Theresa Révay

Theresa Révay

La vie ne danse qu'un instant

Portrait 6'58

Philippe Chauveau : Bonjour Theresa Révay !

Theresa Révay : Bonjour

Philippe Chauveau : Votre actualité chez Albin Michel s'appelle : La vie ne danse qu'un instant. Sous ce joli titre se cache un beau portrait de femme que nous allons découvrir ensemble mais j'aimerais que l'on discute un petit peu plus, parce que j'aimerais savoir ce goût de l'écriture. Dans quel état êtes-vous lorsque vous êtes à votre table de travail, lorsque vous imaginez tous ces portraits d'hommes et de femmes que vous placez dans des contextes historiques chaotiques ? Comment êtes-vous dans ces moments-là ?

Theresa Révay : Je suis ailleurs. Et je pense que tout romancier dire que ce besoin que nous avons d'écrire, cette volonté que nous avons d'échapper au quotidien, à notre réalité de tous les jours fait que nous partons dans le monde que nous choisissons d'écrire. Moi c'est le 20è siècle, surtout les années 30-40 pour ce livre aussi. Et c'est une liberté, c'est un échapattoire et c'est une autre vie, c'est schizophrénique.

Philippe Chauveau : C'est une façon de se protéger du quotidien, de ce monde dans lequel nous vivons, d'emmener vos personnages dans d'autres périodes historiques ?

Theresa Révay : Alors pour ma part, ce que j'aime, c'est d'essayer de comprendre ce 20è siècle qui me fascine. Donc, c'est pas tant de nier ce que je vis aujourd'hui parce qu'en fait, je trouve que l'on comprend aujourd'hui en travaillant sur hier. Et il y a beaucoup de points communs avec ce qui s'est passé au 20è siècle.Et on ne le comprend aujourd'hui que si l'on comprend les ressorts, les motivations des populations et des dirigeants de l'époque.Donc il y a un lien, et puis c'est mon gôut de l'histoire.

Philippe Chauveau : Justement ce goût de l'histoire, vous le faites partager à vos lecteurs. Si je cite quelques-uns de vos titres : L'autre rive du bosphore, Louve blanche. Ce sont les années 14, les années 30 ou présentement les années 40. Vous aimez l'histoire, mais vous-même, votre famille, ceux qui vous ont précédé ont été liés à la grande Histoire et j'imagine que ce n'est pas un hasard aujourd'huivous avez besoin de retracer ces grands événements. C'est parce que de près ou de loin, vous y avez été confronté d'une façon ou d'une autre.

Theresa Révay : Oui, je pense que d'une façon ou d'une autre, nous avons tous été confronté au passé et aux grands événements histoiriques. Mais c'est vrai que pour ma part, mon père était d'origine hongroise, il est arrivé en 1945, était apatride pendant 10 ans et c'est vrai que depuis que j'étais enfant, ça m'a beaucoup marqué. Cette idée d'être née ailleurs, de pas pouvoir y retourner, d'être en exil et c'est l'un des fils rouge de tous mes romans,, cette idée de l'exil et de cette souffrance. Et bien c'est l'un des moteurs de ma recherche et de ma quête. Parce que tout romancier a un quête, et peut-être que pour moi c'est comprendre le 20è siècle qui a profondément marqué ma famille, du moins du côté paternel, notamment avec bien sûr le rideau de fer, cette Europe coupée en 2.

Philippe Chauveau : Je précise que votre précédent titre : L'autre rive du Bosphore, avait reçu différents prix dont le prix Historia en 2014. Je le précise parce que cela veut dire qu'il y a un gros travail de recherche, qui est salué par des historiens, par des chercheurs. Au-delà de la plume romanesque, vous faites un point d'honneur à respecter la vérité historique. Comment se passe vos journées de recherche ?

Theresa Révay : Alors je commence toujours d'habitude par la Bibliothèque Nationale. Il y a des trésors de livres innombrables. Je commence par lire beaucoup. Pour L'autre rive du Bosphore, j'ai compté que j'avais plus d'une centaine de livres, de mémoires, de journaux intimes... Tout ce qui peut me servir pour la vérité de l'époque que je cherche à reconstituer. Et puis ensuite, je me déplace, pas toujours et pas partout parce que quelquefois je décris des endroits qui ont disparu, par exemple ici Alexandrie qui n'existe plus aujourd'hui. Donc c'était pas la peine que j'y aille. Autrement bien sûr, que ce soit Berlin, Rome, Istanbul... Je me rends sur place et je fais des rencontres lors de documentations, de gens qui ont un lien avec ce que j'ai envie de raconter. Alors là, ils m'accueillent chez eux, ils me racontent l'histoire de leurs parents ou de leurs grands-parents. Et là je trouve des pépites, et je vérifie à chaque fois que la vérité dépasse la fiction.

Philippe Chauveau : Et d'ailleurs à la fin de vos ouvrages, il y a toujours quelques pages de remerciements pour expliquer quels ont été ses rencontres que vous avez pu faire et qui vous ont aidé dans vos démarches. Bien sûr il y a la plume romanesque, il y a ces sagas que vous proposez aux lecteurs, il y a cette véracité historique, et puis ce sont quasiment toujours de grands portraits de femmes. Là c'est le cas aujourd'hui encore avec cette héroïne : Alice Clifford. Des femmes qui à chaque fois doivent se battre, doivent lutter face aux vents de l'Hisoitres qui leur fait face. Il y a une sorte de mlilitantisme dans ces personnalités que vous donnez à vons héroïnes, c'est aussi pour vous une façon de revendiquer la difficulté d'être une femme ?

Theresa Révay : Je ne pars pas du principe que je veux raconter l'histoire d'une héroïne ou d'une femme forte. C'est que je pars souvent de l'idée de raconter l'histoire d'une famille, par exemple les russes blancs, or les hommes étaient souvent à la guerre ou étaient morts, les femmes se retrouvaient alors en effet à jouer un rôle, notamment depuis la première guerre mondiale où elles tenaient les familles. Sinon c'est un roman qui se passe au front où les hommes sont au combat.

Philippe Chauveau : Parce que dans Dernier été à Mayfair, ce sont les suffragettes.

Theresa Révay ; Ce sont les suffragettes parce que là c'est vrai que c'était un élément important de l'époque, et surtout de ces familles aristocratiques britanniques. Je n'avais pas mesuré à l'époque le rôle et le courage physique qu'avait eu ces femmes. Mais c'est pas un choix délibéré. Et alors, c'est vrai que je trouve que ces femmes ont eu à la fois un courage des mots, un courage physique, un courage intellectuel pour traverser ces épreuves. Et je leur rend hommage mais sans volonté de militantisme, c'est tout simplement la réalité des faits.

Philippe Chauveau : Votre actualité Theresa Révay, « La vie ne dure qu'un instant » et c'est chez Albin Michel.

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  • D'origine hongroise par son père, Theresa Révay a suivi des études de lettres avant de devenir traductrice pour des auteurs anglais et allemands. Si l"envie d'écrire était bien présente en elle, il faudra pourtant attendre 2002 pour qu'elle publie son 1er roman « Valentine ou le temps des adieux » qui rencontrera rapidement son public. Passionnée d'histoire, prenant plaisir à effectuer de nombreuses recherches pour faire évoluer ses personnages au plus près de la réalité historique, Theresa Révay s"est spécialisée...La course parfaite de Theresa Révay - Présentation - Suite
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