Janine Boissard est incontestablement une des romancières les plus populaires de France, son goût de l'écriture lui vient de l'enfance et ne l'a jamais quitté. Elle a 22 ans lorsqu'elle publie son premier roman Driss, en cachette de sa famille et de son mari. Encouragée par son éditeur de l'époque, Robert Julliard, elle poursuit sur sa lancée. Passionnée de polar, elle écrit B comme Baptiste et avec ce livre devient la première femme a intégré la fameuse série noire.
Mais le grand succès de Janine Boissard reste L'esprit de Famille, vendu à plusieurs millions d'exemplaires et adapté pour la télévision. Roman intergénerationnel sur les changements de notre époque et sur les conflits entre les parents et les enfants, c'est un livre qui aura marqué son temps.

Suivront Marie-Tempête, Belle-grand-mère ou encore Priez pour petit Paul et Allez, France ! tous succès de librairie.

Le nouveau livre de Janine Boissard  Loup, y es-tu ? vient de paraître aux éditions Robert Lafont et voilà un roman qui va tenir le lecteur en haleine. Une sombre histoire de famille, de souvenirs enfouis, d'enfants abandonnés. Loup, y es-tu ?, c'est un livre dans lequel on retrouve toute la patte de Janine Boissard.

Loup, y es-tu ? aux éditions Robert Lafont. Janine Boissard qui nous reçoit pour Web Tv Culture.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Bonjour Janine Boissard.

Janine Boissard (Loup, y es-tu ?) :
Bonjour.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Merci de nous recevoir ici chez vous. La littérature, j’ai envie de dire, c’est votre vie, dès que vous étiez enfant, vous avez eu envie d’écrire ?

Janine Boissard (Loup, y es-tu ?) :
Dès que j’ai commencé à lire, et que ma mère a commencé à me raconter des histoires, je ne me suis plus intéressée qu’à ça, ce qui m’a valu d’être r'envoyée, j’habitais dans le 16e,  de toutes les boîtes du 16e. J’étais toujours la première en français. Mais comme je ne faisais rien d’autre, voilà j’étais considéré comme « qu’est-ce qu’on va faire de toi ? », on connaît la phrase, voilà. J’ai quand même hésité beaucoup, entre la musique, le piano et l’écriture.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
L’écriture devient donc votre vie, vous publiez à l’âge de 20 ans, 22 ans, un 1er livre, grâce aux Editions Julliard, puis le succès finalement, ne s’est jamais arrêté, puisque vous avez été la 1ère femme à intégrer la série noire, c’était avec B comme Baptiste ?

Janine Boissard (Loup, y es-tu ?) :
J’avais un agent qui lorsque j’étais en voyage, avait, je fermais le manuscrit elle le proposait à la série noire, elle n’a pas osé le dire que j’étais une femme, il y avait 0 femme, y compris aux Etats-Unis, donc elle n’a pas osé le dire, et tout de suite ils ont pris B comme Baptiste. J’arrive à la série noire chez Gallimard dans un nuage de fumée des bonshommes avec les pieds sur la table, tout juste si ils n’avaient le colt aux côtés, j’étais toute jeune, et mon agent dit voila: Janine regarde donc. Mais ça n’était pas ma veine. Après j’ai publié L’esprit de famille, et là je suis vraiment tombée dans ce que j’aimais écrire, la famille, maintenant, notre temps, et l’évolution.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Justement L’esprit de famille en 1977, qui sera adapté au cinéma, à la télévision, et qui reste encore aujourd’hui, lorsqu’on dit Janine Boissard, instinctivement on répond L’esprit de famille, comment expliquez-vous ce succès ?

Janine Boissard (Loup, y es-tu ?) :
D’abord, je n’y croyais pas, c’était l’époque où on disait que la famille n’existait plus, ce qui était une énorme bétise, que la famille soit bonne ou mauvaise on vit avec, on est bien obligé de l’accepter. Donc la famille a toujours une importance énorme. J’étais en phase avec la vie, avec les jeunes avec le langage, c’est ça et puis je parlais d’une famille gaie, joyeuse, avec quand même toutes les choses sombres qui peuvent arriver, qui arrivent à tout le monde, si vous voulez mais en finissant bien. Vous ne me ferez jamais finir mal un livre c’est impossible. Mais ça ne m’empêche pas de montrer tout ce qui se passe dans la vie c’est ce qu’on appelle une littérature populaire.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Littérature populaire, ce qui veut dire aussi grand attachement des lecteurs, vous aimez ce contact avec vos lectrices et vos lecteurs, lorsque vous êtes dans les salons par exemple ?

Janine Boissard (Loup, y es-tu ?) :
Je passe des heures en écriture avec bonheur, j’aime cette solitude, puis j’ai vraiment besoin d’aller rencontrer mes lecteurs, et je vais vous dire une chose, modestement, j’ai besoin qu’ils me disent qu’ils m’aiment.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Vous-même, quelle lectrice êtes-vous ? Quels sont les auteurs classiques ou contemporains que vous aimez retrouver régulièrement, que vous avez sur votre table de chevet peut-être ?

Janine Boissard (Loup, y es-tu ?) :
Alors je vais peut-être vous étonner. D’abord, 6 mois de l’année je ne lis pas pour mon plaisir, parce que vu mon âge, je ne préside pas, si vous voulez, je fais partie de certains prix, et comme je suis très consciencieuse, je lis les livres. Quand je lis pour mon plaisir vous savez ce que je lis, la littérature américaine. Elle est vaste comme le pays. Stephen King, le polar américain, ou Philip Roth, vous voyez,  la littérature américaine.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Vous avez un petit raconté votre parcours dans un livre qui s’est intitulé La Princesse du château, l’écriture finalement, c’est une revanche sur la vie ?

Janine Boissard (Loup, y es-tu ?) :
C’est cette petite fille qui était appelée l’anormale ou la « pas pareil » chez elle, s’est dit qu’elle voulait être célèbre, mais quand j’y pense je pense à l’instant, il n’y avait pas la télévision quand j’étais petite, pour mon père qui est mort trop jeune, la musique et le livre était roi, et peut-être pour me faire reconnaître de ce père, c’est peut-être pour ça que j’ai pensé au piano et à l’écriture. Et puis, c’était déjà ma façon de respirer, tous les matins si je n’écris pas dès 5 heures du matin, j’ai peur d’avoir perdu ma voix, parce que le style d’un écrivain c’est sa voix, et comme cette cantatrice, qui était Teresa Berganza qui disait, quand je me lève, il faut que je pousse une trille, parce que sinon j’ai peur d’avoir perdu ma voix. Il faut que j’écrive quelques phrases pour savoir que c’est encore là.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Merci beaucoup Janine Boissard, votre nouveau roman aux Editions Robert Laffont, Loup y es-tu ?

Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Janine Boissard, nous sommes ensemble à l’occasion de la sortie chez Robert Laffont de votre nouveau roman j’ai envie de dire, votre nouveau thriller, Loup y es-tu ? Nous sommes avec Manon, Manon a 28 ans, et un jour en rentrant chez elle, il y a un enfant sur le pas de sa porte, comment cette histoire est-elle née dans votre imagination débordante ?

Janine Boissard (Loup, y es-tu ?) :
Je suis partie de cette image là, et d’une famille un peu compliquée pour une fois. Je raconte beaucoup de familles heureuses et celle-ci est compliquée. Manon a donc 28 ans et elle a réalisé son rêve, elle travaille pour la télévision, elle est même présentatrice d’une émission, et c’est un rêve revanche, parce qu’elle avait un père pervers, qui, pour elle, Manon et sa sœur plus jeune. Voilà comment ça se passait. Le soir,  il les laissait le soir regarder une série, ces séries qu’aiment tant regarder les ados ou les enfants et au moment le plus palpitant « allez allez les filles, au lit », c’est ça la perversité. Et elle et sa petite sœur s’étaient promis un jour de se venger en passant sur le petit écran, défiant leur père si vous voulez. Donc je suis parti de ça et de cette idée, de cet enfant qu’elle allait retrouver au coin de sa porte avec un message sur son portable, « sauvez-le ». Et cet enfant, lorsqu’il lève les yeux, il a des yeux bleu turquoises extraordinaires, et ce sont les yeux de sa sœur cadette. Le seul ennui, c’est que sa sœur cadette est morte il y a 4 ans en Sicile sans laisser d’enfant. A ce moment-là,  maintenant elle n’aura plus qu’une volonté farouche de repartir dans les pas de sa sœur pour voir ce qu’il lui est arrivé et d’où vient cet enfant.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Manon est le personnage principal mais il y a tout autour d’elle d’autres personnages qui gravitent, qui ont aussi leur importance, tout une galerie de portraits auxquelles vous vous êtes beaucoup attachée ?

Janine Boissard (Loup, y es-tu ) :
Oui beaucoup, parce que je vais vous dire, il y a en somme trois histoires d’amour. Il y a celle de Manon, Bourse ce petit garçon, il y a celle de  Vic et Armelle. Alors Vic et Armelle, je voulais un peu d’humour et de gaieté. Vic et Armelle sont 2 femmes, qui vivent ensemble, c’est un vieux couple, elles vivent depuis très longtemps, elles s’aiment vraiment, beaucoup beaucoup, l’une est sa productrice, et l’autre est patron en gynécologie. Et elles ont pris Manon sous leurs ailes. Manon les appellent ses anges gardiennes. Et la troisième histoire d’amour vient de Juan. Juan c’est un…j’allais dire un beau mec, bon c’est un bel homme, qui a mené une vie de baroudeur, et que les anges gardiennes vont charger de protéger Manon. Quand elles savent que Manon va aller en Sicile, il va y avoir une histoire d’autant plus belle, entre Manon et Juan, que Manon ayant eu sur elle le regard négatif d’un père, Manon ne se reconnaît pas comme femme, et ne sent pas femme, elle n’éprouve pas le plaisir. Et Juan va lui rapprendre à se trouver belle.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Dans cette histoire, Janine Boissard, on retrouve les ingrédients qui ont finalement fait votre succès. Il y a ces personnages, ces intrigues familiales, et puis il y a aussi ce suspense qui fait que l’on tourne les pages frénétiquement en attendant la suite des rebondissements. Vous aviez envie de faire un roman qui soit un petit peu différent des autres, en y ajoutant ce côté thriller, policier ?

Janine Boissard (Loup, y es-tu ?) :
Je ne le savais pas du tout, c’est mon éditeur. Vous savez, je ne le montre à personne quand j’écris, sauf à mon éditeur. Je montre quand j’ai écrit un tiers pour qu’il me dise, pour être rassuré : « allez-y c’est bien ». Il m’a regardé avec des yeux comme ça il m’a dit: « Janine, vous êtes en train de nous écrire un thriller psychologique formidable » Et je disais à mes lectrices hier, parce que j’étais à une signature, « Surtout je vous en prie, ne commencez pas par la fin » parce que il y a beaucoup de lectrices qui commencent par regarder un petit peu la fin pour prendre la température du livre en somme, et surtout pas, parce que, jusqu’à la fin, il y a un grand mystère qui règne, et c’est ça qui est passionnant. Mais toujours, mes livres, depuis le premier, je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que j’ai peur qu’on me quitte qu’on m’abandonne, à la fin du chapitre, je fais une amorce sur l’autre de façon à ce qu’on ait envie de tourner la page et de continuer. Voyez, c’est peut-être de cette peur d’être laisser ou d’ennuyer qui fait ça.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Merci beaucoup Janine Boissard, Loup y es-tu ?, c’est donc votre nouveau roman et c’est aux Editions Robert Laffont.