Vladimir Fédorovski

Vladimir Fédorovski

Le roman de Tolstoï

Portrait 4'35
Philippe Chauveau :
Bonjour Vladimir Fédorovski. Vous nous recevez ici, chez vous, dans votre jardin, à quelques kilomètres de Paris. Le grand public vous connait pour vos livres, notamment sur la Russie. Vous publiez d'ailleurs aux éditions du Rocher un nouvel ouvrage Le roman de Tolstoï. Mais j'aimerais auparavant savoir, Vladimir Fédorovski enfant, c'était la Russie mais quel enfant étiez-vous ?

Vladimir Fédorovski
C'était la datcha ! C'est exactement comme ici, avec des glycines ou des bouleaux plutôt. Mais c'était une enfance qui était quand même déterminée par une ambiance particulière. C'était l'héritage de Staline.

Philippe Chauveau
Lorsque vous étiez enfant ou adolescent, est-ce que vous ressentiez cette chape de plomb qu'était l'URSS à l'époque ou est-ce que vous aviez une âme d'enfant vagabonde ?

Vladimir Fédorovski
Il y avait une façade qui était une façade de régime totalitaire mais il y avait vie qui continuait et qui a donné des choses merveilleuses, une littérature exceptionnelle, la musique… L'autre jour, je parlais avec mon ami Mikhaïl Rudy, pianiste exceptionnel, l'un des premiers dissidents artistiques ; il a choisi la liberté avant tout le monde, combattant pour la liberté et il m'a dit : « on me dit que sous Brejnev, la culture n'existait pas ? Mais d'où venons-nous tous ? D'où vient Soljenitsyne ? D'où vient Noureev ? Et les autres ? De là ! » dit Rudy. C'était supérieur, je suis désolé de vous le dire, à la médiocrité ambiante d'aujourd'hui. Je ne dis pas spécialement française mais médiocrité ambiante qui existe bel et bien.

Philippe Chauveau
Votre enfance et votre adolescence en URSS, c'était où ? Du côté de quelle ville ?

Vladimir Fédorovski
J'étais à Moscou essentiellement mais il faut dire que comme d'habitude, encore un héritage de Tolstoï, c'est la nature qui me réconfortait, cette image de la Russie éternelle, ces demeures qui ont été souvent très bien restaurées d'ailleurs. Il ne faut pas se leurrer, pendant la période soviétique, le fief de Tolstoï, Iasnaïa Poliana était un haut lieu de pèlerinage. Enfant, j'ai découvert tous ces endroits qui ont donné la lumière, qui m'ont bercé, qui nous ont formés réellement. Et je pense que ce désir de liberté qu'on a réalisé plus tard avec Gorbatchev vient de cet héritage qui a transgressé ce filet de régime totalitaire qui existait bel et bien.

Philippe Chauveau
Dans plusieurs de vos précédents livres, vous avez rappelé cette relation qui existe entre la France et la Russie, que ce soient les architectes français qui ont construit Saint Petersbourg, que ce soient les artistes russes qui sont venus s'installer en France.
Est-ce que vous avez l'impression d'être dans cette histoire, dans cette grande lignée franco-russe ?

Vladimir Fédorovski
Historiquement parlant, il y avait toujours le profil de l'écrivain russe qui était souvent en France, qui écrivait toutes les langues, etc… Pouchkine faisait ça, Tolstoï a des pages entières qui ont été écrites en français. Il y a toujours un russe à Paris, le plus emblématique encore une fois, qui habitait pas loin d'ici, à Bougival, qui avait une copine, française évidemment, Pauline Viardot ; c'est le grand Tourgueniev, un merveilleux styliste. Je passe des écrivains du XXème siècle, Nabokov est un exemple classique qui écrivait toutes les langues. Tout ça, c'est une chose qui existe en nous, il y a ce côté universel de la culture russe et de la littérature russe.
L'Europe est en déclin aujourd'hui et je pense que cette filiation franco-russe, sur le plan culturel, peut donner quelques espoirs.

Philippe Chauveau
Vous qui êtes un écrivain aujourd'hui reconnu dans le monde entier, qui avez sillonné tous les continents, que reste t'il du petit enfant russe qui gambadait dans les parcs de Moscou. Que reste t-il de cet enfant aujourd'hui chez Vladimir Fédorovski ?

Vladimir Fédorovski
Vous savez, moi j'espère garder ce regard d'enfant quand même. Je suis toujours émerveillé par exemple devant Maupassant et la fraîcheur de ce regard, j'espère la garder. Est-ce que c'est possible ? Ca, c'est une autre question.

Philippe Chauveau
Merci beaucoup Vladimir Fédorovski. Le roman de Tolstoï, aux éditions du Rocher, c'est votre nouveau titre.
Philippe Chauveau :
Bonjour Vladimir Fédorovski. Vous nous recevez ici, chez vous, dans votre jardin, à quelques kilomètres de Paris. Le grand public vous connait pour vos livres, notamment sur la Russie. Vous publiez d'ailleurs aux éditions du Rocher un nouvel ouvrage Le roman de Tolstoï. Mais j'aimerais auparavant savoir, Vladimir Fédorovski enfant, c'était la Russie mais quel enfant étiez-vous ?

Vladimir Fédorovski
C'était la datcha ! C'est exactement comme ici, avec des glycines ou des bouleaux plutôt. Mais c'était une enfance qui était quand même déterminée par une ambiance particulière. C'était l'héritage de Staline.

Philippe Chauveau
Lorsque vous étiez enfant ou adolescent, est-ce que vous ressentiez cette chape de plomb qu'était l'URSS à l'époque ou est-ce que vous aviez une âme d'enfant vagabonde ?

Vladimir Fédorovski
Il y avait une façade qui était une façade de régime totalitaire mais il y avait vie qui continuait et qui a donné des choses merveilleuses, une littérature exceptionnelle, la musique… L'autre jour, je parlais avec mon ami Mikhaïl Rudy, pianiste exceptionnel, l'un des premiers dissidents artistiques ; il a choisi la liberté avant tout le monde, combattant pour la liberté et il m'a dit : « on me dit que sous Brejnev, la culture n'existait pas ? Mais d'où venons-nous tous ? D'où vient Soljenitsyne ? D'où vient Noureev ? Et les autres ? De là ! » dit Rudy. C'était supérieur, je suis désolé de vous le dire, à la médiocrité ambiante d'aujourd'hui. Je ne dis pas spécialement française mais médiocrité ambiante qui existe bel et bien.

Philippe Chauveau
Votre enfance et votre adolescence en URSS, c'était où ? Du côté de quelle ville ?

Vladimir Fédorovski
J'étais à Moscou essentiellement mais il faut dire que comme d'habitude, encore un héritage de Tolstoï, c'est la nature qui me réconfortait, cette image de la Russie éternelle, ces demeures qui ont été souvent très bien restaurées d'ailleurs. Il ne faut pas se leurrer, pendant la période soviétique, le fief de Tolstoï, Iasnaïa Poliana était un haut lieu de pèlerinage. Enfant, j'ai découvert tous ces endroits qui ont donné la lumière, qui m'ont bercé, qui nous ont formés réellement. Et je pense que ce désir de liberté qu'on a réalisé plus tard avec Gorbatchev vient de cet héritage qui a transgressé ce filet de régime totalitaire qui existait bel et bien.

Philippe Chauveau
Dans plusieurs de vos précédents livres, vous avez rappelé cette relation qui existe entre la France et la Russie, que ce soient les architectes français qui ont construit Saint Petersbourg, que ce soient les artistes russes qui sont venus s'installer en France.
Est-ce que vous avez l'impression d'être dans cette histoire, dans cette grande lignée franco-russe ?

Vladimir Fédorovski
Historiquement parlant, il y avait toujours le profil de l'écrivain russe qui était souvent en France, qui écrivait toutes les langues, etc… Pouchkine faisait ça, Tolstoï a des pages entières qui ont été écrites en français. Il y a toujours un russe à Paris, le plus emblématique encore une fois, qui habitait pas loin d'ici, à Bougival, qui avait une copine, française évidemment, Pauline Viardot ; c'est le grand Tourgueniev, un merveilleux styliste. Je passe des écrivains du XXème siècle, Nabokov est un exemple classique qui écrivait toutes les langues. Tout ça, c'est une chose qui existe en nous, il y a ce côté universel de la culture russe et de la littérature russe.
L'Europe est en déclin aujourd'hui et je pense que cette filiation franco-russe, sur le plan culturel, peut donner quelques espoirs.

Philippe Chauveau
Vous qui êtes un écrivain aujourd'hui reconnu dans le monde entier, qui avez sillonné tous les continents, que reste t'il du petit enfant russe qui gambadait dans les parcs de Moscou. Que reste t-il de cet enfant aujourd'hui chez Vladimir Fédorovski ?

Vladimir Fédorovski
Vous savez, moi j'espère garder ce regard d'enfant quand même. Je suis toujours émerveillé par exemple devant Maupassant et la fraîcheur de ce regard, j'espère la garder. Est-ce que c'est possible ? Ca, c'est une autre question.

Philippe Chauveau
Merci beaucoup Vladimir Fédorovski. Le roman de Tolstoï, aux éditions du Rocher, c'est votre nouveau titre.