Gilles Legardinier

Gilles Legardinier

Pour un instant d'éternité

Livre 00'07'13"

Philippe Chauveau :
« Pour un instant d'éternité », c'est votre actualité, Gilles le Gardiner. Nous voici en 1889. Paris est en effervescence. Il y a déjà eu les travaux d’Haussmann qui ont pas mal modifié le visage de la capitale. Surtout, 1889 c'est l'exposition universelle c'est la tour Eiffel qui est en train d'être érigée pour célébrer en quelque sorte le centenaire de la Révolution. Et puis, il y a ce fameux Vincent qui est le héros de votre nouveau roman.

Gilles Legardinier :
Vincent est un créateur de passages secrets. c'est quelqu'un qui conçoit des passages ou des pièces secrètes pour des riches des puissants qui ont quelque chose à cacher ou à protéger. Je l'ai placé à la fin du 19ème siècle parce que c'est le moment où l'aristocratie avait encore les moyens et où l'industrie les avait désormais. C'est à dire qu'il avait un potentiel de clientèle qui était énorme avec quelques chefs d'oeuvre et une capacité à fabriquer des choses très complexes.

Philippe Chauveau :
Vincent a aussi construit sa famille. Notre ami Vincent est un enfant qui a été plus ou moins abandonné par la vie et qui s'est entouré de gens qu'il affectionnait. Il a construit sa famille ça c'est récurrent dans vos romans on peut tout à fait sa propre famille ?

Philippe Chauveau :
Tout à fait. Il a perdu ses parents très jeunes. Au dix-neuvième siècle, pas évident de s'en sortir à ce moment-là. Les orphelinats sont assez stricts, on devient vraiment une caste à part. En fait, Vincent s'est occupé de son jeune frère. Il a commencé à travailler et il a été pris en main par un horloger qui travaillait sur ce genre de passage. Du coup, il s'est construit une famille qui est d'abord professionnelle. Il s’appuie sur des gens avec qui il s'est associé pour des questions d'aptitude. Après, je pense que, comme je le suis, comme tous mes personnages, c'est quelqu'un d’affectif, qui s'est attaché et décide de travailler presque plus pour eux que pour lui-même en se mettant à son compte avec sa bande de sa bande d'amis en créant des passages secrets.

Philippe Chauveau :
C'est quand même une activité un peu parallèle, ils ne travaillent pas réellement au grand jour. Vincent et ses amis ont aménagé un espace de vie qui est un peu aussi leur repère, là où ils se retrouvent tous ensemble. Il va côtoyer les plus grands du Paris de l'époque. Et puis, on va quand même s'en prendre à Vincent et à son équipe. La mort va rôder autour d'eux. Il va y avoir des menaces d'assassinat et toute la question est de savoir qui en veut à Vincent et à ses compères.
C'est le point de départ de votre roman…

Gilles Legardinier :
C'est exactement le début du livre ! C'est à dire que toute la question pour survivre, c'est de comprendre ce qui les menace. Etant donnée la discrétion dont ils sont obligés de faire preuve puisqu'ils travaillent à des choses qui doivent par définition rester secrète. Effectivement, la première règle d’un passage secret, c'est de ne pas être découvert. Avec Vincent, ceux qui les fabriquent doivent se taire. Peut-être est-il face à quelqu'un qui, effectivement, est décidé à effacer toute trace de ceux qui ont fabriqué ce qui pourrait lui être utile.

Philippe Chauveau :
Le charme de votre de votre nouveau titre, ce sont ces personnages auxquels on s'attache très vite. C'est le rythme aussi, avec des dialogues très ciselés qui n'interdisent pas l'humour à certains moments. Et puis c'est aussi ce Paris de 1889 que vous avez reconstitué. Vous n'avez pas fait ça tout seul. Vous avez eu de l'aide pour être très précis ! Il y a une rigueur historique dans les éléments que vous décrivez. Pourquoi ce plaisir à nous raconter le Paris de 1889.

Gilles Legardinier :
Au départ, le choix de la période est uniquement venu de l'apogée des passages secrets. En fait on colle les images d'Epinal dessus mais la période est beaucoup plus dense que ce que l'on imagine. C'est une période de profonde révolution qui trouve pour moi une résonance frappante avec ce qu'on vit aujourd'hui. C'est un monde en pleine mutation, des technologies qui surgissent et qui révolutionnent la vie quotidienne, des gens qui se sentent laissés pour compte d'un futur qu'on prétend comme radieux. Il y a une espèce de clivage social humain mais moral, presque. C’est une espèce de dépression, à la fin du dix-neuvième siècle. Nous sommes alors face à des gens qui disent que le monde leur échappe, qu’ils ne comprennent plus rien et qu’ils n’y ont plus leur place ! Cela m'a beaucoup parlé. En me rendant compte de ça, concrètement, j'ai eu envie de me rapprocher de cette période-là.

Philippe Chauveau :
Je faisais un petit clin d'oeil sur les recherches historiques qui ont été nécessaires pour ce roman. On parlait tout à l'heure de la famille. Je ne vais trahir aucun secret mais je sais que la famille, c'est important pour vous ! Vous avez déjà publié des ouvrages avec votre épouse. Et puis là, il y a le nom de votre fille qui apparaît pour les recherches historiques. Pourquoi cette envie de travailler ensemble ?

Philippe Chauveau :
Il y a deux aspects. D'abord, j'étais débordé ! Quand j'ai commencé à travailler sur le livre, tout seul, il y a un peu plus de huit ans, je me suis rendu compte que la masse de documentation était colossale. Quelques années plus tard, Il y a quatre ans, ma fille Chloé a tout juste 18 ans. et elle a le goût de la documentation, le goût de l'apprentissage, elle a ce goût de la lecture. Par envie de travailler avec elle, et par envie de lui montrer ce que c'est vraiment d’effectuer des recherches, je lui ai proposé de gérer le fonds de communication et le fonds de documentation avec moi.

Philippe Chauveau :
Ce livre est aussi pour vous l'occasion de rendre hommage à un célèbre magicien que l'histoire a peut-être un peu oublié…

Gilles Legardinier :
Tout à fait, c'est Robert Houdin, un Français dont on a pris le nom. Tout le monde connaît Houdini, qui était un austro-hongrois émigré aux états-Unis. Il maîtrisait parfaitement les codes de la communication et du show de l'époque. Il était très en vogue aux Etats-Unis. Il a pillé non seulement le nom de Robert Houdin mais aussi ses tours et il en est mort puisqu'il n'a pas su maîtriser ce que l'autre maîtrisait. Donc, parlons plutôt du modèle original car j'aime moins les copies ! Robert Houdin était un type absolument fascinant. Il est l’une des nombreuses figures présentes dans le roman. J’avais envie de lui rendre hommage et je m'appuie sur lui parce que c'est vraiment quelqu'un d'extraordinaire. Il devrait être réhabilité. Les magiciens d’aujourd’hui lui doivent beaucoup et sa personnalité humaine était juste fascinante. Au-delà de son talent pour la magie, c'était vraiment un visionnaire. Il avait imaginé beaucoup de choses qui sont depuis devenus des normes, un peu comme Jules Verne ou Leonard de Vinci.

Philippe Chauveau :
C'est un grand roman d'aventures. Il y a du rythme, on est embarqué avec Vincent et ses amis et on passe formidablement de lecture. Il y a aussi les toutes dernières pages de remerciements auxquelles vous nous avez habituées et qui sont toujours pleines de sincérité et d'émotion aussi. Mais il y a aussi ces quelques lignes dans les toutes premières pages du livre. Vous écrivez ceci :
« Je veux vous dire : ne redoutez pas les temps qui s'annoncent mais n'acceptez rien sans juger ». Pourquoi avoir eu besoin d'écrire cela ?

Gilles Legardinier :
Cela n'a pas été un un besoin mais une envie. C'est vraiment ce que peut dire Vincent. C'est l’une des questions que pose ce livre : que faisons-nous de ce que nous savons aujourd'hui ? Nous sommes dans un dans un temps où malgré la soi-disant communication malgré la soi-disant ouverture, les choses n'ont jamais été aussi dures humainement. Les clivages n'ont jamais été aussi grands. Selon moi, on peut dépasser ça parce que chacun a d'abord à faire ce en quoi il croit. On ne devrait faire que ça et ne pas se disperser pas dans des choses qui, finalement, ne sont que du bruit et ne servent à rien.

Philippe Chauveau :
Voilà un formidable roman d'aventures. C’est aussi un livre qui nous donne des clés pour avancer dans la vie. « Pour un instant d'éternité ». Gilles Legardinier, vous êtes publié chez Flammarion. Merci beaucoup.

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