Tatiana Arfel

Tatiana Arfel

L'Attente du soir

Le livre 4'20
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Tatiana Arfel, L’Attente du soir, votre premier roman, publié aux éditions José Corti. Trois personnages Giacomo, Mlle B. et le môme, cet enfant sauvage. Cette histoire d’où vient-elle ?

Tatiana Arfel (L’Attente du soir) : L’histoire vient des personnages d’abord, c’est-à-dire que comme pour mes goûts littéraires, je n’ai pas travaillé non plus l’intrigue en premier. J’ai d’abord prêté oreille à des personnages qui me semblaient avoir leur propre voix et que je voyais apparaître dans différents textes que j’écrivais, des textes courts, que je n’ai pas utilisés, qui n’avaient rien à voir, mais qui avaient le même type, même style, même intériorité de personnages. Une fois que j’ai vu que ces trois là avaient quelque chose à me dire, je me suis dit : « Qu’est ce qui les réunit ? ». Comme j’avais d’abord, l’enfant sauvage, le môme, il y avait une histoire de pourquoi est-il sauvage ? Comment l’enfant peut-il se retrouver en l’occurrence tout seul sur un terrain vague ? Donc il s’agissait de dérouler le fil pour lui et de voir aussi comment il allait s’en sortir tout seul.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Et Giacomo qui tient donc un cirque, c’est un héritage familial, il y a Mlle B. qui est une femme sans histoire, une femme que l’on ne regarde pas, que l’on ne voit pas et puis donc le môme, cet enfant sauvage abandonné, perdu sur un terrain vague. Et il y a beaucoup de couleur finalement dans ce livre ; les couleurs du chapiteau, du cirque et les couleurs de l’enfant sauvage et puis la couleur grise aussi de cette femme. Les couleurs, c’était important pour vous dans le livre ?

Tatiana Arfel (L’Attente du soir) : Oui c’était très important. D’abord pour le môme, l’enfant sauvage. Il ne parle pas donc il faut que je raconte l’histoire de quelqu’un, qui raconte sa propre histoire, c’est un monologue intérieur de quelqu’un qui ne parle pas. Je me suis dit, je me suis fait l’idée et la réflexion que quelqu’un qui ne parlait pas allait appréhender le monde probablement d’après des signaux sensoriels, en l’occurrence ça aurait pu être les formes. Mais c’est plutôt Mlle B. qui est occupée à des formes, des carrés, des ronds, des multiplications, pour le môme ce sont les couleurs.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Ces trois personnages ont chacun leur douleur, à des degrés divers. Giacomo, par exemple, vit dans cet univers du cirque, il a eu des parents aimants, affectueux mais il a quand même une fêlure.

Tatiana Arfel (L’Attente du soir) : Oui, alors il a d’abord peut être une fêlure qui est de départ, pourquoi pas. Il y a des caractères plus ou moins mélancoliques c’est possible. Et puis il a la fêlure qu'il perd sa mère assez jeune. Il se retrouve avec des parents au départ très aimants, le cocon qui se déchire brutalement, puisque à la mort de sa mère, son père commence à perdre doucement la tête, Giacomo doit assumer la suite, doit assumer la direction. Et là il va se retrouver à se réparer de la perte, finalement, de ses deux parents simultanément.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Mlle B., finalement, sa fêlure, sa douleur est différente, une douleur qu’elle ne ressent peut-être même pas elle-même, elle ne sait pas trop qui elle est.

Tatiana Arfel (L’Attente du soir) : Absolument. Alors Mlle B. a grandi sans regard, personne ne s’est occupé d’elle, enfin on s’est occupé d’elle physiquement, on l’a soignée, lavée, nourrie mais il n’y avait pas ce regard ou bien la tendresse, les câlins, il n’y avait pas ça du tout. Comment se développe-t-on sans ça ? C’est ce que je me demandais, peut-on se développer ? Oui quand même mais elle ne sent rien, c’est ça son problème, effectivement.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Et le môme c’est donc un enfant sauvage qui vit sur un terrain vague, qui aboie et, curieusement, l’actualité vous a rattrapée puisqu’il y a eu cet enfant en Russie qui se comporte un petit peu de cette façon-là. Ce môme ne se rend pas compte de sa douleur ni de sa souffrance.

Tatiana Arfel (L’Attente du soir) : Non, puisque à la limite il est tout seul, il n’y a pas eu de visages face à lui pour lui renvoyer le sourire, les larmes ou quoi que ce soit. Il ne sait pas ce que c’est, il en est à la survie. C’est tout à fait vrai cette petite fille en Sibérie qui, en plus, ne vit pas dans un terrain vague mais vivait en famille. Les êtres qui l’élevaient étaient des chiens donc elle aboie. Le môme aboie aussi. Quand le petit chien va partir, là le môme va découvrir quelque chose de plus intérieur, de l’ordre de la douleur oui.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Il y a de la douleur, on le disait, avec les fêlures de ces trois personnages, il y a aussi beaucoup d’humanité finalement.

Tatiana Arfel (L’Attente du soir) : C’est l’humanité et beaucoup d’optimisme parce que, effectivement, je crois qu’ensemble, en l’occurrence ceux là, peuvent faire quelque chose et s’en sortent.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Vous êtes fière de ce premier roman ?

Tatiana Arfel (L’Attente du soir) : J’étais fier d’avoir terminé d’écrire un roman avant même qu’il soit publié, puisque c’est un acte mené à terme, à bien. Après, il y a les choses qui, je le sais, ne vont pas. Il y a effectivement des longueurs, des petites choses comme ça. Je suis contente d’avoir mené ça à bien, comme je suis contente d’avoir terminé des études, d’avoir fait ceci, cela. Ça veut dire que c’est un cadeau qui m’a été fait à moi et que je le fais passer.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Merci beaucoup Tatiana Arfel pour ce premier roman très réussi, L’Attente du soir, c’est aux éditons José Corti.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Tatiana Arfel, L’Attente du soir, votre premier roman, publié aux éditions José Corti. Trois personnages Giacomo, Mlle B. et le môme, cet enfant sauvage. Cette histoire d’où vient-elle ?

Tatiana Arfel (L’Attente du soir) : L’histoire vient des personnages d’abord, c’est-à-dire que comme pour mes goûts littéraires, je n’ai pas travaillé non plus l’intrigue en premier. J’ai d’abord prêté oreille à des personnages qui me semblaient avoir leur propre voix et que je voyais apparaître dans différents textes que j’écrivais, des textes courts, que je n’ai pas utilisés, qui n’avaient rien à voir, mais qui avaient le même type, même style, même intériorité de personnages. Une fois que j’ai vu que ces trois là avaient quelque chose à me dire, je me suis dit : « Qu’est ce qui les réunit ? ». Comme j’avais d’abord, l’enfant sauvage, le môme, il y avait une histoire de pourquoi est-il sauvage ? Comment l’enfant peut-il se retrouver en l’occurrence tout seul sur un terrain vague ? Donc il s’agissait de dérouler le fil pour lui et de voir aussi comment il allait s’en sortir tout seul.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Et Giacomo qui tient donc un cirque, c’est un héritage familial, il y a Mlle B. qui est une femme sans histoire, une femme que l’on ne regarde pas, que l’on ne voit pas et puis donc le môme, cet enfant sauvage abandonné, perdu sur un terrain vague. Et il y a beaucoup de couleur finalement dans ce livre ; les couleurs du chapiteau, du cirque et les couleurs de l’enfant sauvage et puis la couleur grise aussi de cette femme. Les couleurs, c’était important pour vous dans le livre ?

Tatiana Arfel (L’Attente du soir) : Oui c’était très important. D’abord pour le môme, l’enfant sauvage. Il ne parle pas donc il faut que je raconte l’histoire de quelqu’un, qui raconte sa propre histoire, c’est un monologue intérieur de quelqu’un qui ne parle pas. Je me suis dit, je me suis fait l’idée et la réflexion que quelqu’un qui ne parlait pas allait appréhender le monde probablement d’après des signaux sensoriels, en l’occurrence ça aurait pu être les formes. Mais c’est plutôt Mlle B. qui est occupée à des formes, des carrés, des ronds, des multiplications, pour le môme ce sont les couleurs.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Ces trois personnages ont chacun leur douleur, à des degrés divers. Giacomo, par exemple, vit dans cet univers du cirque, il a eu des parents aimants, affectueux mais il a quand même une fêlure.

Tatiana Arfel (L’Attente du soir) : Oui, alors il a d’abord peut être une fêlure qui est de départ, pourquoi pas. Il y a des caractères plus ou moins mélancoliques c’est possible. Et puis il a la fêlure qu'il perd sa mère assez jeune. Il se retrouve avec des parents au départ très aimants, le cocon qui se déchire brutalement, puisque à la mort de sa mère, son père commence à perdre doucement la tête, Giacomo doit assumer la suite, doit assumer la direction. Et là il va se retrouver à se réparer de la perte, finalement, de ses deux parents simultanément.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Mlle B., finalement, sa fêlure, sa douleur est différente, une douleur qu’elle ne ressent peut-être même pas elle-même, elle ne sait pas trop qui elle est.

Tatiana Arfel (L’Attente du soir) : Absolument. Alors Mlle B. a grandi sans regard, personne ne s’est occupé d’elle, enfin on s’est occupé d’elle physiquement, on l’a soignée, lavée, nourrie mais il n’y avait pas ce regard ou bien la tendresse, les câlins, il n’y avait pas ça du tout. Comment se développe-t-on sans ça ? C’est ce que je me demandais, peut-on se développer ? Oui quand même mais elle ne sent rien, c’est ça son problème, effectivement.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Et le môme c’est donc un enfant sauvage qui vit sur un terrain vague, qui aboie et, curieusement, l’actualité vous a rattrapée puisqu’il y a eu cet enfant en Russie qui se comporte un petit peu de cette façon-là. Ce môme ne se rend pas compte de sa douleur ni de sa souffrance.

Tatiana Arfel (L’Attente du soir) : Non, puisque à la limite il est tout seul, il n’y a pas eu de visages face à lui pour lui renvoyer le sourire, les larmes ou quoi que ce soit. Il ne sait pas ce que c’est, il en est à la survie. C’est tout à fait vrai cette petite fille en Sibérie qui, en plus, ne vit pas dans un terrain vague mais vivait en famille. Les êtres qui l’élevaient étaient des chiens donc elle aboie. Le môme aboie aussi. Quand le petit chien va partir, là le môme va découvrir quelque chose de plus intérieur, de l’ordre de la douleur oui.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Il y a de la douleur, on le disait, avec les fêlures de ces trois personnages, il y a aussi beaucoup d’humanité finalement.

Tatiana Arfel (L’Attente du soir) : C’est l’humanité et beaucoup d’optimisme parce que, effectivement, je crois qu’ensemble, en l’occurrence ceux là, peuvent faire quelque chose et s’en sortent.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Vous êtes fière de ce premier roman ?

Tatiana Arfel (L’Attente du soir) : J’étais fier d’avoir terminé d’écrire un roman avant même qu’il soit publié, puisque c’est un acte mené à terme, à bien. Après, il y a les choses qui, je le sais, ne vont pas. Il y a effectivement des longueurs, des petites choses comme ça. Je suis contente d’avoir mené ça à bien, comme je suis contente d’avoir terminé des études, d’avoir fait ceci, cela. Ça veut dire que c’est un cadeau qui m’a été fait à moi et que je le fais passer.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Merci beaucoup Tatiana Arfel pour ce premier roman très réussi, L’Attente du soir, c’est aux éditons José Corti.

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  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Rencontrer un jeune auteur, c’est toujours un moment unique car l’écriture d’un premier roman, c’est la concrétisation d’un rêve, c’est une aventure qui commence. Tatiana Arfel a toujours eu la passion des mots, de l’écriture mais aussi des histoires et des contes. Par ses études en psychologie, elle sait aller au plus profond des êtres. Par les ateliers d’écriture qu’elle anime, elle sait donner une musicalité à l’écriture. Son premier roman, L’Attente du soir est publié aux éditions José Corti. Trois...L'Attente du soir de Tatiana Arfel - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Bonjour Tatiana Arfel. Tatiana Arfel (L’Attente du soir) : Bonjour. Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Merci d’être avec nous sur Web Tv Culture. L’Attente du soir, aux éditions José Corti, c’est votre premier roman. La littérature, l’écriture, parallèlement à la psychologie, ce sont deux univers dans lesquels vous évoluez. Tatiana Arfel (L’Attente du soir) : J’étais en bac littéraire, j’ai décidé de faire de la psychologie pour une raison un peu bête, qui est, entre...L'Attente du soir de Tatiana Arfel - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Tatiana Arfel, L’Attente du soir, votre premier roman, publié aux éditions José Corti. Trois personnages Giacomo, Mlle B. et le môme, cet enfant sauvage. Cette histoire d’où vient-elle ? Tatiana Arfel (L’Attente du soir) : L’histoire vient des personnages d’abord, c’est-à-dire que comme pour mes goûts littéraires, je n’ai pas travaillé non plus l’intrigue en premier. J’ai d’abord prêté oreille à des personnages qui me semblaient avoir leur propre voix et que je voyais...L'Attente du soir de Tatiana Arfel - Le livre - Suite
    Librairie « L’Attrape-cœur » Sylvie Loriquer 4, place Constantin Pecqueur 75018 PARIS Tél : 01-42-52-05-61 Parler du livre de Tatiana Arfel c’est un vrai plaisir. On a eu la grande joie de découvrir ce texte, ce style, cet écrivain et c’est vraiment un moment assez inoubliable dans une carrière de libraire. Alors il est exceptionnel grâce à son écriture parce que c’est une écriture très riche, très belle, assez unique avec trois vocabulaires, trois styles différents parce que l’on va parler de trois...L'Attente du soir de Tatiana Arfel - L'avis du libraire - Suite