Salomé Berlemont-Gilles

Salomé Berlemont-Gilles

Le premier qui tombera

Portrait 00'06'54"

Philippe Chauveau Bonjour Salomé Berlemont-Gilles.

Salomé Berlemont-Gilles Bonjour.

Philippe Chauveau Vous êtes dans l'actualité avec ce premier titre publié chez Grasset, Le premier qui tombera. On va bien sûr en parler, mais on va faire un petit peu plus connaissance. C'est un premier roman, mais l'écriture fait partie de votre vie. Vous avez fait des concours de nouvelles. Vous avez même publié un court texte chez Lattès. Si vous deviez expliquer comment l'envie de l'écriture arrive dans votre vie, que diriez vous ?

Philippe Chauveau Alors c'est une réponse un peu cliché. En même temps, c'est une histoire tellement rocambolesque qu'on dirait qu'elle est fausse. Mais elle est vraie. J'écrivais pas mal de choses quand j'étais petite. De petites histoires, des choses comme ça. Mes parents sont profs, ma mère est prof de français, je pense que ça joue beaucoup, à mon avis. Je suis née dans les livres et j'ai été élevée dans les livres. J'avais ce compte à la librairie de notre ville d'origine, en Picardie, où je pouvais aller toutes les semaines prendre tous les livres que je voulais. Donc c'était un peu un lieu magique, un peu une caverne d'Ali Baba pour moi. J'ai eu toujours ce rapport là et quand j'ai eu six ans, parce que j'écrivais ces petits textes un peu tout le temps, mon père m'a dit "Ah, c'est génial ! Un jour tu seras, tu seras écrivain" et donc c'est un peu l'histoire d'origine de ça. Et sans que je me sois dit ce jour là, ok d'accord, quand est-ce que j'écris un roman ? Je pense que ça crée un précédent. Ça crée la possibilité dans l'esprit d'un enfant. Ça date un peu de ça. Et après, de manière un peu plus concrète, j'ai commencé à écrire de manière plus professionnelle, entre guillemets, grâce à un concours de nouvelles qui a été créé à l'époque où j'étais à Sciences-Po, par un ami à moi, pour la petite histoire. Il n'y avait pas de favoritisme, mais la première année, c'est notre autre meilleur ami qui l'a gagnée. Et l'année d'après, il n'avait pas assez de textes pour son concours donc il m'a pas mal pressée, envoie moi un texte, etc. J'écrivais un petit peu, mais en général sans vraiment me donner les moyens de. J'ai écrit un texte pour ça. Dans ce jury là, il y avait ma première éditrice qui accompagnait un de ses auteurs et elle a découvert le texte. Et en fait, mon premier livre argentique était plutôt une commande et une collaboration entre moi et cette éditrice.

Philippe Chauveau Voilà comment démarre la belle aventure. Avant d'être dans l'écriture, il y a la lecture. Vous nous l'avez dit, vous avez été une gourmande de livres dans cette librairie de votre enfance. Il y a eu des influences. Quels sont les auteurs qui vous ont marquée ? Vous souvenez vous des premiers titres qui vous ont donné le goût de la lecture ? L'envie de l'écriture ?

Salomé Berlemont-Gilles Quand j'étais petite, il y avait beaucoup de... Vraiment toute petite, avant 6 ans, c'était pas mal de contes. Tout ce qui était Perrault, tout ce qui était, mais surtout les contes de la rue Broca qui viennent d'être réédités. Et après, plus vieille...

Philippe Chauveau Plus vieille, plus vieille, quelques années plus tard...

Salomé Berlemont-Gilles C'est ça. Dans mon grand âge, ça a été beaucoup Romain Gary. Des auteurs comme Nabokov, qui m'a beaucoup touchée, des auteurs latino américains ou centraméricains. J'ai vécu au Mexique, et ça a été une vraie influence comme Monetti, comme Bolaño, des choses comme ça. Et puis beaucoup d'auteurs de langue anglaise. Je lis beaucoup en anglais. Ça m'aide à pas avoir de porosité quand j'écris en français. Joyce que j'aime beaucoup.

Philippe Chauveau Donc assez éclectique dans vos choix de lectures. Une question peut-être un peu plus personnelle, un peu plus indiscrète. Ce sont vos premiers pas dans le monde de la littérature. Ce qui veut dire que vous avez une autre activité professionnelle par ailleurs. Vous travaillez dans le digital. Concrètement, sans sans trop dévoiler de secrets, que faites vous et quels sont les peut-être avec la littérature, avec l'écriture ?

Salomé Berlemont-Gilles Oui, je travaille dans la transformation digitale des entreprises, donc je travaille avec des start up, et maintenant plus avec des grands groupes PME, TPE sur l'utilisation des outils digitaux et les nouveaux modes de travail liés au digital.

Philippe Chauveau Dis comme ça, ça donne pas spécialement envie.

Salomé Berlemont-Gilles Ca donne pas envie. En fait, c'est comment est-ce que l'accès à l'internet et tout l'accès aux apps, aux nouveaux outils permettent des opportunités assez sympas dans le monde du travail et permettent de travailler autrement. Pour la petite histoire, je suis arrivée à cette carrière plus corporate entre guillemets grâce à l'écriture. Parce que j'ai commencé à écrire des articles pour des start up à l'époque, donc dans l'écriture de petits contenus pour mettre sur Internet. Et puis, c'est ça qui, petit à petit, m'a donné l'expérience. C'était pour avoir quelque chose qui soit proche de l'écriture et toute ma carrière à côté a été construite pour maintenir cette activité, pour pouvoir continuer à écrire.

Philippe Chauveau Cette flexibilité dans votre vie professionnelle vous permet de travailler et de vous consacrer aussi à l'écriture. Vous avez déjà quelques quelques réflexes, quelques habitudes d'auteur sur votre temps d'écriture, sur l'heure à laquelle vous écrivez. Avez-vous besoin d'un litre de café, comme certains auteurs avant vous, quelles sont vos pratiques d'écriture ?

Salomé Berlemont-Gilles Alors, j'ai besoin de 5 à 6 litres de café en général pour fonctionner.

Philippe Chauveau Heureusement que je vous en ai offert un ce matin.

Salomé Berlemont-Gilles Merci beaucoup. Mais sinon, c'est moins dans les temps de travail. J'ai beaucoup d'admiration... J'ai des amis écrivains qui, tous les matins, se réveillent et de 5 heures à 8 heures, écrivent. Je n'ai pas cette discipline et ça fonctionne pas comme ça pour moi. S'il n'y a pas le feu sacré un matin, ça ne fonctionnera pas et je peux rester cinq heures à regarder mon ordinateur, ce qui n'est pas très productif. En revanche, j'ai beaucoup de tics ou de rituels d'écriture dans la manière de construire un livre ou quelque chose. En général, je commence à griffonner plein d'idées sur un carnet. Cela va dans tous les sens. Et il y a peut être 50 carnets. C'est plein de petites choses, des phrases qu'on entend dans la vue, des sensations qu'on a, des réflexions qu'on a, une chanson qui revient d'il y a dix ans. Des petits détails et plein de choses. Et c'est très intéressant de voir qu'en fait, en général quand on a un thème en tête, toutes ces choses commencent à trouver une cohérence, mais on ne les a pas au début. Et en fait, les noter, en les relisant, ça fait une sorte de petit labyrinthe mental et qu'on peut reconstituer après. En général, quand j'ai assez écrit dans ces carnets, j'en garde toujours un, là j'en ai un avec moi, aujourd'hui, tout le temps dans le métro ou même aux terrasses de café, etc. Je passe au mur. Donc je vais découper des photos, des matières, des choses comme ça, en généra mettre une chronologie parce que je ne suis pas très bonne en chronologie et donc c'est quelque chose sur lequel je dois travailler et sur tous les murs de mon appartement, je vais coller des petites photos, des tableaux, des oeuvres picturales qui m'inspirent quelque chose et qui vont avec ça, des textes d'autres auteurs, des pages de journaux, des pages de référence pour vraiment vivre dans une carte du livre, mais qui est plus sensorielle que chronologique.

Philippe Chauveau On vous souhaite en tous cas un beau parcours d'auteur. C'est votre premier roman, Salomé Berlemont-Gilles, vous êtes publiée chez Grasset. Ca s'appelle Le premier qui tombera.

  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • Philippe Chauveau Bonjour Salomé Berlemont-Gilles. Salomé Berlemont-Gilles Bonjour. Philippe Chauveau Vous êtes dans l'actualité avec ce premier titre publié chez Grasset, Le premier qui tombera. On va bien sûr en parler, mais on va faire un petit peu plus connaissance. C'est un premier roman, mais l'écriture fait partie de votre vie. Vous avez fait des concours de nouvelles. Vous avez même publié un court texte chez Lattès. Si vous deviez expliquer comment l'envie de l'écriture arrive dans votre vie, que diriez vous ? Philippe...Le premier qui tombera de Salomé Berlemont-Gilles - Portrait - Suite
    Philippe ChauveauC'est votre premier roman, Salomé Berlemont-Gilles, publié chez Grasset, Le premier qui tombera. On l'a dit, il y a eu d'autres publications au préalable. Ce livre est très remarqué. Déjà primé dans des festivals, en lice pour d'autres récompenses. Ce qui veut dire que le livre marque par le sujet et aussi par votre écriture, par votre style. On va y revenir. Nous allons faire connaissance avec un homme d'une cinquantaine d'années. Il s'appelle Hamadi. Le roman démarre comme ça. Nous sommes dans une chambre...Le premier qui tombera de Salomé Berlemont-Gilles - Livre - Suite