Originaire de Nice, mais aujourd'hui installée à Paris, Michèle Kahn s'est tout d'abord consacrée à la littérature jeunesse, avec une centaine d'ouvrages à son actif. Parallèlement, en 1986, elle publie un premier roman Hôtel Riviera aux éditions Grasset, l'histoire d'une femme d'une quarantaine d'années faisant un bilan de son existence. Mais rapidement, c'est l'histoire, avec un H majuscule, qui inspirera Michèle Kahn. En 1997, sort Shanghai la juive, énorme succès, aujourd'hui réédité, et qui sera suivi par Les...
Le rabbin de Salonique de Michèle Kahn - Présentation - Suite
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Bonjour Michèle Kahn.
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Bonjour.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Merci de nous recevoir à l'occasion de la sortie, aux éditions Du Rocher, de votre nouveau roman, Le Rabbin de Salonique. Alors précédemment, il y avait eu Shanghai la juive, Cacao, La pourpre et le jasmin, mais il y a aussi la littérature jeunesse. Et j'aimerais qu'on parle de ça, parce que c'est important, c'est quelque chose qui compte dans votre vie, il y a plus de 100 ouvrages jeunesse...
Le rabbin de Salonique de Michèle Kahn - Portrait - Suite
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Michèle Kahn, nous sommes ensemble, puisque vous publiez aux éditions du Rocher, ce nouveau roman Le rabbin de Salonique. Nous sommes en 1941, et vous nous emmenez à la découverte de ce personnage tout à fait étonnant, à la fois énigmatique et au destin tragique. Ce rabbin de Salonique, qui est-il, et comment l'avez-vous découvert ?
Michèle Kahn (Le rabbin de Salonique)
Encore une fois je ne connaissais rien de toute cette histoire. C'est un ami qui m'a parlée de la déportation des Juifs...
Le rabbin de Salonique de Michèle Kahn - Le livre - Suite
Myriam Magnichever
Librairie du Temple
52, rue des Rosiers
75004 Paris
Tél : 01-42-72-38-00
contact@librairiedutemple.fr
Michèle Kahn a pris ce sujet, sensible et difficile, parce qu'il s'agit de défendre un personnage controversé pour sa place charnière entre les allemands, et sa communauté. Elle nous montre que ce n'était pas si simple, que le rôle qu'il avait à accomplir était douloureux et difficile; qu'il a cru bien faire, et elle ne le blanchit pas. Mais elle montre que c'était une posture difficile, et quand on lit ce...
Le rabbin de Salonique de Michèle Kahn - L'avis du libraire - Suite
Michèle Kahn
Le rabbin de Salonique
Présentation 1'04Michèle Kahn
Le rabbin de Salonique
Portrait 4'14Bonjour Michèle Kahn.
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Bonjour.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Merci de nous recevoir à l'occasion de la sortie, aux éditions Du Rocher, de votre nouveau roman, Le Rabbin de Salonique. Alors précédemment, il y avait eu Shanghai la juive, Cacao, La pourpre et le jasmin, mais il y a aussi la littérature jeunesse. Et j'aimerais qu'on parle de ça, parce que c'est important, c'est quelque chose qui compte dans votre vie, il y a plus de 100 ouvrages jeunesse déjà à votre actif.
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Oui, mais ça a été une période de ma vie, où j'écrivais exclusivement des livres pour la jeunesse. Et à un certain moment, j'en avais écrit tellement, je m'étais adressée à tous les âges, j'avais essayé tous les genres, que j'ai eu l'impression d'avoir fait le tour.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
En 1986, aux éditions Grasset, il y a un premier roman, c'est Hôtel Riviera, quel à été le déclic justement pour aller vers les adultes?
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Justement, j'étais à cette époque où je me disais j'ai fait le tour. Et en même temps, j'étais devenue une femme de 40 ans, et je n'avais jamais eu l'occasion de m'interroger sur ce que c'était d'être une femme, et une femme juive. Et ça a été Hôtel Riviera.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Dix ans après, énorme succès avec Shanghai la juive, là aussi, vous êtes très présente finalement dans cette histoire. Vous aimez retrouver vos racines?
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Vraisemblablement, je ne me suis pas posée la question, mais vous savez, se sont les sujets qui viennent à vous ; et ce sont ces sujets-là qui sont venus à moi. Et vraisemblablement, j'ai plus d'affinité avec le monde juif. En plus, il faut dire qu’avec toutes ces péripéties, il y a tellement de destins fabuleux à raconter.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Donc, romans historiques on va dire, et puis les femmes de la bible aussi vous intéresse. Il y a eu la reine Esther. Il y a eu la reine de Sabah où vous retracez - de façon romancé, romanesque- , cette rencontre entre la reine de Sabah et le roi Salomon. Donc l'histoire avec un H majuscule, c'est une sorte de moteur pour vous?
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Ça l'a été longtemps, et justement, j'ai l'impression que je vais tourner la page
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Comme pour la littérature?
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Oui, et j'ai envie de quitter l'histoire, je ne sais pas si je vais y arriver, mais ça commence à devenir pesant.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Donc vous aimez faire des passerelles entre les époques, mais toujours avec l'histoire en leitmotiv?
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Vous savez, j'adore plonger dans des univers où je n'y connais absolument rien, découvrir, et ensuite transmettre mes découvertes aux lecteurs.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
C'est d'ailleurs ce qui fait, je vais employer ce terme affreux, votre « marque de fabrique ». C'est que vous savez offrir aux lecteurs du roman, mais toujours avec une précision sur les détails historiques, et ça, vous aimez aller le chercher?
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Oui, mais c'est ma curiosité qui le guide, parce que je me demande toujours comment c'est. J'aime restituer les odeurs, l'habitat, j'ai envie de tout savoir. J'ai envie de recréer complètement l'univers dans lequel je dois me promener.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Est-ce que c'est une façon de se cacher de la réalité, du monde qui nous entoure. C'est une façon de vous protéger de notre monde contemporain?
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
C'est pas impossible du tout, parce que je ne suis pas très à l'aise dans le monde contemporain, je le trouve trop bruyant, dénué de poésie. La seule chose qui m'intéresse, mais alors beaucoup , c'est les nouvelles technologies.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
J 'allais dire, c'est paradoxal, parce que vous avez du mal à trouver votre place dans le monde contemporain mais en revanche, tout ce qui touche les nouvelles technologies, vous adorez.
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Oui, oui.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Vous faites partie de plusieurs institutions, et associations, pour les nouvelles technologies et notamment pour les auteurs, comment vous expliquez ce paradoxe?
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Je n'ai pas d'explication, là, encore une fois, j'ai été attirée, je ne me suis pas posée la question.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Est-ce que la curiosité serait le mot qui vous définirait le mieux, finalement?
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Vraisemblablement, et je me souviens d'avoir adaptée des nouvelles de Kipling, avec l'éléphant qui est d'une insatiable curiosité, et je m'assimile souvent à lui.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Merci beaucoup Michèle Kahn, pour tous ces livres ; et le dernier en date, c'est le Rabbin de Salonique et c'est aux éditions Du Rocher.
Bonjour Michèle Kahn.
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Bonjour.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Merci de nous recevoir à l'occasion de la sortie, aux éditions Du Rocher, de votre nouveau roman, Le Rabbin de Salonique. Alors précédemment, il y avait eu Shanghai la juive, Cacao, La pourpre et le jasmin, mais il y a aussi la littérature jeunesse. Et j'aimerais qu'on parle de ça, parce que c'est important, c'est quelque chose qui compte dans votre vie, il y a plus de 100 ouvrages jeunesse déjà à votre actif.
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Oui, mais ça a été une période de ma vie, où j'écrivais exclusivement des livres pour la jeunesse. Et à un certain moment, j'en avais écrit tellement, je m'étais adressée à tous les âges, j'avais essayé tous les genres, que j'ai eu l'impression d'avoir fait le tour.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
En 1986, aux éditions Grasset, il y a un premier roman, c'est Hôtel Riviera, quel à été le déclic justement pour aller vers les adultes?
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Justement, j'étais à cette époque où je me disais j'ai fait le tour. Et en même temps, j'étais devenue une femme de 40 ans, et je n'avais jamais eu l'occasion de m'interroger sur ce que c'était d'être une femme, et une femme juive. Et ça a été Hôtel Riviera.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Dix ans après, énorme succès avec Shanghai la juive, là aussi, vous êtes très présente finalement dans cette histoire. Vous aimez retrouver vos racines?
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Vraisemblablement, je ne me suis pas posée la question, mais vous savez, se sont les sujets qui viennent à vous ; et ce sont ces sujets-là qui sont venus à moi. Et vraisemblablement, j'ai plus d'affinité avec le monde juif. En plus, il faut dire qu’avec toutes ces péripéties, il y a tellement de destins fabuleux à raconter.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Donc, romans historiques on va dire, et puis les femmes de la bible aussi vous intéresse. Il y a eu la reine Esther. Il y a eu la reine de Sabah où vous retracez - de façon romancé, romanesque- , cette rencontre entre la reine de Sabah et le roi Salomon. Donc l'histoire avec un H majuscule, c'est une sorte de moteur pour vous?
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Ça l'a été longtemps, et justement, j'ai l'impression que je vais tourner la page
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Comme pour la littérature?
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Oui, et j'ai envie de quitter l'histoire, je ne sais pas si je vais y arriver, mais ça commence à devenir pesant.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Donc vous aimez faire des passerelles entre les époques, mais toujours avec l'histoire en leitmotiv?
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Vous savez, j'adore plonger dans des univers où je n'y connais absolument rien, découvrir, et ensuite transmettre mes découvertes aux lecteurs.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
C'est d'ailleurs ce qui fait, je vais employer ce terme affreux, votre « marque de fabrique ». C'est que vous savez offrir aux lecteurs du roman, mais toujours avec une précision sur les détails historiques, et ça, vous aimez aller le chercher?
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Oui, mais c'est ma curiosité qui le guide, parce que je me demande toujours comment c'est. J'aime restituer les odeurs, l'habitat, j'ai envie de tout savoir. J'ai envie de recréer complètement l'univers dans lequel je dois me promener.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Est-ce que c'est une façon de se cacher de la réalité, du monde qui nous entoure. C'est une façon de vous protéger de notre monde contemporain?
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
C'est pas impossible du tout, parce que je ne suis pas très à l'aise dans le monde contemporain, je le trouve trop bruyant, dénué de poésie. La seule chose qui m'intéresse, mais alors beaucoup , c'est les nouvelles technologies.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
J 'allais dire, c'est paradoxal, parce que vous avez du mal à trouver votre place dans le monde contemporain mais en revanche, tout ce qui touche les nouvelles technologies, vous adorez.
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Oui, oui.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Vous faites partie de plusieurs institutions, et associations, pour les nouvelles technologies et notamment pour les auteurs, comment vous expliquez ce paradoxe?
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Je n'ai pas d'explication, là, encore une fois, j'ai été attirée, je ne me suis pas posée la question.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Est-ce que la curiosité serait le mot qui vous définirait le mieux, finalement?
(Michèle Kahn Le Rabbin de Salonique):
Vraisemblablement, et je me souviens d'avoir adaptée des nouvelles de Kipling, avec l'éléphant qui est d'une insatiable curiosité, et je m'assimile souvent à lui.
(Philippe Chauveau: WebTVculture):
Merci beaucoup Michèle Kahn, pour tous ces livres ; et le dernier en date, c'est le Rabbin de Salonique et c'est aux éditions Du Rocher.
Michèle Kahn
Le rabbin de Salonique
Le livre 4'55Michèle Kahn, nous sommes ensemble, puisque vous publiez aux éditions du Rocher, ce nouveau roman Le rabbin de Salonique. Nous sommes en 1941, et vous nous emmenez à la découverte de ce personnage tout à fait étonnant, à la fois énigmatique et au destin tragique. Ce rabbin de Salonique, qui est-il, et comment l'avez-vous découvert ?
Michèle Kahn (Le rabbin de Salonique)
Encore une fois je ne connaissais rien de toute cette histoire. C'est un ami qui m'a parlée de la déportation des Juifs de Salonique, on était dans une taverne à Saint-Malo, donc ça n'avait rien à voir. Et je me suis aperçue qu'il y avait pour moi, un pan complètement ignoré de toute cette histoire, de la tragédie des Juifs de Salonique, puisqu'ils étaient - avant la Guerre-, une communauté de 50 000 personnes environ, et que plus de 45 000 ont été déportés vers les camps de la mort. J'étais sidérée par ce pourcentage. Et en plus, cet ami m'avait parlé d'un train, un train de luxe, qui aurait amené les déportés à Auschwitz, il y avait toute une histoire autour, et ça me paraissait très curieux, j'avais du mal à le croire. Donc, j'ai tout écumé, tout épluché, je n'ai trouvé aucune trace de ce train, mais en revanche, je suis tombée sur le personnage de Zvi Koretz qui était le grand rabbin de Salonique à cette époque. Et alors là, je suis tombée sur quelque chose, je n'en ai pas cru mes yeux. On disait que cet homme, en 1946 dans un procès post mortem, - il venait de mourir-, avait été accusé d'avoir livré sa communauté aux allemands, en sachant pertinemment qu'il les envoyait à l'extermination. Et alors, avec ma curiosité habituelle, j'ai cherché comment les choses s'étaient déroulées depuis le début. Et je me suis aperçue que l'histoire n'était pas telle qu'on l'a dit.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Vous aviez envie de rendre justice, quelque part à ce personnage, Zvi Koretz ?
Michèle Kahn (Le rabbin de Salonique)
D'abord je voulais l'enfoncer, je voulais l'accuser comme tout le monde. Et quand je me suis aperçue qu'il a été faussement accusé, j'ai démonté patiemment toute l'histoire, pour expliquer que cet homme n'est pas le traître que l'on a dit.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Comment avez-vous travaillé ? Quels sont les documents que vous avez pu vous procurer ? Quels sont les déplacements que vous avez été amené à faire ?
Michèle Kahn (Le rabbin de Salonique)
J'ai examiné tous les livres que j'ai pu trouver à l'Alliance Israélite Universelle, qui est la plus grande bibliothèque d'Europe sur le plan du Judaïsme. Et ensuite, j'ai eu accès à un témoignage qui avait été déposé par madame Koretz, donc l'épouse du rabbin et son fils, au mémorial de Yad Vas hem de Jérusalem, qui a été déposé devant des procureurs , donc c'est quelque chose de parfaitement fiable. Et c'est justement en croisant ce témoignage avec les accusations, - tous les autres livres étaient des accusations, contre ce rabbin- ; c'est en croisant les deux, que je suis arrivé eà me faire une idée de ce qui s'était passé.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Est-ce que le livre peut encore prêter a polémique, ou est-ce qu'aujourd'hui, ce personnage de Zvi Koretz est reconnu tel qu'il était ?
Michèle Kahn (Le rabbin de Salonique)
Les gens qui ont accusé le rabbin, c'était des gens qui étaient revenus des camps d'extermination. Il y en a eu très peu, il y en a eu 1800 qui sont revenus seulement. C'étaient des gens qui avaient terriblement souffert. Ils avaient survécu au carnage, à la douleur, à la faim, au froid, aux coups, à tout ça, et ils ne connaissaient pas toute l'histoire. Ils ne connaissaient que ce qu'ils avaient vu de l'histoire, ils n'ont pas pu faire l'enquête que j'ai faite, et c'est cette image de responsable qu'ils ont transmise. Dans cette histoire, il y a beaucoup de manque d'amour entre les gens, et je me suis rendu compte que sans amour, les hommes sont sourds et aveugles à la vérité.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Merci beaucoup Michèle Kahn, Le rabbin de Salonique, c'est donc votre nouveau livre, votre nouveau roman et c'est aux éditions du Rocher.
Michèle Kahn, nous sommes ensemble, puisque vous publiez aux éditions du Rocher, ce nouveau roman Le rabbin de Salonique. Nous sommes en 1941, et vous nous emmenez à la découverte de ce personnage tout à fait étonnant, à la fois énigmatique et au destin tragique. Ce rabbin de Salonique, qui est-il, et comment l'avez-vous découvert ?
Michèle Kahn (Le rabbin de Salonique)
Encore une fois je ne connaissais rien de toute cette histoire. C'est un ami qui m'a parlée de la déportation des Juifs de Salonique, on était dans une taverne à Saint-Malo, donc ça n'avait rien à voir. Et je me suis aperçue qu'il y avait pour moi, un pan complètement ignoré de toute cette histoire, de la tragédie des Juifs de Salonique, puisqu'ils étaient - avant la Guerre-, une communauté de 50 000 personnes environ, et que plus de 45 000 ont été déportés vers les camps de la mort. J'étais sidérée par ce pourcentage. Et en plus, cet ami m'avait parlé d'un train, un train de luxe, qui aurait amené les déportés à Auschwitz, il y avait toute une histoire autour, et ça me paraissait très curieux, j'avais du mal à le croire. Donc, j'ai tout écumé, tout épluché, je n'ai trouvé aucune trace de ce train, mais en revanche, je suis tombée sur le personnage de Zvi Koretz qui était le grand rabbin de Salonique à cette époque. Et alors là, je suis tombée sur quelque chose, je n'en ai pas cru mes yeux. On disait que cet homme, en 1946 dans un procès post mortem, - il venait de mourir-, avait été accusé d'avoir livré sa communauté aux allemands, en sachant pertinemment qu'il les envoyait à l'extermination. Et alors, avec ma curiosité habituelle, j'ai cherché comment les choses s'étaient déroulées depuis le début. Et je me suis aperçue que l'histoire n'était pas telle qu'on l'a dit.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Vous aviez envie de rendre justice, quelque part à ce personnage, Zvi Koretz ?
Michèle Kahn (Le rabbin de Salonique)
D'abord je voulais l'enfoncer, je voulais l'accuser comme tout le monde. Et quand je me suis aperçue qu'il a été faussement accusé, j'ai démonté patiemment toute l'histoire, pour expliquer que cet homme n'est pas le traître que l'on a dit.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Comment avez-vous travaillé ? Quels sont les documents que vous avez pu vous procurer ? Quels sont les déplacements que vous avez été amené à faire ?
Michèle Kahn (Le rabbin de Salonique)
J'ai examiné tous les livres que j'ai pu trouver à l'Alliance Israélite Universelle, qui est la plus grande bibliothèque d'Europe sur le plan du Judaïsme. Et ensuite, j'ai eu accès à un témoignage qui avait été déposé par madame Koretz, donc l'épouse du rabbin et son fils, au mémorial de Yad Vas hem de Jérusalem, qui a été déposé devant des procureurs , donc c'est quelque chose de parfaitement fiable. Et c'est justement en croisant ce témoignage avec les accusations, - tous les autres livres étaient des accusations, contre ce rabbin- ; c'est en croisant les deux, que je suis arrivé eà me faire une idée de ce qui s'était passé.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Est-ce que le livre peut encore prêter a polémique, ou est-ce qu'aujourd'hui, ce personnage de Zvi Koretz est reconnu tel qu'il était ?
Michèle Kahn (Le rabbin de Salonique)
Les gens qui ont accusé le rabbin, c'était des gens qui étaient revenus des camps d'extermination. Il y en a eu très peu, il y en a eu 1800 qui sont revenus seulement. C'étaient des gens qui avaient terriblement souffert. Ils avaient survécu au carnage, à la douleur, à la faim, au froid, aux coups, à tout ça, et ils ne connaissaient pas toute l'histoire. Ils ne connaissaient que ce qu'ils avaient vu de l'histoire, ils n'ont pas pu faire l'enquête que j'ai faite, et c'est cette image de responsable qu'ils ont transmise. Dans cette histoire, il y a beaucoup de manque d'amour entre les gens, et je me suis rendu compte que sans amour, les hommes sont sourds et aveugles à la vérité.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Merci beaucoup Michèle Kahn, Le rabbin de Salonique, c'est donc votre nouveau livre, votre nouveau roman et c'est aux éditions du Rocher.
Michèle Kahn
Le rabbin de Salonique
L'avis du libraire 1'15Librairie du Temple
52, rue des Rosiers
75004 Paris
Tél : 01-42-72-38-00
contact@librairiedutemple.fr
Michèle Kahn a pris ce sujet, sensible et difficile, parce qu'il s'agit de défendre un personnage controversé pour sa place charnière entre les allemands, et sa communauté. Elle nous montre que ce n'était pas si simple, que le rôle qu'il avait à accomplir était douloureux et difficile; qu'il a cru bien faire, et elle ne le blanchit pas. Mais elle montre que c'était une posture difficile, et quand on lit ce roman, on a envie de la suivre, on en sort ému, on en sort enrichi sur le plan historique, vraiment on est touché. C'est un roman qui peut convenir à des férus d'Histoire, à un public très large parce, qu'elle a une écriture littéraire, mais qui n'est pas surchargée de descriptions, donc c'est un roman vraiment tout public. Un regret c'est de ne pas en savoir plus sur cette communauté, ça ne serait pas vraiment un regret mais une suggestion à Michèle Kahn de nous écrire un très beau roman sur cette communauté, qui mérite d'être connue dans des pages moins sombres leur histoire.
Librairie du Temple
52, rue des Rosiers
75004 Paris
Tél : 01-42-72-38-00
contact@librairiedutemple.fr
Michèle Kahn a pris ce sujet, sensible et difficile, parce qu'il s'agit de défendre un personnage controversé pour sa place charnière entre les allemands, et sa communauté. Elle nous montre que ce n'était pas si simple, que le rôle qu'il avait à accomplir était douloureux et difficile; qu'il a cru bien faire, et elle ne le blanchit pas. Mais elle montre que c'était une posture difficile, et quand on lit ce roman, on a envie de la suivre, on en sort ému, on en sort enrichi sur le plan historique, vraiment on est touché. C'est un roman qui peut convenir à des férus d'Histoire, à un public très large parce, qu'elle a une écriture littéraire, mais qui n'est pas surchargée de descriptions, donc c'est un roman vraiment tout public. Un regret c'est de ne pas en savoir plus sur cette communauté, ça ne serait pas vraiment un regret mais une suggestion à Michèle Kahn de nous écrire un très beau roman sur cette communauté, qui mérite d'être connue dans des pages moins sombres leur histoire.