Kenneth White

Kenneth White

La carte de Guido, un pèlerinage européen

Portrait 3'53
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Bonjour Kenneth White, merci de nous accorder un peu e votre temps. Vous êtes à Paris à l'occasion de la sortie, aux éditions Albin Michel, de votre nouveau titre La Carte de Guido.
Nous sommes dans l'univers de la librairie Lamartine, dans le 16ème arrondissement. Les livres , l'écriture, comment est-ce entré dans votre vie, l'envie d'écrire?

Kenneth White (La Carte de Guido)
Si on remonte aux débuts, mon père était signaleur aux chemins de fer ; il était obligé de quitter l'école à 13 ans, mais c'était un grand lecteur. Comme signaleur des chemins de fer, il travaillait surtout la nuit, les trains sont moins fréquents, donc il lisait beaucoup, il y avait des livres à la maison. Mais ne ce qui me concerne, pour l'écriture...

Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Cette envie vous a démangé assez jeune ?

Kenneth White (La Carte de Guido)
J'étais à l'aise dans le village, je faisais un tas de petits métiers dans le village. Mais à un moment donné, j'en ai eu marre des gangs, des gosses, je sentais le besoin d'une dimension autre. Alors, je suis monté dans l'arrière-pays, en marchant des heures et des heures à travers les lands, vers la montagne, je me vidais de beaucoup de choses. J'ai senti le besoin d'exprimer quelque chose pour lequel je n'avais pas de vocabulaire, et j'ai commencé à vouloir écrire à ce moment-là.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Votre carrière d'auteur, des essais, des récits, beaucoup de poèmes. A l'origine, vous avez aussi initié ce que l'on appelle joliment la géo-poétique. Vous pouvez nous dire quelle envie vous a animé ?

Kenneth White (La Carte de Guido)
A mon avis, nous avons aujourd'hui une production culturelle, sans culture. Je m'explique, dans cette production culturelle, il y a à boire et à manger ; à prendre et à laisser, tout le monde sait ça. Mais à mon avis, on n'a pas de culture. Qu'est-ce qui définit une culture ? Tout le monde est à peu près d'accord sur ce qui est l'essentiel. Par exemple, le Moyen Age chrétien : toute la pensée, toute la création, toute l'existence tourne autour de la Vierge Marie et du Christ, Moyen Age, cathédrales. Donc il y a toujours une image de base, un point focal d'intérêt. Et je me suis dit, quel peut être le point focal pour nous aujourd'hui ? C'est la terre que laquelle on essaie de vivre, j'ai ça dans la tête depuis des années. Je n'ai pas attendu une certaine mode écologique pour penser dans ces termes-là. D'ou le géo dans la terre. Quant à ce mot poétique, Aristote parlait de nos poéticos, l'intelligence poétique, c'est à dire la première intelligence, la première saisie des choses ; essayer de saisir les choses à la base, dans leur radicalité. C'est ça la poétique pour moi, et trouver un langage adéquate à cette expérience radicale-là, çà c'est la poétique pour moi.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Vous ne mâchez pas vos mots, dans vos livres il y a des choses très crues, très sévères. Et vous avez dit dans une interview que vous vouliez lutter contre la dégénérescence spirituelle du monde. Joli programme, mais vaste programme.

Kenneth White (La Carte de Guido)
Je me demande si j'ai utilisé exactement ce vocabulaire. Mais en terme politico culturel, effectivement, je parle de médiocratie. Je crois qu'il y a une certaine dégradation aujourd'hui, dans la politique, dans la culture, dans l'éducation. Je ne suis pas en train de me recroqueviller comme un vieux crabe grincheux, au contraire. Je crois qu'il y a un espace à ouvrir aujourd'hui. Et je crois que sans être un optimiste béat, je suis un pessimiste actif.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Donc, vous êtes plein d'espoir ?

Kenneth White (La Carte de Guido)
Non, l'espoir ne fait pas partie de mon vocabulaire. Espoir, en espagnol, c'est esperar, et esperar, ça veut dire attendre, moi je n'attends pas, je travaille et j'agis. N'ayant pas d'espoir, je ne peux jamais être désespéré.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Merci Kenneth White, votre nouveau titre chez Albin Michel, La Carte de Guido
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Bonjour Kenneth White, merci de nous accorder un peu e votre temps. Vous êtes à Paris à l'occasion de la sortie, aux éditions Albin Michel, de votre nouveau titre La Carte de Guido.
Nous sommes dans l'univers de la librairie Lamartine, dans le 16ème arrondissement. Les livres , l'écriture, comment est-ce entré dans votre vie, l'envie d'écrire?

Kenneth White (La Carte de Guido)
Si on remonte aux débuts, mon père était signaleur aux chemins de fer ; il était obligé de quitter l'école à 13 ans, mais c'était un grand lecteur. Comme signaleur des chemins de fer, il travaillait surtout la nuit, les trains sont moins fréquents, donc il lisait beaucoup, il y avait des livres à la maison. Mais ne ce qui me concerne, pour l'écriture...

Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Cette envie vous a démangé assez jeune ?

Kenneth White (La Carte de Guido)
J'étais à l'aise dans le village, je faisais un tas de petits métiers dans le village. Mais à un moment donné, j'en ai eu marre des gangs, des gosses, je sentais le besoin d'une dimension autre. Alors, je suis monté dans l'arrière-pays, en marchant des heures et des heures à travers les lands, vers la montagne, je me vidais de beaucoup de choses. J'ai senti le besoin d'exprimer quelque chose pour lequel je n'avais pas de vocabulaire, et j'ai commencé à vouloir écrire à ce moment-là.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Votre carrière d'auteur, des essais, des récits, beaucoup de poèmes. A l'origine, vous avez aussi initié ce que l'on appelle joliment la géo-poétique. Vous pouvez nous dire quelle envie vous a animé ?

Kenneth White (La Carte de Guido)
A mon avis, nous avons aujourd'hui une production culturelle, sans culture. Je m'explique, dans cette production culturelle, il y a à boire et à manger ; à prendre et à laisser, tout le monde sait ça. Mais à mon avis, on n'a pas de culture. Qu'est-ce qui définit une culture ? Tout le monde est à peu près d'accord sur ce qui est l'essentiel. Par exemple, le Moyen Age chrétien : toute la pensée, toute la création, toute l'existence tourne autour de la Vierge Marie et du Christ, Moyen Age, cathédrales. Donc il y a toujours une image de base, un point focal d'intérêt. Et je me suis dit, quel peut être le point focal pour nous aujourd'hui ? C'est la terre que laquelle on essaie de vivre, j'ai ça dans la tête depuis des années. Je n'ai pas attendu une certaine mode écologique pour penser dans ces termes-là. D'ou le géo dans la terre. Quant à ce mot poétique, Aristote parlait de nos poéticos, l'intelligence poétique, c'est à dire la première intelligence, la première saisie des choses ; essayer de saisir les choses à la base, dans leur radicalité. C'est ça la poétique pour moi, et trouver un langage adéquate à cette expérience radicale-là, çà c'est la poétique pour moi.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Vous ne mâchez pas vos mots, dans vos livres il y a des choses très crues, très sévères. Et vous avez dit dans une interview que vous vouliez lutter contre la dégénérescence spirituelle du monde. Joli programme, mais vaste programme.

Kenneth White (La Carte de Guido)
Je me demande si j'ai utilisé exactement ce vocabulaire. Mais en terme politico culturel, effectivement, je parle de médiocratie. Je crois qu'il y a une certaine dégradation aujourd'hui, dans la politique, dans la culture, dans l'éducation. Je ne suis pas en train de me recroqueviller comme un vieux crabe grincheux, au contraire. Je crois qu'il y a un espace à ouvrir aujourd'hui. Et je crois que sans être un optimiste béat, je suis un pessimiste actif.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Donc, vous êtes plein d'espoir ?

Kenneth White (La Carte de Guido)
Non, l'espoir ne fait pas partie de mon vocabulaire. Espoir, en espagnol, c'est esperar, et esperar, ça veut dire attendre, moi je n'attends pas, je travaille et j'agis. N'ayant pas d'espoir, je ne peux jamais être désespéré.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Merci Kenneth White, votre nouveau titre chez Albin Michel, La Carte de Guido

La carte de Guido, un pèlerinage européen Albin Michel
  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Kenneth White est un personnage hors norme. Né en 1936 à Glasgow, en Écosse, il est installé en France, en Bretagne depuis plus de 30 ans. Poète, écrivain, essayiste, son œuvre est immense et multiple, écrite à la fois en anglais, pour les poèmes et les récits, et en français, pour les essais. Initiateur de la « géo poétique », à la fois porteuse de sens et de poésie, il a sur le monde un regard à la fois critique, radical mais non dénué de sensibilité et d'émotion. Auteur de plusieurs dizaines d'ouvrages dont Les...La carte de Guido, un pèlerinage européen de Kenneth White - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau (Web Tv Culture) Bonjour Kenneth White, merci de nous accorder un peu e votre temps. Vous êtes à Paris à l'occasion de la sortie, aux éditions Albin Michel, de votre nouveau titre La Carte de Guido. Nous sommes dans l'univers de la librairie Lamartine, dans le 16ème arrondissement. Les livres , l'écriture, comment est-ce entré dans votre vie, l'envie d'écrire? Kenneth White (La Carte de Guido) Si on remonte aux débuts, mon père était signaleur aux chemins de fer ; il était obligé de quitter l'école à 13...La carte de Guido, un pèlerinage européen de Kenneth White - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau (Web Tv Culture) Kenneth White, La Carte de Guido, c'est votre nouvel ouvrage aux Éditions Albin Michel. Quelle est cette carte énigmatique que vous êtes allé retrouver à Bruxelles ? Kenneth White (La Carte de Guido) C'est une carte italienne, qui a été faite à Pise, par un certain Guido, Guido de Pise, au 12eme siècle. Et moi, je l'ai dénichée à cette bibliothèque royale de Belgique, l'Albertine, et c'est très intéressant, le livre de Guido, avec une carte dedans. Ce livre, qui contient une carte, parle...La carte de Guido, un pèlerinage européen de Kenneth White - Le livre - Suite
    Librairie Lamartine 118, rue de la Pompe 75016 Paris Tél : 01-47-27-31-31 www.lamartine.fr intervenant : Patrick Giles Je l'ai découvert, il y a une vingtaine d'années avec ses récits, L'être de Gourgounel, puis après ce qu'il a fait à travers le monde, La route bleue. Depuis j'ai suivi son parcours : fondateur de l'institut international de géopoétique. Déjà, ça montre le personnage, à la fois, très universitaire, et en même temps, très nomade, c'est ça qui m'a plu. Son dernier livre traite de ses pérégrinations,...La carte de Guido, un pèlerinage européen de Kenneth White - L'avis du libraire - Suite