Karine Lambert

Karine Lambert

Eh bien dansons maintenant !

Livre 6'13

Philippe Chauveau : Nous allons rentrer dans la danse avec vous Karine Lambert, « Eh bien dansons maintenant », c'est votre deuxième roman, vous publié chez Jean-Claude Latès, nous allons faire connaissance avec deux personnages, il y a Marguerite puis il y a Marcel, lui en 73 ans, elle en a 78, je crois. Ils ont tous les deux une vie sentimentale sereine, heureuse, dans tous les cas, ça c'est bien passé. Et puis le veuvage arrive, Magui perd son époux qui était notaire, Marcel perd sa femme qui était son rayon de soleil, et puis ils ont beaucoup de mal à se reconstruire. Pourquoi avoir eu envie que vos deux personnages centraux aient 73, 78 ans, c'est pas du tout votre univers ! Vous auriez pu attendre encore très longtemps avant d'écrire sur les seniors, pourquoi ce choix ?

Karine Lambert : Parce que je trouve que c'est un thème à la fois très contemporain et à la fois tabou, on vit de plus en plus vieux mais l'amour et la sexualité chez les personnes âgées, sont des sujets sensibles, et donc dans les civilisations africaines ou asiatiques, les anciens sont des sages vénérés contrairement à notre culture occidental, j'ai ouvert le dictionnaire au mot vieux, et on y trouve périmé, hors d'usage, fossile, poussiéreux. Et c'est notamment pour ça que j'ai choisit de mettre en exergue la phrase d'Apollinaire, « il est grand temps de rallumer les étoiles ».

Philippe Chauveau : Dans votre premier roman, « L'immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes », il y avait des échanges intergénérationnelles mais là c'est vrai qu'on a ces deux personnages.. Alors on va aller les présenter rapidement, Marguerite a été marié à un notaire.. Pas un mariage de convenance, mais c'est un peu les parents qui ont imposé ça. Il y a aussi le faite que Marguerite avait perdu sa sœur prématurément et ça avait créé un choc dans la famille. Marcel lui c'est un vrai mariage d'amour, il a été obligé de quitter l'Algérie en 1962, et puis il a connu une très belle histoire avec cette femme qui va mourir tragiquement en se noyant. Comment avez-vous construit ces deux personnages qui sont complètement d'univers opposé, ils n'étaient absolu pas fait pour se rencontrer.

Karine Lambert : Tout à fait, et ce challenge m'a beaucoup intéressé. Rendre le couple le plus improbable de la terre presque une évidence. Si il s'était connu à 20 ans, ils ne se seraient pas plu. Et donc c'est le concours de circonstance qui va faire qu'un moment ils deviennent la bonne personne au bon moment, au bon endroit.

Philippe Chauveau : Le bon endroit ça va être les montagnes pyrénéennes. A 800km de chez eux, là ce qui est important quand on lit votre ouvrage, qu'on apprend que vous êtes photographe, c'est que les paysages, les décors ont un rôle à jouer dans votre histoire. Et lorsqu'ils sont sur la terrasse de l’hôtel face aux montagnes, dans ce que vous écrivez, dans ce que vous nous représentez, on sent que la photographe n'est jamais très loin.

Karine Lambert : Effectivement, je pense que c'est un des pont qui a entre l'écriture et la photo car j'ai l'habitude d'observer, et puis je me suis rendu compte que quand j'écrivais je vois d'abord les scènes, j'appelle ça des scènes d'ailleurs, pas des chapitres. Je vois et les personnages évoluer et l'atmosphère, le décor avant de l'écrire.

Philippe Chauveau : C'est un sujet sociétal que vous nous abordez, c'est un sujet qui peut tous nous concerner dans nos proches ou même nous plus tard lorsque nous arriverons à cette période de la vie, vous le disiez. L'amour, la sexualité chez les seniors c'est un sujet tabou. Comment avez-vous appréhendé le sujet, est ce que vous vous êtes renseigné auprès de seniors de votre entourage, avez-vous lu d'autres ouvrages qui traitent de cette thématique ?

Karine Lambert : Le détonateur qui m'a donné envie d'écrire cette histoire, c'est la maman de mon meilleur ami, qui a perdu son mari après 50 ans de mariage, qui était défaite, désemparé, complètement perdue. Et je m'attendais à tout sauf à la rencontrer 1 an plus tard, en me racontant comme une petite fille, qu'elle dansé dans sa cuisine avec son nouvel amoureux.
Donc c'est pas son histoire mais ses yeux brillants m'ont accompagné, tout le long de l'écriture. Après je me suis beaucoup documenté, j'ai interrogé beaucoup de gens, et j'ai été de surprise en surprise justement, en découvrant à la fois la solitude de certains, et l'urgence de l'autre à revivre quelque chose.

Philippe Chauveau : L'amour sur les seniors, est ce que votre regard sur cet thématique a évolué, a changé, est ce que vous vous êtes projeté à cet âge là, est- ce que l'écriture vous a modifié ?

Karine Lambert : Sûrement car j'ai appréhendé un univers que je connaissais de loin, je lis plein de choses par rapport à ça, oui j'ai envie que le livre soit contagieux, qu'il donne envie à d'autres, l'audace de vivre sans se soucier du regard familial, de la société, ou de leur propre réticence par fidélité au premier amour qu'ils ont vécu, où leur prudence, voilà j'ai envie de dire, allez y !

Philippe Chauveau : Foncez ! Je vous l'ai dit avant cet enregistrement, j'ai eu un gros coup de cœur, pour votre roman Karine Lambert, j'ai eu du mal à quitter, Magui et Marcel, vous même vous avez eu du mal à y mettre un point final ? Ou maintenant vous les laisser vivre leur vie ?

Karine Lambert : Je les laisse et je les accompagne un peu, comme aujourd'hui. Mais en faite je me mets assez vite dans l'écriture, je suis déjà dans l'écriture de quelque chose, ça ça me permet de laisser les personnages vivre leur vie, d'être déjà projeté sur autre chose.

Philippe Chauveau : Alors un prochain roman qu'on attend avec impatience, je précise que celui-ci, va forcément bien fonctionner, que les droits ont été cédé en langue anglo-saxonne, cela veut dire que beaucoup de gens vont pouvoir se régaler avec cette belle histoire. « Eh bien dansons maintenant », l'histoire de Marguerite et de Marcel, votre nouveau roman Karine Lambert, gros coup de cœur, pour ce livre publié chez Jean-Claude Latès. Merci beaucoup.

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    Philippe Chauveau : Bonjour Karine Lambert, j'ai grand plaisir à vous accueillir. Votre actualité chez Latès, « Eh bien dansons maintenant ». On va faire connaissance, un petit peu. Vous êtes belges, vous vivez à Bruxelles, mais vous êtes photographe, avant de parler de l'écriture, j'aimerai que vous me parliez de la photo, pourquoi le métier de photographe, qu'avez vous trouvé dans l'univers de la photographie ? Karine Lambert : En tout cas, je trouve qu'il y a énormément de points communs entre l'écriture et la photo,...Eh bien dansons maintenant ! de Karine Lambert - Portrait - Suite
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