Xavier Durringer

Xavier Durringer

Sfumato

Livre 5'45

Philippe Chauveau :

Xavier Durringer, ce premier roman « Sfumato », c'est un roman certes, mais vous y êtes très présent puisque le héros s'appelle Raphaël mais il aurait pu s'appeler Xavier. C'est une partie essentielle de votre existence que vous nous livrez. Lorsque l'on m'a présenté le roman, on m'a dit « tu vas voir c'est un peu rock n'roll ». Effectivement c'est rock n'roll parce qu'il y a une écriture, il y a un Paris underground bien représenté. Mais il y a deux histoires en une en quelque sorte, puisque Raphaël va voir sa vie bouleversée par une rencontre. Comment e pourquoi avez-vous eu envie de raconter cette histoire ?

Xavier Durringer :

Avant tout c'était pour la notion qu'il n'y a pas de hasard sans cause, c'est souvent la rencontre qui va bouleverser nos existences. Qu'elle soit amoureuse, pour le travail, pour un lieu d'habitation. Le hasard est une loi qui voyage incognito, ce qui va faire que Raphaël, qui vient de banlieue, qui a tendance à trainer avec ses potes, va rencontrer par hasard le monde merveilleux du théâtre.

Philippe Chauveau :

Raphaël est un peu paumé, il y a cette rencontre avec le monde du théâtre et après il y a une autre rencontre déterminante. C'est celle de ce vieil homme qui se fait appeler « le président » dans le café où Raphaël va tous les matins. Et lui aussi va bouleverser la vie de Raphaël.

Xavier Durringer :

C'est une rencontre absolument extraordinaire. Cet homme lisait quatre journaux en quatre langues différentes : Haaretz, la Pravda, le New York Times et Le Monde. Et je l'entendais dire qu'il fallait arrêter de lire les papiers parce que derrière chaque papier d'un journaliste, il y a une idéologie. Et puis un jour, il y a deux vieilles femmes russes qui entrent avec lui et j'entends le mot « théâtre » en russe. Je lui demande s'il travaille dans le théâtre, il me répond que non et m'invite à prendre un café avec lui. Et tous les matins, pendant trois heures, il me racontait le monde. Et un jour devant « La Joconde » il me dit : « toi tu crois que c'est un tableau », je lui répond que oui, et il m'explique que ce n'est pas qu'un tableau mais une cartographie à l'huile. Il m'explique que derrière la technique de peinture, « le Sfumato » est l'art de Léonard de Vinci pour briser les lignes et de faire des flous par la superposition de fines couches de peintures.

Philippe Chauveau :

C'est là que votre roman bascule dans une deuxième histoire, car au début Raphaël découvre le théâtre et puis la deuxième partie du roman où ce fameux Victor va vous faire découvrir un monde complètement insoupçonné, une initiation, donc deux histoires en une. C'est votre vie finalement ?

Xavier Durringer :

Ce ne sont pas deux histoires, mais c'est une vie. Et je m'aperçois qu'au cinéma, cela a été mon obsession. Dans « J'irai au paradis car l'enfer est ici », c'est comment un petit voyou va devenir quelqu'un d'autre. Dans « Chok Dee » avec Bernard Giraudeau, c'est comment un môme des banlieues va devenir champion de boxe. Ce rapport à l'initiatique est très important pour moi et je le retrouve dans tous mes films

Philippe Chauveau :

Si vous deviez définir en quelques mots le message qu'a voulu vous transmettre Victor, que diriez-vous ?

Xavier Duringer :

Un mot qui m'avait frappé c'est « connaissance ». La connaissance, la « con-naissance », « avec la naissance ». Tout l'intérêt de la vie est de vivre des aventures singulières, de vivre et de multiplier les aventures terrestres et ces expériences sont des outils pour se trouver soi-même.

Philippe Chauveau :

Est-ce que tout cela a aussi pu changer votre regard sur une certaine foi ?

Xavier Durringer :

Oui, sur la notion très importante d'unité, c'est à dire que si on critique une religion, on se critique soi-même. Ce qui est important aujourd'hui c'est d'essayer d'avoir une forme d'unité, et respecter l'autre dans sa différence.

Philippe Chauveau :

Victor continue à vous faire grandir chaque jour ?

Xavier Durringer :

Chaque jour il est là, Victor est là, il est presque une forme de Janus !

Philippe Chauveau :

Merci pour votre sincérité Xavier Durringer, c'est votre premier roman et l'un de mes gros coups de coeur pour cette rentrée littéraire 2015, « Sfumato » aux éditions Le Passage. Merci.

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  • On connait Xavier Durringer en tant que cinéaste et metteur en scène. En 2011, par exemple, son film « La conquête » était présenté à Cannes. Réalisateur pour la télévision, on lui doit aussi un téléfilm avec Line Renaud « Rappelle-toi » ou encore, il y a quelques années la pièce « Oh pardon, tu dormais » dans laquelle il dirigeait Jane Birkin sur la scène de la Gaieté Montparnasse. Aujourd'hui, donc, pour Xavier Durringer, un premier roman mais est-ce véritablement un roman ? Car dans « Sfumato », le...Sfumato de Xavier Durringer - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Bonjour Xavier Durringer, vous êtes dans l'actualité littéraire avec ce premier roman, « Sfumato », aux éditions Le Passage. Vous êtes un homme de théâtre, de cinéma, de télévision, et justement d'où vous vient cette envie du cinéma et de la scène ? Xavier Durringer : Parce que j'ai envie de raconter des histoires, d'être avec des personnages, de travailler sur le cercle des personnes qui m'entourent. J'ai commencé en tant qu'acteur et dès 18 ans il y a cette relation entre le jeu et...Sfumato de Xavier Durringer - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau : Xavier Durringer, ce premier roman « Sfumato », c'est un roman certes, mais vous y êtes très présent puisque le héros s'appelle Raphaël mais il aurait pu s'appeler Xavier. C'est une partie essentielle de votre existence que vous nous livrez. Lorsque l'on m'a présenté le roman, on m'a dit « tu vas voir c'est un peu rock n'roll ». Effectivement c'est rock n'roll parce qu'il y a une écriture, il y a un Paris underground bien représenté. Mais il y a deux histoires en une en quelque sorte, puisque...Sfumato de Xavier Durringer - Livre - Suite
    J'ai adoré ce roman qui est très réussi. On connaît Xavier Durringer, et son passage à la littérature est vraiment réussi. C'est une aventure parisienne certes, mais qui sort quand même de Paris avec une première partie quand le personnage découvre le théâtre et puis une partie plus spirituelle. Et c'est cet équilibre entre les deux que j'ai beaucoup aimé. Il faut aussi parler des personnages secondaires qui sont extrêmement forts. Il y a vraiment une patte Xavier Durringer qu'on connaît en tant que metteur en scène ou...Sfumato de Xavier Durringer - L'avis du libraire - Suite