement, et dans des circonstances, sans citer le Bataclan, c'est pour s'inspirer en fait clairement de ces moments tragiques. Et j'avais envie d'être vraiment en immersion dans l'esprit d'un adolescent qui est en perdition, mais qui se raccroche quand même, qui tente de se raccrocher en tout cas à tous les espoirs qui passent par là.

Philippe Chauveau
Je précise qu'il a une longue relation familiale plutôt sereine. Sa mère a refait sa vie avec un homme qui est tout à fait charmant avec son beau fils. Il s'entend très bien aussi avec son petit frère. Tout le décor, toute la cellule familiale est là, mais il n'empêche qu'il a ses failles et ses blessures et il va mal.

Sophie Henrionnet
Il va mal. Et puis, il n'arrive pas à faire le deuil de son père. Et j'avais envie d'explorer vraiment ce qu'il se passait dans un esprit adolescent qui est en lutte contre l'univers tout entier et à la fois, qui cherche quand même une solution parce qu'il n'est pas démissionnaire non plus. Il tente de se raccrocher un peu à ce qu'il peut et j'avais très envie pour tout vous dire en écrivant le personnage de Vadim de tenter l'écriture de l'oralité, vraiment envie de faire le point de vue d'un adolescent comme si on était en caméra GoPro.

Philippe Chauveau
Justement, c'est ce qui est intéressant, c'est que le livre est découpé en plusieurs chapitres. Un chapitre consacré à Vadim succède à un chapitre consacré à Alma. Pour Alma, c'est à la troisième personne avec un narrateur, alors que pour Vadim, c'est lui qui s'exprime avec le langage des jeunes de son époque. Parlons justement d'Alma. Alors Alma n'a pas le même âge. Elle est un peu plus âgée, même plus âgée que Vadim et elle aussi, elle est un peu cabossée par la vie, mais différemment. Qui est-elle alors Alma ?

Sophie Henrionnet
Alma, c'est une trentenaire qui cherche désespérément l'amour et qui ne regarde pas là où il faut tout simplement et qui n'arrive pas à faire un deuil aussi. C'est vraiment deux deuils parallèles, des trajectoires qui vont se télescoper et son souci, c'est qu'elle s'acharne. Elle se raccroche à un homme qui ne veut pas d'elle.

Philippe Chauveau
On ne va pas dévoiler dans quelles circonstances ces deux personnages se rencontrent. Je précise quand même que Vadim, avec sa mère et son beau père et son petit frère, ils vivent dans un immeuble, etc. Et que Vadim a pris l'habitude d'aller traîner un peu sur les toits de Paris, la canopée de la ville. D'où cette couverture et d'où le titre Sur les balcons du ciel. C'est un sentiment de liberté ? Que va-t-il chercher ou qui va-t-il rechercher sur ses toits Vadim ?

Sophie Henrionnet
Alors, il va recherche, tout à fait, c'est ça, c'est vraiment la liberté. Et puis, un échappatoire. Le plus haut possible qu'il puisse aller. Et puis, il cherche aussi sans doute, des réponses dans les étoiles on va dire, parce que je fais un fil conducteur aussi avec La nuit étoilée de Van Gogh pour joindre les deux personnages, et il cherche des réponses qu'il ne trouve pas. Il est en quête de réponses.

Philippe Chauveau
On l'a dit, il y a deux constructions dans le roman. Il y a Vadim qui s'exprime à la première personne. Il y a Alma, avec un narrateur qui parle d'elle à la troisième personne. Comment s'est faite la construction ? Etait-ce une évidence dès le départ ? Sont-ce les personnages qui se sont imposés à vous de cette façon là. Et là encore, on sent qu'il y a une évolution dans votre travail, dans votre travail d'écriture. Comment s'est fait la genèse du style du livre ?

Sophie Henrionnet
Alors j'ai commencé par Vadim. S'est directement imposée l'oralité. C'est un peu la magie de l'écriture. C'est que l'histoire se trace un peu toute seule. C'est un texte que j'avais écrit en forme de catharsis post Bataclan on va dire, les premiers chapitres de Vadim, et tout de suite, il s'est imposé que si j'avais deux personnages et que je voulais mettre peu de dialogues et si je voulais alterner les scènes pour les faire se rencontrer au milieu du roman, eh bien, il fallait qu'il y ait vraiment une distinction de par le langage employé, de par la tonalité, et puis, oui, les effets de style. Parce que finalement, j'ai essayé de mettre un peu plus de poésie dans Alma. Parce qu'on avait donc un narrateur externe. Ça me permettait d'utiliser des néologismes. Je me suis enlevée tous les filtres justement que je m'étais mis auparavant dans les comédies.

Philippe Chauveau
Vous faites le choix de titrer ce roman Sur les balcons du ciel et vous mettez Baudelaire en exergue du roman. Pourquoi ? Pourquoi ce clin d'œil ? Pourquoi cette envie ?

Sophie Henrionnet
Alors, j'avais vraiment très envie d'utiliser une phrase de poésie. Quoi de mieux que d'aller s'inspirer directement des grands poètes ? Et puis, vraiment, en tombant sur ce poème, ça s'est imposé complètement. Et c'est vrai que tout a été une succession d'évidences, autant pour la couverture que pour le titre. Ca tombait sous le sens.

Philippe Chauveau
En tout cas, voilà un roman très réussi, un joli roman, une jolie histoire douce amère avec deux personnages que vous avez longtemps garder en mémoire Alma et Vadim. Et puis, une belle poésie aussi, dans cette écriture que je vous invite vivement à découvrir. Sophie Henrionnet, c'est votre actualité, ça s'appelle Sur les balcons du ciel. Vous êtes publiée aux Éditions du Rocher. Merci beaucoup.

Sophie Henrionnet
Merci beaucoup.

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