Publier son premier roman à 23 ans, c’est déjà une belle réussite. Mais quand en plus, la critique salue la qualité du récit et de l’écriture, on se dit qu’il y a là un talent à surveiller de près.
Elsa Fottorino n’aime pas les flatteries mais force est de constater que son premier roman Mes petites morts est un petit bijou.
Une jeune femme d’aujourd’hui, partie mettre un point final à son adolescence dans les brumes irlandaises. Deux garçons succombant à son charme, avec chacun un secret non ...
Mes petites morts d'Elsa Fottorino - Présentation - Suite
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Bonjour Elsa Fottorino
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Bonjour
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Nous évoquerons avec vous votre premier roman, publié chez Flammarion, Mes petites morts. Mais auparavant, on va faire un peu plus connaissance. Qui êtes vous ? Vous êtes une toute jeune auteur, quel a été votre parcours ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
J’ai commencé à écrire quand j’étais au lycée. J’habitais à La Rochelle. Comme j’habitais seule,...
Mes petites morts d'Elsa Fottorino - Portrait - Suite
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Elsa Fottorino, votre premier roman publié aux éditions Flammarion, Mes petites morts. Cette histoire c’est Anna, une jeune femme qui a vingt ans et qui part en Irlande pour poursuivre ses études. Et là-bas, elle va rencontrer deux garçons ; il y aura Marek et Otto. Anna c’est un prénom qui se lit dans les deux sens, ce n’est pas anodin j’imagine ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Non, parce que je voulais écrire quelque chose de cyclique. C’est une histoire qui...
Mes petites morts d'Elsa Fottorino - Le livre - Suite
Elsa Fottorino
Mes petites morts
Présentation 0'50Elsa Fottorino n’aime pas les flatteries mais force est de constater que son premier roman Mes petites morts est un petit bijou.
Une jeune femme d’aujourd’hui, partie mettre un point final à son adolescence dans les brumes irlandaises. Deux garçons succombant à son charme, avec chacun un secret non dévoilé.
Une histoire d’amour joliment écrite, avec sensibilité mais sans sensiblerie. La peur d’aimer, les rendez-vous manqués, un thème qui n’est certes pas nouveau en littérature mais qui fait tellement partie de nos vies humaines.
Mes petites morts par Elsa Fottorino, aux éditions Flammarion.
Elsa Fottorino qui nous ouvre la porte de son appartement pour Web TV Culture.
Elsa Fottorino n’aime pas les flatteries mais force est de constater que son premier roman Mes petites morts est un petit bijou.
Une jeune femme d’aujourd’hui, partie mettre un point final à son adolescence dans les brumes irlandaises. Deux garçons succombant à son charme, avec chacun un secret non dévoilé.
Une histoire d’amour joliment écrite, avec sensibilité mais sans sensiblerie. La peur d’aimer, les rendez-vous manqués, un thème qui n’est certes pas nouveau en littérature mais qui fait tellement partie de nos vies humaines.
Mes petites morts par Elsa Fottorino, aux éditions Flammarion.
Elsa Fottorino qui nous ouvre la porte de son appartement pour Web TV Culture.
Elsa Fottorino
Mes petites morts
Portrait 4'35Bonjour Elsa Fottorino
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Bonjour
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Nous évoquerons avec vous votre premier roman, publié chez Flammarion, Mes petites morts. Mais auparavant, on va faire un peu plus connaissance. Qui êtes vous ? Vous êtes une toute jeune auteur, quel a été votre parcours ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
J’ai commencé à écrire quand j’étais au lycée. J’habitais à La Rochelle. Comme j’habitais seule, j’avais toujours cette exigence envers moi même. Le fait d’aller puiser des choses à l’intérieur de ma solitude, ne pas être confrontée à une autorité, une vie de famille qui va finalement nous brider avant l’envol symbolique des 18 ans. Et après, je me suis orientée vers une classe préparatoire ; et j’ai fait une hypokhâgne avec option musique intégrée, donc musique la moitié du temps. Après ça, je me suis orientée vers des études de philosophie, où je suis toujours.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Il y a deux grandes directions dans votre vie, l’écriture et la musique
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
J’ai commencé le piano je devais avoir 7 ou 8 ans. Cela m’a permis d’avoir toujours un moyen d’expression, quoi qu’il arrive. Quand j’avais 10 ans et envie de m’exprimer, j’en étais pas capable avec des mots, mais beaucoup plus derrière mon piano à jouer une petite bagatelle.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
C’est Bach qui vous a donné envie de vous mettre au piano ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Curieusement, c’est Bach qui m’a donné l’impulsion parce que mon père avait un ou deux CD. Donc, la seule musique classique que j’écoutais, c’était ça. Et finalement, Bach, c’est une musique que j’ai très peu jouée. Je me suis plus orientée vers la musique romantique comme Schumann que j’aime beaucoup. Une musique qui est justement très littéraire
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Vous évoquez votre père, Eric Fottorino, qui lui même est auteur et journaliste. Est-ce que le fait d’avoir un père qui écrit est stimulant ou est ce qu’au contraire, ça peut brider ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Je suis partie assez tôt de chez moi quand je suis partie à La Rochelle. Donc je n’avais pas cette pression du père qui écrit, puisque j’étais là-bas, dans ma ville, et toute seule. Je me suis construit un univers. Je pense que si j’étais restée avec mes parents, j’aurais eu plus de mal pour ça, car j’aurais eu moins de recul. Après, c’est quelque chose de présent. Le fait que mon père écrive fait que mon nom va être forcement associé au sien. Et puis, c’était quelque chose de transgressif ; donc finalement, ça a été assez stimulant : vouloir transgresser l’interdit
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Quels sont les auteurs, les livres que vous aimez ? Comment lisez vous, le soir, dans la journée ? Vous lisez un livre pendant une dizaine de minutes ou vous vous plongez trois heures dedans ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Je suis plutôt une dévoreuse de livres. Je suis très impatiente avec les livres. Quand au bout de dix pages un livre ne m’a pas plu, je le laisse tomber complètement. Par exemple, dernièrement j’ai lu Quoi de neuf petit homme de Hans Fallada et j’ai trouvé ça super. Du coup j’ai lu Seul dans Berlin, et j’ai passé deux semaines à ne faire que ça, lire les Hans Fallada. J’ai un comportement boulimique avec les livres.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Elsa Fottorino, demain, dans cinq ou dix ans, comment vous voyez votre avenir littéraire ? Qu’auriez-vous envie d’écrire et de dire ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Un grand livre de 500 pages.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
C’est vrai, un grand livre de 500 pages ça vous tente ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Non, mais j’aimerais bien pouvoir prendre plus le temps pour écrire le prochain. Après, je n’ai pas forcément d’idée de ce que je veux faire en littérature. Peut-être que j’écrirai trois romans et ce sera fini. On ne peut pas savoir.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Vous le disiez, il y a deux passions dans votre vie, la littérature et la musique. Est-ce que pour vous, ce serait une satisfaction si vous arriviez à conjuguer les deux arts en écrivant peut être un roman sur la musique ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
J’aimerais bien, mais c’est quelque chose de difficile à faire parce que ça me tient trop à cœur. Et j’ai peur que ce que je dis ne corresponde pas à ce que j’imaginais. Il y a toute mon enfance derrière, tout le parcours musical que j’ai eu, et je ne sais pas si j’arriverais à être juste avec les mots pour parler de musique.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
On va vous laisser travailler au prochain roman alors. Merci beaucoup Elsa Fottorino. Mes petites morts, c’est votre premier livre et c’est aux éditions Flammarion.
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Merci
Bonjour Elsa Fottorino
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Bonjour
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Nous évoquerons avec vous votre premier roman, publié chez Flammarion, Mes petites morts. Mais auparavant, on va faire un peu plus connaissance. Qui êtes vous ? Vous êtes une toute jeune auteur, quel a été votre parcours ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
J’ai commencé à écrire quand j’étais au lycée. J’habitais à La Rochelle. Comme j’habitais seule, j’avais toujours cette exigence envers moi même. Le fait d’aller puiser des choses à l’intérieur de ma solitude, ne pas être confrontée à une autorité, une vie de famille qui va finalement nous brider avant l’envol symbolique des 18 ans. Et après, je me suis orientée vers une classe préparatoire ; et j’ai fait une hypokhâgne avec option musique intégrée, donc musique la moitié du temps. Après ça, je me suis orientée vers des études de philosophie, où je suis toujours.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Il y a deux grandes directions dans votre vie, l’écriture et la musique
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
J’ai commencé le piano je devais avoir 7 ou 8 ans. Cela m’a permis d’avoir toujours un moyen d’expression, quoi qu’il arrive. Quand j’avais 10 ans et envie de m’exprimer, j’en étais pas capable avec des mots, mais beaucoup plus derrière mon piano à jouer une petite bagatelle.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
C’est Bach qui vous a donné envie de vous mettre au piano ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Curieusement, c’est Bach qui m’a donné l’impulsion parce que mon père avait un ou deux CD. Donc, la seule musique classique que j’écoutais, c’était ça. Et finalement, Bach, c’est une musique que j’ai très peu jouée. Je me suis plus orientée vers la musique romantique comme Schumann que j’aime beaucoup. Une musique qui est justement très littéraire
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Vous évoquez votre père, Eric Fottorino, qui lui même est auteur et journaliste. Est-ce que le fait d’avoir un père qui écrit est stimulant ou est ce qu’au contraire, ça peut brider ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Je suis partie assez tôt de chez moi quand je suis partie à La Rochelle. Donc je n’avais pas cette pression du père qui écrit, puisque j’étais là-bas, dans ma ville, et toute seule. Je me suis construit un univers. Je pense que si j’étais restée avec mes parents, j’aurais eu plus de mal pour ça, car j’aurais eu moins de recul. Après, c’est quelque chose de présent. Le fait que mon père écrive fait que mon nom va être forcement associé au sien. Et puis, c’était quelque chose de transgressif ; donc finalement, ça a été assez stimulant : vouloir transgresser l’interdit
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Quels sont les auteurs, les livres que vous aimez ? Comment lisez vous, le soir, dans la journée ? Vous lisez un livre pendant une dizaine de minutes ou vous vous plongez trois heures dedans ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Je suis plutôt une dévoreuse de livres. Je suis très impatiente avec les livres. Quand au bout de dix pages un livre ne m’a pas plu, je le laisse tomber complètement. Par exemple, dernièrement j’ai lu Quoi de neuf petit homme de Hans Fallada et j’ai trouvé ça super. Du coup j’ai lu Seul dans Berlin, et j’ai passé deux semaines à ne faire que ça, lire les Hans Fallada. J’ai un comportement boulimique avec les livres.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Elsa Fottorino, demain, dans cinq ou dix ans, comment vous voyez votre avenir littéraire ? Qu’auriez-vous envie d’écrire et de dire ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Un grand livre de 500 pages.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
C’est vrai, un grand livre de 500 pages ça vous tente ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Non, mais j’aimerais bien pouvoir prendre plus le temps pour écrire le prochain. Après, je n’ai pas forcément d’idée de ce que je veux faire en littérature. Peut-être que j’écrirai trois romans et ce sera fini. On ne peut pas savoir.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Vous le disiez, il y a deux passions dans votre vie, la littérature et la musique. Est-ce que pour vous, ce serait une satisfaction si vous arriviez à conjuguer les deux arts en écrivant peut être un roman sur la musique ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
J’aimerais bien, mais c’est quelque chose de difficile à faire parce que ça me tient trop à cœur. Et j’ai peur que ce que je dis ne corresponde pas à ce que j’imaginais. Il y a toute mon enfance derrière, tout le parcours musical que j’ai eu, et je ne sais pas si j’arriverais à être juste avec les mots pour parler de musique.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
On va vous laisser travailler au prochain roman alors. Merci beaucoup Elsa Fottorino. Mes petites morts, c’est votre premier livre et c’est aux éditions Flammarion.
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Merci
Elsa Fottorino
Mes petites morts
Le livre 4'07Elsa Fottorino, votre premier roman publié aux éditions Flammarion, Mes petites morts. Cette histoire c’est Anna, une jeune femme qui a vingt ans et qui part en Irlande pour poursuivre ses études. Et là-bas, elle va rencontrer deux garçons ; il y aura Marek et Otto. Anna c’est un prénom qui se lit dans les deux sens, ce n’est pas anodin j’imagine ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Non, parce que je voulais écrire quelque chose de cyclique. C’est une histoire qui tourne en rond, qui tourne en trois.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Trois personnages, deux histoires d’amour en parallèle ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Oui, une sorte de parallèle étrange, puisqu’à la base Anna aime Marek et il y a une impossibilité qui est liée à la maladie de Marek, qui ne veut pas s’engager vis à vis d’elle. D’ailleurs il ne l’informe même pas de sa maladie, par dignité ou par lâcheté, on ne sait pas trop. Et Anna, qui est très malheureuse, se réfugie dans les bras d’Otto par compensation.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Pourquoi l’envoyer en Irlande, à Cork ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Cork est une ville qui est austère, pluvieuse, brumeuse. Et finalement ça incarne le personnage, les choix qu’elle fait vont être quelque part les mauvais choix. Peut être qu’elle aurait été plus heureuse de partir à Naples ou Rome. Non elle va choisir une ville qui va être tout de suite difficile d’accès.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Il y a donc Cork en Irlande et Prague. Deux villes très différentes, pourquoi le choix de Prague également ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Justement c’est complètement contradictoire avec la ville de Cork qui est difficile d’accès. Finalement on trouve son charme derrière les façades qui ne sont pas très jolies, dans ses rues un peu ingrates. Il y a un charme un peu caché. Alors que Prague c’est l’inverse, quand on arrive dans cette ville on est conquis, et finalement elle devient écœurante à force de perfection.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Pourquoi ces non-dits. Pourquoi les personnages n’osent-ils pas se confier ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Je sais que je suis quelqu’un d’assez pudique. En général il y a toujours une sorte de délicatesse dans les rapports naissants. Et ce qui m’intéresse, c’est que là, c’est exacerbé. Mais il y a toujours une phase dans la relation, quelque soit la personne même la plus exubérante, une phase qui peut durer cinq minutes comme des semaines va être une sorte de phase originelle. Il va y avoir une sorte de cristallisation des choses. Et c’est cette phase de cristallisation qui se développe dans le roman, jusqu’à ce que le cristal explose. Quand il explose c’est le feu d’artifice, il y en a partout et c’est impossible de recoller les petits bouts.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Ce personnage d’Anna vous l’avez construit rapidement, ou c’est un personnage que vous aviez en vous depuis longtemps, que vous aviez envie de coucher sur le papier ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
J’avais envie de partir d’un personnage qui est un peu inconsistant, qui ne fait pas vraiment de choix, qui fait toujours des compromis et qui n’a pas vraiment de jugement affirmé. Ce genre de personnage c’est comme un réservoir. On peut l’interpréter différemment, le remplir de toutes les contenances possibles, de tous les jugements possibles. En tout cas ça m’intéressait d’avoir ce personnage comme ça, qui était insondable.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Il y a un choix dans les mots, dans l’écriture des phrases. On sent qu’il y a du travail derrière, mais il y a une certaine fluidité, légèreté
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Avant même que les adjectifs, que certains mots ne soient en place, ce qui comptait, c’était le rythme de la phrase. Et à partir d’une phrase, je pouvais presque savoir comment allait se construire celle d’après, pour une question de rythme. C’est curieux. J’allais par exemple privilégier un adjectif à trois syllabes pour que ça corresponde au rythme, ou alors si ça ne correspondait pas, j’essayais de changer les mots de place.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Une histoire de rendez vous manqué, alors ne manquez pas le rendez vous avec Elsa Fottorino.
Elsa Fottorino, votre premier roman publié aux éditions Flammarion, Mes petites morts. Cette histoire c’est Anna, une jeune femme qui a vingt ans et qui part en Irlande pour poursuivre ses études. Et là-bas, elle va rencontrer deux garçons ; il y aura Marek et Otto. Anna c’est un prénom qui se lit dans les deux sens, ce n’est pas anodin j’imagine ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Non, parce que je voulais écrire quelque chose de cyclique. C’est une histoire qui tourne en rond, qui tourne en trois.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Trois personnages, deux histoires d’amour en parallèle ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Oui, une sorte de parallèle étrange, puisqu’à la base Anna aime Marek et il y a une impossibilité qui est liée à la maladie de Marek, qui ne veut pas s’engager vis à vis d’elle. D’ailleurs il ne l’informe même pas de sa maladie, par dignité ou par lâcheté, on ne sait pas trop. Et Anna, qui est très malheureuse, se réfugie dans les bras d’Otto par compensation.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Pourquoi l’envoyer en Irlande, à Cork ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Cork est une ville qui est austère, pluvieuse, brumeuse. Et finalement ça incarne le personnage, les choix qu’elle fait vont être quelque part les mauvais choix. Peut être qu’elle aurait été plus heureuse de partir à Naples ou Rome. Non elle va choisir une ville qui va être tout de suite difficile d’accès.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Il y a donc Cork en Irlande et Prague. Deux villes très différentes, pourquoi le choix de Prague également ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Justement c’est complètement contradictoire avec la ville de Cork qui est difficile d’accès. Finalement on trouve son charme derrière les façades qui ne sont pas très jolies, dans ses rues un peu ingrates. Il y a un charme un peu caché. Alors que Prague c’est l’inverse, quand on arrive dans cette ville on est conquis, et finalement elle devient écœurante à force de perfection.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Pourquoi ces non-dits. Pourquoi les personnages n’osent-ils pas se confier ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Je sais que je suis quelqu’un d’assez pudique. En général il y a toujours une sorte de délicatesse dans les rapports naissants. Et ce qui m’intéresse, c’est que là, c’est exacerbé. Mais il y a toujours une phase dans la relation, quelque soit la personne même la plus exubérante, une phase qui peut durer cinq minutes comme des semaines va être une sorte de phase originelle. Il va y avoir une sorte de cristallisation des choses. Et c’est cette phase de cristallisation qui se développe dans le roman, jusqu’à ce que le cristal explose. Quand il explose c’est le feu d’artifice, il y en a partout et c’est impossible de recoller les petits bouts.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Ce personnage d’Anna vous l’avez construit rapidement, ou c’est un personnage que vous aviez en vous depuis longtemps, que vous aviez envie de coucher sur le papier ?
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
J’avais envie de partir d’un personnage qui est un peu inconsistant, qui ne fait pas vraiment de choix, qui fait toujours des compromis et qui n’a pas vraiment de jugement affirmé. Ce genre de personnage c’est comme un réservoir. On peut l’interpréter différemment, le remplir de toutes les contenances possibles, de tous les jugements possibles. En tout cas ça m’intéressait d’avoir ce personnage comme ça, qui était insondable.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Il y a un choix dans les mots, dans l’écriture des phrases. On sent qu’il y a du travail derrière, mais il y a une certaine fluidité, légèreté
Elsa Fottorino( Mes petites morts) :
Avant même que les adjectifs, que certains mots ne soient en place, ce qui comptait, c’était le rythme de la phrase. Et à partir d’une phrase, je pouvais presque savoir comment allait se construire celle d’après, pour une question de rythme. C’est curieux. J’allais par exemple privilégier un adjectif à trois syllabes pour que ça corresponde au rythme, ou alors si ça ne correspondait pas, j’essayais de changer les mots de place.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Une histoire de rendez vous manqué, alors ne manquez pas le rendez vous avec Elsa Fottorino.