Sarah Biasini

Sarah Biasini

La beauté du ciel

Livre 00'07'49"

Philippe Chauveau :

La beauté du ciel, quel joli titre. Vous nous expliquerez peut-être d'ailleurs tout à l'heure pourquoi avoir choisi ce titre. Ce n'est pas une autobiographie, ce n'est pas un roman, c'est un essai sans en être un. C'est une sorte de journal intime puisqu'en fait d'ailleurs, vous vous êtes présenté tout à l'heure, vous avez donné votre âge et puis surtout, vous avez dit : " je suis mère de famille ". C'est le premier élément que vous nous avez donné. Parce que la famille, il en est beaucoup question dans ce livre. La famille que vous avez formé avec votre maman, avec votre frère David. La famille que vous formez aujourd'hui avec votre compagnon, avec votre petite fille. La famille sous toutes ses formes. C'est une sorte de journal intime que vous adresseriez à votre enfant qui est là aujourd'hui pour lui raconter un petit peu d'où elle vient. C'était ça le point de départ, c'était ça l'envie.

Sarah Biasini :

Quand j'ai découvert que j'attendais un enfant, comme c'était un souhait longtemps désiré, là tout d'un coup, le souhait est exaucé, on est fou de joie, forcément. Mais tout de suite après, il y a eu une charge sur les épaules qui arrive, une responsabilité. On se dit bon, alors maintenant, c'est bien beau, mais comment je vais l'élever, cet enfant ? Qu'est-ce que je vais lui raconter ? Qu'est-ce qu'il va récupérer de moi, de mes névroses, de mes problèmes, de mes angoisses ? On essaie de faire un peu de ménage. Et puis, on se demande tout de suite quel genre de parent on veut être. Un des moteurs, c'était de me dire, je vais essayer de me rappeler quelle enfance j'ai eu, quel genre de parents j'ai eu, pour déterminer quel genre de parents je veux être à mon tour.

Philippe Chauveau :

Vous confiez vos incertitudes, vos appréhensions, vos enthousiasmes et vos joies, mais il y a quand même eu aussi un élément déclencheur à cette écriture. C'est le tout début du livre. Vous pouvez nous rappeler qu'elle a été l'élément déclencheur.

Sarah Biasini :

Oui, le 1er mai 2017, on me téléphone, une policière qui me dit que la tombe de ma mère a été profané dans la nuit. Je m'y rends, je fais ce qui doit être fait. Trois semaines plus tard, je tombe enceinte pour la première fois de ma vie. Je me suis dit que peut-être ça vaut le coup de regarder ces morts autrement. Peut-être que les morts vous donnent des choses, il y a un rapport, un lien ou un message. C'était plus poétique de le voir comme ça. Justement, moi qui cherchais à écrire, à raconter une histoire.

Philippe Chauveau :

Là aussi, le destin vous faisait un petit, un petit clin d'œil.

Sarah Biasini :

Oui, je me suis dit : tu serais bête de ne pas t'en servir.

Philippe Chauveau :

Je précise qu'il ne s'agit pas d'une autobiographie chronologique. Ceux qui cherchent des détails croustillants sur votre mère n'en trouveront pas dans ce livre, même si le point de départ, c'est cette profanation. Ce n'est pas du tout le propos que vous avez choisi. C'est bien un livre sur la maternité. C'est un livre sur la maternité sous forme de journal intime, puisque vous vous adressez à votre enfant avant sa naissance et dans les quelques mois et années qui suivent sa naissance. Il y a aussi cette interrogation, qu'elle femme vais-je être pour ma fille ? Comment vous imaginez vous dans 20 ans ? Quel contact voudriez-vous avoir avec elle ?

Sarah Biasini :

J'aimerais qu'on soit très proche, évidemment. Qu'elle n'ait pas peur de me parler, qu'elle se confie à moi autant que possible et qu'elle ne me mente pas. J'aimerais peut-être des choses impossibles, je ne sais pas. On se rappelle soi même quand on était adolescent ou jeune adulte. On a toujours des rapports conflictuels avec ses parents.

Philippe Chauveau :

Vous avez déjà imaginé le moment où vous lui ferez lire ce livre lorsqu'elle sera adolescente ou jeune adulte. Est-ce que le livre est aussi une façon de lui avoir écrit des choses que, peut-être, vous avez peur de ne pas savoir lui dire lorsqu'elle sera en âge de le comprendre ?

Sarah Biasini :

J'espère que je pourrai tout lui dire à l'oral, et même rajouter. Il y a plein de choses que je lui dirais qui ne sont pas dans le livre, qui resteront entre elle et moi. C'est vrai que c'est pour elle. Forcément, j'ai été influencée par mon rapport avec ma propre mère. J'avais et j'aurai toujours l'angoisse de mourir trop tôt pour ma fille et je peux me dire au moins elle aura ce livre.

Philippe Chauveau :

Quand on lit votre livre, on a l'impression que la maternité vous a fait grandir. Et il y a cette jolie phrase vous l'écrivez mieux que moi, où vous dites que finalement, vous étiez la fille de votre mère et que maintenant, vous êtes la mère de votre fille. Vous avez gravi une marche en devenant mère à votre tour.

Sarah Biasini :

Pour les pères aussi, à partir du moment où on devient parent, c'est quand même un bouleversement. Alors on ne cesse pas d'être l'enfant de ses parents, mais on devient quelqu'un d'autre. On a une fonction en plus. Effectivement, on est plus que l'enfant de ses parents. On est le parent de son enfant qui vient d'arriver.

Philippe Chauveau :

Mais par rapport au grand public, ou ces satanés journalistes qui, comme je l'ai fait, vous présente avant tout comme la fille de. Ça vous donne aussi une légitimité maintenant d'être la mère de.

Sarah Biasini :

Cela m'enrichi, oui. C'est à dire que je ne suis plus que la fille de ma mère, je suis la mère de ma fille.

Philippe Chauveau :

C'est un livre sur la maternité, sur la famille et aussi sur la transmission et sur la lignée. Et c'est pour ça que finalement, chacun peut se retrouver dans cette histoire parce qu'on fait tous partie d'une lignée. Et on doit tous vivre avec nous, nos " chers disparus ". C'est pour ça aussi que vous aviez envie de publier ce qui, au départ, peut être considéré comme une sorte de journal intime à destination de votre fille. Vous avez envie que le plus grand nombre puisse lire cette histoire ?

Sarah Biasini :

Oui. Bien sûr, il y a des choses très personnelles, intime, mais l'enjeu, c'était aussi de ne pas être impudique non plus. Et oui, j'avais envie de partager, je pense. Je ne l’écrivais pas en ne pensant spécialement à ma mère sans cesse. Je me disais, imagine ta mère est cantatrice et extrêmement connue, la notoriété est là, mais c'est quelqu'un d'autre. Et je nous envisageais tous comme des personnages quand même.

Philippe Chauveau :

Il y a dans ce livre beaucoup d'amour, beaucoup de pudeur aussi dans votre écriture, beaucoup de poésie. On sent qu'il y a une envie d'écrire de jolies choses. La beauté du ciel. Pourquoi avoir choisi ce titre-là ?

Sarah Biasini :

Parce que spontanément, un jour quand, dans les premiers mois de la vie de ma fille. Je l'ai attrapé comme ça dans les bras et je lui ai dit " ah ma beauté du ciel ". Je l'ai appelé comme ça, j'ai trouvé ça joli. Je me suis dit ça s'applique aux deux. C'est pour ma mère et pour ma fille.

Philippe Chauveau :

En tout cas, continuez à écrire parce qu'il y a une très belle plume. Et puis, c'est vrai qu'on redécouvre un petit peu votre. Votre parcours à travers cette belle histoire. La beauté du ciel, c'est votre actualité Sarah Biasini. Vous êtes publié aux éditions Stock. Merci beaucoup.

Sarah Biasini :

Merci à vous.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • Dès sa naissance, Sarah Biasini a été sous le feu des projecteurs, au grand dam de sa mère, l’actrice Romy Schneider, qui cherchait avant tout à la préserver. En mai 1982, lorsque celle-ci disparait, quelques mois seulement après la mort de son premier enfant, David, la petite Sarah n’a que quatre ans. Elle va se construire autour de cette absence, entourée de l’affection de son père et de ses grands-parents. Tentée un temps par l’histoire de l’art, c’est finalement vers le théâtre et le cinéma qu’elle se...La beauté du ciel de Sarah Biasini - Présentation - Suite
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