Xavier Lapeyroux

Xavier Lapeyroux

De l'autre côté du lac

Livre 06'50"

Philippe Chauveau :

Quelle drôle d'histoire Xavier Lapeyroux ! Il s’en passe des choses « De l'autre côté du lac », votre troisième et nouveau roman. C'est le début de l'été, c'est la fin des cours, nous sommes dans un quartier résidentiel qui s'appelle la Colline. C'est étouffant, ce début d'été est très orageux. Nous faisons connaissance avec Hermann, il a une petite quarantaine d'années, il vit avec Soma, son épouse et Sam, leur fille adolescente. Il y a une tension palpable avec cet orage, une tension peut-être aussi dans la famille, une tension là ou travaille Hermann, un centre pour jeunes en difficultés. Qu'est(ce qu'il va se passer dans cette histoire ? Pourquoi Hermann a-t-il pris vie sous votre plume ? Qui est-il ce drôle de personnage ?

Xavier Lapeyroux :

C'est un personnage qui a besoin de contrôler les choses de A à Z, il est dans le contrôle total, quotidien, il a besoin d'avoir une maîtrise à la fois de ce qu'il se passe, de sa vie...

Philippe Chauveau :

Il faut que ce soit très carré, il a besoin de savoir qui il est, ce que font les autres.

Xavier Lapeyroux :

Oui, c'est un véritable anxieux qui s'inquiète beaucoup.

Philippe Chauveau :

Il s'inquiète pour les gens qu'il aime, notamment Soma et Sam.

Xavier Lapeyroux :

Oui, tout à fait. Il y a une peur qui va apparaître. Chez le voisin, il y a deux jumeaux qui sont adolescents, il y en a un qui va tuer l'autre par accident et cela va créer, dès le démarrage, une anxiété chez ce personnage qui va transposer ce risque sur sa fille qui a le même âge.

Philippe Chauveau :

Je me permets d'évoquer la première scène qui est saisissante et dès ce moment-là, vous prenez le lecteur et vous ne le lâchez pas jusqu'à la dernière page. C'est le début de la soirée, une soirée d'été, ils sont en famille et puis il y a les lueurs des gyrophares qui commencent à apparaître dans ce quartier pavillonnaire. On va alors apprendre cet accident où l'un des jumeaux a tué son frère et dès lors, ça ne va plus jamais s'arrêter et il va y avoir cette envie pour Hermann de se préserver. Il y a l'importance aussi du décor, cette zone pavillonnaire avec de belles maisons et ce lac où il se baigne aussi parfois et cette forêt où Hermann va souvent se balader. Pourquoi avoir eu besoin de créer ce décor ?

Xavier Lapeyroux :

J'aime bien que dans mes romans que le décor et les lieux disent la psychologie des personnages. Ce lac est un peu l'endroit où Herman va se ressourcer, faire le point sur son existence, prendre des décisions. Il y a une transition qui va se faire au fil des pages et qui va l'emmener vers autre chose.

Philippe Chauveau :

Vous ne lâchez pas votre lecteur, de la première à la dernière page et on ne sait plus finalement ce qu'on est en train de lire. On ne sait plus si on lit un roman psychologique, un thriller, un roman noir ou si on flirte avec la folie. Et tout cela est savamment dosé avec une écriture très fluide et addictive. Il y a des situations dans lesquelles on sent que vous voulez nous emmener dans des chemins de traverse et de temps en temps, vous nous dites : « On a fait fausse route, il faut repartir dans une autre direction ». Vous aimez éparpiller votre lecteur pour le garder avec vous, c'est comme ça que vous avez conçu votre écriture ?

Xavier Lapeyroux :

Je brouille les pistes mais en fait je sais où je vais. Le roman parle de la peur de ce personnage, comment elle va naître en lui et comment cette peur va faire naître les démons qui vont le dévorer lui-même, c'est le sujet du livre. Il va devenir son propre ennemi.

Philippe Chauveau :

Il y a beaucoup de références artistiques, musicales ou cinématographiques, il y a même plusieurs pages consacrées à un film, un film qu'Hermann va vouloir montrer à sa propre fille Sam, « L'invasion des profanateurs ». Pourquoi cette importance de semer des petits cailloux pour le lecteur en donnant des références musicales ou cinématographiques et pourquoi l'importance de ce film dans votre histoire ?

Xavier Lapeyroux :

Les références en tant que telles apportent, selon moi, à chaque fois, quelque chose de plus à l'histoire. Vu que c'est un personnage très cartésien, très carré, cela dit des choses sur sa personnalité. Quand il parle musique ou photographie, il est très pointu. Il a des références précises, des goûts très précis, très arrêtés, au niveau cinématographique aussi. C'est vrai que ce film arrive au milieu du livre, c'est le point où tout va basculer dans le livre et ce film donner à Hermann, de façon plus ou moins consciente, une idée pour aborder la suite des évènements et protéger sa famille. Philippe Chauveau :

Hermann est un homme angoissé, un homme anxieux, un homme qui a peur, notamment pour ses proches. Hermann dit de lui-même : « Je suis une sentinelle à laquelle rien n'échappe ». Y-a-t-il beaucoup de vous dans le personnage d'Hermann ?

Xavier Lapeyroux :

Pas uniquement dans le personnage d'Hermann ! Je pense qu'on met beaucoup de soi. Sans parler d'autofiction, le romancier parle de lui-même, même s'il brouille les pistes, même s'il parle de choses qu'il n'a pas vécues. On va mettre des éléments de ce qu'on connait, on en parlera mieux si on connait les choses. Il y a sûrement de moi dans le personnage principal, de façon exacerbée pour Hermann. J'espère ne pas être à son niveau d'inquiétude !

Philippe Chauveau :

J'espère pour vous ! Vous qui travaillez en médiathèque mais c'est aussi une question que l'on peut se poser si on est libraire. Où doit-on classer le livre ? Le met-on au rayon des polars, des romans noirs, des thrillers, au rayon psychologique ? Le met-on dans les essais sur la folie ? Il est inclassable !

Xavier Lapeyroux :

Oui, c'est quelque chose qui me plaît d'être inclassable. Cela se fait peut-être plus dans la littérature étrangère qu'en littérature française. Je pense que mon roman est surtout psychologique, sans genre particulier.

Philippe Chauveau :

Voilà un roman qui se dévore de la première à la dernière page, un roman parfois dérangeant, envoutant, fascinant avec ce personnage d'Hermann que l'on suit et qui semble perdre pied à chaque page. C'est un gros coup de cœur ! Xavier Lapeyroux, vous êtes publié chez Anne Carrière, « De l'autre côté du lac ». Merci !

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  • Xavier Lapeyroux évolue depuis de nombreuses années dans le monde du livre et ce, des deux côtés du miroir puiqu’il travaille en médiathèque. Il cérit également depuis longtemps, des nouvelles, des poèmes ou des textes de chansons. Mais c’est avant tout le romancier qui nous intéresse ici. Après deux précédents titres dont « Marathon » paru en 2015, voici le nouvel opus de Xavier Lapeyroux « De l’autre côté du lac ». Difficile de vous dire s’il s’agit d’un roman noir, d’un conte fantastique, d’un...De l'autre côté du lac de Xavier Lapeyroux - Présentation - Suite
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