Philippe B. Grimbert

Philippe B. Grimbert

Panne de secteur

Portrait 00'05'27"

Philippe Chauveau :

Bonjour Philippe B. Grimbert. Je prononce le B. forcément, puisqu'il apparaît sur la couverture de votre premier roman mais aussi parce qu'il y a, dans le milieu littéraire français, un homonyme célèbre aussi. C'est donc votre premier livre. Mais avant de parler de votre entrée en littérature avec « Panne de secteur », faisons un peu plus connaissance. Aujourd'hui, vous êtes professeur en médecine. Mais les livres, m'avez-vous laissé entendre, ont toujours fait partie de votre décor familial. Expliquez-nous ?


Philippe B. Grimbert :

Oui, absolument. J'ai été élevé dans une famille où les livres avaient une place centrale et, en particulier, un père qui était un lecteur permanent et insomniaque. Je pense qu'il passait ses nuits à lire et quand il ne travaillait pas, j'ai l'impression de l'avoir toujours vu lisant et me pourchassant avec ses passages de livres, avec ces extraits. Alors, évidemment, comme toutes les relations parents-enfants, il m'a fallu un peu de temps pour réapprendre à approcher cet objet comme ça, sans craindre les livres. Ils étaient tellement investis, tellement sacralisé que pour moi, ce n'était pas un objet évident. Et puis, c'était intégré dans une relation conflictuelle avec mon père. Donc, évidemment, prendre mes distances avec lui, c'était aussi prendre mes distances avec la littérature. Il m'a fallu du temps pour y revenir de manière un peu plus singulière. Et puis réemprunter comme ça, ces passages que je n'avais pas toujours fidèlement suivis dans l'enfance. Evidemment, ça a été pour moi une chose très importante dans la seconde partie de ma vie.


Philippe Chauveau :

Finalement, comment s'est faite cette nouvelle rencontre avec le livre, avec la littérature ? Puisqu'il y a eu, on l'a compris, ce désamour. Vous vous réappropriez le livre en avançant dans votre vie personnelle. Pourquoi ? Comment ? Une rencontre ou des rencontres ?


Philippe B. Grimbert :

Des livres, j'en avais tout le temps sous la main. Et puis, c'est vrai qu'il y a eu des rencontres à la fin de l'adolescence avec les grands novellistes allemands, en particulier de la fin du XIXème ou du début du XXe siècle. La littérature allemande était très importante dans la famille. Mon père lisait en allemand et vraiment, il avait une vénération pour les grands auteurs allemands. Donc, évidemment, Goethe, Hofmannsthal, etc… Moi, j'y suis entré plus sobrement avec Szweig et Schnitzler. Cette grande littérature de l'introspection du début du siècle m'a tout de suite beaucoup touché. Puis ensuite, on procède par élargissement progressif. Je me suis mis à lire tardivement les classiques, bien après l'adolescence, à partir de 20 ans. Il y a aussi, comme sûrement beaucoup de gens de ma génération, des rencontres qui sont extrêmement importantes. « La recherche du temps perdu », c'est la grande rencontre avec l'écriture, de ce que peut être l'écriture, de ce qu'elle peut provoquer, de ce qu'elle peut bouleverser. J'ai le souvenir de ces premières nuits d'insomnie durant lesquelles je ne pouvais pas quitter un volume de « La recherche ». Ça, c'est quelque chose qui est apparu, mais finalement, beaucoup plus tard après vingt ans.


Philippe Chauveau :

Faisons juste une petite une petite parenthèse. On l'aura compris, le livre fait maintenant partie de votre vie, ais il y a la médecine aussi. Je l'ai dit en préambule, vous êtes professeur en médecine. Expliquez-nous, en quelques mots, quelle est votre travail, votre rôle ?


Philippe B. Grimbert :

Effectivement, je suis médecin et universitaire, fonctions que l’exerce dans les centres hospitaliers universitaires où l’on fait à la fois de soin, de l’enseignement et de la recherche. Pour ma part, j’ai la chance de diriger un service qui fait de la transplantation rénale. On est assez loin de la littérature ! C’est un service consacré à la greffe de rein, ce qui consiste à proposer des traitements à des patients insuffisants rénaux. A côté de cela, il y a donc une partie d’enseignement de ma spécialité puis de la recherche dans les domaines de l’immunologie de la greffe. Rendre les corps tolérants à des greffes, voilà le sujet qui me préoccupe !


Philippe Chauveau :

Alors, l'écriture dans tout cela, pourquoi ? On l'a compris, vous avez une profession qui vous plaît, qui vous prend beaucoup de temps. Il y a cette émission à la radio. Vous êtes aussi un gros lecteur. Et puis, l'envie de l'écriture, pourquoi ?


Philippe B. Grimbert :

L'envie de l'écriture est beaucoup plus récente. L'envie de l'écriture, c'est, je crois, ce qui traverse tout lecteur. C'est à dire que la prégnance des mots, des phrases dans ce qu'on lit donne l'envie, je crois, à un moment donné, du passage à l'acte. L'idée de s'essayer à cela, à une narration, à une introspection, à un récit. Quant à savoir pourquoi les choses arrivent… Alors là, je ne sais pas. Cela reste une partie des mystères, heureusement. La manière dont surgissent les mots ou dont se lèvent des barricades, je ne sais pas comment ni pourquoi, c'est compliqué. Il faudrait peut-être du temps pour décortiquer ces choses-là, mais je crois que tout le monde est confronté à ce fait, qu'à un moment donné, quelque chose qui n'est pas possible le devient.

Philippe Chauveau :

C'est donc votre premier roman Philippe B. Grimbert, « Panne de secteur », et le livre est publié aux éditions Le Dilettante.

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  • Un premier roman est toujours l’occasion de faire connaissance avec un nouvel auteur, avec son écriture, avec son univers. C’est surtout l’occasion de comprendre pourquoi et comment l’écriture arrive dans une existence. Concernant Philippe B. Grimbert, c’est la médecine qui occupe son temps professionnel. Professeur en milieu hospitalier, il est spécialisé en transplantation rénale. On est alors bien loin de la littérature. Et pourtant… Vivant depuis l’enfance au milieu des livres, au point d’en faire un rejet par...Panne de secteur de Philippe B. Grimbert - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Bonjour Philippe B. Grimbert. Je prononce le B. forcément, puisqu'il apparaît sur la couverture de votre premier roman mais aussi parce qu'il y a, dans le milieu littéraire français, un homonyme célèbre aussi. C'est donc votre premier livre. Mais avant de parler de votre entrée en littérature avec « Panne de secteur », faisons un peu plus connaissance. Aujourd'hui, vous êtes professeur en médecine. Mais les livres, m'avez-vous laissé entendre, ont toujours fait partie de votre décor familial....Panne de secteur de Philippe B. Grimbert - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau : Quelle drôle d'histoire, Philippe B. Grimbert ! J'ai déjà eu un coup de cœur pour la couverture. Je trouve que la création graphique au Dilettante a fait un très joli travail avec ce jeu de l'oie qui nous explique que rien ne va être simple dans la vie de ces trois personnages que vous nous présentez. Il y a un couple, c'est un couple d'aujourd'hui. Ils s'appellent Paul et Sylvie. Ils vivent à Paris. Et puis, il la petite Bérénice qui va venir couronner cet amour, s’il s’agit bien d’amour dans ce...Panne de secteur de Philippe B. Grimbert - Livre - Suite