Nicolas Fraissinet

Nicolas Fraissinet

Des étoiles dans les yeux

Livre 00'07'31"

Philippe Chauveau :
Avec ce premier roman, Nicolas Fraissinet, il est à la fois question de musique, on va y revenir, et il est surtout question d'un héros qui s'appelle Eliott. Nous allons faire sa connaissance. Le roman démarre de façon assez brutale. Eliott a 25 ans et il apprend que, dans les quinze prochains jours, il va perdre la vue. Forcément, il est paniqué puis, il va essayer de comprendre pourquoi et comment il en est arrivé là. D'où vient cette histoire et qui est ce fameux Eliott ?

Nicolas Fraissinet :
L'histoire vient déjà de l'envie de parler d'une grande question qui nous appartient à tous. Comment se comporte-t-on quand on se retrouve face à la montagne ou à l'épreuve de notre vie ? Je pense qu'on a tous, à un moment de notre vie, une épreuve qui peut être la perte d’un être cher, la maladie… Cela peut prendre toutes les formes qu'on peut imaginer et on se retrouve tous, à ce moment-là, devant un choix qui est celui, soit de s'effondrer et lâcher prise, soit continuer à marcher, essayer d'aller au-delà de la montagne et de se sentir grandi de cette épreuve. Ce qui arrive à ce personnage, c'est ça. Il arrive à un moment où il s'effondre, c'est ce qui se passe dans les trois premiers jours de l'histoire, et puis, par certains éléments qui lui arrive par certaines personnes qui se rapprochent de lui, finalement, il décide de se lancer dans une espèce de course contre la montre pour se dépêcher d'être heureux.

Philippe Chauveau :
Il n'est pas seul dans ce parcours parce qu'il est très entouré. Il y a sa mère qui est peut-être même un peu trop protectrice. Il y a ses amis, des proches comme le patron du bar dans lequel il travaille. Il y a des gens qui le soutiennent et qui ne savent d’ailleurs pas toujours trouver les mots.

Nicolas Fraissinet :
Effectivement, il n'est pas seul. Il a même une manière bien à lui de parler de ses deux meilleurs amis qui sont tout le temps autour de lui. Il en parle comme de ces deux luminaires. Pour moi, l'idée, c'était vraiment d'avoir ce personnage au centre de l'histoire mais que toutes les personnes qui gravitent autour de lui réfléchissent également une partie de la lumière afin qu’Eliott essaie de comprendre ce qu'il ne voit pas forcément.

Philippe Chauveau :
Eliott s'apprête à perdre la vue mais il est bien conscient qu'il va découvrir autre chose, qu'il va découvrir un autre monde. C'est comme si une autre vue allait s'offrir à lui au fil des pages. Il en est très vite conscient.

Nicolas Fraissinet :
Il en est un peu conscient grâce à certains indices que lui laissent les personnages, il pense comprendre ce qu'il est en train de vivre. Mais, à la limite, j'ai le sentiment que le fait qu'il le comprenne avant n'est pas l'essentiel de sa recherche. L'essentiel, c'est que c'est qu'il se rende compte que c'est le fait de ne pas abandonner et de continuer qui va lui permettre justement d'aller au-delà de cette montagne, même s'il ne comprend pas pourquoi. Il y a un personnage à un moment qui lui dit : j
« Vous cherchez la cause mais ne le faites pas. Il n'y en a pas et la raison à tout cela vous attend déjà quelque part. C'est en ne cherchant pas et en continuant à avancer que vous la trouverez ».

Philippe Chauveau :
Votre livre est assez déroutant parce qu'il y a d'abord plusieurs histoires en une et il y a même plusieurs livres en un. Je vous promets que je ne vais rien dévoiler de l'intrigue mais il se passe énormément de choses mais c'est vrai qu'au fil des pages ! Au début, tout commence de façon très classique. Elliot a 25 ans et malheureusement, par la maladie, il va perdre la vue. Et puis, très vite, on arrive dans un univers onirique, poétique. On est dans une ville dont on ne sait pas très bien où elle est. Les personnages ont des noms un peu bizarres. Il y a aussi des expressions qui viennent dans le récit que l’on ne comprend pas forcément au premier abord. C'est toute la première partie du roman. Vous aviez envie d'entraîner votre lecteur dans un autre univers, de le dérouter peut-être. Pourquoi ?

Nicolas Fraissinet :
En fait, j'avais envie de casser certains repères pour que, tout de suite, le lecteur ait le sentiment qu'il y avait une réalité à trouver qui n'était pas forcément dans les codes qu'on a aujourd'hui. Pour moi, cette idée là se retrouve aussi dans les illustrations, parce qu'il y a des symboles et des schémas. Il y a beaucoup de choses qui permettent au lecteur, s'il le souhaite, de chercher des passerelles. J'ai imaginé ce livre un peu comme une histoire parsemée de petits passages secrets, comme un concept que le lecteur peut choisir de suivre ou pas. Donc, il peut lire le livre comme une histoire linéaire et prendre, je l'espère, le plaisir que pourra lui donner l'histoire mais sans chercher plus que cela. Ou sinon, il peut aussi se plonger dans le double fond du chapeau de magicien et voir qu'il y a encore d'autres doubles fonds. Toutes ces pistes lui sont proposées mais ne sont pas imposées.

Philippe Chauveau :
Parmi les citations que vous avez choisies en ouverture de roman, j'aime beaucoup celle de Galilée : « J'ai aimé les étoiles trop profondément pour avoir peur de la nuit ». Pourquoi avoir choisi cette citation en particulier ?

Nicolas Fraissinet :
Je pense que j'aurais aimé qu'on me le dise quand j'étais petit, cela m'aurait aidé à avoir moins peur de la nuit ! En fait, j'aime cette phrase là parce qu’elle dit que c'est l'amour qui permet d'aller au-delà de la peur que l'on ressent par rapport à une situation ou une réalité. Et c'est exactement ce qui arrive à Elliott. Il est confronté à quelque chose qui est terrifiant et il le vit d'une manière très violente. Mais l'amour des gens qui sont autour de lui brise le mur et la lumière passe à travers les failles. C'est une histoire d'amour 2.0 !

Philippe Chauveau :
Le livre en lui-même est un objet assez inattendu. Il y a le roman et l'écriture avec cette lecture linéaire que l'on peut faire comme vous vous le précisez. Et puis, c'est en ouverture de chapitres, il y a des illustrations qui nous rapprochent de l'astrologie. Il y a aussi des QR codes qui nous permettent d'entrer dans votre univers musical, en parallèle de l'histoire. Enfin, à la fin de chaque chapitre, il y a un inter-chapitre qui nous projette sur scène. On ne dira pas vraiment pourquoi mais c'est expliqué au fil des pages. Là encore, pourquoi avoir choisi cette construction qui peut éventuellement dérouter le lecteur ?

Nicolas Fraissinet :
Je voulais que le livre soit à la fois un roman, dans le sens classique du terme, et en même temps qu'on puisse le percevoir comme un livre d'images. Et parce que j'ai l'impression que l'on peut accéder à des niveaux de compréhension qui sont différents par le texte ou par l'image et encore autrement par la musique. C'est pour cela qu'il y a les fameux QR codes dont on parlait qui permettent au lecteur, avec son téléphone, de scanner le QR code qui est en tête de chaque chapitre et accéder ainsi, en ligne, à la musique, à la bande originale, du chapitre et d'avoir une musique.

Philippe Chauveau :
Ces musiques que vous avez vous même composées et qui sont les versions instrumentales des chansons qui verront le jour un peu plus tard.
On l'aura compris, il s'agit là d'un roman mais c'est un roman qui prend place dans un parcours de vie et dans un parcours artistique beaucoup plus large, en complément de votre métier de musicien et de chanteur.
Voilà une belle histoire, une histoire qui nous emmène dans un autre univers, une histoire qui nous fait réfléchir sur les embûches que nous réserve la vie dans le quotidien. Tout cela porté par une écriture vraiment très travaillée et très belle, accompagné par votre musique. Merci Nicolas Fraissinet, votre premier roman, « Des étoiles dans les yeux » est publié chez Belfond.

  • PRÉSENTATION
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  • LIVRE
  • C’est un musicien et un écrivain que nous mettons aujourd’hui à l’honneur. Né à Lausanne en 1980, Nicolas Fraissinet a suivi des études littéraires avant de travailler dans le cinéma en tant qu’assistant de réalisation. Mais c’est bien la musique qui le fait vibrer. Auteur, compositeur, pianiste, il se révèle au grand public en 2005 avec ses premiers titres. Déjà très connu en Suisse, approuvé par la critique qui voit en lui un nouveau Polnareff, il poursuit à son rythme sa conquête du public français, créant...Retour sur le 1ère édition de Nicolas Fraissinet - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Bonjour Nicolas Fraissinet. Merci d'avoir répondu à notre invitation. « Des étoiles dans les yeux », c'est votre premier roman aux éditions Belfond. Vous avez un parcours atypique parce que je ne sais pas si je reçois un écrivain, si je reçois un musicien ou si je reçois un artiste avec un A majuscule. Vous êtes entre la France et la Suisse et on vous connaît davantage, pour le moment, dans l'univers de la musique. Vous êtes musicien depuis plusieurs années maintenant. Si vous deviez vous définir, qui...Retour sur le 1ère édition de Nicolas Fraissinet - Portrait - Suite
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