Fasciné depuis toujours par la culture orientale, Mathias Enard a suivi des études d'arabe et de persan.En 2000, il s'installe à Barcelone où il enseigne d'ailleurs la langue arabe même si ses pas le ramènent régulièrement en France, dans son Poitou natal notamment.Avide de connaissances et de culture, Mathias Enard fut aussi pensionnaire de la Villa Médicis à Rome en 2005.Fidèle aux éditions Actes Sud, c'est dans cette maison qu'il publie son 1er roman en 2003, « La perfection du tir » suivi de « Remonter...
Le livre, cadeau idéal ? de Mathias Enard - Présentation - Suite
Bonjour Mathias EnardMerci d'avoir accepté notre invitation à l'occasion de la sortie, chez Actes Sud, de votre nouveau roman « Rue des voleurs ».On va parler de vous avant de rentrer dans le vif du sujet, même si on vous connait depuis vos premier titres, notamment « Zone ».On sait que vous êtes un grand fana de la littérature, de la culture, de l'art oriental, comment est née cette passion chez vous?C'est un peu un hasard. Je viens d'une petite ville de l'Ouest de la France , je n'avais pas de contacts avec le monde...
Le livre, cadeau idéal ? de Mathias Enard - Portrait - Suite
Un nouveau titre Mathias Enard, chez Acte Sud. Vous êtes fidèle à cette belle maison. Et avec "Rue des voleurs", nous allons suivre Lakhdar, nous sommes au temps du Printemps arabe.Lakhdar est Marocain, il vit à Tanger. Avec son ami Bassam ils ont des envies d'ailleurs, ils rêvent de l'Europe, ils rêvent des filles aussi. Ce personnage de Lakhdar, comment l'avez-vous créé ? Comment est-il né dans votre imagination ?Il y avait longtemps que j'avais dans l'esprit l'idée d'un roman d'aventure, qui soit aussi un roman d'initiation,...
Le livre, cadeau idéal ? de Mathias Enard - Le livre - Suite
« L'ouvre-boite »20, rue des Petites écuries75010 ParisTél : 01 48 00 01 47
Je vais commencer par dire que ce n'est pas un livre sur les printemps arabes , et les révoltes des indignés espagnols?C'est l'histoire d'un jeune homme qui grandit dans ce monde-là, et qui évolue dans ce monde-là.Effectivement, forcément, on en parle parce que c'est son contexte de vie, il y prend part, plus ou moins malgré lui. Il le subit aussi plus ou moins malgré lui.C'est pas un livre de politique, c'est pas un livre de sociologie; c'est un...
Le livre, cadeau idéal ? de Mathias Enard - L'avis du libraire - Suite
Mathias Énard
Rue des voleurs
Présentation 1'31Fasciné depuis toujours par la culture orientale, Mathias Enard a suivi des études d'arabe et de persan.
En 2000, il s'installe à Barcelone où il enseigne d'ailleurs la langue arabe même si ses pas le ramènent régulièrement en France, dans son Poitou natal notamment.
Avide de connaissances et de culture, Mathias Enard fut aussi pensionnaire de la Villa Médicis à Rome en 2005.
Fidèle aux éditions Actes Sud, c'est dans cette maison qu'il publie son 1er roman en 2003, « La perfection du tir » suivi de « Remonter l'Orénoque » adapté récemment au cinéma par Marion Laine sous le titre « A cœur ouvert » avec Juliette Binoche.
Après « Zone », long roman de 500 pages composé d'une seule phrase, Mathias Enard reçoit en 2010 le Goncourt des lycéens avec « Parle leur de batailles, de rois et d'éléphants »,
roman dans lequel l'auteur retrace un événement du début du XVIème lorsque les juifs furent chassés de l'Espagne catholique et accueillis par les musulmans de Constantinople.
Les relations interculturelles, les hommes happés par l'Histoire, le rôle étouffant des religions, autant de sujets chers à Mathias Enard comme il le prouve avec ce nouveau titre « Rue des voleurs »,
dans lequel nous suivons Lakhdar, jeune marocain d'aujourd'hui, face à la montée de l'Islamisme radical, à l'enthousiasme du Printemps arabe, à la soif d'un ailleurs plein de promesses passant par l'Espagne.
Un roman actuel, saisissant, dense et vif « Rue des voleurs » de Mathias Enard aux éditions Actes Sud. Mathias Enard est sur WTC
Fasciné depuis toujours par la culture orientale, Mathias Enard a suivi des études d'arabe et de persan.
En 2000, il s'installe à Barcelone où il enseigne d'ailleurs la langue arabe même si ses pas le ramènent régulièrement en France, dans son Poitou natal notamment.
Avide de connaissances et de culture, Mathias Enard fut aussi pensionnaire de la Villa Médicis à Rome en 2005.
Fidèle aux éditions Actes Sud, c'est dans cette maison qu'il publie son 1er roman en 2003, « La perfection du tir » suivi de « Remonter l'Orénoque » adapté récemment au cinéma par Marion Laine sous le titre « A cœur ouvert » avec Juliette Binoche.
Après « Zone », long roman de 500 pages composé d'une seule phrase, Mathias Enard reçoit en 2010 le Goncourt des lycéens avec « Parle leur de batailles, de rois et d'éléphants »,
roman dans lequel l'auteur retrace un événement du début du XVIème lorsque les juifs furent chassés de l'Espagne catholique et accueillis par les musulmans de Constantinople.
Les relations interculturelles, les hommes happés par l'Histoire, le rôle étouffant des religions, autant de sujets chers à Mathias Enard comme il le prouve avec ce nouveau titre « Rue des voleurs »,
dans lequel nous suivons Lakhdar, jeune marocain d'aujourd'hui, face à la montée de l'Islamisme radical, à l'enthousiasme du Printemps arabe, à la soif d'un ailleurs plein de promesses passant par l'Espagne.
Un roman actuel, saisissant, dense et vif « Rue des voleurs » de Mathias Enard aux éditions Actes Sud. Mathias Enard est sur WTC
Mathias Énard
Rue des voleurs
Portrait 4'18Bonjour Mathias Enard
Merci d'avoir accepté notre invitation à l'occasion de la sortie, chez Actes Sud, de votre nouveau roman « Rue des voleurs ».
On va parler de vous avant de rentrer dans le vif du sujet, même si on vous connait depuis vos premier titres, notamment « Zone ».On sait que vous êtes un grand fana de la littérature, de la culture, de l'art oriental, comment est née cette passion chez vous?
C'est un peu un hasard. Je viens d'une petite ville de l'Ouest de la France , je n'avais pas de contacts avec le monde arabe.
Et j'ai commencé par étudier l'histoire de l'art, et il y avait une matière qui me plaisait beaucoup, c'était Art de l'Islam.
C'est à travers ça que je me suis inscrit ensuite en langue, littérature arabe, ça m'a passionné, et j'ai vite laissé tomber tout le reste pour ne me consacrer qu'à ça.
Qu'est ce qui vous plait dans la langue arabe?
Au départ, il y a des raisons d'exotisme tout simplement . C'est très attirant la découverte, le plaisir d'apprendre un nouvel alphabet, de découvrir des phonèmes qu'on n'a pas dans la langue européenne.
Mais aussi des aspects culturels, historiques qui m'ont passionnés. L'écriture, est ce que ça faisait partie de vous dès l'enfance, dès l' adolescence, est ce que vous avez été très tôt un lecteur, ce sont des attaches familiales, des liens au livre?
J'ai lu beaucoup, mais je n'envisageais pas forcément de devenir écrivain, même si ça me semblait une mode de vie tout à fait intéressant. Quand j'étais adolescent, mes idoles étaient Kessel, Cendrars.
Ce que je voyais dans l'écriture, c'était bien sur le plaisir de la lecture, mais aussi celui du voyage et de la découverte.
Entre « La perfection du tir » et « Rue des voleurs », en passant par « Zone », « Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants », prix Goncourt des lycéens en 2010.
Même si les sujets , les époques dans lesquelle vous placez ces personnages sont différents, est-ce qu'il y a une ligne conductrice , est-ce le même Mathias Enard dans tous ces titres?
On découvre à posteriori les liens qu'il peut y avoir entre ces différents livres.
Même si moi, j'ai toujours à coeur que chaque livre soit vraiment une expérience unique , que chaque ouvrage ait une voix, une construction, un style, qui lui soit vraiment propre.
On peut quand même retracer des grands lignes, même si , ça on le fait à posteriori.Sur le moment quand on se lance dans un texte, on pense juste à la nouveauté.Moi, j'essaie de ne jamais regarder derrière, toujours regarder devant.
Au-delà des sujets difficiles que vous abordez, lorsque vous écrivez, est ce une sorte d'apaisement , ou au contraire êtes-vous en colère lorsque vous écrivez?
Un peu des deux , mais plutôt qu'apaisement, c'est rechercher une réflexion, écrire c'est aussi penser les choses.
Il y a l'aspect réactif, on réagit à des événements, on se laisse aller, peut-être pas à la colère, mais à certains sentiments d'énervement, d'agacement, de volonté de montrer, de donner à voir en donnant à lire des choses qui vous on particulièrement marquées, ou intéressées.
Et puis, d'autre part, il y a quelque chose de plus réfléchi qui est une idée de mettre à plat, de chercher à mettre de l'ordre dans ses propres idées, un fil, un parcours dans le chaos du monde.
Merci Mathias Enard, votre actualité, c'est « Rue des voleurs », c'est votre nouveau titre et c'est aux Editions Actes Sud.
Bonjour Mathias Enard
Merci d'avoir accepté notre invitation à l'occasion de la sortie, chez Actes Sud, de votre nouveau roman « Rue des voleurs ».
On va parler de vous avant de rentrer dans le vif du sujet, même si on vous connait depuis vos premier titres, notamment « Zone ».On sait que vous êtes un grand fana de la littérature, de la culture, de l'art oriental, comment est née cette passion chez vous?
C'est un peu un hasard. Je viens d'une petite ville de l'Ouest de la France , je n'avais pas de contacts avec le monde arabe.
Et j'ai commencé par étudier l'histoire de l'art, et il y avait une matière qui me plaisait beaucoup, c'était Art de l'Islam.
C'est à travers ça que je me suis inscrit ensuite en langue, littérature arabe, ça m'a passionné, et j'ai vite laissé tomber tout le reste pour ne me consacrer qu'à ça.
Qu'est ce qui vous plait dans la langue arabe?
Au départ, il y a des raisons d'exotisme tout simplement . C'est très attirant la découverte, le plaisir d'apprendre un nouvel alphabet, de découvrir des phonèmes qu'on n'a pas dans la langue européenne.
Mais aussi des aspects culturels, historiques qui m'ont passionnés. L'écriture, est ce que ça faisait partie de vous dès l'enfance, dès l' adolescence, est ce que vous avez été très tôt un lecteur, ce sont des attaches familiales, des liens au livre?
J'ai lu beaucoup, mais je n'envisageais pas forcément de devenir écrivain, même si ça me semblait une mode de vie tout à fait intéressant. Quand j'étais adolescent, mes idoles étaient Kessel, Cendrars.
Ce que je voyais dans l'écriture, c'était bien sur le plaisir de la lecture, mais aussi celui du voyage et de la découverte.
Entre « La perfection du tir » et « Rue des voleurs », en passant par « Zone », « Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants », prix Goncourt des lycéens en 2010.
Même si les sujets , les époques dans lesquelle vous placez ces personnages sont différents, est-ce qu'il y a une ligne conductrice , est-ce le même Mathias Enard dans tous ces titres?
On découvre à posteriori les liens qu'il peut y avoir entre ces différents livres.
Même si moi, j'ai toujours à coeur que chaque livre soit vraiment une expérience unique , que chaque ouvrage ait une voix, une construction, un style, qui lui soit vraiment propre.
On peut quand même retracer des grands lignes, même si , ça on le fait à posteriori.Sur le moment quand on se lance dans un texte, on pense juste à la nouveauté.Moi, j'essaie de ne jamais regarder derrière, toujours regarder devant.
Au-delà des sujets difficiles que vous abordez, lorsque vous écrivez, est ce une sorte d'apaisement , ou au contraire êtes-vous en colère lorsque vous écrivez?
Un peu des deux , mais plutôt qu'apaisement, c'est rechercher une réflexion, écrire c'est aussi penser les choses.
Il y a l'aspect réactif, on réagit à des événements, on se laisse aller, peut-être pas à la colère, mais à certains sentiments d'énervement, d'agacement, de volonté de montrer, de donner à voir en donnant à lire des choses qui vous on particulièrement marquées, ou intéressées.
Et puis, d'autre part, il y a quelque chose de plus réfléchi qui est une idée de mettre à plat, de chercher à mettre de l'ordre dans ses propres idées, un fil, un parcours dans le chaos du monde.
Merci Mathias Enard, votre actualité, c'est « Rue des voleurs », c'est votre nouveau titre et c'est aux Editions Actes Sud.
Mathias Énard
Rue des voleurs
Le livre 5'20Un nouveau titre Mathias Enard, chez Acte Sud. Vous êtes fidèle à cette belle maison. Et avec "Rue des voleurs", nous allons suivre Lakhdar, nous sommes au temps du Printemps arabe.
Lakhdar est Marocain, il vit à Tanger. Avec son ami Bassam ils ont des envies d'ailleurs, ils rêvent de l'Europe, ils rêvent des filles aussi. Ce personnage de Lakhdar, comment l'avez-vous créé ? Comment est-il né dans votre imagination ?
Il y avait longtemps que j'avais dans l'esprit l'idée d'un roman d'aventure, qui soit aussi un roman d'initiation, de passage à l'âge adulte, quelque chose qui serait un peu un croisement entre "L'attrape-coeurs " de Salinger, "le journal du voleur" de Jean Genet
et puis au fur et à mesure des événements, il y a deux ans quand je suivais de très prêt la révolution en Tunisie, en Egypte, puis en Libye et après en Syrie.
J'ai été amené à avoir envie d'écrire. Les deux choses se sont croisées et c'est là que j'ai eu l'idée de ce jeune Marocain.
Vraiment ce qui m'a lancé, c'est de trouver la voix de Lakhdar, son ton, la façon dont il parle, dont il écrit, avec beaucoup de réalité et c'est ça qui a lancé le livre.
Une réalité qui évolue au fil des pages, comme s'il gagnait en maturité par les événements auxquels il est confronté.
Oui, c'est un récit d'une évolution, d'une transformation, d'un passage à l'âge adulte. Dans ses souvenirs Lakhdar évolue, dans son écriture aussi. Il devient de plus en plus lettré.
C'est un récit qui est sur deux niveaux. Lakhdar raconte cette histoire sans doute cinq ou dix ans après les faits.
Il revient sur ces deux années absolument décisives de sa vie, de sa jeunesse, même s'il est encore très jeune et il se replonge dans ce qu'il était autrefois et ce ton, cette voix va évoluer au fil des pages.
Lakhdar, on va le suivre au fil des mois, il se retrouve chassé par son ami Bassam, il est plus ou moins enrôlé dans une mouvance islamiste, ensuite il va partir à Barcelone ou il va arriver dans cette "rue des voleurs",
mais on a l'impression qu'il s'en sort toujours plus ou moins, même quand il se trouve chez ce Cruz qui va l'initier au métier de la mort. Il subit les événements avec un certain fatalisme.
Il s'en sort parce qu'il fait quelques efforts pour s'en sortir. Il fait l'effet d'un personnage au milieu d'un champ de bataille ou d'un champ de mines et qui sauterait d'un endroit à l'autre en essayant d'éviter les coups.
Il est pris un peu comme dans le tambour de la machine à laver du destin.
Lakhdar est-il l'image de la jeunesse arabe telle que vous la voyez, vous qui connaissez bien cette univers,
une jeunesse qui est un peu ballade par les événements, qui peu être tentée par l'extrémisme religieux, tentée par l'Europe et ses chimères. Est ce que c'est ça la jeunesse arabe finalement ?
Le monde arabe actuellement est un peu tenté par l'extrémisme religieux et en même temps par de grandes aspirations démocratiques, sauf que ça prend du temps à se mettre en place et on est dans une période de confusion, mais en Europe aussi.
C'est ça qui m'intéressait, c'est de montrer le parallèle qu'il y a entre les jeunes qui ont fait la révolution en Tunisie et la jeunesse espagnole par exemple du mouvement des Indignés ou des grandes manifestations de mars dernier à Barcelone.
Finalement il y a une continuité géographique, une coïncidence temporelle - les deux événements se sont produits au même moment - et moi je crois qu'il y a aussi une continuité humaine.
On voit une frontière, parce qu'elle existe physiquement avec le Détroit de Gibraltar, entre ces deux mondes, mais je pense que cette continuité existe, ce n'est pas pour rien que les choses sont contiguës géographiquement et chronologiquement.
Merci beaucoup Mathias Enard et merci pour ce personnage de Lakhdar qu'on va garder en mémoire longtemps. "Rue des voleurs", c'est votre nouveau titre et c'est aux éditions Acte Sud.
Un nouveau titre Mathias Enard, chez Acte Sud. Vous êtes fidèle à cette belle maison. Et avec "Rue des voleurs", nous allons suivre Lakhdar, nous sommes au temps du Printemps arabe.
Lakhdar est Marocain, il vit à Tanger. Avec son ami Bassam ils ont des envies d'ailleurs, ils rêvent de l'Europe, ils rêvent des filles aussi. Ce personnage de Lakhdar, comment l'avez-vous créé ? Comment est-il né dans votre imagination ?
Il y avait longtemps que j'avais dans l'esprit l'idée d'un roman d'aventure, qui soit aussi un roman d'initiation, de passage à l'âge adulte, quelque chose qui serait un peu un croisement entre "L'attrape-coeurs " de Salinger, "le journal du voleur" de Jean Genet
et puis au fur et à mesure des événements, il y a deux ans quand je suivais de très prêt la révolution en Tunisie, en Egypte, puis en Libye et après en Syrie.
J'ai été amené à avoir envie d'écrire. Les deux choses se sont croisées et c'est là que j'ai eu l'idée de ce jeune Marocain.
Vraiment ce qui m'a lancé, c'est de trouver la voix de Lakhdar, son ton, la façon dont il parle, dont il écrit, avec beaucoup de réalité et c'est ça qui a lancé le livre.
Une réalité qui évolue au fil des pages, comme s'il gagnait en maturité par les événements auxquels il est confronté.
Oui, c'est un récit d'une évolution, d'une transformation, d'un passage à l'âge adulte. Dans ses souvenirs Lakhdar évolue, dans son écriture aussi. Il devient de plus en plus lettré.
C'est un récit qui est sur deux niveaux. Lakhdar raconte cette histoire sans doute cinq ou dix ans après les faits.
Il revient sur ces deux années absolument décisives de sa vie, de sa jeunesse, même s'il est encore très jeune et il se replonge dans ce qu'il était autrefois et ce ton, cette voix va évoluer au fil des pages.
Lakhdar, on va le suivre au fil des mois, il se retrouve chassé par son ami Bassam, il est plus ou moins enrôlé dans une mouvance islamiste, ensuite il va partir à Barcelone ou il va arriver dans cette "rue des voleurs",
mais on a l'impression qu'il s'en sort toujours plus ou moins, même quand il se trouve chez ce Cruz qui va l'initier au métier de la mort. Il subit les événements avec un certain fatalisme.
Il s'en sort parce qu'il fait quelques efforts pour s'en sortir. Il fait l'effet d'un personnage au milieu d'un champ de bataille ou d'un champ de mines et qui sauterait d'un endroit à l'autre en essayant d'éviter les coups.
Il est pris un peu comme dans le tambour de la machine à laver du destin.
Lakhdar est-il l'image de la jeunesse arabe telle que vous la voyez, vous qui connaissez bien cette univers,
une jeunesse qui est un peu ballade par les événements, qui peu être tentée par l'extrémisme religieux, tentée par l'Europe et ses chimères. Est ce que c'est ça la jeunesse arabe finalement ?
Le monde arabe actuellement est un peu tenté par l'extrémisme religieux et en même temps par de grandes aspirations démocratiques, sauf que ça prend du temps à se mettre en place et on est dans une période de confusion, mais en Europe aussi.
C'est ça qui m'intéressait, c'est de montrer le parallèle qu'il y a entre les jeunes qui ont fait la révolution en Tunisie et la jeunesse espagnole par exemple du mouvement des Indignés ou des grandes manifestations de mars dernier à Barcelone.
Finalement il y a une continuité géographique, une coïncidence temporelle - les deux événements se sont produits au même moment - et moi je crois qu'il y a aussi une continuité humaine.
On voit une frontière, parce qu'elle existe physiquement avec le Détroit de Gibraltar, entre ces deux mondes, mais je pense que cette continuité existe, ce n'est pas pour rien que les choses sont contiguës géographiquement et chronologiquement.
Merci beaucoup Mathias Enard et merci pour ce personnage de Lakhdar qu'on va garder en mémoire longtemps. "Rue des voleurs", c'est votre nouveau titre et c'est aux éditions Acte Sud.
Mathias Énard
Rue des voleurs
L'avis du libraire 1'07Je vais commencer par dire que ce n'est pas un livre sur les printemps arabes , et les révoltes des indignés espagnols?
C'est l'histoire d'un jeune homme qui grandit dans ce monde-là, et qui évolue dans ce monde-là.
Effectivement, forcément, on en parle parce que c'est son contexte de vie, il y prend part, plus ou moins malgré lui. Il le subit aussi plus ou moins malgré lui.
C'est pas un livre de politique, c'est pas un livre de sociologie; c'est un roman qui parle d'un jeune homme qui grandit là-dedans.
Il y a des moments ou c'est drôle, parce que Lakdar va bien, il est plein d'humour, il est amoureux, il a envie de séduire Judith, une jeune espagnole.
Dans ces moments là, c'est drôle, léger, souriant. Et il y a des moments ou c'est drôle; ça dépend vraiment de l'état de ce jeune homme-là. Ça marche bien, en tout cas avec moi ça a très bien marché.
« L'ouvre-boite »
20, rue des Petites écuries
75010 Paris
Tél : 01 48 00 01 47
Je vais commencer par dire que ce n'est pas un livre sur les printemps arabes , et les révoltes des indignés espagnols?
C'est l'histoire d'un jeune homme qui grandit dans ce monde-là, et qui évolue dans ce monde-là.
Effectivement, forcément, on en parle parce que c'est son contexte de vie, il y prend part, plus ou moins malgré lui. Il le subit aussi plus ou moins malgré lui.
C'est pas un livre de politique, c'est pas un livre de sociologie; c'est un roman qui parle d'un jeune homme qui grandit là-dedans.
Il y a des moments ou c'est drôle, parce que Lakdar va bien, il est plein d'humour, il est amoureux, il a envie de séduire Judith, une jeune espagnole.
Dans ces moments là, c'est drôle, léger, souriant. Et il y a des moments ou c'est drôle; ça dépend vraiment de l'état de ce jeune homme-là. Ça marche bien, en tout cas avec moi ça a très bien marché.