Fabrice Humbert

Fabrice Humbert

La fortune de Sila

Le livre 4'49
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Fabrice Humbert, un nouveau roman, le 4ème, aux éditions du Passage, La fortune de Sila. Sila c'est un jeune homme, un jeune noir qui est serveur dans un grand restaurant parisien. Nous sommes en juin 1995, et puis un jour, un client irascible lui casse la figure, et c'est le départ de votre roman. Pourquoi cette idée, et cette scène surprenante ?

Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Cet élément déclencheur, je l'ai eu dans un restaurant. Alors que j'étais en train de manger, j'ai imaginé d'un coup la scène inaugurale de ce livre, et c'est ça qui m'a permis d'écrire le livre. Et par ailleurs je ne saurais pas dire s'il s'agit vraiment d'imagination, ou d'un fait divers qui me serait revenu à la mémoire puisque cette même scène m'a été rapportée depuis que le livre est sorti, exactement dans les même termes, à l'intérieur d'un hôtel restaurant, avec un client irascible qui a frappé un serveur, simplement parce que ce serveur avait dit à son fils de revenir à table. Mais je suis assez content de cela, car que se soit dans l'une ou dans l'autre, de toute façon, c'est l'entrée dans le réel que je cherchais. C'est-à-dire un fait vrai, et totalement symbolique, puisque c'est une scène de dominations sociale pure, et d'indifférence en plus -parce que c'est important- des clients.

Philipe Chauveau (Webtvculture)
Ce jeune Sila, il a quitté son pays d'Afrique de façon clandestine, et il a eu la chance de faire une bonne rencontre, celle d'un grand chef cuisiner restaurateur qui l'a engagé. Donc, il a plutôt bien réussi jusqu'à ce que cette violence surgisse à nouveau dans sa vie. Et dans les personnes qui assistent à la scène, dans cette salle de restaurant très feutrée, tous finalement vont être dépassés par leur lâcheté, puisque personne ne va intervenir.

Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Oui, ils sont dépassés par leur lâcheté, et aussi par leur indifférence, puisque effectivement un des traders français voudrait intervenir et n'ose pas. Mais l'oligarque russe, Lev Kravchenko, est totalement indifférent, ce qui signe son déclin moral. Une petite scène comme celle-ci, au fonds, une anecdote, peut être extrêmement révélatrice d'un abandon plus vaste. Ces micros-abandons sont le prélude de défaites beaucoup plus importantes pour ces personnages, mais aussi pour notre époque.

Philipe Chauveau (Webtvculture)
Les personnages sont donc aux prises avec les évènements internationaux, mais évidemment pour chacun des personnages, leur parcours, leur caractère, leur psychologie, jouent un rôle déterminant dans leur façon de se comporter, de réagir.

Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Ca, c'est la force du roman. Il y a des livres d'histoire, des livres d'économie pour parler de cette période mais la force du roman, c'est de ne pas faire de choses globales, mais de s'intéresser à des personnages, à des itinéraires particuliers. Même lorsqu'ils nous semblent antipathiques, ce qui est par exemple le cas du client irascible au début, il y a néanmoins des choses qui l'explique, il y a des éléments par lesquels il nous ressemble. Ils ne doivent jamais être d'un seul bloc.

Philipe Chauveau (Webtvculture)
C'est un regard désabusé sur notre époque que vous portez dans ce roman La fortune de Sila ?

Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Alors disons que la période dont je parle est particulière parce qu'elle va de 1989, la chute du mur de Berlin, jusqu'à la crise financière de 2008, donc un moment particulier d'un triomphe de l'Occident et du capitalisme occidental, qui se finira par cet énorme ébranlement de la crise financière de 2008. Donc, ce ne sont pas non plus des évènements qui provoquent l'optimisme le plus total, le fait que les gouvernements, et donc les contribuables, aient été obligés de dépenser des centaines de milliards pour les banques, ce ne sont pas des faits qui inclinent à croire qu'il y ait la moindre justice en ce bas monde.

Philipe Chauveau (Webtvculture)
Le titre, La fortune de Sila, finalement, tout est dans le titre.

Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
J'ai beaucoup hésité pour le titre. La fortune de Sila, c'est la fortune au sens argent, mais évidemment, c'est la fortune au sens antique du terme, fortuna, le destin de Sila.

Philipe Chauveau (Webtvculture)
Merci beaucoup Fabrice Humbert, c'est donc votre nouveau roman, le 4ème aux éditions du Passage, la fortune de Sila.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Fabrice Humbert, un nouveau roman, le 4ème, aux éditions du Passage, La fortune de Sila. Sila c'est un jeune homme, un jeune noir qui est serveur dans un grand restaurant parisien. Nous sommes en juin 1995, et puis un jour, un client irascible lui casse la figure, et c'est le départ de votre roman. Pourquoi cette idée, et cette scène surprenante ?

Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Cet élément déclencheur, je l'ai eu dans un restaurant. Alors que j'étais en train de manger, j'ai imaginé d'un coup la scène inaugurale de ce livre, et c'est ça qui m'a permis d'écrire le livre. Et par ailleurs je ne saurais pas dire s'il s'agit vraiment d'imagination, ou d'un fait divers qui me serait revenu à la mémoire puisque cette même scène m'a été rapportée depuis que le livre est sorti, exactement dans les même termes, à l'intérieur d'un hôtel restaurant, avec un client irascible qui a frappé un serveur, simplement parce que ce serveur avait dit à son fils de revenir à table. Mais je suis assez content de cela, car que se soit dans l'une ou dans l'autre, de toute façon, c'est l'entrée dans le réel que je cherchais. C'est-à-dire un fait vrai, et totalement symbolique, puisque c'est une scène de dominations sociale pure, et d'indifférence en plus -parce que c'est important- des clients.

Philipe Chauveau (Webtvculture)
Ce jeune Sila, il a quitté son pays d'Afrique de façon clandestine, et il a eu la chance de faire une bonne rencontre, celle d'un grand chef cuisiner restaurateur qui l'a engagé. Donc, il a plutôt bien réussi jusqu'à ce que cette violence surgisse à nouveau dans sa vie. Et dans les personnes qui assistent à la scène, dans cette salle de restaurant très feutrée, tous finalement vont être dépassés par leur lâcheté, puisque personne ne va intervenir.

Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Oui, ils sont dépassés par leur lâcheté, et aussi par leur indifférence, puisque effectivement un des traders français voudrait intervenir et n'ose pas. Mais l'oligarque russe, Lev Kravchenko, est totalement indifférent, ce qui signe son déclin moral. Une petite scène comme celle-ci, au fonds, une anecdote, peut être extrêmement révélatrice d'un abandon plus vaste. Ces micros-abandons sont le prélude de défaites beaucoup plus importantes pour ces personnages, mais aussi pour notre époque.

Philipe Chauveau (Webtvculture)
Les personnages sont donc aux prises avec les évènements internationaux, mais évidemment pour chacun des personnages, leur parcours, leur caractère, leur psychologie, jouent un rôle déterminant dans leur façon de se comporter, de réagir.

Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Ca, c'est la force du roman. Il y a des livres d'histoire, des livres d'économie pour parler de cette période mais la force du roman, c'est de ne pas faire de choses globales, mais de s'intéresser à des personnages, à des itinéraires particuliers. Même lorsqu'ils nous semblent antipathiques, ce qui est par exemple le cas du client irascible au début, il y a néanmoins des choses qui l'explique, il y a des éléments par lesquels il nous ressemble. Ils ne doivent jamais être d'un seul bloc.

Philipe Chauveau (Webtvculture)
C'est un regard désabusé sur notre époque que vous portez dans ce roman La fortune de Sila ?

Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Alors disons que la période dont je parle est particulière parce qu'elle va de 1989, la chute du mur de Berlin, jusqu'à la crise financière de 2008, donc un moment particulier d'un triomphe de l'Occident et du capitalisme occidental, qui se finira par cet énorme ébranlement de la crise financière de 2008. Donc, ce ne sont pas non plus des évènements qui provoquent l'optimisme le plus total, le fait que les gouvernements, et donc les contribuables, aient été obligés de dépenser des centaines de milliards pour les banques, ce ne sont pas des faits qui inclinent à croire qu'il y ait la moindre justice en ce bas monde.

Philipe Chauveau (Webtvculture)
Le titre, La fortune de Sila, finalement, tout est dans le titre.

Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
J'ai beaucoup hésité pour le titre. La fortune de Sila, c'est la fortune au sens argent, mais évidemment, c'est la fortune au sens antique du terme, fortuna, le destin de Sila.

Philipe Chauveau (Webtvculture)
Merci beaucoup Fabrice Humbert, c'est donc votre nouveau roman, le 4ème aux éditions du Passage, la fortune de Sila.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Après ses deux premiers romans, Autoportrait en Noir et Blanc et Biographie d'un inconnu, Fabrice Humbert a connu une large médiatisation avec L'origine de la violence, sorti en janvier 2009. Récompensé notamment par le le prix Orange du livre, L'origine de la violence était un aller-retour entre aujourd'hui et les années 1940, l'histoire d'un homme découvrant son passé lors d'une visite dans un camp de concentration. Tout en poursuivant l'enseignement au lycée, Fabrice Humbert, s'est rapidement attelé à l'écriture de son...Le monde n'existe pas de Fabrice Humbert - Présentation - Suite
    Philipe Chauveau (Webtvculture) Bonjour Fabrice Humbert Fabrice Humbert (La fortune de Sila) Bonjour Philipe Chauveau (Webtvculture) Merci de nous recevoir, un nouveau livre, le 4ème, la fortune de Sila, publié aux éditions du Passage. C'est déjà le 4ème livre, on se souvient de L'origine de la violence qui avait été un très beau succès de librairie, récompensé par plusieurs prix, notamment le prix Orange du Livre. Quand vous repensez à cette aventure, déjà quatre romans. Quelles sont les images qui viennent à l'esprit ?...Le monde n'existe pas de Fabrice Humbert - Portrait - Suite
    Philipe Chauveau (Webtvculture) Fabrice Humbert, un nouveau roman, le 4ème, aux éditions du Passage, La fortune de Sila. Sila c'est un jeune homme, un jeune noir qui est serveur dans un grand restaurant parisien. Nous sommes en juin 1995, et puis un jour, un client irascible lui casse la figure, et c'est le départ de votre roman. Pourquoi cette idée, et cette scène surprenante ? Fabrice Humbert (La fortune de Sila) Cet élément déclencheur, je l'ai eu dans un restaurant. Alors que j'étais en train de manger, j'ai imaginé d'un...Le monde n'existe pas de Fabrice Humbert - Le livre - Suite
    Olivier L'Hostis L'Esperluète – Chartres « La fortune de Sila comme L'origine de la violence, ce sont nos coups de coeurs, nous les portons, ils sont sur la table des coups de coeurs. La fortune de Sila, c'est un livre très rapide. C'est un livre qui commence très très fort, le prologue, les trois ou quatre premières pages sont des pages percutantes, au sens propre comme au sens figuré. On est dans la jungle avec Fabrice Humbert, dans la jungle humaine dans tout ce qu'elle a de plus cru. C'est une écriture très directe, très...Le monde n'existe pas de Fabrice Humbert - L'avis du libraire - Suite