Hugo Boris

Hugo Boris

Le courage des autres

Livre 00'06'24"

Philippe Chauveau :

Hugo Boris, voici donc votre sixième titre publié aux éditions Grasset, « Le courage des autres ». Nous ne sommes pas dans un roman, nous ne sommes pas dans un recueil de nouvelles. Nous sommes dans un récit. En tout cas, c'est de vous dont vous allez nous parler. Après « Zazie dans le métro », voici Hugo Boris dans le métro ! « Le courage des autres », ce sont des observations que vous avez glanées au fil du temps. Comment est né ce livre ?


Hugo Boris :

Je ne savais pas que j'étais en train d'écrire un livre. Pendant quinze ans, j'ai pris l'habitude de saisir sur le vif des scènes auxquelles j'assistais et qui m'interpellaient. En rentrant chez moi, je glissais ça dans une pochette sans y penser davantage. Et ça a duré quinze ans. Un jour, je jette un oeil à cette pochette qui avait grossi et là, je suis happé d'abord parce que beaucoup de ces scènes sont sidérantes, même si j'en avais oublié certaines, et aussi parce que je dois le reconnaître, hélas, le portrait qui se dessine en creux, dans cette moisson de feuilles, c'est le portrait d'un homme souvent lâche, qui n'ose pas intervenir quand il le devrait, quand une situation le sollicite. A l'inverse, dans ces pages, je vois des hommes et des femmes redresser la tête et oser aller au contact, s'exprimer ou dire quand une situation ne leur convient pas et parfois même s'interposer physiquement. Je suis ébloui par leur courage et je décide, avec ce livre, de leur rendre hommage. C'est le point de départ d'une réflexion sur le courage.


Philippe Chauveau :

Toutes les scènes que vous nous racontez se passent donc sous terre. Effectivement, il y a parfois quelques rayons de soleil qui arrivent à percer lorsque certains arrivent à s'interposer mais la violence est quasiment omniprésente dans toutes ces pages, que ce soit une violence physique, une violence verbale, une violence psychologique. Vous nous racontez des gens qui sont mis en péril face à d'autres qui essaient d'avoir de l'influence du pouvoir sur eux. Ce sont toutes ces violences que l'on peut croiser dans le métro, dans le RER, dans le train, ou dans tout lieu où il y a des foules et des moments de stress. Est-ce aussi une peinture de notre société ?


Hugo Boris :

Oui, il y a la violence mais il y a aussi de la douceur et de l'humour. Il se passe beaucoup de choses mais j'avais le fil rouge du courage. Il y a un double mouvement dans l'écriture de ce livre : un premier mouvement qui est extrêmement intime, personnel, violemment subjectif ; ce ne sont pas les choses telles qu'elles sont, ce n'est pas la société telle qu'elle est que je décris, c'est mon regard sur elle. L'autre mouvement est assez étonnant, c'est que lorsque vous allez chercher ce son-là, cette note-là, vous atteignez une forme d'universalité. Tout le monde, à un moment donné, s'est retrouvé dans une situation où il s'est senti misérable, sans ressources, n'osant pas intervenir. La peur ça sépare, en parler, ça rapproche.


Philippe Chauveau :

Vous parlez de nos petites lâchetés ordinaires, de nos petites lâchetés quotidiennes et vous le dites, à travers ce personnage puisque c'est de vous dont il s'agit, c'est bel et bien de chacun d'entre nous dont il s'agit puisque, effectivement, nous pouvons tous, nous aussi être lâches. Mais vous nous laissez entendre, puisque le livre est découpé en trois parties, en trois chapitres, vous nous laissez entendre que finalement, cette lâcheté peut, du jour au lendemain, disparaître parce qu'on peut aussi devenir un héros du quotidien sans le savoir et sans le vouloir.


Hugo Boris :

En fait, elle peut éventuellement s'atténuer parce qu'on est ni lâche ni courageux. On a des lâchetés, des comportements lâches, mais cela ne fait pas de nous des lâches. Et on a des comportements courageux mais cela ne fait pas de nous des personnes courageuses. L'espoir du livre, c'est en effet que le courage soit contagieux. Je crois beaucoup à la pédagogie par l'exemple, bien plus que la pédagogie du discours, et ces hommes et ces femmes, ces héros anonymes, ces héros du quotidien nous donnent une leçon sans chercher à nous la donner.

Elle est d'autant plus d'autant plus forte.


Philippe Chauveau :

Je l'ai laissé entendre au début de cet entretien, il y a une certaine violence, une certaine tension dans les histoires que vous nous racontez, qui se passe sur les quais du métro ou du RER. Et puis, il y a aussi de l'humour, vous l'avez fait remarquer, il y a des fulgurances lumineuses, comme cet enfant qui regarde le clochard avec un sourire d'une grande tendresse et d'une grande naïveté. Il y a aussi votre propre regard, parfois mélancolique, sur la société lorsque vous tombez sur la fiche de paye d'une infirmière assise à côté de vous. C’est un condensé d'humanité. En quoi ce livre, qui se passe dans le métro, dans le RER, peut aussi parler à des gens qui ne sont pas du tout concernés par les transports en commun, qui vivent peut-être dans un petit village où il n'y a pas toutes ces problématiques ? En quoi ce livre peut-il néanmoins leur parler ?


Hugo Boris :

Les situations que je décris, on les retrouve dans la file d’attente, dans un magasin, à la poste, dans une administration, dans le bus, dans le TGV. Partout où on croise ses semblables.


Philippe Chauveau :

Aujourd'hui, puisque vous prenez toujours le métro ou le RER, continuez-vous à prendre des notes ? Continuez-vous à noircir des pages où, finalement, avec ce livre, avez-vous fait la paix avec les transports en commun?


Hugo Boris :

Non. Quand je prends les transports, je continue d'écrire. Je crois que je continuerai à le faire toute ma vie et pas uniquement dans les transports, partout !


Philippe Chauveau :

Votre actualité Hugo Boris, « Le courage des autres » publié chez Grasset.

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  • A 40 ans, Hugo Boris a déjà derrière lui un beau parcours d’écrivain. Là n’était pourtant pas son projet initial. Attiré par le métier de journaliste, il suit des études politiques. Cinéphile averti, on le retrouve ensuite à l’école Louis Lumière et il a à son actif la réalisation d’une dizaine de courts métrages. Mais finalement, c’est bel et bien l’écriture qui aura sa préférence, lui qui a toujours beaucoup lu et qui très tôt, s’est adonné à la rédaction de nouvelles et courts textes. En 2005, son...Le courage des autres de Hugo Boris - Présentation - Suite
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