Jean des Cars

Jean des Cars

Elizabeth II, la Reine

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Philippe Chauveau : Dans une production littéraire déjà conséquente, Jean des Cars, vous nous aviez habitués à évoquer des personnages historiques du passé et là, curieusement, même si vous avez aussi parlé des Grimaldi ou de différentes familles toujours régnantes, c'est la première fois que vous nous proposez la biographie d'un personnage encore vivant, à savoir Elizabeth II, sous-titré la Reine.

Jean des Cars : Parce qu'avec 66 ans de règne au moment où nous parlons, à mon avis, elle est déjà entrée dans l'Histoire. Pour comprendre la fascination que ce personnage peut exercer, par sa longévité de règne et par son âge, 92 ans actuellement, je prendrais un point de repère, il y en a plusieurs. Lorsque David Cameron, son précédent premier ministre est né, Elizabeth II régnait déjà depuis douze ans, ça vous donne une idée. Voilà une jeune princesse, née en 1926 dans la famille royale britannique, mais qui n'était pas destinée à régner. Elle arrive sur le trône par un accident de l'Histoire, c'est à dire l'abdication de son oncle Edward VIII, le scandaleux futur duc de Windsor, et l'arrivée sur le trône de son frère, Albert, le père d'Elizabeth II, qui devient roi sous le nom de Georges VI. Cette jeune femme, en 1942 est initiée au secret d'Etat par son père, au fameux contenu des « royal boxes », ces boîtes de cuir rouge aux monogrammes du souverain, car la période est terrible, Londres est bombardée, la guerre n'est pas du tout gagnée, on ne sait pas du tout ce que cela va donner. Elle a donc depuis 1942 connaissance de tout ce qu'il se passe dans le monde et de ce que doit savoir un chef d'état ou futur chef d'état. Donc, c'est assez étonnant.

Philippe Chauveau : Personnage fascinant. Avant de rentrer dans le livre, j'aimerais vous poser une petite question sur le choix de la couverture. Vous avez opté pour une photo de la reine Elizabeth à quelques jours de son couronnement et à l'intérieur vous avez choisi un portrait d'Elizabeth II éclatant de rire sur le pont du Britania. Pourquoi ce choix éditorial ?

Jean des Cars : Parce que la Reine est majestueuse par définition depuis son sacre, c’est la partie mystique de son couronnement. Mais c'est aussi une femme qui a beaucoup d'humour. Dans sa fonction de monarque constitutionnelle, elle est obligée d'être vraiment discrète, d'observer une retenue, je rappelle tout de même, parce que les français se trompent en général, que c'est elle qui conseille le gouvernement. Elle dispose de trois prérogatives depuis la reine Victoria : le droit d’informer, le droit de consulter et le droit de mettre en garde. Lorsqu'elle reçoit le premier ministre en audience, en général le mardi sauf urgence, elle a étudié tous les dossiers, toutes les solutions proposées et elle en discute. Si elle dit au premier ministre : « Etes-vous sûr que ce soit la bonne solution ? », on sait qu'elle n'est pas tout à fait d'accord. C'est pour cela qu'on parle du gouvernement de sa Majesté, mais en fait, nous nous disons le cabinet de Tony Blair, de Theresa May, etc... Elle sait tout, c'est très intéressant et il faut une force de caractère extraordinaire pour en parler à un seul homme et éventuellement quelques bribes au Prince Philip. Par exemple, cela a dû être terrible pour elle d'apprendre que le conservateur de ses collections de peintures, grand spécialiste du dessin français notamment de Nicolas Poussin, Sir Anthony Blunt, un historien de l'art qu'elle a elle-même décoré, était en fait un agent de Moscou après avoir été un agent des services secrets britanniques pendant la guerre. Elle a subit toutes les crises conjugales et familiales autour d'elle, elle a été gâtée de Margaret à Diana... C'est une femme qui n'aime pas du tout étaler les crises personnelles en public et elle est l'adepte de la maxime des Windsor « Never complain, never explain », on ne se plaint pas, on essaie d'être positif et on ne règle pas les questions de famille en public.

Philippe Chauveau : Ce livre est un bel objet, on a parlé de la couverture, par son format aussi. C'est une sorte de bible ! Il y a plus de 500 pages et on apprend énormément de choses pourtant on a l'impression de tout savoir mais il y a beaucoup de détails que vous nous confiez. Comment avez-vous travaillé ? Quelles ont été vos sources, sans rien trahir de vos secrets mais où avez-vous été dénicher toutes ces infos que nous ne connaissions pas et ces photos inédites aussi ? Jean des Cars : Là où il fallait ! C'est le résultat d'une enquête de plusieurs années, d'audiences à Buckingham Palace sur lesquelles je ne peux rien dire. Ma famille a reçu la famille royale souvent, il y a des années et j'ai toujours été intéressé par cette histoire qui est étonnante, très spectaculaire, très traditionnelle. Il y a des choses qui se font et d'autres qui ne se font pas mais le mélange des excentricités britanniques, par exemple de pouvoir aller à l'opéra aujourd'hui avec une voiture tirée à cheval dans Londres et n'avoir un procès-verbal que pour défaut d'éclairage, je trouve qu'il y a un talent british dans l'humour qui est assez formidable que n'ont pas, à mon avis, les français. Mais il y a aussi un sens de la tradition et de l'effort.

Philippe Chauveau : Vous déroulez la vie d'Elizabeth II, de sa naissance jusqu'à aujourd'hui, de façon chronologique et la force de votre livre c'est que vous nous embarquez avec vous. Pourquoi avez-vous fait le choix d'écrire au présent?

Jean des Cars : Parce que c'est une histoire qui continue et tout simplement, cela fait 66 ans qu'elle est dans le paysage mondial et je voulais consacrer à sa gracieuse Majesté un livre en me disant : « C'est fantastique, il n'y a aucun autre personnage qui a occupé l'espace populaire, politique, médiatique, familial, traditionnel, aussi longtemps qu'elle ». Cela ne met pas de côté les grands personnages de l'Histoire récente comme Churchill ou De Gaulle, mais elle, monarque constitutionnelle qui a tout vu, qui a tout su est toujours là au moment où nous parlons et je pense que le jour ou Elizabeth II nous aura quittés, il y aura un immense vide. J'ai donc voulu lui rendre hommage de son vivant

Philippe Chauveau : Votre actualité Jean des Cars ça s'appelle « Elizabeth II, la Reine » un titre tout simple mais qui veut dire beaucoup et vous êtes publié aux éditions Perrin, merci beaucoup.

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  • Philippe Chauveau : Dans une production littéraire déjà conséquente, Jean des Cars, vous nous aviez habitués à évoquer des personnages historiques du passé et là, curieusement, même si vous avez aussi parlé des Grimaldi ou de différentes familles toujours régnantes, c'est la première fois que vous nous proposez la biographie d'un personnage encore vivant, à savoir Elizabeth II, sous-titré la Reine. Jean des Cars : Parce qu'avec 66 ans de règne au moment où nous parlons, à mon avis, elle est déjà entrée dans...Elizabeth II, la Reine de Jean Des Cars - Livre - Suite
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