Voilà un roman dont on parle beaucoup et qui n'a pas finir de faire du bruit car il offre une peinture saisissante et brutale du monde de l'entreprise et des méthodes de management qui règnent dans les grandes sociétés. « Brillante » est un premier roman signé de Stéphanie Dupays.Si elle travaille à l'Inspection générale des Affaires sociales, ce qui nous éloigne de l'univers littéraire, Stéphanie Dupays n'en reste pas moins une lectrice assidue, attentive, curieuse, qui collabore d'ailleurs régulièrement au Monde des...
Brillante de Stéphanie Dupays - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Stéphanie Dupays. Vous êtes l'auteur de ce premier roman « Brillante » aux éditions Mercure de France. On va faire brièvement connaissance avant de parler de cet ouvrage. Même si l'on sait que vous travaillez à l'inspection générale des affaires sociales, la littérature est votre univers puisque vous êtes vous-même critique au « Monde des livres », d'où vient ce goût pour les mots et pour les lettres ?
Stéphanie Dupays :
Je pense que cela vient d'assez loin. J'étais enfant unique,...
Brillante de Stéphanie Dupays - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Dans ce premier roman Stéphanie Dupays, on fait connaissance avec Claire. Claire est une femme « brillante » c'est ce qu'on lui dit toujours lorsqu'on la croise. Elle a réussi ses études, elle a un poste dans une grande société, elle est assez contente de son parcours d'ailleurs et puis il va y avoir un petit grain de sable. Qu'avez-vous eu envie de nous raconter avec ce personnage de Claire qui ressemble à bon nombre de jeunes de notre époque ?
Stéphanie Dupays :
Je pense que cette histoire vient...
Brillante de Stéphanie Dupays - Livre - Suite
Stéphanie Dupays
Brillante
Présentation 1'35Voilà un roman dont on parle beaucoup et qui n'a pas finir de faire du bruit car il offre une peinture saisissante et brutale du monde de l'entreprise et des méthodes de management qui règnent dans les grandes sociétés. « Brillante » est un premier roman signé de Stéphanie Dupays.
Si elle travaille à l'Inspection générale des Affaires sociales, ce qui nous éloigne de l'univers littéraire, Stéphanie Dupays n'en reste pas moins une lectrice assidue, attentive, curieuse, qui collabore d'ailleurs régulièrement au Monde des Livres.
Dans ce premier roman, Stéphanie Dupays nous raconte Claire, une jeune trentenaire à qui tout réussit. Belles études de commerce, belle réussite professionnelle, bel appartement parisien, belle histoire d'amour avec un golden boy fabriqué dans le même moule qu'elle. Claire est brillante, c'est ce qu'on dit d'elle. Mais un jour, la machine s'enraye, dans le building où elle travaille, on ne lui confie plus de missions, ses collègues ne lui parlent plus, la vie professionnelle de Claire s'écroule et le reste suit.
Un sujet intemporel pour une histoire très contemporaine, celle d'Icare qui se brûle les ailes à voler trop près du soleil, celle de ces jeunes, filles et garçons qui sortent de grandes écoles en se croyant les rois du monde sans voir qu'ils sont au bord du précipice. Plus dure sera la chute pourrait être le sous-titre de ce roman très maîtrisé, bien construit, à l'écriture stylée. Un roman qui fait froid dans le dos et se lit comme un thriller.
« Brillante », le premier roman de Stéphanie Dupays est publié au Mercure de France.
Stéphanie Dupays
Brillante
Portrait 5'33Philippe Chauveau :
Bonjour Stéphanie Dupays. Vous êtes l'auteur de ce premier roman « Brillante » aux éditions Mercure de France. On va faire brièvement connaissance avant de parler de cet ouvrage. Même si l'on sait que vous travaillez à l'inspection générale des affaires sociales, la littérature est votre univers puisque vous êtes vous-même critique au « Monde des livres », d'où vient ce goût pour les mots et pour les lettres ?
Stéphanie Dupays :
Je pense que cela vient d'assez loin. J'étais enfant unique, j'habitais à la campagne et il n'y avait pas Internet à cette époque-là, donc j'allais dans les bibliothèques et c'est comme ça que j'ai découvert la littérature. Ensuite j'ai fait des études de lettres et j'ai toujours lu énormément, en revanche je me suis mis à écrire tard. Parce qu'en lisant beaucoup, j'ai longtemps pensé que tout avait été écrit et je n'étais pas sûre de faire quelque chose qui tienne la route. Il a fallu des années de désinhibition pour oser écrire de la fiction.
Philippe Chauveau :
Mais par rapport à ce que vous nous dites, puisque vous avez une formation littéraire, pourquoi travailler dans les affaires sociales ?
Stéphanie Dupays :
J'ai ce goût pour la littérature mais j'ai aussi beaucoup de goût pour le social, je m'intéresse aux conditions de travail, aux politiques publiques et finalement mon livre fait un peu le lien entre les deux univers. Et je voulais écrire un roman ancré dans notre réalité.
Philippe Chauveau :
Puisque comme vous nous l'avez dit, vous collaborez au Monde des livres, selon vous c'est quoi un bon livre ?
Stéphanie Dupays :
Pour moi un bon livre c'est d'abord un style et une histoire, je suis très sensible aux romans qui disent quelque chose sur notre monde et je pense que ce propos doit être soutenu par un style adéquat. Je n'aime pas les romans qui se lisent comme un article dans le journal, il faut qu'ils aient une voix.
Philippe Chauveau :
Quelles sont vos influence eu regard de ce que vous venez de nous dire, les auteurs qui vous ont marquée, vos sources d'inspiration peut-être ?
Stéphanie Dupays :
C'est assez difficile à dire parce que je n'ai pas conscience des influences qu'il y aurait dans mon livre. Il y a des auteurs que j'aime énormément qui sont du côté des stylistes comme Céline par exemple ou les anglo-saxons pour la manière qu'ils ont de raconter des histoires en prise avec la réalité comme Jonathan Coe ou Philippe Roth mais je ne suis pas sûre que ce que j'ai écrit ait un lien avec eux. Des personnes ont comparé mon texte à du Houellebecq, à du Pérec, d'autres ont parlé de Marivaux, de Balzac par rapport à l'ascension du personnage à Paris.
Philippe Chauveau :
Aujourd'hui vous vivez la vie d'un auteur qui vient de publier un premier roman, les critiques sont élogieuses, comment gérez-vous tous cela ?
Stéphanie Dupays :
Plutôt bien parce que je m'attendais au pire ! Je suis aussi statisticienne, je sais qu'il y a cinq cents romans qui sortent en janvier donc je savais qu'il y avait une faible possibilité pour qu'on parle de moi. Donc je suis très contente, je ne m'y attendais pas du tout et je suis assez rassurée sur mon écriture et ma capacité à écrire de la fiction.
Philippe Chauveau :
Vous avez gagné en assurance avec ce roman ?
Stéphanie Dupays :
Oui, parce que je n'aurais jamais pensé être capable d'écrire de la fiction parce que j'ai esprit très analytique et donc le fait d'avoir réussi à finir ce manuscrit, à le faire publier et à trouver des lecteurs, cela prouve que l'on peut réussir des choses à contre-courant de soi-même.
Philippe Chauveau :
On va suivre votre parcours avec beaucoup d'attention, c'est votre premier roman Stéphanie Dupays, cela s'appelle « Brillante » et c'est aux éditions Mercure de France.
Stéphanie Dupays
Brillante
Livre 7'59Philippe Chauveau :
Dans ce premier roman Stéphanie Dupays, on fait connaissance avec Claire. Claire est une femme « brillante » c'est ce qu'on lui dit toujours lorsqu'on la croise. Elle a réussi ses études, elle a un poste dans une grande société, elle est assez contente de son parcours d'ailleurs et puis il va y avoir un petit grain de sable. Qu'avez-vous eu envie de nous raconter avec ce personnage de Claire qui ressemble à bon nombre de jeunes de notre époque ?
Stéphanie Dupays :
Je pense que cette histoire vient d'un agacement contre le devoir de bonheur au travail et l'obligation d'être heureux dans toutes ses activités. Mes personnages ont beau passer leurs soirée sur un fichier Excel, ils sont très contents d'eux, ils montrent un visage souriant quels que soient les problèmes qui leur arrivent. Et j'ai voulu m'insurger contre le dogme de l'euphorie perpétuelle qu'on trouve dans le milieu de l'entreprise. Les entreprises d'aujourd'hui ont tendance à se montrer comme des instances de développement personnel et je trouvais que derrière ce discours en apparence humaniste se cachait une pression supplémentaire pour le salarié puisqu'il devenait obligé de se conformer à l'image du cadre idéal qui est toujours souriant et performant.
Philippe Chauveau :
Vous dépeignez un couple d'aujourd'hui avec Claire et Antonin, ils ont tous les deux une situation professionnelle brillante et qu'ils estiment épanouissante, ils travaillent tous les soirs jusqu'à 23 heures, ils n'ont pas de week-end, ils ont l'impression de réussir leur vie mais ce que vous nous expliquez c'est que tout cela, c'est de la poudre aux yeux.
Stéphanie Dupays :
Oui un peu, mais moi je voulais m'interroger sur ce qu'il se passait lorsque quelque chose commençait à dérailler. Est-ce que cet amour fondé sur une ressemblance, la communion d'un idéal de réussite, va tenir lorsqu'il arrive un souci à l'un des deux personnages. J'ai voulu voir cela pour les couples mais aussi pour les relations amicales fondées sur le même modèle.
Philippe Chauveau :
Il y a aussi une chose qui m'a beaucoup marqué, c'est le rapport de Claire avec sa famille et son propre passé. Claire est une jeune fille de province, elle a grandi à Agen et elle a toujours été fascinée par Paris. C'est comme si il y avait un rejet de son passé et de ses parents.
Stéphanie Dupays :
Oui, les parents de Claire ont tout fait pour qu'elle réussisse et finalement ils n'ont fait que creuser un fossé entre elle et eux. Et cette origine provinciale lui donne une fragilité supplémentaire puisque contrairement à Antonin, qui est né dans les beaux quartiers de Paris, qui peut demander de l'aide à ses parents si il a un questionnement sur son avenir professionnel, Claire est isolée et ne peut pas demander conseil à ses parents.
Philippe Chauveau :
Il y a aussi le personnage de Corinne, il est important d'en parler, puisque c'est un petit peu le grain de sable qui va arriver dans la vie de Claire. Il y a ce thème de la rivalité au sein de l'entreprise que l'on peut constater chaque jour.
Stéphanie Dupays :
Oui, il y a en effet une rivalité féminine très importante dans cette entreprise. Corinne c'est la supérieure de Claire, c'est aussi un modèle pour elle, car elle arrive à concilier sa vie professionnelle et sa vie de famille. Mais en fait derrière cette apparence, Corinne est à deux doigts du burn-out, elle est épuisée. Corinne va percevoir Claire comme un danger, et la pousser vers la sortie. C'était important que mes deux personnages principaux soient des femmes dans l'entreprise car je pense que finalement, c'est encore plus compliqué pour les femmes que pour les hommes de tout assumer.
Philippe Chauveau :
On l'aura compris, c'est une peinture sociale, une peinture au vitriol mais votre livre se lit vraiment comme un thriller. C'était une volonté dès le départ ?
Stéphanie Dupays :
Non, je ne m'en suis pas rendu compte parce que le livre est venu par des scènes. Quelques scènes m'ont donné envie d'écrire ce livre et de tisser une histoire entre ces scènes. Par exemple, j'aime les scènes de groupe et le roman commence par une soirée d'entreprise très chic au Centre Pompidou. Mais le fait que ce soit un thriller comme plusieurs personnes me l'ont dit, je ne m'en suis pas rendu compte. Peut-être que cela vient de l'écriture. Je voulais une écriture rapide qui mime l'urgence dans laquelle sont mes personnages. Peut-être que ça vient de là.
Philippe Chauveau :
Ce que j'ai apprécié dans votre roman Stéphanie Dupays, c'est le style, la recherche des mots, on sent que vous avez fait un travail d'orfèvre. Vous aviez cette volonté de faire quelque chose de très léché ?
Stéphanie Dupays :
Oui, comme je vous l'ai dit, j'ai de grosses influences littéraires, donc j'avais le poids de tous les auteurs que j'avais lus et aimés derrière mes épaules et je n'aurais jamais voulu publier un premier roman avec des phrases bancales donc j'ai fait un gros travail d'écriture et de réécriture pour qu'il n'y ai aucun mot qui ne dépassent.
Philippe Chauveau :
Voilà un premier roman « brillant », je sais c'était facile ! Félicitation car c'est vraiment un gros coup de cœur. « Brillante » c'est le premier roman de Stéphanie Dupays, aux éditions Mercure de France. Merci beaucoup.