Quelle belle surprise que ce nouveau titre d’Eric Bonnargent, « Le désespoir du Professeur Mittelman » paru aux éditions du Sonneur ! Et je dis nouveau titre puisque l’auteur avait déjà cosigné en 2015 un précédent ouvrage avec Gilles Marchand, roman épistolaire autour de l’écrivain chilien Roberto Bolano.

Mais pour la première fois seul donc, Eric Bonnargent s’attaque à l’écriture romanesque classique. Seul, pas tout à fait, car son personnage central, le professeur Mittelman est bel et bien un frère jumeau de papier.

Comme notre auteur, Mittelman est professeur de philosophie en lycée de banlieue.

Comme notre auteur, Mittelman a enseigné pendant plusieurs années à Nice.

Comme notre auteur, Mittelman se targue d’être un écrivain.

La ressemblance va-t-elle plus loin ? Mystère.

En tous cas, une chose est sûre, Eric Bonnargent est plus joyeux et moins déprimé que son personnage, anti-héros par excellence.

Car Mittelman est aigri, amer, désabusé. Alors que la retraite vient de sonner, remontant le cours de sa vie, Mittelman fait un bilan peu glorieux de ses années d’enseignement. Et à travers des chapitres courts qui sont autant de flash-back, défilent des situations toutes plus drôles et cyniques les unes que les autres. Chacun en prend pour son grade : l’éducation nationale, les femmes, la société de consommation, le milieu littéraire… L’auteur forçant volontairement le trait, on rit beaucoup aux mésaventures de notre Mittelman qui a vu ses valeurs et ses idéaux voler en éclats au fil des ans. Mais derrière l’humour et la causticité, Eric Bonnargent nous invite aussi à une réflexion bien sentie sur notre époque et son désenchantement.

Belle réussite donc que ce roman d’Eric Bonnargent .« Le désarroi du professeur Mittelman » est publié aux éditions du Sonneur.