Véronique Ovaldé

Véronique Ovaldé

Personne n'a peur des gens qui sourient

Livre 00'06'31"

Philippe Chauveau :
Je me permets de reprendre cette phrase d'un scénariste au sujet de votre écriture : « Une bombe entourée d'un ruban ». C'est, peut-être, aussi une phrase qui correspond bien à Gloria, cette jeune femme que vous nous présentez dans votre nouveau roman « Personne n’a peur des gens qui sourient ». Gloria semble être une femme assez fragile, qui cache pas mal de failles. C’est elle que nous allons découvrir au fil des pages. Tout démarre un soir de début d'été, au mois de juin. C'est la fin de l'année scolaire. Gloria va aller récupérer précipitamment ses deux filles, la toute petite Loulou et l’ado boudeuse, Stella.
Elle les emmène très loin de cette ville du bord de Méditerranée où elles vivent. Elles vont aller se réfugier en Alsace, dans une petite maison de famille, pour fuir quelque chose ou quelqu'un. On va le découvrir au fil des pages. Présentez-nous Gloria ? Qui est cette femme sans doute un peu fracassée par la vie ?

Véronique Ovaldé :
Je dirais que Gloria est une femme finalement assez normale mais les événements vont faire qu'elle va qu'elle va se déployer et elle va se servir de ce qu'il y avait de plus sauvage en elle. Pour moi, c’est une héroïne. C'est une femme qui va aller contre les fatalités, qui va lutter contre les fatalités.

Philippe Chauveau :
Elle a ses propres fêlures, avec une mère qui n'a pas été très aimante, pas très attentive, un père qui est parti, ce qui a fait d'elle une rentière. Elle a d’ailleurs un avocat qui s'occupe de ses biens. Il y aussi Tonton Gio qui est une sorte de parrain. Je parle volontairement de parrain parce qu'il y a la Corse aussi qui est très présente. Ils sont d’ailleurs tous corses d’origine même si l'action se passe en Alsace. C'est surtout un beau portrait de femme et un beau portrait de mère. Il y a une vraie connivence entre Gloria et ses deux filles Loulou et Stella, même si Stella joue un peu les ados rebelles, ce qui est normal à cet âge. Mais il y a une vraie osmose entre ces trois femmes.

Véronique Ovaldé :
Oui. La figure de la mère est quelque chose que je trouve captivant parce qu'il y a quelque chose à démystifier dans la figure maternelle, dans la figure et de la femme en général, dans le corps féminin même et dans la maternité justement. C'est très intéressant de ne pas ne pas la voir que d'un que d'un seul regard, que sur un seul plan. Ce personnage de Gloria est à la fois une mère tendre, aimante et attentive. Mais elle peut être terrible aussi, un peu comme une louve. comme tigresse. Elle a un côté ultra protectrice.

Philippe Chauveau :
Gloria, c'est donc un beau portrait de femme et un beau portrait de mère. Mais votre roman, et c'est là toute sa force et sa puissance, va bien au-delà. Gloria cache quelque chose. On l'a dit, un jour, elle décide de quitter les bords de la Méditerranée pour rejoindre précipitamment l'Alsace. On a parlé de Gloria et de ses filles mais il y a aussi des personnages masculins. Il y a Samuel avec qui elle a été mariée pendant un temps et qui est mort. Il y a l'avocat Santini qui protège les biens de Gloria. Et puis il y a aussi Tonton Gio qui est une sorte de parrain, de père de substitution, et on va se rendre compte que finalement Gloria n'est peut-être pas aussi lisse que l’on pourrait le croire. Et même si on s'attache à elle, parfois, on se pose beaucoup de questions sur son personnage. Il y a une énigme dans votre roman.

Véronique Ovaldé :
Oui il y a une énigme. Il y a des secrets qui vont peu à peu se dévoiler. Ce qui m'intéresse dans un personnage comme Gloria, c'est son ambiguïté, c'est son ambivalence. Ce qui est intéressant dans la littérature, ce sont les points d'incohérence. On peut se permettre beaucoup dans les livres ! Gloria est à la fois une femme adorable et vulnérable comme vous le disiez, mais elle est aussi, comme je l’écris dans le livre, l'ancienne petite fille à la hache !

Philippe Chauveau :
Elle est pleine de contradictions Gloria. « Gloria n'aurait jamais imaginé devenir l'une de ces personnes qui regardent leurs enfants et pensent « le temps passe si vite ».
Elle est pleine d’ambivalences, elle n'est sans doute pas la femme qu'elle aurait voulu être. Peut-être parce que les hommes n'ont pas forcément été tendres avec elle ? Mais peut-être qu’elle-même n'a pas été tendre avec les hommes qui ont croisé sa route ?

Véronique Ovaldé :
Je ne crois pas que ce soit vraiment la difficulté pour elle. Je dirais que globalement, ce sont les rigueurs du monde qui l’a éprouvée. Sa mère est partie quand elle était enfant, son père est mort, son bien-aimé est mort aussi, donc, effectivement, elle a été éprouvée. Mais au-delà de ça, c'est un personnage qui a une forme de vitalité.

Philippe Chauveau :
Je ne veux pas aller plus loin dans l'intrigue parce qu'il y a des rebondissements et une fin à laquelle on ne s'attend pas du tout. Mais j'aimerais qu'on parle de votre construction. Il y a toute la finesse de votre écriture. Il y a des ambiances aussi, que ce soit les bords de la Méditerranée ou la forêt alsacienne, que ce soit cet univers que reconstitue Gloria pour ses deux filles. Et puis il y a aussi la construction que vous avez choisie avec deux périodes : la période de l'histoire et les flashback qui nous racontent Gloria avant, avec les différents hommes qui ont croisé son chemin. Comment avez-vous conçu ce livre ? Saviez-vous dès le départ qu’il serait tel qu'il est maintenant ?

Véronique Ovaldé :
Oui, j'avais en tout cas cette idée de l'alternance qui permet de comprendre ce qui se passe dans la réalité, entre le passé et le présent de Gloria et de ses filles. Je voulais un texte très serré temporellement. C’est un texte qui se passe sur trois ou quatre mois, ça commence au début de l'été et ça finit au début de l'automne. Parallèlement, on a une alternance avec ce qui s'est passé dans la jeunesse et l'enfance de Gloria. Et, peu à peu, on va découvrir qui elle est réellement, qui sont les gens qui l'entourent, par quoi et par qui elle est vraiment menacée. On va découvrir ce qui est dangereux finalement… ou ce qui ne l'est pas.

Philippe Chauveau :
Faut-il avoir peur de Gloria ? Faut-il se méfier d’elle ? Est-ce une femme qui sourit et dont il faut se méfier

Véronique Ovaldé :
Non, il ne faut pas se méfier de Gloria. Si elle estime que vous êtes quelqu'un de bien, elle vous fera aucun mal...

Philippe Chauveau :
« Personne n'a peur des gens qui sourient », c'est votre actualité Véronique Valdés et c'est une réussite ! Vous êtes publié chez Flammarion. Merci beaucoup.

Personne n'a peur des gens qui sourient Flammarion
  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • C’est en 2000 que Véronique Ovaldé publie son premier roman « Le sommeil des poissons ». L’élégance et l’originalité de sa plume la font rapidement remarquer et les titres suivants lui amènent un public fidèle. En 2009, avec son 7ème titre, « Ce que je sais de Vera Candida », elle obtient notamment le prix Renaudot des lycéens et le prix Roman France Télévisions. Parallèlement, Véronique Ovaldé est aussi éditrice et écrit aussi pour la jeunesse.Cherchant à oublier le quotidien d’une enfance un peu triste,...Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique Ovaldé - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Bonjour Véronique Ovaldé, votre actualité chez Flammarion « Personne n'a peur des gens qui sourient ». Voilà une belle aventure qui se poursuit. Une aventure en tant que romancière qui a démarré en 2000 avec votre premier titre. Mais il faut rappeler que, parallèlement, vous êtes aussi éditrice. Travailler dans le monde de l'écriture, de la littérature, cela a toujours été une envie, un rêve de gosse ? Véronique Ovaldé :Finalement pas du tout. ! En fait, j'ai toujours voulu être écrivain mais...Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique Ovaldé - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau :Je me permets de reprendre cette phrase d'un scénariste au sujet de votre écriture : « Une bombe entourée d'un ruban ». C'est, peut-être, aussi une phrase qui correspond bien à Gloria, cette jeune femme que vous nous présentez dans votre nouveau roman « Personne n’a peur des gens qui sourient ». Gloria semble être une femme assez fragile, qui cache pas mal de failles. C’est elle que nous allons découvrir au fil des pages. Tout démarre un soir de début d'été, au mois de juin. C'est la fin de...Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique Ovaldé - Livre - Suite