Véronique Olmi

Véronique Olmi

Le gosse

Livre 00'07'28"

Philippe Chauveau
Bonjour Véronique Olmi.

Véronique Olmi
Bonjour.

Philippe Chauveau
Merci d'être avec nous pour venir présenter votre actualité, ce nouveau livre avec cette belle couverture et ce titre qui claque Le gosse. C'est aux éditions Albin Michel. Vous êtes fidèle depuis plusieurs années à cette maison. Avant ce livre, il y en a eu d'autres. Et puis avant le roman, il y a eu le théâtre. Et c'est vrai que c'est en tant que comédienne et coscénariste que l'on vous avait découverte. Pourquoi le théâtre ?

Véronique Olmi
Parce que j'avais fait des études d'art dramatique pour être comédienne et on ne m'offrait pas de rôles. Donc j'ai commencé par écrire des pièces pour moi. Je les ai jouées au début et puis ensuite les autres les ont jouées dans des conditions très très belles, parce que c'était des mises en scène pour le Festival officiel d'Avignon, pour le Vieux-Colombier de la Comédie-Française, enfin des tas de lieux comme ça, avec des très belles distributions et des beaux metteurs en scène. J'ai continué comme ça pendant quelques années et puis... De temps en temps, je jouais quand même. Et c'est un jour mon éditeur Actes Sud Papiers, éditeur de théâtre, qui m'a demandé d'écrire un roman. Et finalement, j'ai écrit Bord de mer. Et après, j'ai continué.

Philippe Chauveau
Alors finalement, la transition s'est faite à la fois en douceur et en même temps, il y a vraiment eu une transition puisque en 2000, vous êtes nommée aux Molières pour Le Jardin des apparences. Et puis l'année suivante, en 2001, vous publiez donc ce qui sera votre premier roman, Bord de mer. Vous avez l'impression d'être une femme différente ? Est-ce que Véronique Olmi, qui écrit pour le théâtre et Véronique Olmi qui a écrit pour le roman, est-ce la même femme ?

Véronique Olmi
En fait, moi, quand j'écris Bord de mer, je pensais que ça allait être refusé par Actes Sud, donc j'ai mis très longtemps avant de leur donner. Un jour, l'éditrice m'a dit "C'est un peu long". Je me suis dit "bon, et bien j'ose alors". Moi, je pensais que c'était plutôt un monologue. Et c'était bien parce que comme je ne me sentais attendue nulle part, j'étais très très libre. Et donc tout s'est fait en douceur en fait. Parce que j'ai commencé par alterner le roman et le théâtre. Et puis je me suis rendue compte qu'en fait, ce qui me manquait le plus, c'était l'écriture romanesque. Ca, je ne peux pas vivre sans.

Philippe Chauveau
Je sais que Dostoïevski est un auteur qui a beaucoup compté dans votre découverte de la littérature, et c'est l'un des auteurs majeurs qui, peut être, vous a donné envie de vous même prendre la plume. Pourquoi ?

Véronique Olmi
Pour moi, les auteurs comme ça, il m'aurait plutôt donné envie de rien faire parce que je me disais "Qu'est ce que je peux faire après ces gens là ? " Mais un jour, pour me débloquer, et je pense qu'on devrait tous se libérer soi-même, je me suis dit "Je suis unique comme tout à chacun, et donc ce que je vais dire, je vais le dire comme personne d'autre ne le dira forcément." Et je me suis dit "Les maîtres, je vais les garder comme des lumières en fait, devant moi, et puis je vais faire mon petit travail". Et donc c'est ce que je fais. Mais je relis régulièrement Dostoïevski. Cette semaine, j'ai relu La Légende du Grand Inquisiteur dans Les Frères Karamazov. Je reviens régulièrement à Dostoïevski parce qu'il y en aurait pour plusieurs vies déjà, donc c'est inépuisable. Et moi, c'est vrai que, c'est avec l'éducation chrétienne que j'ai eu la figure christique chez Dostoïevski, avec ce questionnement sur le bien et le mal, c'est voilà, ça me parle tout de suite.

Philippe Chauveau
Outre Dostoïevski, quelles sont les autres lumières, puisque voulez vous les présenter comme cela, quels sont les autres grands maîtres qui vous accompagnent ?

Véronique Olmi
Les grands maîtres au théâtre, et bien c'est Tchekhov, évidemment. Et puis ensuite, en littérature, c'est Flaubert. Vraiment, Madame Bovary, c'est pareil. On peut le lire, le relire, l'explorer. Il y a des auteurs comme ça qui sont encourageants. Ce qui est intéressant, c'est de les relire et de voir que soi-même on a changé à travers la lecture parce qu'ils sont tellement amples qu'en fait, ils parlent à des tas d'endroits différents de vous-même, vous pouvez grandir avec eux et les recevoir à chaque fois avec un angle différent et vous n'en aurez jamais fini. Et pour moi, ils sont très très inspirants. Mais même dans leur correspondance, dans leurs carnets, c'est dans leur être tout entier que ces gens là sont inspirants, même s'ils ont des côtés, on n'aurait pas forcément aimé être la meilleure amie de Dostoïevski parce que c'est des gens aussi qui ne sont pas fréquentables. Mais ça, c'est intéressant aussi.


Philippe Chauveau
Là, Véronique, vous nous parlez d'auteurs classiques mais pourtant vous êtes vraiment une auteure, une autrice d'ailleurs. Est-ce que vous avez une petite préférence là-dessus ?

Véronique Olmi
Moi, du moment qu'on met un "e" à auteure, on dit comme on veut.


Philippe Chauveau
Donc vous êtes bel et bien une auteur de votre époque, parce que même si dans certains de vos livres, vous faites référence à des moments passés, il y a eu plusieurs romans qui étaient vraiment dans notre époque contemporaine. Vous êtes bien une auteur d'aujourd'hui ?

Véronique Olmi
Oui, moi, je suis une auteure d'aujourd'hui, mais je me nourris d'hier. J'ai des racines, je suis comme les arbres, quoi. Il faut qu'il y ait un terreau. Il faut qu'il y ait quelque chose de vraiment de l'animalité. C'est-à-dire, ça se commande pas les auteurs qu'on va aimer, qui vont nous parler, les auteurs contemporains qui m'accompagnent, c'est Philip Roth ou Carson McCullers, Marguerite Duras, ces gens comme ça, Colette aussi, que je lis beaucoup dans les moments un peu en creux, on va dire. Moi, je lis beaucoup les auteurs contemporains parce que d'abord, j'aime bien savoir dans quel bain je suis. Et puis, comme on se rencontre les uns les autres, c'est bien. Karine Tuil qui est, voilà, quelqu'un qui compte beaucoup pour moi en tant que parcours littéraire et puis en tant que personne, j'aime savoir ce que font les autres autour.

Philippe Chauveau
Vous avez déjà une bibliographie assez conséquente. Si l'on reprend certains titres, que ce soit Cet été-là, Bord de mer ou plus proche de nous, Bakhita, Les évasions particulières jusqu'au Gosse. Quel serait le fil rouge de votre écriture ?

Véronique Olmi
Eh bien, moi, je crois que c'est l'enfance. Alors on m'a souvent dit que c'était le couple. Ça m'agaçait terriblement parce que moi je me disais, "Mais alors ils ne y voient pas que même dans les grandes personnes, ce qui m'intéresse, c'est l'enfant là-dedans ?". J'étais toujours un peu étonnée, mais en même temps, on n'est pas maître de ce qu'on produit et on n'est pas là pour se regarder faire. Et c'est vrai que le livre qu'on écrit, c'est un livre et le livre qui est lu, c'en est un autre. C'est un livre qui est interprété par le lecteur et c'est bien comme ça. Mais pour moi, le fil rouge, je dirais qu'il y en a deux. Il y a la guerre de 14, parce que même parfois, quand elle est par exemple dans Le Gosse, elle est très présente. Parce que tout le début du XXᵉ siècle, c'est à partir de ce socle sanglant, on pourrait dire, et c'est dans beaucoup de livres. Mais c'est l'enfance. Oui, bien sûr.

Philippe Chauveau
Et l'enfance, il en est fortement question dans Le gosse, c'est votre actualité, c'est chez Albin Michel.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • Le théâtre fut la première passion de Véronique Olmi. Après une formation à l’art dramatique, elle est à la fois comédienne, dramaturge et metteuse en scène. Sa pièce « Le jardin des apparences » est même nominée aux Molières en 2000. Mais aujourd’hui, tout en poursuivant des collaborations théâtrales, c’est en tant que romancière que Véronique Olmi s’est faîte connaitre du grand public. Effectivement, en 2001, l’éditeur qui publie ses textes de théâtre lui propose de passer au roman. Elle relève le...Le gosse de Véronique Olmi - Présentation - Suite
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