Zheng Lu-nian

Zheng Lu-nian

Le petit miroir

Portrait 4'23
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Zheng Lu-nian bonjour.

Zheng Lu-nian (Le petit Miroir) : Bonjour Philippe.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Merci de nous recevoir sur Web TV Culture pour votre livre Le petit Miroir publié aux éditions Buchet Chastel. Vous êtes installé en France depuis 20 ans mais vous êtes né à Shanghai en 1946, c'est l'histoire que vous racontez dans Le petit Miroir. Quel est votre premier souvenir de la Chine ?

Zheng Lu-nian (Le petit Miroir) : Mon enfance s'est passée dans une belle époque de la République populaire de Chine, c'est-à-dire la nouvelle Chine de Mao. C'étaient les débuts, les premières années de la République populaire de Chine que j'appelle la belle époque.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Une famille de bonne origine emportée par le tourbillon de l'histoire en quelque sorte puisqu'il y a le grand bond en avant.

Zheng Lu-nian (Le petit Miroir) : Tout à fait, en fait il y avait un peu, je ne dirais pas schizophrénie, parce que mon père était de nature réactionnaire parce qu'il était plus proche de la bourgeoisie, de la grande bourgeoisie que du prolétariat. Par contre, moi, élevé sous le drapeau rouge, je bifurque sur un autre chemin. Donc vous voyez un peu les deux qui jouent sur les deux registres qui vont influencer ma vie ultérieure. Mon père est mort un an après le début de la Révolution culturelle, dans des conditions, disons, tragiques. Pas seulement du côté famille, surtout du côté de son fils qui est devenu garde rouge, méconnaissable, je dirais presque un monstre, parce qu'à ce moment-là nous n'avions que Mao Tsé-toung en tête, les parents ne comptaient plus, donc j'ai dit des choses vraiment désobligeantes vis-à-vis de lui, juste avant sa mort, ce que je regrette beaucoup.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Vous suivez les préceptes du parti, de la mère patrie, et puis au milieu de tout ça il y a les études, il y a la découverte de la littérature, d'autres littératures, alors comment vous découvrez la littérature russe ?

Zheng Lu-nian (Le petit Miroir) : C'était à partir du, en France on appelle le lycée, le deuxième cycle de l'école secondaire, on commençait à apprendre une langue étrangère. Mais à l'époque c'était le russe parce que la Chine officiellement était encore amie de l'Union Soviétique. On apprenait le russe, mais comme moi j'étais vraiment passionné par l'apprentissage des langues et mon maître Zhu, pour qui je dédie ce livre, m'a donné en cachette quelques ouvrages qui n'étaient pas forcément révolutionnaires, des écrivains russes, et par hasard, ces écrivains russes sont pour la plupart francophiles. Par exemple Pouchkine était l'écrivain russe, le poète le plus francophile que je connaisse et pour Tourgueniev aussi. Il écrivait des pages entières en français dans son livre. Et du coup j'ai découvert cet univers dont j'étais très curieux mais que je ne connaissais pas vraiment. Et ça m'a interpelé, jusqu'au moment où ma maman m'a révélé que j'avais été sauvé par un médecin français. C'était le destin.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Aujourd'hui vous êtes installé en France depuis vingt ans. Quel regard portez-vous sur la France, et quel regard porte-vous sur la Chine d'aujourd'hui ?

Zheng Lu-nian (Le petit Miroir) : Il y a beaucoup de gens qui me demandent « quelle est votre patrie ? » et moi je suis très gêné devant ce terme parce que le mot patrie, qu'est-ce que ça veut dire ? Patrie en français, ça veut dire la pays des pères, en anglais ça veut dire le pays de la mère, et en chinois ça veut dire le pays des ancêtres. Donc pour moi ça n'a pas vraiment de sens. Je me trouve dans mon pays en France comme en Chine.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Quelles sont vos activités aujourd'hui ?

Zheng Lu-nian (Le petit Miroir) : Je travaille pour aides les entreprises françaises qui s'installent là-bas pour mieux comprendre mes compatriotes, ce qu'il y a derrière ce qu'ils appellent les chinoiseries.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Est-ce que la Chine est sortie de ses difficultés ?

Zheng Lu-nian (Le petit Miroir) : Matériellement et économiquement oui. Je crois que la Chine a trouvé la voie, sa propre voie, pour son développement, je parle surtout du développement économique. Mais j'ai quand même beaucoup de réserves vis-à-vis du pouvoir politique chinois dans ce qui est l'ouverture, dans ce qui est démocratisation. La Chine a encore un long chemin à faire et n'a pas encore trouvé son propre modèle. Et je dirais que la Chine est en train de recréer sa culture mais n'a pas encore trouvé la voie.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Merci Zheng Lu-nian. Le petit Miroir, c'est donc votre histoire et c'est aux éditions Buchet Chastel.
Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Zheng Lu-nian bonjour.

Zheng Lu-nian (Le petit Miroir) : Bonjour Philippe.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Merci de nous recevoir sur Web TV Culture pour votre livre Le petit Miroir publié aux éditions Buchet Chastel. Vous êtes installé en France depuis 20 ans mais vous êtes né à Shanghai en 1946, c'est l'histoire que vous racontez dans Le petit Miroir. Quel est votre premier souvenir de la Chine ?

Zheng Lu-nian (Le petit Miroir) : Mon enfance s'est passée dans une belle époque de la République populaire de Chine, c'est-à-dire la nouvelle Chine de Mao. C'étaient les débuts, les premières années de la République populaire de Chine que j'appelle la belle époque.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Une famille de bonne origine emportée par le tourbillon de l'histoire en quelque sorte puisqu'il y a le grand bond en avant.

Zheng Lu-nian (Le petit Miroir) : Tout à fait, en fait il y avait un peu, je ne dirais pas schizophrénie, parce que mon père était de nature réactionnaire parce qu'il était plus proche de la bourgeoisie, de la grande bourgeoisie que du prolétariat. Par contre, moi, élevé sous le drapeau rouge, je bifurque sur un autre chemin. Donc vous voyez un peu les deux qui jouent sur les deux registres qui vont influencer ma vie ultérieure. Mon père est mort un an après le début de la Révolution culturelle, dans des conditions, disons, tragiques. Pas seulement du côté famille, surtout du côté de son fils qui est devenu garde rouge, méconnaissable, je dirais presque un monstre, parce qu'à ce moment-là nous n'avions que Mao Tsé-toung en tête, les parents ne comptaient plus, donc j'ai dit des choses vraiment désobligeantes vis-à-vis de lui, juste avant sa mort, ce que je regrette beaucoup.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Vous suivez les préceptes du parti, de la mère patrie, et puis au milieu de tout ça il y a les études, il y a la découverte de la littérature, d'autres littératures, alors comment vous découvrez la littérature russe ?

Zheng Lu-nian (Le petit Miroir) : C'était à partir du, en France on appelle le lycée, le deuxième cycle de l'école secondaire, on commençait à apprendre une langue étrangère. Mais à l'époque c'était le russe parce que la Chine officiellement était encore amie de l'Union Soviétique. On apprenait le russe, mais comme moi j'étais vraiment passionné par l'apprentissage des langues et mon maître Zhu, pour qui je dédie ce livre, m'a donné en cachette quelques ouvrages qui n'étaient pas forcément révolutionnaires, des écrivains russes, et par hasard, ces écrivains russes sont pour la plupart francophiles. Par exemple Pouchkine était l'écrivain russe, le poète le plus francophile que je connaisse et pour Tourgueniev aussi. Il écrivait des pages entières en français dans son livre. Et du coup j'ai découvert cet univers dont j'étais très curieux mais que je ne connaissais pas vraiment. Et ça m'a interpelé, jusqu'au moment où ma maman m'a révélé que j'avais été sauvé par un médecin français. C'était le destin.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Aujourd'hui vous êtes installé en France depuis vingt ans. Quel regard portez-vous sur la France, et quel regard porte-vous sur la Chine d'aujourd'hui ?

Zheng Lu-nian (Le petit Miroir) : Il y a beaucoup de gens qui me demandent « quelle est votre patrie ? » et moi je suis très gêné devant ce terme parce que le mot patrie, qu'est-ce que ça veut dire ? Patrie en français, ça veut dire la pays des pères, en anglais ça veut dire le pays de la mère, et en chinois ça veut dire le pays des ancêtres. Donc pour moi ça n'a pas vraiment de sens. Je me trouve dans mon pays en France comme en Chine.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Quelles sont vos activités aujourd'hui ?

Zheng Lu-nian (Le petit Miroir) : Je travaille pour aides les entreprises françaises qui s'installent là-bas pour mieux comprendre mes compatriotes, ce qu'il y a derrière ce qu'ils appellent les chinoiseries.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Est-ce que la Chine est sortie de ses difficultés ?

Zheng Lu-nian (Le petit Miroir) : Matériellement et économiquement oui. Je crois que la Chine a trouvé la voie, sa propre voie, pour son développement, je parle surtout du développement économique. Mais j'ai quand même beaucoup de réserves vis-à-vis du pouvoir politique chinois dans ce qui est l'ouverture, dans ce qui est démocratisation. La Chine a encore un long chemin à faire et n'a pas encore trouvé son propre modèle. Et je dirais que la Chine est en train de recréer sa culture mais n'a pas encore trouvé la voie.

Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Merci Zheng Lu-nian. Le petit Miroir, c'est donc votre histoire et c'est aux éditions Buchet Chastel.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • Vous ne le connaissez pas encore et pourtant, il a eu envie de vous raconter sa vie. Installé en France depuis 1989, Zheng Lu-nian est né en Chine, en 1946, dans une bonne famille de Shangaï. 10 ans plus tard, Mao Tse Dong est au pouvoir et le jeune Zheng est emporté par le vent de l’histoire. Enrôlé dès l’adolescence, sacrifiant tout pour l’amour de la Mère Patrie, vivant au cœur de la Révolution culturelle, Zheng Lu-nian, entre dénonciation et rééducation, découvre pourtant la littérature, russe puis française et...Le petit miroir de Lu-Nian Zheng - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Zheng Lu-nian bonjour. Zheng Lu-nian (Le petit Miroir) : Bonjour Philippe. Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Merci de nous recevoir sur Web TV Culture pour votre livre Le petit Miroir publié aux éditions Buchet Chastel. Vous êtes installé en France depuis 20 ans mais vous êtes né à Shanghai en 1946, c'est l'histoire que vous racontez dans Le petit Miroir. Quel est votre premier souvenir de la Chine ? Zheng Lu-nian (Le petit Miroir) : Mon enfance s'est passée dans une belle époque de...Le petit miroir de Lu-Nian Zheng - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau (Web TV Culture) : Nous sommes en compagnie de Zheng Lu-nian sur Web TV Culture. Le petit Miroir, c'est le titre de votre livre, aux éditions Buchet Chastel, « de Shangai à Paris, un destin chinois ». Vous êtes né à Shanghai en 1946, dans une bonne famille de Shanghai, et vous avez traversé la deuxième partie de ce vingtième siècle chinois. Ce qui est intéressant dans votre livre, Zheng Lu-nian, c'est que non seulement vous revenez sur les grands événements de l'histoire chinoise et puis vous mettez en...Le petit miroir de Lu-Nian Zheng - Le livre - Suite