Simone Bertière

Simone Bertière

Louis XIII et Richelieu, la malentente

Portrait 6'52

Philippe Chauveau

Bonjour Simone Bertière.

Simone Bertière

Bonjour Philippe Chauveau.

Philippe Chauveau

Merci de nous accueillir. Votre actualité aux éditions de Fallois, Louis XIII et Richelieu. On va parler bien sûr de ces deux grands personnages mais on va parler de vous aussi parce que je suis sûre que vous avez un parcours très intéressant. Vous faites partie de ces historiens, de ces auteurs comme Alain Decaux, comme Evelyne Lever, comme Jean Tulard, qui avez su ouvrir l'Histoire au plus grand nombre par vos ouvrages, en tous cas moi c'est comme ça que j'ai envie de vous présenter. Comment l'histoire devient-elle chez vous une passion ? Est-ce que déjà petite fille vous aimiez aller lire les livres d'Histoire ? Est-ce que les images d'Epinal vous ont fait grandir ? Pourquoi ce goût pour l'Histoire ?

Simone Bertière

J'ai toujours aimé l'Histoire. Au lycée, j'ai eu d'excellents professeurs d'Histoire, et effectivement, en ce temps là, on avait des cahiers d'Histoire et on les illustrait. Alors on découpait de vieux livres. Et je me souviens de gravures de qualité lamentable mais qui quand même ont imprimé dans nos esprits les grands Hommes de ce que l'on appelle aujourd'hui le roman national. Donc j'ai toujours aimé l'Histoire, mais finalement ma carrière, c'est une carrière de littéraire. Je suis entrée à Sèvres et après la licence, j'ai préparé une maîtrise, et l'agrégation de lettres classiques. Donc j'étais vouée finalement à enseigner les lettres et c'est ce que j'ai fait pendant une douzaine d'années comme professeur de classe préparatoire au lycée de jeune fille de Bordeaux. Mais mon mari, lui, avait décidé de travailler sur le cardinal de Retz, mémorialiste. Comme je lui servais de secrétaire au sens le plus trivial du terme c'est-à-dire que je tapais sur une Olivetti mécanique, je suis devenue dix-septièmiste par osmose, si vous voulez.

Philippe Chauveau

Justement, lorsque vous n'étiez pas en cours, lorsque vous n'étiez pas avec les étudiants ou lorsque votre mari ne vous obligeait pas à être derrière votre machine Olivetti, vous même, vous aviez goût pour la lecture de biographies historiques, vous vous intéressiez déjà à des époques précises de l'Histoire ?

Simone Bertière

Ecoutez, non. Je m'intéressais à l'Histoire dans la mesure où elle était essentielle pour l'étude des textes littéraires. Parce qu'on ne peut pas commenter un texte littéraire non contemporain si on ne le replace pas dans son milieu d'origine. Alors j'ai fait beaucoup d'Histoire autour des textes. Alors je me suis instruite énormément.

Philippe Chauveau

Alors ce qui vous amuse aussi, c'est que l'on dit Simone Bertière historienne, et en fait, vous n'avez pas fait d'études d'Histoire, et ça, ça vous amuse parce que finalement, vous êtes la preuve qu'on peut être une spécialiste d'Histoire sans forcément avoir suivi le cursus. Simone Bertière Ecoutez là, vous me faites grand crédit. Les historiens considèrent toujours que je ne suis pas l'une des leurs. Philippe Chauveau Il y a toujours ces clivages, ces petites gué-guerres.

Simone Bertière

Oui. Il n'y a pas très longtemps, on m'a demandé de quel historien j'étais la disciple. Alors j'ai ri, j'ai éclaté de rire parce que tout mon effort a été justement de me séparer de la façon de raconter des historiens. Alors il faut dire que je suis historienne mais je m'en tiens à ce qui relève de mes propres capacités, mes propres curiosités intellectuelles, autrement dit, je ne fais pas d'Histoire globale, de l'Histoire des institutions. Ce qui m'intéresse, ce sont les moeurs et les mentalités. Alors là, je suis à cheval sur la littérature et sur l'Histoire parce que rien ne trahit mieux les mentalités que les oeuvres de fiction.

Philippe Chauveau

Finalement, le point de départ, c'est la disparition de votre époux puisque vous avez repris ses recherches. Il avait fait donc une thèse sur le cardinal de Retz. Vous vous emparez de ses recherches, et vous publiez en 1990 un premier livre.

Simone Bertière

C'est-à-dire que malheureusement, il est mort au moment de mettre le point final à sa thèse, alors on m'a permis, et j'en suis très reconnaissante à l'Université, de soutenir cette thèse à titre posthume et de la publier. Alors ensuite, moi j'avais déposé une thèse, je pensais travailler sur les conteurs français et italiens de la Renaissance. Mais une dans la famille, je trouvais que ça suffisait. J'ai tout abandonné et je me suis consacrée uniquement à l'enseignement. Là mon poste était à Bordeaux, j'habitais ici. Il y a eu un moment où j'en ai eu assez, donc j'ai pris ma retraite à 60 ans mais avec l'idée de faire des édition de textes. Alors j'ai édité les Mémoires du cardinal de Retz. On m'avait demandé de faire cette édition. Et ensuite, je me suis dit après ce travail, que j'avais de quoi faire une biographie. Toutes les biographies actuelles sont dépassées. Donc j'ai fait une biographie du cardinal de Retz.

Philippe Chauveau

Le virus était pris finalement, parce qu'après vous avez enchainé les titres.

Simone Bertière

J'ai enchainé et je suis toujours restée fidèle à Bernard de Fallois qui est un éditeur remarquable.

Philippe Chauveau

Et aujourd'hui, vous faites toujours partie de la maison de Fallois.

Simone Bertière

Je continue de publier chez de Fallois.

Philippe Chauveau

Là où vous êtes aussi maintenant très très réputées Simone Bertière, c'est pour les ouvrages que vous avez consacrés aux différentes Reines de France et à travers ces personnages, c'est aussi une certaine condition de la femme que vous nous présentez au fil des siècles. Pour quoi ce choix ?

Simone Bertière

Les reines, elles apparaissaient dans l'Histoire uniquement dans ce qu'en disaient les hommes, c'est-à-dire quand elle avaient joué un rôle dans la politique. Mais moi j'ai dit : en quoi consiste la vie d'une reine ? Qu'est-ce qui attend une femme quand elle devient Reine de France ? Et bien pas grand chose de bon. Donc je suis partie d'Anne de Bretagne parce qu'avant, on n'a pas de documents suffisants sur leur mode de vie, et je les ai toutes suivies les unes après les autres avec toujours cette question clef : comment ont-elles vécu leur condition ? Comment ont-elles fait face à leur métier etc...

Philippe Chauveau

Simone Bertière, ce que l'on apprécie aussi dans vos ouvrages, c'est que la recherche est là, il y a les éléments, l'Histoire est bien présente. Et puis aussi votre écriture. Votre style qui est intéressant.

Simone Bertière

Justement, j'allais vous dire. Ce qui me différencie fondamentalement de la plupart des historiens, c'est que je choisis mon public. Et ça, ça me parait le B.A-BA pour tout écrivain. Alors quand j'écris, j'écris pour un interlocuteur imaginaire. Donc il y a du parler dans mon style, il faut que ça coule.

Philippe Chauveau

Il y a du parler, et il y a souvent aussi un peu de taquinerie, un peu de sourire.

Simone Bertière

Mais oui, mais bien entendu parce que je m'imagine mon lecteur et je me dis : est-ce qu'il va comprendre ? Si je pense que non, et bien je donne l'explication. Et s'il y a quelque chose qui me fait sourire, et bien j'aimerais bien qu'il souri avec moi.

Louis XIII et Richelieu, la malentente De Fallois
  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • Simone Bertière fait partie de ces historiens qui ont su se faire apprécier du grand public, sachant à la fois présenter un travail de recherches fourni, méticuleux, novateur tout en proposant une écriture vivante et dynamique. Professeur de lettres, c’est au début des années 1990 que Simone Bertière entre dans le cercle restreint de l’édition historique, en reprenant le travail entrepris par son époux défunt, sur le cardinal de Retz. Fort du succès de ce premier livre récompensé par plusieurs prix, encouragée par son...Louis XIII et Richelieu, la malentente de Simone Bertière - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau Bonjour Simone Bertière. Simone Bertière Bonjour Philippe Chauveau. Philippe Chauveau Merci de nous accueillir. Votre actualité aux éditions de Fallois, Louis XIII et Richelieu. On va parler bien sûr de ces deux grands personnages mais on va parler de vous aussi parce que je suis sûre que vous avez un parcours très intéressant. Vous faites partie de ces historiens, de ces auteurs comme Alain Decaux, comme Evelyne Lever, comme Jean Tulard, qui avez su ouvrir l'Histoire au plus grand nombre par vos ouvrages,...Louis XIII et Richelieu, la malentente de Simone Bertière - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau Parlons de votre actualité Simone Bertière puisque vous publiez au éditions de Fallois ce nouveau titre, Louis XIII et Richelieu avec un sous-titre qui est vraiment très explicite : la Malentente. Si je résume, voilà deux personnages que tout opposait, deux personnages qui ne s'entendaient pas du tout mais qui pour la grandeur de la France, ont décidé de travailler ensemble. C'est ça finalement que vous avez eu envie de raconter. Simone Bertière Oui, ils n'ont pas vraiment décidé de travailler ensemble....Louis XIII et Richelieu, la malentente de Simone Bertière - Le livre - Suite