Bernadette Pécassou

Bernadette Pécassou

L'hôtelière du Gallia-Londres

Portrait 6'25"

Philippe Chauveau : Avec ce nouveau titre, Bernadette Pécassou, « L'hôtelière du Gallia-Londres », ce n'est pas à Londres que vous nous emmenez mais bien à Lourdes. Nous sommes dans les années 50 et on va même aller plus loin. Vous nous racontez l'essor de l'univers hôtelier à Lourdes suite au développement des pèlerinages au sanctuaire marial. C'est votre cœur qui a parlé car c'est votre région là-bas. Vous aviez déjà écrit sur cette ville de Lourdes, pourquoi avez-vous envie de nous raconter cette histoire ?

Bernadette Pécassou : Parce que c'est la mienne, parce que c'est chez moi, juste pour le plaisir de parler de chez moi, c'est mon sujet et puis c'est un grand sujet Lourdes.

Philippe Chauveau : Vous aviez déjà évoqué Lourdes dans un précédent roman, « La belle chocolatière », qui avait été un énorme succès. Vous revenez encore à Lourdes mais vous nous présentez Lourdes avec un autre regard. Il y aura le sanctuaire qui va servir de toile de fond mais ce n'est pas cela qui vous intéresse tant aujourd'hui. Ici, vous nous parlez des habitants de Lourdes et surtout de ceux qui ont ouvert leurs portes pour accueillir les pèlerins et qui, au fil du temps, sont devenus de véritables hôteliers, c'est ça votre histoire.

Bernadette Pécassou : Oui, parce qu’à Lourdes, le regard négatif est porté sur les commerçants, les hôteliers, et la restauration, c'est à dire les gens de chez moi. Le sanctuaire, c'est un lieu sacré, c'est un autre univers, moi je parle des miens. C'est toujours intéressant de comprendre comment les choses se sont faites, et après-guerre c'est là que ça a pris un essor énorme.

Philippe Chauveau : Rappelons-le, c'est la fin du XIXe siècle, les premiers pèlerinages commencent, on ouvre sa porte, on loge à la bonne franquette et petit à petit on ouvre des auberges et ces auberges se transforment en hôtels; soit des hôtels populaires soit des hôtels de luxe comme, par exemple, le Gallia-Londres. Ces gens à la base n'avaient aucune formation et aucune prédisposition pour devenir hôteliers.

Bernadette Pécassou : C'est ça, ce sont des autodidactes de l'hôtellerie, il n'y avait pas à l'époque l'école de Lausanne par exemple, ce sont des gens qui se sont formés sur le tas et cela a donné une hôtellerie très particulière. En 1858, quand il y a eu les apparitions, les hommes de l'élite de l'époque se préoccupaient de théologie. On était sous le Second Empire, on s'occupait plutôt de raison, de sciences. Ce sont les femmes, pragmatiques, qui ont pris les choses en main, il fallait nourrir, il fallait loger. Beaucoup de gens sont arrivés tout de suite.

Philippe Chauveau : Là, nous sommes à la fin du XIXe siècle et très vite ça va progresser. L'intrigue de votre roman se situe dans les années 50 avec cette jeune fille, Marie. Elle voudrait avancer dans la vie mais ne sait pas quel chemin prendre. Il y a son amie Josie, il y a cette rivalité avec une autre jeune fille Ines, il y a des regards avec quelques hommes séduisants comme Paul qui est plus préoccupé par le rugby que par les jeunes filles. Tout ce petit monde va évoluer dans l'univers de l'hôtellerie familiale de Lourdes. C'est là qu'il y a le plaisir de l'intrigue romanesque, comment avez-vous construit vos personnages ?

Bernadette Pécassou : C'est d'abord une partie de la mémoire qu'on a tous, de nos vies, des choses observées. Là, on est sur les choses observées.

Philippe Chauveau : Les apparitions ont lieu en 1858 et très vite il va y avoir les pèlerins qu'il faut loger, qu'il faut nourrir et c'est comme cela qu'on va arriver à l'hôtellerie. C'est cette évolution que vous nous racontez dans votre roman, comment s'est-elle faite à Lourdes ?

Bernadette Pécassou : La partie dont vous parlez c'est la première partie, celle où il y a les apparitions. Là où ça devient passionnant, c'est après-guerre et Lourdes est au cœur de l'après-guerre. L'hôtellerie familiale va disparaître dans toute l'Europe. Ce qui avait fait le socle de l'hôtellerie disparaît et naissent alors les groupes, les chaînes hôtelières. Mais Lourdes est restée très longtemps dans une économie familiale, c'est une très jolie histoire et je trouve que ça dit beaucoup sur le comportement en économie notamment quand la femme est aux affaires.

Philippe Chauveau : C'est dans cet univers de l'hôtellerie familiale que vous faîtes évoluer vos personnages. Il y a Marie qui a le premier rôle, il y a Inès, il y a Josie, Paul, tout ce petit monde qui va s'aimer, qui va se détester qui va se déchirer... Je voudrais me permettre de lire un extrait de votre roman Bernadette Pécassou : « A Lourdes, des hommes croient au ciel et d'autres n'y croient pas. Malgré tout la ville laisse sur chacun de ses habitants une empreinte telle qu'aucun d'eux ne pense à la trahir et ce, en dépit des moqueries dont elle est la cible, depuis qu'une petite fille dit avoir vu, dans une de ses grottes, une dame blanche. Lourdes est mystique depuis bien avant ce temps-là. Elle l'est dans sa pierre de granit, dans les eaux tumultueuses de son gave glaciale, dans ses brumes hivernales, et dans la lumière étrange qui baigne les montagnes pyrénéennes alentour, où les ours et les aigles disputent âprement aux hommes leurs territoires sauvages. Elle est mystique dans sa nature, et ceux qui y sont nés en sont marqués à vie. ». Vous êtes marqué à vie par ce territoire ?

Bernadette Pécassou : C'est touchant de vous entendre lire ça parce que ça c'est mon pays.

Philippe Chauveau : Et vous l'aimez votre pays…

Bernadette Pécassou : C'est maladif !

Philippe Chauveau : Merci Bernadette Pécassou de nous faire partager cet amour pour votre pays et de nous raconter cette histoire étonnante, d'avoir créée cette intrigue avec ce personnage de Marie que l'on garde longtemps en mémoire. « L'hôtelière du Gallia-Londres », chez Flammarion. Merci !

  • PRÉSENTATION
  • LIVRE
  • Journaliste, réalisatrice de reportages pour la 5 et Arte, Bernadette Pécassou a quitté la profession pour ne vivre que de sa plume. Très attachée à son Pays basque natal, elle y puise l’inspiration de certains de ses romans comme La villa Belza. Non dénué d’un certain sentimentalisme qu’elle reconnaît volontairement, les livres de Bernadette Pécassou sont des histoires au souffle romanesque dans lesquelles la femme tient le premier rôle. Parmi ses succès de librairies, on lui doit notamment La belle chocolatière,...Rediffusion - Samedi 20 avril de Bernadette Pécassou-Camebrac - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Avec ce nouveau titre, Bernadette Pécassou, « L'hôtelière du Gallia-Londres », ce n'est pas à Londres que vous nous emmenez mais bien à Lourdes. Nous sommes dans les années 50 et on va même aller plus loin. Vous nous racontez l'essor de l'univers hôtelier à Lourdes suite au développement des pèlerinages au sanctuaire marial. C'est votre cœur qui a parlé car c'est votre région là-bas. Vous aviez déjà écrit sur cette ville de Lourdes, pourquoi avez-vous envie de nous raconter cette...Rediffusion - Samedi 20 avril de Bernadette Pécassou-Camebrac - Livre - Suite