Il est toujours enthousiasmant de croiser le chemin d’un jeune auteur qui vous dit : « Moi, désormais, ma vie c’est l’écriture ! ». Mesurons le courage, la volonté, la pugnacité qu’il faut pour chaque jour avoir rendez-vous avec sa page blanche sans savoir si l’inspiration viendra. C’est le choix de vie qu’a fait Alexis Blumbergs.

Une scolarité au Maroc, des années à sillonner le monde, en famille d’abord, puis pour raisons professionnelles, au Moyen-Orient, en Amérique latine puis aux Etats-Unis. Et puis, un jour, donc, l’envie de changer de vie pour devenir écrivain, le retour en France, et l’installation avec femme et enfants dans un petit hameau de la campagne poitevine.

Il y eut un premier roman, en 2009, sorte de galop d’essai, « La tristesse des mandarines ». Et voilà ce nouveau titre, « la soie et le fusil » écrit lors des derniers mois passés en Amérique, à l’époque Covid mais qui raconte pourtant un sujet est bien français.

Nous sommes en Ardèche, à l’été 1943. Les Allemands ont envahi la France. Mais sur cette terre où l’on vit chichement en cultivant le ver à soie, la Résistance s’organise. Huit jeunes gens, ayant refusé le STO se retrouvent dans le maquis. Leur mission, réceptionner un parachutage allié. Ils ont entre 19 et 21 ans, sont déterminés et idéalistes. Mais un agent français de la Gestapo est sur leur piste. Se basant sur un fait authentique ayant eu lieu dans le petit village ardéchois de Thines, Alexis Blumbergs nous raconte une histoire de résistance, de trahison mais aussi d’engagement, de résilience et en cela, au-delà de ses huit jeunes gens à qui il redonne vie, l’auteur prête à sa plume à tous ceux qui résistent à l’oppression, à la violence aveugle, à l’obscurantisme, quels que soient les époques ou les continents.

L’histoire est passionnante et bouleversante tant on s’attache à ces huit jeunes gens avec leurs fragilités et leurs espoirs, huit héros en devenir que l’on voit avancer inexorablement vers le drame. L’écriture est vive, rythmée, bien ficelée, sur un laps de temps réduit, avec une atmosphère oppressante, que l’on soit dans la forêt ardéchoise où l’ennemi peut être caché derrière chaque arbre ou sous le soleil de Marseille, quand la Gestapo faisaient subir tortures et sévices dans ses locaux de la rue Paradis.

Ce nouveau roman d’Alexis Blumbergs est une réussite et gageons qu’il nous réserve encore de belles surprises en librairie dans les années à venir.

« La soie et le fusil, la tragédie de Thines » d’Alexis Blumbergs est publié aux éditions Complicité.