Voilà un énorme pavé comme la littérature sait parfois nous en offrir. Alors, bien sûr, 1000 pages, ça peut effrayer mais quel bonheur quand on est happé par l’histoire et l’écriture.
En 2011, en Italie, avec ce titre « Les folles espérances », Alessandro Mari a reçu le prix Viareggio, l'un des plus prestigieux de l'édition italienne. C'était alors son premier roman. Depuis, Alessandro Mari a publié deux autres ouvrages dans son pays mais celui-ci, traduit magistralement par Anna Colao, sort en France pour la...
Les folles espérances d'Alessandro Mari - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Alessandro Mari, vous êtes de passage à Paris chez votre éditeur Albin Michel à l'occasion de la sortie des « Folles espérances », votre premier roman publié en France. Mais comment s'est passé votre entrée en littérature, comment est né chez vous l'envie d'écrire ?
Alessandro Mari :
C'est difficile de répondre à « comment décide-t-on d'écrire ». Je pense qu'on ne le décide pas. Ca arrive. Quand j'étais petit, je ne m'intéressais pas à la littérature. J'avais limite peur des...
Les folles espérances d'Alessandro Mari - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Avec « Les folles espérances » Alessandro Mari, vous nous plongez dans une page importante de l'histoire italienne. Nous sommes en 1830, c'est ce qu'on appelle le Risorgimento, cette sorte de renaissance italienne qui verra l'unification du pays. Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire cette grande fresque historique ?
Alessandro Mari :
Je parle d'une génération d'aventuriers, de personnes divisées au sein de la même nation, qui cherchent toutes les façons de lutter pour réunifier le pays. Mais je...
Les folles espérances d'Alessandro Mari - Livre - Suite
J'ai aimé le roman d'Alessandro Mari, c'est un bon roman, un roman fleuve on peut le dire. Mais c'est un roman plein de personnages, de situations et de styles très différents. On met un peu de temps pour rentrer dans l'intrigue, mais on s'y attache définitivement.
Les points forts du livre, ce sont certainement cette richesse de personnages, Alessandro Mari a écrit un livre qu'on aurait pu écrire au 19ème siècle. Et le style mélange antique et moderne et c'est très fort ! Il arrive à mélanger les langues selon les...
Les folles espérances d'Alessandro Mari - L'avis du libraire - Suite
Alessandro Mari
Les folles espérances
Présentation 1'41Voilà un énorme pavé comme la littérature sait parfois nous en offrir. Alors, bien sûr, 1000 pages, ça peut effrayer mais quel bonheur quand on est happé par l’histoire et l’écriture.
En 2011, en Italie, avec ce titre « Les folles espérances », Alessandro Mari a reçu le prix Viareggio, l'un des plus prestigieux de l'édition italienne. C'était alors son premier roman. Depuis, Alessandro Mari a publié deux autres ouvrages dans son pays mais celui-ci, traduit magistralement par Anna Colao, sort en France pour la rentrée littéraire 2015.
L'ambition d’Alessandro Mari a été de raconter les années qui ont précédé l'unité italienne, ce que l'on appelle le Risorgimento. Nous sommes donc en 1830, le pays est en ébullition et nous allons suivre quatre personnages aux prises avec leur destin, dont le fameux Garibaldi alors exilé en Amérique du Sud ce qui nous vaudra quelques belles pages dans la touffeur du Brésil.
Chacun, à sa façon, vivra ce basculement de la péninsule italienne. Ou quand les destins individuels rencontrent la grande Histoire.
Mais nous ne sommes pas ici dans le roman historique ou dans la grande saga populaire. Alessandro Mari signe avant tout un roman sur la jeunesse, sur l‘engagement, sur la destinée et sur la prise de conscience collective face à un monde qui se meurt. L'écriture d’Alessandro Mari, portée par le souffle romanesque du XIXème siècle est aussi résolument moderne, puissante et sensuelle.
Gros coup de cœur pour « Les folles espérances » d'Alessandro Mari, publié chez Albin Michel.
Alessandro Mari
Les folles espérances
Portrait 5'43Philippe Chauveau :
Bonjour Alessandro Mari, vous êtes de passage à Paris chez votre éditeur Albin Michel à l'occasion de la sortie des « Folles espérances », votre premier roman publié en France. Mais comment s'est passé votre entrée en littérature, comment est né chez vous l'envie d'écrire ?
Alessandro Mari :
C'est difficile de répondre à « comment décide-t-on d'écrire ». Je pense qu'on ne le décide pas. Ca arrive. Quand j'étais petit, je ne m'intéressais pas à la littérature. J'avais limite peur des livres. Je viens d'une famille ouvrière et les livres n'étaient pas présents dans notre maison. Ce n'était pas quelque chose que j'aurais pu découvrir. J'avais un grand-père qui était camionneur, et chaque fois qu'il revenait d'un voyage, il racontait une histoire, et s'il y a eu quelque chose qui a réveillé en moi l'étincelle de la passion pour écouter et ensuite écrire des histoires, c'est bien ce papi conteur.
Philippe Chauveau :
Il y a une autre facette de votre travail Alessandro Mari, c'est la traduction. Il y a de nombreux ouvrages, littérature générale, essais, mais aussi littérature jeunesse. Pourquoi ce goût pour le travail de littérature jeunesse ?
Alessandro Mari :
Premièrement parce que, je ne sais pas comment ça se passe en France, mais en Italie, il y a un fait très important qui est que les jeunes ne lisent pas. C'est plutôt notre faute, parce que nous ne réussissons pas à ouvrir un canal de communication avec eux. Parce que peut-être, dans notre époque, comme jamais avant dans l'histoire, les jeunes ont une solitude assiégée par des stimulations : internet, la télévision, tout. Et ce bon petit moment de solitude qu'on prenait pour lire est en train de se perdre. Il faut commencer quand ils sont jeunes, sans leur donner que des classiques ou de la littérature manifestement sociale, mais en les amusant.
Philippe Chauveau :
Vous êtes diplômé en langue et en littérature étrangère, vous avez fait une thèse sur le post-modernisme, quel regard portez-vous sur la littérature contemporaine ?
Alessandro Mari :
Il y a un retour à une littérature haute et excellente, qui est un peu un retour à la littérature du 19ème siècle, un peu comme je fais. Par contre, il y a aussi une littérature qui regarde le cinéma et la télévision, qui reprend un mécanisme de narration que la littérature avait précédemment appris au cinéma et à la télévision. Et quand je parle de cette littérature, je fais référence à Dickens, à Dumas. Et nous, les écrivains, on est en train de récupérer ce schéma. Dans ce sens, je n'ai pas de jugement. Je ne saurais pas dire si c'est mieux ou pire qu'il y a trente ans. Ca me rassure le fait que la littérature existe depuis 10 000 ans. Et si à chaque époque, elle change, c'est parce qu'elle est en train de trouver la meilleure façon d'arriver au lecteur.
Philippe Chauveau :
« Les folles espérances » a été un gros succès en Italie, vous avez été notamment récompensé par le prix Viareggio, comment avez-vous vécu ce succès, pour votre premier roman ?
Alessandro Mari :
Quand j'ai commencé à faire circuler les premières copies de mon roman aux éditeurs, personne en Italie ne pensait que l'on puisse vendre un roman de 900 pages. Parce que l'on passe notre temps à se répéter qu'en Italie on ne lit pas assez, et donc les éditeurs ont plus de facilité à publier des livres plus courts. C'était un pari et l'avoir gagné à la sortie du roman, c'était évidemment un plaisir, et ça m'a donné beaucoup de confiance et que là-dehors, il existe ce genre de lecteurs, comme moi, qui cherchent ce type d'histoire.
Philippe Chauveau :
« Les folles espérances », c'est votre premier roman publié en France, pouvez-vous nous parler des autres ?
Alessandro Mari :
Dans le premier roman, j'ai traité de la façon dont on est devenu une nation, et dans le deuxième, j'ai traité les 100 protecteurs de l'Italie, donc c'est un dialogue entre moi et une partie de l'Histoire. Dans le troisième, je raconte tout simplement une histoire d'école, une histoire entre des jeunes, mais là aussi, même si c'est une histoire contemporaine, c'est quand même un roman historique, parce qu'il y a quelque chose qui s'est passé entre moi qui ai un peu plus de trente ans et les plus jeunes générations, d'un peu plus de 18 ans, les adolescents d'aujourd'hui, et ce qui s'est passé, c'était une révolution historique, c'est-à-dire l'arrivée du monde numérique. Et donc même si j'ai écrit un livre qui est bien différent au niveau du style et de l'histoire racontée, parce qu'il parle de l'école, en réalité, j'ai vraiment écrit un roman historique. Parce que je raconte une révolution historique.
Philippe Chauveau :
Je le disais en préambule, « Les folles espérances » c'est votre premier roman publié en 2011, que vous apporte l'écriture au quotidien ?
Alessandro Mari :
Ecrire, de façon un peu métaphorique, ça veut dire continuer à devoir accepter de vivre avec moi même beaucoup d'heures par jour, ce qui n'est pas facile. Parfois c'est pas facile. Parce que, vous voyez, les personnes qui n'écrivent pas, ils voient peut-être les écrivains comme des êtres mythologiques, or, nous sommes des personnes comme toutes les autres, qui passons juste beaucoup de temps tout seul. Et tout ce temps passé seul peut-être magnifique et exceptionnel quand il est créatif, ou très dangereux, quand il n'est pas créatif. L'écriture est un lieu vers lequel revenir mais pas un lieu où habiter tout le temps, pour des raisons d'hygiène mentale.
Philippe Chauveau :
Votre premier roman Alessandro Mari est publié en France chez Albin Michel, ça s'appel « Les folles espérances ».
Alessandro Mari
Les folles espérances
Livre 6'05Philippe Chauveau :
Avec « Les folles espérances » Alessandro Mari, vous nous plongez dans une page importante de l'histoire italienne. Nous sommes en 1830, c'est ce qu'on appelle le Risorgimento, cette sorte de renaissance italienne qui verra l'unification du pays. Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire cette grande fresque historique ?
Alessandro Mari :
Je parle d'une génération d'aventuriers, de personnes divisées au sein de la même nation, qui cherchent toutes les façons de lutter pour réunifier le pays. Mais je ne raconte pas l'unification. Je raconte le moment juste avant. C'est un peu comme regarder à la télévision une compétition de saut en longueur, mais sans regarder le moment du saut et de ne regarder que la prise d'élan. C'est ce moment que je regarde. Et si je devais essayer de me psychanalyser pour essayer de découvrir la raison de ce choix sur cette période historique précise, au-delà d'une passion personnelle pour des personnages comme Garibaldi, Mazzini etc... C'est parce que j'ai commencé à écrire ce roman juste avant le commencement de la crise de 2008 et de 2011. En 1830 aussi, il y a une génération qui souffrait et qui n'avait pas de perspectives et qui essayait d'en créer en faisant à cette époque la révolution, dans le sens propre du terme, en utilisant même des armes. Dans notre siècle, des révolutions de ce type ne sont plus possibles, seulement des révolutions culturelles. Et peut-être que pendant que j'écrivais mon roman, j'espérais pouvoir m'apercevoir quelque part d'un signe prémonitoire d'une révolution qui nous amènerait à ne pas accepter que le monde tel qu'on le voit, et qui est basé sur des logiques qui nous apparaissent insurmontables et qui ne le sont pas du tout.
Philippe Chauveau :
Vous nous présentez ici quatre personnages principaux, il y a Colombino, c'est un naïf qui a envie d'être amoureux. Il y a Leda, cette femme réfugiée dans un couvent, elle a perdu son amour et va être confrontée au métier d'espionne. Et puis Lisander qui lui va découvrir les progrès de la photographie. Et le quatrième personnage, Don José qui s'avèrera être le fameux Garibaldi. Pourquoi avoir choisi ces quatre rôles principaux ?
Alessandro Mari :
Je me suis aperçu que pour faire un véritable portrait de ce moment historique, Colombino n'était pas suffisant. Et alors j'ai commencé tout d'abord par évoquer Garibaldi. Après je me suis rendu compte que Garibaldi ne suffisait pas non plus. Du coup, j'ai commencé à raconter l'histoire de Leda qui amené dans l'histoire Mazzini. Quand je me suis rendu compte que ça ne suffisait pas non plus, j'ai inventé la quatrième histoire. C'était le maximum que je me sentais capable de gérer. Je suis très heureux de raconter ces 4 histoires, car c'est comme avoir 4 points de vue.
Philippe Chauveau :
Dans votre livre, il y a des passages amples avec de grandes descriptions et il y a aussi d'autres moments plus intimistes. Comment avez-vous décidé la construction de votre ouvrage et peut-être avez-vous été inspiré par d'auteurs auteurs ?
Alessandro Mari :
J'ai récupéré en partie un vocabulaire du 19ème siècle. J'ai récupéré ce vocabulaire pour la raison évidente que si tu veux raconter ce qui se passe dans le cerveau de quelqu'un qui a vécu au 19ème siècle, tu dois un peu utiliser leur langage. Parce que raconter avec un langage journalistique ou cinématographique d'aujourd'hui ne permettrait pas de représenter leur complexité mentale. Et en ce qui concerne la structure, c'est- à-dire le nombre d'histoires racontées, j'admets que je paye une dette à la littérature du 19ème siècle, Dickens, Dumas et Dostoïevski qui sont les seuls qui utilisaient cette complexité et ce grand nombre de personnages. Mais évidemment, il y a aussi toute une tradition du 20ème siècle qui fait pareil.
Philippe Chauveau :
Il y a quatre personnages principaux dans votre ouvrage, mais finalement j'ai l'impression que c'est Colombino qui représente le livre. Il a cette espérance et cette naïveté, cette même espérance et naïveté qu'un peuple qui rentre en révolution. Colombino représente t-il les italiens ?
Alessandro Mari :
Oui. Je dois dire tout d'abord, il y a une analogie entre moi et Colombino. Dans ce sens que, lorsque j'avais son âge, 16-17 ans, j'étais comme lui un peu naïf, un peu enthousiaste de la vie. Et cette force est extraordinaire. C'est une force que peu d'autres choses peuvent égaler. Parce que c'est comme un projectile lancé dans l'Histoire, et autour de ce projectile, il y a des fissures qui se forment. C'est comme un miroir dans lequel se reflètent les choses absurdes que nous croyons vraies. Après, je ne crois pas que Colombino représente le peuple Italien dans ce moment historique présent. Parce qu'en fait, je vois le peuple contemporain italien éduqué à beaucoup plus de cynisme, ce qui est un trait chez Colombino qui est absent. Mais il faut dire qu'effectivement aujourd'hui, le trait dominant de la société est le cynisme, et c'est donc très difficile de conserver cette naïveté dans cette société qui t'apprend le cynisme et l'individualisme déjà à l'école, elle met les écoliers sur des bancs individuels, en leur donnant deux chiffres et en leur demandant d'en sortir un 3ème.
Philippe Chauveau :
Un gros coup de cœur pour ce premier roman d'Alessandro Mari publié chez Albin Michel « Les folles espérances ».
Alessandro Mari
Les folles espérances
L'avis du libraire 1'51J'ai aimé le roman d'Alessandro Mari, c'est un bon roman, un roman fleuve on peut le dire. Mais c'est un roman plein de personnages, de situations et de styles très différents. On met un peu de temps pour rentrer dans l'intrigue, mais on s'y attache définitivement.
Les points forts du livre, ce sont certainement cette richesse de personnages, Alessandro Mari a écrit un livre qu'on aurait pu écrire au 19ème siècle. Et le style mélange antique et moderne et c'est très fort ! Il arrive à mélanger les langues selon les personnages, ça va du dialecte lombard à un mélange tout à fait original entre le Brésilien et l'Italien.
Je le recommanderais à des clients qui aiment les romans fleuves, qui aiment rentrer dans une histoire et ne plus la lâcher. Et c'est très intéressant pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire italienne.