Elle fait un joli parcours d’autrice fidélisant chaque jour davantage de lecteurs et de lectrices sensibles à son univers et son écriture.

Depuis 2001, et son premier roman « Moutarde douce », Stéphanie Hochet trace son sillon et aime aller au contact de ses lecteurs, en salons du livre, en librairie ou dans les ateliers d’écriture qu’elle anime parfois.

« Sang d’encre », « L’animal et son biographe », « Pacifique » sont quelques-uns de ses romans, complétés par des essais comme ses éloges animaliers drôles et pertinents consacrés au chat ou au lapin et qui ont connu eux aussi un beau succès de librairie.

L’écriture de Stéphanie Hochet, littéraire et subtile se savoure, s’apprécie mais ne doit pas nous faire oublier que les sujets qu’elle aborde ne sont jamais anodins et parle de notre société et de l’ambiguïté de nos comportements. Souvent, il révèle aussi en filigrane le parcours de l’autrice.

De ses années d’étude en Grand Bretagne, elle a gardé une certaine nostalgie. S’inspirant de la vie de Virginia Woolf, elle publie en 2017 « Un roman anglais » dans lequel elle abordait l’émancipation féminine.

Voici le nouveau titre de Stéphanie Hochet, « William » et nous voilà de nouveau en Angleterre mais cette fois-ci, à la fin du XVIème siècle sur les traces de Shakespeare. On ne s’en étonnera pas sachant qu’elle est titulaire d’une maitrise sur le théâtre élisabéthain. C’est dire qu’elle connait le sujet et l’époque.

Et pourtant, il y eut cette période courant de 1585 à 1592 où Stéphanie Hochet ne sait rien sur le parcours de Shakespeare, ni les historiens d’ailleurs qui depuis des décennies s’interrogent. Que s’est-il passé pendant ces huit années ? Où était donc passé notre fameux William entre son mariage à Stratford upon Avon et son apparition dans les théâtres londoniens. Pour la romancière, ce mystère était une aubaine. Et avec fantaisie, légèreté, humour mais aussi avec réflexion et interrogation, là voilà qui imagine avec brio ce qu’ont peut-être été ce que l’on appelle les années perdues de Shakespeare. Mais Stéphanie Hochet va plus loin. Car s’appuyant sur ce que l’on sait du dramatruge anglais, elle en raconte aussi les zones d’ombre, les pas de côté, les renonciations, les mises au ban de la société, les choix de vie décalés. Et comment Shakespeare a pu renaitre et se faire reconnaitre par l’écriture et le théâtre. De là, elle fait un parallèle avec son propre parcours, chaotique lui aussi, et explique comment l’écriture, et la lecture, peuvent être salvateurs.

Roman sur Shakespeare, roman sur les choix de vie, roman sur la littérature. Stéphanie Hochet nous enthousiasme une fois encore.

« William » de Stéphanie Hochet est publié aux éditions Rivage.