Nicolas Beuglet

Nicolas Beuglet

L'île du Diable

Livre 00'06'26"

Philippe Chauveau :
On avait découvert Sarah Geringën, ce personnage, ette femme flic norvégienne, dans « Le cri ». Puis, on l'a retrouvée dans « Le complot ». La revoici dans « L'île du diable ». Je précise que si on a aimé « Le cri » et si on a aimé « Le complot », on va adorer « L'île du diable ». Mais si on n'a pas lu ces deux précédents titres, on peut quand même se lancer dans « L'île du diable » puisque dans les premières pages, vous repositionnez votre personnage. Mais forcément, c'est encore mieux si on si on a lu les deux précédents tomes, qui sont désormais disponibles en poche chez Pocket.
Sarah Geringën, c'est une femme forte mais qui cache aussi une certaine fragilité. Personnage froid distant que nous allons retrouver en prison au début de « L'île du diable ». Rappelez-nous-en quelques mots pourquoi elle est en prison.

Nicolas Beuglet :
Il faut remonter à la fin de « Complot ». Il ne faudrait pas trop en dévoiler, la seule chose que l’on peut dire, c'est que Sarah, à la fin de « Complot », va se retrouver dans une situation très délicate où elle va devoir faire un choix dans un moment d'action. Finalement, elle va se retrouver en prison. Et pendant que la procédure se met en place et que tous les doutes essaient d'être dissipés, elle reste un an en prison. Et l'histoire de « L'ile du diable » commence le jour de sa sortie, ou même à la minute de sa sortie, et même quelques minutes avant. Parce que malheureusement on va lui apprendre quelque chose juste avant sa sortie.

Philippe Chauveau :
Vous faites donc le choix de placer votre héroïne en prison au tout début du roman. Puis, on va la faire sortir de prison pour une raison bien précise : son père est mort ! Au début, elle va penser que c'est un cambriolage qui a peut-être mal tourné. Mais très vite, on va se rendre compte qu’il s’agit bien d’un crime. Ce qui veut dire que ce personnage que vous nous avez présenté dans les précédents romans comme froide et distante, on va être obligé d'en savoir un peu plus sur elle parce qu'elle-même va chercher des réponses aux questions qu'elle se pose depuis longtemps. Qui était-il son père ? Quelle était leur relation ?

Nicolas Beuglet :
C'est ce qu'elle va chercher à comprendre. En fait, c'est un personnage son père ! C'est quelqu'un qu'elle connaît mal. C'est quelqu'un avec qui elle a toujours vécu, qui a toujours été là dans la famille avec sa sœur et sa une mère mais qui n'a jamais été très actif au sein de sa famille. Pourtant, lorsqu'elle apprend sa mort, comme vous le disiez, elle se dit qu’il ne peut pas avoir été assassiné. Mais effectivement, la scène de crime est surprenante, tellement terrible avec cette poudre blanche qui recouvre le corps de son père nu. Les extrémités de ses membres sont gangrénés. Donc, ce n'est pas possible que ce soit par hasard. Pire encore, le légiste lui dit qu'on a retrouvé une clé dans l'estomac de son père. Mais qu’ouvre cette clé ? Pourquoi avait-il cette clé dans l’estomac ? Tout cela va forcément contraindre Sarah à fouiller dans le passé de son père pour essayer de comprendre ce qui lui est arrivé et qui lui a fait ça. Ce qui est encore plus intéressant, c'est qu'en fouillant dans le passé de son père, elle va découvrir des choses sur elle-même.

Philippe Chauveau :
Ce n'est pas anodin pour le romancier que vous êtes d'avoir mis une clé dans l'estomac de la victime. Des clés, vous allez en donner plusieurs au lecteur, certaines vont ouvrir des portes et d'autres non. Vous allez aussi, comme vous l'avez fait dans vos précédents titres, nous parler d'un événement précis, qui se passe dans les années trente, là-bas, dans ces contrées lointaines On ne va pas dire en dire plus bien sûr. Mais comment avez-vous trouvé cet événement ? Comment est venue cette idée ?

Nicolas Beuglet :
C'est l'Histoire dans l'histoire. C’est un livre que j'ai découvert par hasard qui m'a donné cette idée-là. J'étais chez des amis en train de les aider à déménager. Ils m'ont dit d’aller jeter un coup d'œil dans le grenier pour voir s’ils n’avaient rien oublié. Je monte et là, il restait un bouquin, posé contre une étagère. Je vois le titre du livre et je me dis : « Qu'est-ce que c'est que ça ? ». Je tourne le livre, je lis la quatrième de couverture et je me dis : « Mais c'est impensable cet événement historique ! ». Ce qui est impensable c'est l'événement en lui-même dont je n'en ai pas entendu parler, alors est ce que je suis mauvais ? Est-ce que cet événement est passé sous les radars ? J'ai fait des recherches et je me suis rendu compte qu'aussi épouvantable et incroyable qu'était cet événement historique, on n’en avait quasiment jamais parlé.

Philippe Chauveau :
Là, est-ce votre rôle de journaliste ou est-ce un sentiment de révolte citoyenne ? En essayant de ressortir un événement comme celui-ci, quelle est votre intention au-delà de l'écriture d'un thriller ?

Nicolas Beuglet :
La chose qui me fait le plus peur dans la vie, c'est l'idéologie. Moi, c'est quelque chose qui me terrifie parce que c'est l'abandon d'intelligence. Selon moi, il n'y a rien de plus terrible que de lire dans le regard de quelqu'un qu'il ne parle pas avec son intelligence mais qu'il parle en récitant ou en appliquant une règle qui n'est pas la sienne. Je trouvais intéressant d'aller chercher ce qu'une idéologie pouvait faire de pire. Là, il se trouve que c'est le communisme mais ce pourrait en être une autre. La religion m'intéresse aussi, toutes les religions. Je pense que c'est ça qui m'a intéressé dans cette histoire.

Philippe Chauveau :
J'imagine que dans les retours que vous avez de vos lecteurs, on vous le dit souvent. Ce que l'on aime dans votre écriture, c'est le rythme, la psychologie de vos personnages et ces intrigues que vous savez inventer. Dans quel état d'esprit êtes-vous lorsque vous écrivez ? Comment concevez-vous vos romans ?

Nicolas Beuglet :
Avec le souci permanent de faire plaisir aux lecteurs ! Je ne fais pas partie de la catégorie des gens qui écrivent pour eux. J'écris vraiment en pensant sans cesse au lecteur, comme une partie d'échecs contre moi-même. Je me mets du côté de l’auteur et puis après, je me mets à la place du lecteur en me demandant comment il va percevoir ce que j’ai écrit. Qu'est-ce que ça veut dire dans sa tête ? Quelle déduction il peut se faire en fonction de telle ou telle chose. On règle les choses. Je commence un livre seulement si j'en connais la fin. C'est la fin qui va dicter l'existence ou non du livre. Je veux une très grosse question au début, un grand mystère mais je veux que la réponse soit à la hauteur de la question. Je déteste les livres ou les films qui posent de grandes questions et où, à la fin, le scénariste ou l'auteur s'est dit que de toute façon, il n'y avait pas de réponse en prétextant : « La réponse est en vous, allez hop, c'est terminé." Moi cela m'exaspère ! Donc, j'essaie d'offrir ça aux lecteurs. Ce sont vraiment les deux grandes clés de mon écriture.

Philippe Chauveau :
Mission accomplie ! Quelle est cette «île du diable » sur laquelle Sarah Geringën va devoir aller enquêter ? Vous aussi, vous allez frissonner avec le nouveau titre de Nicolas Beuglet, publié aux éditions XO. Merci beaucoup.

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  • Le visage de Nicolas Beuglet ne vous est sans doute pas inconnu. On a pu le voir notamment en tant que journaliste et présentateur sur M6. Mais c’est aujourd’hui à l’écriture que Nicolas Beuglet a choisi de consacrer son temps. Et dans un genre bien précis, le polar nordique. Mais loin de vouloir imiter ce qui a déjà été fait, il a su créer un univers bien à lui. Après un premier roman publié sous pseudo, il est révélé au grand public en 2016 avec « Le cri », On y découvre l’inspectrice norvégienne Sarah...L'île du Diable de Nicolas Beuglet - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Bonjour Nicolas Beuglet Vous êtes dans l'actualité avec « L’île du diable » aux éditions XO. Il y a eu deux autres précédents titres, « Le cri » et « Le complot ». Et puis, il y avait aussi un autre titre en 2011, chez un précédent éditeur. Mais auparavant, il y a eu un autre Nicolas Beuglet. Vous avez été journaliste, notamment en radio et en télévision, mais c'est vraiment l'auteur et le romancier qui m'intéressent aujourd'hui. Comment l'écriture et avant la lecture arrivent-t-elles dans...L'île du Diable de Nicolas Beuglet - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau :On avait découvert Sarah Geringën, ce personnage, ette femme flic norvégienne, dans « Le cri ». Puis, on l'a retrouvée dans « Le complot ». La revoici dans « L'île du diable ». Je précise que si on a aimé « Le cri » et si on a aimé « Le complot », on va adorer « L'île du diable ». Mais si on n'a pas lu ces deux précédents titres, on peut quand même se lancer dans « L'île du diable » puisque dans les premières pages, vous repositionnez votre personnage. Mais forcément, c'est...L'île du Diable de Nicolas Beuglet - Livre - Suite