Michel Onfray

Michel Onfray

La raison des sortilèges

Le livre 3'52

Michel Onfray vous publiez aux éditions Autrement ce nouveau titre : « La raison des sortilèges, entretiens sur la musique ». C'est un livre d'entretiens avec Jean-Yves Clément,
et ça c'est curieux parce que jusqu'à présent les livres d'entretiens ce n'était pas trop votre fort et là vous avez accepté. Alors il y a une relation d'amitié, mais est-ce que c'est aussi le sujet, la musique qui vous a fait donner votre accord pour ce projet ?
Non c'est vraiment l'amitié. Parce qu'on m'a beaucoup proposé de faire des livres d'entretiens, c'est-à-dire que l'on se rencontre une journée, on enregistre des bavardages et il y a quelqu'un qui retranscrit, on corrige tout ça et la semaine suivante c'est en librairie
et j'ai toujours dit que c'était des « non livres », les livres d'entretiens. Donc je n'en n'ai jamais fait jusqu'à ce que je dise oui à mon ami Jean-Yves Clément. D'abord parce qu'il est mon ami, et puis ensuite parce que, d'abord il est musicien, il est musicologue,
il a une culture extraordinaire sur ce terrain là, il a écrit lui-même sur ce sujet, il organise des concerts, il sait ce que c'est la matérialité du militantisme culturel.
Donc il m'a dit que tout ce qu'on se dit il faudrait qu'on l'écrive, pourquoi est-ce qu'on ne ferait pas un jour un livre d'entretiens, et moi je lui ai dit : « allons y, faisons cet échange. » Et on l'a fait et c'est devenu ce petit livre d'amitié.
C'est intéressant, vous expliquez dans le livre comment la musique arrive dans votre vie, pourquoi avoir envie de raconter ça dans un livre, qu'est ce que ça apporte par rapport au philosophe que vous êtes ?
Il y a un moment donné où l'on rencontre la musique dans ça vie, alors effectivement mon père était ouvrier agricol, ma mère femme de ménage, j'avais un petit frère, on vivait dans dix-sept mètres carré, dix-sept mètres carré, à l'étage il y avait la chambre, pas de chauffage etc.
Donc la culture n'existait pas. Pas de livres, pas de musiques, de peintures, de littérature, évidemment pas de restaurants, pas de vacances, pas d'opéras, pas de cinémas, pas de poésies, rien de tout ça.
Et ma mère est rentrée à la maison avec une espèce de vieux tourne-disque - qu'elle a toujours d'ailleurs – et dans la poubelle il y avait ' Bach ' et ' Jésus que ma joie demeure '.
Et vous écrivez à un moment que vous avez appris à écrire grâce à la musique.
J'ai pas eu de maître en écriture. On ne m'a pas dit comment il fallait composer un livre, même une dissertation.
Mais en même temps, je me suis fait envahir par la musique et d'un seul coup j'ai compris les rythmes, les cadences, enfin j'ai compris, j'ai expérimenté corporellement les rythmes et les cadences,
et j'ai eu l'impression que quand je me suis mis à écrire, et bien j'avais été nourri par la musique.
En ce qui vous concerne Michel Onfray, si l'on revient sur ces petites pépites que sont la voix de Callas ou Bach, que vous avez découvert adolescent, est-ce que vous avez l'impression que c'est ce qui vous a fait devenir philosophe aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a un lien ?
Non, non non, je dis souvent quand on me pose la question : « Comment est-ce que l'on devient philosophe ? », je dis : on ne devient pas philosophe, on le reste. Je pense que nous naissons tous philosophe, et que seul quelques-uns le demeure.
C'est-à-dire qu'à priori tous les enfants, enfin tout ceux qui nous écoutent et qui ont été enfants, ont été philosophes, ce sont posés des questions éminemment philosophiques, des questions profondément philosophiques,
sur la vie, sur l'amour, sur la mort, sur le temps, sur ce qu'il se passe après la mort, les enfants posent toujours ces questions là. Le philosophe c'est celui qui se dira : « Et bien les questions que je me posais dans mon enfance,
et bien je n'y ai pas renoncé, je n'y renoncerai jamais », et on continu à se poser ces questions là. Donc on l'est. Et il y a un moment où il n'y a pas des questions philosophiques et des questions qui ne le seraient pas, mais il y a un moment où l'on rencontre la musique.
Quand on est ébranlé par la voix de Maria Callas, quand on ne sait pas que ça s'appelle le contre-point mais que le contre-point s'empare de nous et que d'un seul coup quand on écoute Bach on est...... La divine machine à coudre ' disait Colette.
D'un seul coup on se dit : « Mais mon coeur bat différemment, mes pulsations sont différentes, c'est-à-dire que Bach s'est emparé de mon propre corps,
et d'un seul coup je suis en train de respirer en rythme avec la cantate, il se passe quoi ? ». Un philosophe est obligé de dire, mais c'est quoi la musique ? C'est quoi le mécanisme de la musique ? Qu'est ce qui se passe ?
Merci beaucoup Michel Onfray, c'est votre actualité ce livre d'entretiens avec Jean-Yves Clément, « La raison des sortilèges » c'est aux éditions Autrement.

Philippe Chauveau :
Michel Onfray vous publiez aux éditions Autrement ce nouveau titre : « La raison des sortilèges, entretiens sur la musique ». C'est un livre d'entretiens avec Jean-Yves Clément, et ça c'est curieux parce que jusqu'à présent les livres d'entretiens ce n'était pas trop votre fort et là vous avez accepté. Alors il y a une relation d'amitié, mais est-ce que c'est aussi le sujet, la musique qui vous a fait donner votre accord pour ce projet ?

Michel Onfray :
Non c'est vraiment l'amitié. Parce qu'on m'a beaucoup proposé de faire des livres d'entretiens, c'est-à-dire que l'on se rencontre une journée, on enregistre des bavardages et il y a quelqu'un qui retranscrit, on corrige tout ça et la semaine suivante c'est en librairie et j'ai toujours dit que c'était des « non livres », les livres d'entretiens. Donc je n'en n'ai jamais fait jusqu'à ce que je dise oui à mon ami Jean-Yves Clément. D'abord parce qu'il est mon ami, et puis ensuite parce que, d'abord il est musicien, il est musicologue, il a une culture extraordinaire sur ce terrain là, il a écrit lui-même sur ce sujet, il organise des concerts, il sait ce que c'est la matérialité du militantisme culturel. Donc il m'a dit que tout ce qu'on se dit il faudrait qu'on l'écrive, pourquoi est-ce qu'on ne ferait pas un jour un livre d'entretiens, et moi je lui ai dit : « allons y, faisons cet échange. » Et on l'a fait et c'est devenu ce petit livre d'amitié.

Philippe Chauveau :
C'est intéressant, vous expliquez dans le livre comment la musique arrive dans votre vie, pourquoi avoir envie de raconter ça dans un livre, qu'est ce que ça apporte par rapport au philosophe que vous êtes ?

Michel Onfray :
Il y a un moment donné où l'on rencontre la musique dans ça vie, alors effectivement mon père était ouvrier agricol, ma mère femme de ménage, j'avais un petit frère, on vivait dans dix-sept mètres carré, dix-sept mètres carré, à l'étage il y avait la chambre, pas de chauffage etc. Donc la culture n'existait pas. Pas de livres, pas de musiques, de peintures, de littérature, évidemment pas de restaurants, pas de vacances, pas d'opéras, pas de cinémas, pas de poésies, rien de tout ça. Et ma mère est rentrée à la maison avec une espèce de vieux tourne-disque - qu'elle a toujours d'ailleurs – et dans la poubelle il y avait ' Bach ' et ' Jésus que ma joie demeure '.

Philippe Chauveau :
Et vous écrivez à un moment que vous avez appris à écrire grâce à la musique.

Michel Onfray :
J'ai pas eu de maître en écriture. On ne m'a pas dit comment il fallait composer un livre, même une dissertation. Mais en même temps, je me suis fait envahir par la musique et d'un seul coup j'ai compris les rythmes, les cadences, enfin j'ai compris, j'ai expérimenté corporellement les rythmes et les cadences, et j'ai eu l'impression que quand je me suis mis à écrire, et bien j'avais été nourri par la musique.

Philippe Chauveau :
En ce qui vous concerne Michel Onfray, si l'on revient sur ces petites pépites que sont la voix de Callas ou Bach, que vous avez découvert adolescent, est-ce que vous avez l'impression que c'est ce qui vous a fait devenir philosophe aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a un lien ?

Michel Onfray :
Non, non non, je dis souvent quand on me pose la question : « Comment est-ce que l'on devient philosophe ? », je dis : on ne devient pas philosophe, on le reste. Je pense que nous naissons tous philosophe, et que seul quelques-uns le demeure. C'est-à-dire qu'à priori tous les enfants, enfin tout ceux qui nous écoutent et qui ont été enfants, ont été philosophes, ce sont posés des questions éminemment philosophiques, des questions profondément philosophiques, sur la vie, sur l'amour, sur la mort, sur le temps, sur ce qu'il se passe après la mort, les enfants posent toujours ces questions là. Le philosophe c'est celui qui se dira : « Et bien les questions que je me posais dans mon enfance, et bien je n'y ai pas renoncé, je n'y renoncerai jamais », et on continu à se poser ces questions là. Donc on l'est. Et il y a un moment où il n'y a pas des questions philosophiques et des questions qui ne le seraient pas, mais il y a un moment où l'on rencontre la musique. Quand on est ébranlé par la voix de Maria Callas, quand on ne sait pas que ça s'appelle le contre-point mais que le contre-point s'empare de nous et que d'un seul coup quand on écoute Bach on est « tac à tac à tac à tic aïe aïe aïe ' La divine machine à coudre ' disait Colette. D'un seul coup on se dit : « Mais mon coeur bat différemment, mes pulsations sont différentes, c'est-à-dire que Bach s'est emparé de mon propre corps, et d'un seul coup je suis en train de respirer en rythme avec la cantate, il se passe quoi ? ». Un philosophe est obligé de dire, mais c'est quoi la musique ? C'est quoi le mécanisme de la musique ? Qu'est ce qui se passe ?

Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Michel Onfray, c'est votre actualité ce livre d'entretiens avec Jean-Yves Clément, « La raison des sortilèges » c'est aux éditions Autrement.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • Philosophe, auteur d’une soixantaine d’ouvrages, Michel Onfray a toujours cherché à mettre la philosophie à la portée du plus grand nombre. C’est ce qui motiva d’ailleurs chez la création de l’Université Populaire de Caen, dans laquelle il est toujours très impliqué.Librement inspiré par Nietzsche et d’Epicure, Michel Onfray nous offre ici un exercice quelque peu différent de ses précédents ouvrages.Pour la 1ère fois, sollicité par son ami l’écrivain et éditeur Jean-Yves Clément, il a accepté l’exercice...La raison des sortilèges de Michel Onfray - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Bonjour Michel Onfray. Vous publiez aux éditions « Autrement », « La raison des sortilèges », livre d'entretiens avec Jean-Yves Clément, on va en reparler bien évidemment. Mais parlons de vous au-préalable, le philosophe, la philosophie, quelle est sa place dans la société d'aujourd'hui, est-ce qu'il y a encore une raison d'être philosophe dans notre monde actuel ? Michel Onfray :Plus que jamais. Il me semble plus que jamais. Il y a à peu près vingt-cinq siècles de présence de la philosophie dans la...La raison des sortilèges de Michel Onfray - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau :Michel Onfray vous publiez aux éditions Autrement ce nouveau titre : « La raison des sortilèges, entretiens sur la musique ». C'est un livre d'entretiens avec Jean-Yves Clément, et ça c'est curieux parce que jusqu'à présent les livres d'entretiens ce n'était pas trop votre fort et là vous avez accepté. Alors il y a une relation d'amitié, mais est-ce que c'est aussi le sujet, la musique qui vous a fait donner votre accord pour ce projet ? Michel Onfray :Non c'est vraiment l'amitié. Parce qu'on m'a beaucoup...La raison des sortilèges de Michel Onfray - Le livre - Suite