Jean-Luc Seigle

Jean-Luc Seigle

Je vous écris dans le noir

Le livre 5'23

Dans votre cinquième roman Jean-Luc Seigle « Je vous écris dans le noir », vous vous emparez d'un personnage qui a été sous les feux de l'actualité à la fin des années 40, c'est Pauline Dubuisson.
Je me permets de brièvement rappeler les faits. Pauline Dubuisson a une vingtaine d'années, elle tue son fiancé d'un coup de revolver. C'est la vindicte populaire, tout le monde s'empare de son histoire. Henry-George Clouzot fait un film « La vérité » avec Brigitte Bardot.
Pauline est emprisonnée, à perpétuité mais finalement fera une dizaine d'années de prison. Puis, elle part se réfugier au Maroc. C'est là que votre roman commence, lorsqu'elle essaye de se reconstruire.
Comment avez-vous découvert ce personne de Pauline Dubuisson et pourquoi avoir eu envie de nous en parler ?
La découverte de Pauline est relativement ancienne, il y a une dizaine d'années et c'est venu par Patrick Modiano, qui la citait souvent lors de ses interviews. Moi, je me demandais qui était cette personne-là, si c'était une starlette à l'époque.
Donc en faisant des recherches j'ai découvert qui elle était et surtout qu'elle avait inspiré le film « La vérité » de Clouzot qui est un film que je n'aime pas. Je ne savais pas pourquoi et j'ai compris plus tard pourquoi Clouzot avant autant raté ce film.
Pour préciser, Clouzot s'engouffre dans la brèche de la vindicte populaire en faisant du personnage une traînée...
Une traînée, une pauvre fille, en fait c'est un film sur le narcissisme féminin. Si on résume « La vérité » c'est l'histoire d'une jeune femme qui est tellement belle qu'elle ne supporte pas que son fiancé lui préfère une autre femme qui soit moins jolie qu'elle.
Après avoir écrit « En vieillissant les hommes pleurent » qui était sur le mal que cette société d'après-guerre a pu faire sur le corps des ouvriers et des soldats de l'armée française, j'avais envie de faire un pendant sur le corps des femmes.
Quand j'ai commencé à travailler avec des personnages, de manière très fictionnelle, je me suis rendu compte que soit c'était soit trop, soit pas assez. J'avais du mal à trouver cette densité.
Et ce que les femmes ont subi entre 1945 et 68 m'a paru tellement incroyable que je devais prendre un personnage qui avait existé pour que les faits ne soient pas contestable..
Vous avez eu envie de réhabiliter Pauline, du fait qu'elle ait subi cette vindicte populaire, du fait qu'elle ait été traînée dans la boue ?
Il y a nécessairement cette volonté, même si je m'en défends un peu, parce qu'il n'y a pas que l'histoire criminelle, il n'y a pas que l'histoire familiale, il y a aussi toute l'histoire médiatique. On sait qu'elle a été tondue en 40, qu'elle a été condamnée à mort à 15 ans.
Elle tue, c'est un crime passionnel mais on requiert quand même la peine de mort contre elle, c'est la première femme dans l'histoire qui a le droit à ce traitement. Clouzot la tue à la fin de son film alors qu'elle est vivante, elle est en prison.
Pauline Dubuisson est-elle un personnage que vous avez eu du mal à laisser, une fois que le point final a été mis ?
Je crois que je ne l'ai pas encore laissée… La seule façon que j'ai pour prendre de la distance, c'est d'aller à la rencontre de mes lecteurs, c'est à dire de les entendre me parler de Pauline mais pas de moi. Du coup, cela me remet à ma place.
Vous rencontrez des lecteurs qui ont vécu cette période, qui se souviennent de ce fait divers ?
Ah oui ! Chez les gens qui ont plus de 60 ans, beaucoup se souviennent de cette histoire et ils sont presque tous mal à l'aise parce qu'ils se disent « si on avait su ça » on aurait eu un autre avis, c'est très étonnant ça.
Jean-Luc Seigle, votre nouveau roman « Je vous écris dans le noir ». Vous vous emparez de l'histoire de Pauline Dubuisson, en rappelant que c'est une écriture romanesque et vous êtes publié aux éditions Flammarion, merci !

Philippe Chauveau :
Dans votre cinquième roman Jean-Luc Seigle « Je vous écris dans le noir », vous vous emparez d'un personnage qui a été sous les feux de l'actualité à la fin des années 40, c'est Pauline Dubuisson.
Je me permets de brièvement rappeler les faits. Pauline Dubuisson a une vingtaine d'années, elle tue son fiancé d'un coup de revolver. C'est la vindicte populaire, tout le monde s'empare de son histoire. Henry-George Clouzot fait un film « La vérité » avec Brigitte Bardot.
Pauline est emprisonnée, à perpétuité mais finalement fera une dizaine d'années de prison. Puis, elle part se réfugier au Maroc. C'est là que votre roman commence, lorsqu'elle essaye de se reconstruire.
Comment avez-vous découvert ce personne de Pauline Dubuisson et pourquoi avoir eu envie de nous en parler ?

Jean-Luc Seigle :
La découverte de Pauline est relativement ancienne, il y a une dizaine d'années et c'est venu par Patrick Modiano, qui la citait souvent lors de ses interviews. Moi, je me demandais qui était cette personne-là, si c'était une starlette à l'époque.
Donc en faisant des recherches j'ai découvert qui elle était et surtout qu'elle avait inspiré le film « La vérité » de Clouzot qui est un film que je n'aime pas. Je ne savais pas pourquoi et j'ai compris plus tard pourquoi Clouzot avant autant raté ce film.

Philippe Chauveau :
Pour préciser, Clouzot s'engouffre dans la brèche de la vindicte populaire en faisant du personnage une traînée...

Jean-Luc Seigle :
Une traînée, une pauvre fille, en fait c'est un film sur le narcissisme féminin. Si on résume « La vérité » c'est l'histoire d'une jeune femme qui est tellement belle qu'elle ne supporte pas que son fiancé lui préfère une autre femme qui soit moins jolie qu'elle.
Après avoir écrit « En vieillissant les hommes pleurent » qui était sur le mal que cette société d'après-guerre a pu faire sur le corps des ouvriers et des soldats de l'armée française, j'avais envie de faire un pendant sur le corps des femmes.
Quand j'ai commencé à travailler avec des personnages, de manière très fictionnelle, je me suis rendu compte que soit c'était soit trop, soit pas assez. J'avais du mal à trouver cette densité.
Et ce que les femmes ont subi entre 1945 et 68 m'a paru tellement incroyable que je devais prendre un personnage qui avait existé pour que les faits ne soient pas contestable..

Philippe Chauveau :
Vous avez eu envie de réhabiliter Pauline, du fait qu'elle ait subi cette vindicte populaire, du fait qu'elle ait été traînée dans la boue ?

Jean-Luc Seigle :
Il y a nécessairement cette volonté, même si je m'en défends un peu, parce qu'il n'y a pas que l'histoire criminelle, il n'y a pas que l'histoire familiale, il y a aussi toute l'histoire médiatique. On sait qu'elle a été tondue en 40, qu'elle a été condamnée à mort à 15 ans.
Elle tue, c'est un crime passionnel mais on requiert quand même la peine de mort contre elle, c'est la première femme dans l'histoire qui a le droit à ce traitement. Clouzot la tue à la fin de son film alors qu'elle est vivante, elle est en prison.

Philippe Chauveau :
Pauline Dubuisson est-elle un personnage que vous avez eu du mal à laisser, une fois que le point final a été mis ?

Jean-Luc Seigle :
Je crois que je ne l'ai pas encore laissée… La seule façon que j'ai pour prendre de la distance, c'est d'aller à la rencontre de mes lecteurs, c'est à dire de les entendre me parler de Pauline mais pas de moi. Du coup, cela me remet à ma place.

Philippe Chauveau :
Vous rencontrez des lecteurs qui ont vécu cette période, qui se souviennent de ce fait divers ?

Jean-Luc Seigle :
Ah oui ! Chez les gens qui ont plus de 60 ans, beaucoup se souviennent de cette histoire et ils sont presque tous mal à l'aise parce qu'ils se disent « si on avait su ça » on aurait eu un autre avis, c'est très étonnant ça.

Philippe Chauveau :
Jean-Luc Seigle, votre nouveau roman « Je vous écris dans le noir ». Vous vous emparez de l'histoire de Pauline Dubuisson, en rappelant que c'est une écriture romanesque et vous êtes publié aux éditions Flammarion, merci !

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Vous souvenez-vous de cette sombre histoire de Pauline Dubuisson, cette jeune femme qui en 1950, tua son fiancé d'un coup de revolver ? Ce crime passionnel inspira à Henri-Georges Clouzot le film « La vérité » avec Brigitte Bardot dans le rôle principal.Mais qui était-elle cette Pauline Dubuisson, quelles furent ses motivations, pourquoi a-t-elle été vilipendée, jetée dans la boue, au point de mettre fin à ses jours des années plus tard ?S'emparant de ce personnage et de cette histoire, Jean-Luc Seigle publie chez...Je vous écris dans le noir de Jean-Luc Seigle - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Bonjour Jean-Luc Seigle, votre actualité aux éditions Flammarion « Je vous écris dans le noir ». C'est votre cinquième romans mais on vous connaît aussi en tant que dramaturge et scénariste. Si vous deviez vous définir, que diriez-vous ?Jean-Luc Seigle :Je me plais à dire que je suis un auteur du XIX ème siècle .Philippe Chauveau :Vous ne faites pas votre âge!Jean-Luc Seigle :C'est ça qui est intéressant justement, dans le sens où je m'intéresse à plusieurs formes de l'écriture. Je pense que...Je vous écris dans le noir de Jean-Luc Seigle - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau :Dans votre cinquième roman Jean-Luc Seigle « Je vous écris dans le noir », vous vous emparez d'un personnage qui a été sous les feux de l'actualité à la fin des années 40, c'est Pauline Dubuisson. Je me permets de brièvement rappeler les faits. Pauline Dubuisson a une vingtaine d'années, elle tue son fiancé d'un coup de revolver. C'est la vindicte populaire, tout le monde s'empare de son histoire. Henry-George Clouzot fait un film « La vérité » avec Brigitte Bardot. Pauline est emprisonnée, à...Je vous écris dans le noir de Jean-Luc Seigle - Le livre - Suite
    Didier CoviauxLe comptoir des mots239 rue des Pyrénées75020 ParisFrance01 47 97 65 40J'ai beaucoup aimé le roman de Jean-Luc Seigle, déjà c'est une découverte, j'ai découvert son écriture qui est vraiment magnifique et sensible. Et puis j'ai aimé ce livre parce que j'ai appris beaucoup de choses sur une période que je n'ai pas connue.Sur un personnage qui a vraiment existé et qui a inspiré le film « La vérité » de Cluzot, que j'avais vu et je n'avais pas du tout compris qu'il s'agissais de Pauline Dubuisson,...Je vous écris dans le noir de Jean-Luc Seigle - L'avis du libraire - Suite