Clara Benador

Clara Benador

Les petites amoureuses

Livre 00'08'30"

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Philippe Chauveau
Les petites amoureuses. C'est donc ce premier titre, ce premier roman que vous publiez chez Gallimard ? Nous allons partir dans les années 40, même en 41 précisément. Ce qui veut dire que nous sommes en plein conflit mondial. Nous allons faire connaissance avec une famille, une famille qui pourrait vivre de façon tout à fait heureuse, sereine. Il n'y a pas de problème particulier dans cette famille.

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Philippe Chauveau
On s'aime, pas de problème matériels, sauf que c'est la guerre et que cette famille est juive. Ils sont installés en Isère, à Vienne précisément. Il y a les enfants. Et puis il y a surtout les parents aussi. Elena et Maurice, c'est un couple assez fusionnel. Avant de parler de Lola, qui est votre héroïne ? Les parents sont aussi un couple assez fusionnel.

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Philippe Chauveau
Qui sont ils ? C'est ces parents à qui la vie avait plutôt réussi jusque là.

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Clara Benador
C'est une figure, une figure, on va dire stable dans la famille. Et c'est en effet une figure sans questionnement au premier abord. Quand on la découvre, cette famille, et ensuite, au fil du récit, on va voir que les choses vont se détériorer. Mais on va voir comment la mère va réagir face à la pression de la guerre. Et le père aussi.

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Clara Benador
Finalement, qui va creuser ce souterrain ? Parce qu'on va comprendre aussi qu'il travaille de son côté, certainement pour la Résistance.

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Philippe Chauveau
Lola, vous l'avez dit, vous l'avez dit, c'est notre notre jeune héroïne. Elle n'est pas toute seule puisqu'elle a elle a ses frères Séléné. Elle est l'aînée. Mais il y a ses frères aussi qui occupent une place importante dans leur vie. Qui sont ils ? Ces jumeaux là aussi ? Pourquoi avoir créé ce duo, ce binôme ?

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Clara Benador
Ça, c'est vrai que il y avait deux choses, c'est que le personnage. On va dire que la trame du début a été fortement inspirée par les soeurs de ma grand mère qui a en effet dû fuir la France entre douze et quinze ans. Et pour aller à Casa, ça, c'était quelque chose qui était qui m'avait suivi dans mon enfance et auparavant jumeaux.

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Clara Benador
Elle a 20 ans, elle a toujours d'ailleurs les frères jumeaux et j'ai aussi un petit frère qui sont des faux jumeaux et on a exactement le même, la même différence d'âge. Et c'est vrai que pour moi, c'était évident de devoir recréer ces jumeaux quelque part dans cet univers familial.

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Philippe Chauveau
Cette famille, on la dit, va être rattrapée par le vent de l'histoire. Ils vont fuir et ils vont choisir de partir au Maroc, à Casablanca. Ce qui nous donne l'occasion de pages magnifiques sur la fuite, sur la traversée de la Méditerranée sur ce moment ou la famille va se retrouver dans ceux dans ce paquebot. Et puis après, il va y avoir le soleil éclatant de Casablanca.

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Philippe Chauveau
Connaissez vous Casablanca ou vous ? Et vous êtes vous finalement nourrie de la légende du Casa des années 30 et 40 ?

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Clara Benador
J'y, j'étais une fois, mais c'était pas très longtemps. Et c'est vrai que la réaction que j'ai eue après, après avoir passé je crois, c'était une après 12 h là bas à Casablanca. C'est que j'ai voulu essayer de restituer justement le mythe qui m'avait fait rêver et qui continue à faire rêver pour ce Maroc des années 40, mais plus largement le Maroc de la littérature tel que j'ai pu le rencontrer.

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Clara Benador
Il y avait aussi quelque chose de paradoxal là dedans. C'est que, en prenant le parti de décrire ce Maroc là, le Maroc du mouvement nataliste qui a beaucoup influencé les peintres, je pense à Delacroix ou encore c'était aussi des parents très dans quelque chose qui était de ce même courant là, mais d'essayer d'en faire une sorte de critique souterraine discrète, mais en tout cas d'essayer d'en découvrir les coulisses.

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Philippe Chauveau
La problématique, vous l'avez laissé entendre, c'est que le là et sa famille ne vont pas chercher à côtoyer les Marocains. Ils vont rester entre expatriés. Et vous écrivez Le défaut de la colonie d'expatriés des femmes, plus encore était la tentation de l'enfermement. Pour subsister, il fallait rester entre soi, se calfeutrer, ne pas faire confiance à l'étranger. C'était ce contre quoi Lola résistait, ce qui l'avait sauvé.

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Philippe Chauveau
Elle avait envie de les fuir pour aller courir vers la médina, vers un autre monde. Parce qu'effectivement, une fois arrivé à Casablanca, le là qui est proche de ses frères jumeaux, qui est proche de ses parents, va néanmoins néanmoins avoir envie d'aller voir ce qui se passe ailleurs dans d'autres quartiers que celui ou la famille s'est installée. Que va t elle découvrir le lendemain ?

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Clara Benador
Eh bien, ça va aller progressivement, mais elle va être complètement fascinée par un groupe de danseuses et elle va être tellement fascinée et attirée finalement par ce groupe qu'elle va les suivre jusqu'au moment ou elle va découvrir le quartier de beaux souvenirs qui est donc un quartier que j'ai découvert en faisant des recherches.

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Philippe Chauveau
Dans la médina.

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Clara Benador
Oui, enfin, c'est un garçon assez. Il est particulier parce qu'il est proche d'un bidonville et finalement il est entouré de remparts. Donc c'est un quartier clos. Et donc, en découvrant ce quartier, elle comprend rapidement. Donc on est toujours avec un regard d'enfant. Elle comprend que ce quartier quelque chose de particulier et qui est donc un quartier qui est dédié à la prostitution de jeunes femmes et donc qui est un quartier à part.

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Philippe Chauveau
Et en tout cas, c'est un quartier ou elle n'aurait jamais dû se retrouver toute seule, précisons le. l'A fait ses premiers pas dans l'adolescence. Et ce qui donne bien sûr le titre à votre roman, c'est que dans ce, dans ce quartier de beaux sbires, cela va croiser le chemin d'une autre jeune fille qui s'appelle Shéhérazade. Et elle va connaître ses premiers émois, ses premiers émois d'amitié, d'amour ou en tout cas d'un sentiment qui ne dit peut être pas son nom.

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Philippe Chauveau
C'était important pour vous d'écrire sur cette relation entre ces deux jeunes femmes qui vont apprendre à se connaître ?

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Clara Benador
Oui, parce que finalement, ces deux jeunes femmes, je les voyais en une. C'est à dire qu'il y avait d'un côté l'attirance de Lola pour cette jeune fille qu'elle aurait pu être. Ou en tout cas sa première amie. C'est à dire qu'il y a quelque chose de fascinant qui la dépasse même. Et de l'autre, il y a. Il y a la jeune fille enfermée dans une sorte de ghetto et donc qui est aussi le destin qu'aurait pu finalement avoir Lola en restant en France.

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Clara Benador
Et donc de raconter cette cette rencontre, c'est le croisement de deux destins. C'était essayer de justement donner quelque chose de beau, avec une certaine liberté et de l'espoir aussi parce que finalement elles se rencontrent pour essayer de se tirer l'une l'autre de cette guerre qui les enferme complètement.

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Philippe Chauveau
Vous avez laissé entendre tout à l'heure que le point de départ de ce roman, c'était c'était votre grand mère. Jusqu'ou est elle présente dans le livre ? Qu'avez vous eu envie de transmettre ? Est ce qu'il y a une sorte d'hommage à l'écriture de ce premier roman ?

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Clara Benador
Bien. Je crois que c'était l'hommage à la gaieté, puis à la jeunesse. Déjà parce que ma grand mère, pour moi, est une figure qui est une figure qui a été, qui est très importante parce qu'elle est extrêmement joyeuse, toujours gaie, pleine d'entrain, formidable, d'une curiosité enfantine. Comment est ce que c'est possible, finalement, que ma grand mère soit si gaie et que je sois si triste ?

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Clara Benador
Enfant de la troisième génération de la liberté, si on peut dire que c'était plutôt une manière de me mettre à sa place et d'essayer de voir ce qu'elle avait pu sans ça. Et ensuite d'essayer peut être aussi de me soigner d'une certaine manière, d'une douleur que je ne comprenais pas, qui est aussi une douleur, peut être héritée, que j'ai senti qu'elle ne voulait pas transmettre à part.

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Clara Benador
Parce que, justement, cette gaieté permanente.

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Philippe Chauveau
Dont vous parlez de la mélancolie, vous parlez d'une tristesse lancinante qui vous habite sans que vous sachiez vraiment l'expliquer. Ce roman vous a t il apaisé ? Parce que dedans, il y a. Il y a de la tendresse, il y a de l'amour, il y a le soleil marocain, mais il y a aussi de la violence. Mais il y a de la poésie également dans votre, dans votre écriture.

00:07:27:02 - 00:07:35:12
Philippe Chauveau
Dans quel état d'esprit étiez vous lorsque vous étiez à votre plus travail, à votre table d'écriture ? Et aujourd'hui, maintenant que le livre est là, vous sentez vous un peu apaisée avec votre histoire ?

00:07:35:19 - 00:07:56:04
Clara Benador
Vous ? Pas du tout. Rien n'a changé, mais je crois que je crois que les livres sont des marqueurs aussi du temps et que, en effet, ça correspond à des moments ou on est plus enclin à parler de certaines choses. Et c'est vrai que ce roman sur le deuil, finalement, parce que c'est un deuil de l'enfance et donc ce passage là.

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Clara Benador
C'est vrai que quand j'ai commencé à l'écrire, j'étais certainement au fond de Lola qui doit dire adieu à son amie. Et donc, en effet, cette mélancolie là ne me quitte pas et elle a trouvé un sens finalement dans ce récit.

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Philippe Chauveau
En tout cas, félicitations pour ce premier roman et merci pour la franchise avec laquelle vous parlez de votre écriture que la Rabin adore. C'est votre actualité. C'est votre premier roman chez Gallimard. Ça s'appelle Les petites amoureuses. Merci beaucoup.

00:08:22:19 - 00:08:23:06
Clara Benador
Merci.

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