Il fait la pluie et le beau temps ! Depuis plusieurs années maintenant, Louis Bodin est le monsieur Météo de RTL et on le retrouve aussi régulièrement sur TF1 où il nous invite, toujours avec sourire, à prendre ou non le parapluie.

La météo est une vraie passion pour Louis Bodin même si dans le ciel, il se rêvait plutôt pilote de chasse. A défaut, il scrute désormais les nuages et a su créer une vraie relation de confiance avec les téléspectateurs et les auditeurs.

Après avoir publié un premier ouvrage en 2007 « Comment prévoir sa météo », Louis Bodin revient en librairie avec un nouveau libre passionnant et original « Quand la météo fait l'Histoire ». L'idée de ce livre, nous expliquer comment les conditions météorologiques ont pu avoir une incidence sur des événements déterminants de notre histoire. Et Louis Bodin de retracer la bataille d'Azincourt, la Révolution française, l'hiver 54 de l'abbé Pierre ou plus récemment la tempête Xynthia. Et l'on constate que si les caprices du temps peuvent jouer un rôle déterminant, l'homme a souvent sa part de responsabilités.

Bien évidemment, en cette période où le climat est un enjeu pour l'avenir de notre planète, où nos dirigeants sont invités à réfléchir et à prendre position pour infléchir le réchauffement climatique, ce livre trouve un écho étonnant. A travers ces pages, Louis Bodin nous rappelle que nous ne sommes que de toutes petites choses face à l'immensité et à la complexité des éléments et il y a fort à parier que de nouveaux chapitres viendront s'ajouter dans les prochaines décennies aux événements racontés dans ce livre.

« Quand la météo fait l'Histoire » de Louis Bodin, est publié aux éditions Albin Michel

Philippe Chauveau :

Bonjour Louis Bodin. Merci d'avoir accepté notre invitation. Vous êtes en librairie avec cet ouvrage qui sort chez Albin Michel « Quand la météo fait l'Histoire ». Vous êtes le Monsieur météo de RTL, de TF1, c'est une passion la météo pour vous ?

Louis Bodin :

Oui, et ça l'a toujours été de manière indirecte, ma première passion c'est la planète. J'ai eu la chance, étant petit, d'être élevé en bord de mer , mon père était militaire et il nous a fait beaucoup voyager ; j'en ai gardé des choses fortes. La passion de la mer, de l'aérien, puis de la météorologie, parce que quand on fait de la voile il faut regarder la météo.

Philippe Chauveau :

Être à la radio ou à la télé ce n'étais pas prédestiné, c'est une autre partie du ciel qui vous a longtemps fasciné, puisque vous vouliez être pilote de chasse.

Louis Bodin :

Exactement, je n'ai pas passé la visite médicale, ma vue n'était pas assez bonne mais le ciel m'attirait déjà. L'idée de partir dans l'espace me plaisait et quand on ne peut pas vivre sa passion, on cherche des moyens détournés pour y revenir. Ayant un cursus scientifique, la météorologie était comme une évolution naturelle parce que cela me permettait de revenir dans ces milieux là avec un métier, une compétence et donc une légitimité.

Philippe Chauveau :

Vous êtes aussi sportif, vous avez été dans l'athlétisme, vous avez aussi été sur les mers et d'ailleurs vous dédicacez cet ouvrage à Florence Arthaud que vous avez accompagnée.

Louis Bodin :

C'est vrai que la météorologie, avec cette compétence, m'a permis de revenir dans ces deux milieux, l'aérien et la mer, en particulier la mer avec la course au large et j'ai eu la chance d'avoir la confiance de Florence Arthaud au moment où elle avait un gros projet, donc cette victoire sur la Route du Rhum et record de l'Atlantique. Moi, je me suis mis dans son sillage, j'ai appris, j'ai eu la chance de naviguer sur un bateau extraordinaire et puis j'ai poursuivi ma carrière de météorologiste dans ce milieu-là pendant une quinzaine d'année.

Philippe Chauveau :

Aujourd'hui, vous faites la pluie et le beau temps, on vous aime ou on vous déteste en fonction de la météo que vous nous annoncez. Est-ce qu'il y a une évolution dans le métier ? On a parfois l'impression que vous êtes plus présentateur que météorologiste, alors y a-t-il une évolution dans le métier ?

Louis Bodin :

Oui, déjà, je suis le seul météorologiste de formation à la télévision, cela ne veut rien dire sur la manière dont on traite l'information. Et c'est vrai que j'ai vu évoluer ce métier là parce que la crédibilité s'est améliorée. Quand j'ai commencé dans les années 80, la précision météorologique n'était pas très fiable et je me souviens de gens qui me disaient « mais c'est un métier ça ? », on en rigolait encore et on ne lui accordait pas un gros crédit. Aujourd'hui, c'est presque l'inverse, vous l'avez dit on nous aime ou pas en fonction du temps qu'il fait comme si on en était responsable et on est passé dans un excès inverse.

Philippe Chauveau :

Vous qui êtes météorologiste depuis de nombreuses années, comment vivez-vous tout ce que l'on nous dit sur le réchauffement climatique, lorsque l'on voit la Cop 21 et les Etats qui se réunissent pour élaborer des stratégies. Vous, avec le recul, comment vivez-vous tout cela ?

Louis Bodin :

Je pense que justement, il faut garder du recul. Les conclusions du GEC sont très alarmistes. Je pense que cela reste du domaine de la recherche, que cette recherche évolue, on va encore apprendre des choses dans la manière dont la terre réagit face à ce que fait l'homme. Mais, quoi qu'il arrive, il ne faut pas oublier que la terre ne respire pas au rythme d'une génération, et ça on l'oublie souvent aujourd'hui. Quand j'entends dire « je n'avais jamais vu une situation pareille depuis que je suis petit », oui c'est tout à fait possible, la terre ne nous a pas attendus, elle respire depuis plusieurs millions d'années et elle a des soubresauts. Quand on est dans un pays comme la France qui est au carrefour de pleins d'affluences, d'un demi-siècle à l'autre on peut avoir des changements que l'on a pas connus. Il ne faut pas perdre cela de vue, on perd souvent le bon sens, il y a une sorte d'hystérie, je pense qu'il faut rester calme mais en faisant bien évidemment attention à notre planète.

Philippe Chauveau :

Votre actualité Louis Bodin « Quand la météo fait l'Histoire » aux éditions Albin Michel.

Philippe Chauveau :

C'est votre deuxième titre Louis Bodin, vous aviez publié précédemment « Comment prévoir sa météo ». Aujourd'hui, vous avez décidé d'associer la météo à l'Histoire et j'ai trouvé ça très original et passionnant. Vous nous expliquez qu'il y a plusieurs grands événements de notre histoire commune qui ont été plus ou moins liés au temps qu'il faisait à ce moment-là. Vous avez découpé votre livre en trois parties, avec les grandes batailles comme Azincourt ou Waterloo, les évènements sociétaux avec la Révolution française, et puis la politique avec Xynthia, par exemple. Pourquoi avoir eu envie d’écrire cet ouvrage ?

Louis Bodin :

Simplement parce que je suis passionné d'Histoire en tant qu'amateur, donc j'aimais l'idée de lier cela à la météorologie et puis le fait de prendre du recul et de ne pas être dans cette peur que je note aujourd'hui. Je le vois bien dans les questions qu'on me pose dans la rue « Alors, le réchauffement climatique, est-ce qu'on a tout déréglé ? Et regardez ce qu'il s'est passé dans le sud … » . Il faut remettre un petit peu de raison dans tout cela, ce qui n’empêche pas qu'il faut effectivement faire très attention à notre planète, réfléchir aux bonnes technologies pour justement laisser un peu moins de traces sur la planète. Même si immanquablement, quand on est sept milliards et bientôt neuf milliards, on en laisse une. Je voulais aborder la météorologie de manière ludique, avec de l'Histoire. Cela pouvait intéresser les gens et Albin Michel avait un peu la même idée.

Philippe Chauveau :

Il y a des choses passionnantes dans ce livre, notamment Azincourt, cette grande bataille de 1415 qui a décimé une partie de la noblesse française. Lorsqu'on lit vos pages, on se dit que si le soleil avait été présent, la bataille aurait pris un autre tournant.

Louis Bodin :

Exactement, c'est cela que j'ai aimé dans ce livre, me remettre dans le contexte. La météorologie à cette époque-là était subi, cela faisait même encore partie du surnaturel où l’on faisait appel à Dieu quand on voulait avoir de meilleurs cultures ou récoltes. Les chevaliers vont aller contre la météo pour se montrer plus forts qu'elle, mais sans l'écouter et il s'y sont perdus. Il y avait eu de la pluie pendant deux ou trois jours d'affilée, les routes étaient pleines de boue, et on se rend compte avec les documents que la plupart des chevaliers était déjà à terre avant l'arrivée des archers ennemis qui n'avaient plus qu'à finir le travail.

Finalement, d'une bataille qui sur terrain sec aurait été probablement à l'avantage des chevaliers français, les anglais l'ont emporté.

Philippe Chauveau :

Plus proche de nous, la tempête Xynthia avec les conséquences que l'on sait, sur les terres et les humains qui y ont perdu la vie. Mais vous nous faites remarquer que, si l'on peut incriminer les conditions climatiques, on ne doit pas oublier la part de responsabilité de l'homme.

Louis Bodin :

Exactement, c'est très juste d'utiliser cet exemple-là. On a très vite fait d'accuser les changements climatiques mais attention, quelles que soient les conditions météorologiques et ses évolutions, il faut respecter ce que la nature nous dit. Et nous ne l'avons pas fait, notamment dans le sud-est, autour de la méditerranée, on l'a pas fait avec Xynthia sur la côte Atlantique. Si je sors du cadre français, on ne l'a pas fait du côté de la Nouvelle-Orléans. Sur la côte Atlantique ce sera assez rare mais sur la côte méditerranéenne, ce qu'on appelle les épisodes cévenoles, de fortes pluies quand la Méditerranée est chaude, c'est quelque chose qui existe depuis très longtemps, il n'y a pas d'histoires de réchauffement climatique.

Philippe Chauveau :

Vous le disiez en préambule, vous êtes un passionné d'Histoire, mais on sent quand même que vous voulez nous alerter, vous nous dites « faisons attention ! », c'est la démarche du livre ?

Louis Bodin :

C'est la démarche du livre, c'est le bon sens, je ne vois pas d'autre terme à utiliser. Il faut garder nos sens, les cinq sens, prendre conscience de cela : écouter, regarder, toucher, respirer... Voilà, si on garde ces cinq sens-là, forcément on a un rapport à la nature et à l'autre qui reprend une dimension plus humaine, altruiste, avec de la réflexion, avec de l'intelligence et avec de la sensibilité.

Philippe Chauveau :

Votre actualité Louis Bodin « Quand la météo fait l'Histoire » aux éditions Albin Michel.