Jacques Duquesne

Jacques Duquesne

Soeur Emmanuelle J'ai 100 ans et je voudrais vous dire

Le livre 7'50
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Jacques Duquesne nous sommes ensemble sur Web TV Culture pour parler de ce livre, publié aux éditions Plon, « Sœur Emmanuelle, J'ai 100 ans et je voudrais vous dire... », c'est un ouvrage écrit à 4 mains, avec Annabelle Cayrol. Alors cette rencontre avec Sœur Emmanuelle, vous lui avez expliqué le genre de livre que vous souhaitiez faire ?

Jacques DUQUESNE (Soeur Emmanuelle : J'ai 100 ans et je voudrais vous dire...) : Absolument oui. Et nous sommes allés voir Sœur Emmanuelle, en Provence, c'était au printemps, dans un jardin. On l'amène sur sa chaise roulante mais la tête fonctionne bien. Elle est même parfois d'une certaine vivacité... on discutait parfois elle et moi et nous n'étions pas obligatoirement d'accord sur tous les points. Alors elle disait « Comment tu oses dire ça ! » etc. C'était « question-réponse » pendant 4, 5 heures.

Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Quel personnage est-elle ?

Jacques DUQUESNE (Soeur Emmanuelle : J'ai 100 ans et je voudrais vous dire...) : C'est quelqu'un qui était d'une famille très riche. Elle avait un père français et une mère belge, c'était une jeune fille mondaine qui allait de Paris à Bruxelles, de Bruxelles à Londres, elle allait dans des soirées, très entourée de joli jeune gens, comme elle dit. Elle devait être une religieuse très jeune, 20 ans, quelque chose comme ça. Il n'y a rien dans sa jeunesse qui la prédispose à avoir cette vocation de s'occuper des enfants pauvres. Mais, elle a toujours voulu le faire. Et elle a d'abord souffert un peu finalement puisque son ordre religieux l'a envoyé à Istanbul, c'est l'ordre, Notre-Dame de Sion, avait des collèges. Dés qu'elle a eu sa retraite, à 60 ans, elle est rentée dans les bidonvilles.

Les débuts, vous vous rendez compte ? C'était une religieuse qui était professeur, qui vivait quand même dans un petit monde où la vie est bien ordonnée, réglée, où on est sûr d'avoir à manger midi et soir... qui débarque un jour et qui va dans une cabane de taule qu'un garçon lui a prêtée. Et elle vit là 20 ans. Et il faut voir ce que c'est que ces bidonvilles, c'est des cabanes de taule où il fait très chaud, il y a des rats... Mais elle a aimé cette vie, parce qu'elle dit « au bidonville on rigolait bien ».

Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Concrètement, Jacques Duquesne, quelle a été l'action de Sœur Emmanuelle dans les bidonvilles ?

Jacques DUQUESNE (Soeur Emmanuelle : J'ai 100 ans et je voudrais vous dire...) : Elle trouve des solutions simples aux choses. Par exemple, pour les rapports entre les musulmans et les chrétiens, elle s'est dit « Je vais les faire jouer au football ». Evidemment ça les a rapprochés parce que cela crée un esprit d'équipe qui a fait que dans chaque bord on s'est mieux entendu. Il y a aussi quelque chose qui m'a frappé chez elle, à l'époque elle avait crée un jardin d'enfants. Elle faisait payer les gens - une tarifa -, la plus petite pièce de monnaie égyptienne de l'époque. Ça c'est l'esprit de Sœur Emmanuelle, elle me dit « tu comprends, un mendiant si tu te bornes a lui donner tu ne le fais pas progresser, tu le maintiens dans un état de mendiant. Il faut faire quelque chose avec lui ». Donc ces petites gamines qui amenait une tarifa pour aller au jardin d'enfants, elles avaient le sentiment d'exister, d'être quelqu'un qui n'était pas humilié, qui faisait quelque chose, qui donnait sa participation à ça.

Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Le livre aborde beaucoup de sujets délicats : le mariage des prêtres, la contraception, la mort des enfants. Et on sent parfois certains doutes chez Sœur Emmanuelle ou du moins elle en a eu ?

Jacques DUQUESNE (Soeur Emmanuelle : J'ai 100 ans et je voudrais vous dire...) : Oui, elle a eu des doutes. Ça lui est arrivé à un moment où elle était professeur, elle se disait « Il faut que j'améliore ma formation à moi, parce que pour aider les filles que j'ai en face de moi il faut que je sois meilleure ». Donc elle a refait une formation, comme on dit maintenant, pendant qu'elle était professeur, elle est allée en faculté...Et ça lui a fait lire un certain nombre de philosophes, d'intellectuels, qu'elle n'avait pas connus ou par allusion, ça l'a troublée.

Elle nous a confiés, pas à moi à Annabelle Cayrol, ça c'était sûr qu'elle me l'aurait pas dit ; elle a été amoureuse d'un monsieur. Elle a utilisé une expression : « J'ai connu le cœur qui bat ». Quand on disait « mais pourquoi vous êtes pas mariée ? », partout elle était très entourée..., elle dit « j'étais pas sûre. En choisissant Dieu, finalement, je jouais la bonne carte, et maintenant je me dis que j'ai bien choisi ». Dans l'église, c'est quelqu'un qui se sent assez libre, par exemple elle dit « Qu'on ordonne des hommes mariés, pourquoi pas. Dans l'église d'Orient un homme marié peut devenir prêtre et ça ne posait pas de questions. ». C'est aussi élémentaire que ça pour elle.

Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Jacques Duquesne, revenons brièvement sur le parcours de Sœur Emmanuelle. Lorsque vous lui demandez si elle ne regrette pas la maternité, elle vous répond que par son association Asmae elle a 70 000 enfants. On peut parler brièvement de cette association ?

Jacques DUQUESNE (Soeur Emmanuelle : J'ai 100 ans et je voudrais vous dire...) : Cette association Asmae, qui emploie des dizaines et des dizaines de bénévoles, travaille aux Philippines, en Indonésie, aux Burkina Faso, au Darfour... L'idée c'est de faire grandir les enfants pour que ensuite, ils se développent, et fassent les choses eux même.

Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : La force de ce livre c'est d'être découpé en petits chapitres sur lesquels on revient sur des sujets bien précis. Mais finalement c'est un livre qui s'adresse a tous, que l'on ait un sentiment religieux ou non. Tout le monde peut être intéressé par ce livre et par Sœur Emmanuelle ?

Jacques DUQUESNE (Soeur Emmanuelle : J'ai 100 ans et je voudrais vous dire...) : Oui, je crois parce que c'est une aventure humaine exceptionnelle. Si elle est si connue c'est parce que, justement, elle a vécu ces aventures extraordinaires. C'est aussi une liberté de penser qui est grande, c'est un exemple extraordinaire de quelqu'un qui toute sa vie à poursuivi le même objectif.

Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Y a t-il un mot qui pourrait définir Sœur Emmanuelle ?

Jacques DUQUESNE (Soeur Emmanuelle : J'ai 100 ans et je voudrais vous dire...) : Emmanuelle. Ça veut dire « la bonne nouvelle », en réalité elle s'appelait Madelaine et elle a choisi le nom d'Emmanuelle, « la bonne nouvelle », c'est bien la bonne nouvelle, non ?

Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Jacques Duquesne merci beaucoup, « J'ai 100 ans et je voudrais vous dire... », ce livre d'entretien avec Sœur Emmanuelle que vous avez coécrit avec Annabelle Cayrol, est publié aux éditions Plon.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Jacques Duquesne nous sommes ensemble sur Web TV Culture pour parler de ce livre, publié aux éditions Plon, « Sœur Emmanuelle, J'ai 100 ans et je voudrais vous dire... », c'est un ouvrage écrit à 4 mains, avec Annabelle Cayrol. Alors cette rencontre avec Sœur Emmanuelle, vous lui avez expliqué le genre de livre que vous souhaitiez faire ?

Jacques DUQUESNE (Soeur Emmanuelle : J'ai 100 ans et je voudrais vous dire...) : Absolument oui. Et nous sommes allés voir Sœur Emmanuelle, en Provence, c'était au printemps, dans un jardin. On l'amène sur sa chaise roulante mais la tête fonctionne bien. Elle est même parfois d'une certaine vivacité... on discutait parfois elle et moi et nous n'étions pas obligatoirement d'accord sur tous les points. Alors elle disait « Comment tu oses dire ça ! » etc. C'était « question-réponse » pendant 4, 5 heures.

Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Quel personnage est-elle ?

Jacques DUQUESNE (Soeur Emmanuelle : J'ai 100 ans et je voudrais vous dire...) : C'est quelqu'un qui était d'une famille très riche. Elle avait un père français et une mère belge, c'était une jeune fille mondaine qui allait de Paris à Bruxelles, de Bruxelles à Londres, elle allait dans des soirées, très entourée de joli jeune gens, comme elle dit. Elle devait être une religieuse très jeune, 20 ans, quelque chose comme ça. Il n'y a rien dans sa jeunesse qui la prédispose à avoir cette vocation de s'occuper des enfants pauvres. Mais, elle a toujours voulu le faire. Et elle a d'abord souffert un peu finalement puisque son ordre religieux l'a envoyé à Istanbul, c'est l'ordre, Notre-Dame de Sion, avait des collèges. Dés qu'elle a eu sa retraite, à 60 ans, elle est rentée dans les bidonvilles.

Les débuts, vous vous rendez compte ? C'était une religieuse qui était professeur, qui vivait quand même dans un petit monde où la vie est bien ordonnée, réglée, où on est sûr d'avoir à manger midi et soir... qui débarque un jour et qui va dans une cabane de taule qu'un garçon lui a prêtée. Et elle vit là 20 ans. Et il faut voir ce que c'est que ces bidonvilles, c'est des cabanes de taule où il fait très chaud, il y a des rats... Mais elle a aimé cette vie, parce qu'elle dit « au bidonville on rigolait bien ».

Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Concrètement, Jacques Duquesne, quelle a été l'action de Sœur Emmanuelle dans les bidonvilles ?

Jacques DUQUESNE (Soeur Emmanuelle : J'ai 100 ans et je voudrais vous dire...) : Elle trouve des solutions simples aux choses. Par exemple, pour les rapports entre les musulmans et les chrétiens, elle s'est dit « Je vais les faire jouer au football ». Evidemment ça les a rapprochés parce que cela crée un esprit d'équipe qui a fait que dans chaque bord on s'est mieux entendu. Il y a aussi quelque chose qui m'a frappé chez elle, à l'époque elle avait crée un jardin d'enfants. Elle faisait payer les gens - une tarifa -, la plus petite pièce de monnaie égyptienne de l'époque. Ça c'est l'esprit de Sœur Emmanuelle, elle me dit « tu comprends, un mendiant si tu te bornes a lui donner tu ne le fais pas progresser, tu le maintiens dans un état de mendiant. Il faut faire quelque chose avec lui ». Donc ces petites gamines qui amenait une tarifa pour aller au jardin d'enfants, elles avaient le sentiment d'exister, d'être quelqu'un qui n'était pas humilié, qui faisait quelque chose, qui donnait sa participation à ça.

Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Le livre aborde beaucoup de sujets délicats : le mariage des prêtres, la contraception, la mort des enfants. Et on sent parfois certains doutes chez Sœur Emmanuelle ou du moins elle en a eu ?

Jacques DUQUESNE (Soeur Emmanuelle : J'ai 100 ans et je voudrais vous dire...) : Oui, elle a eu des doutes. Ça lui est arrivé à un moment où elle était professeur, elle se disait « Il faut que j'améliore ma formation à moi, parce que pour aider les filles que j'ai en face de moi il faut que je sois meilleure ». Donc elle a refait une formation, comme on dit maintenant, pendant qu'elle était professeur, elle est allée en faculté...Et ça lui a fait lire un certain nombre de philosophes, d'intellectuels, qu'elle n'avait pas connus ou par allusion, ça l'a troublée.

Elle nous a confiés, pas à moi à Annabelle Cayrol, ça c'était sûr qu'elle me l'aurait pas dit ; elle a été amoureuse d'un monsieur. Elle a utilisé une expression : « J'ai connu le cœur qui bat ». Quand on disait « mais pourquoi vous êtes pas mariée ? », partout elle était très entourée..., elle dit « j'étais pas sûre. En choisissant Dieu, finalement, je jouais la bonne carte, et maintenant je me dis que j'ai bien choisi ». Dans l'église, c'est quelqu'un qui se sent assez libre, par exemple elle dit « Qu'on ordonne des hommes mariés, pourquoi pas. Dans l'église d'Orient un homme marié peut devenir prêtre et ça ne posait pas de questions. ». C'est aussi élémentaire que ça pour elle.

Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Jacques Duquesne, revenons brièvement sur le parcours de Sœur Emmanuelle. Lorsque vous lui demandez si elle ne regrette pas la maternité, elle vous répond que par son association Asmae elle a 70 000 enfants. On peut parler brièvement de cette association ?

Jacques DUQUESNE (Soeur Emmanuelle : J'ai 100 ans et je voudrais vous dire...) : Cette association Asmae, qui emploie des dizaines et des dizaines de bénévoles, travaille aux Philippines, en Indonésie, aux Burkina Faso, au Darfour... L'idée c'est de faire grandir les enfants pour que ensuite, ils se développent, et fassent les choses eux même.

Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : La force de ce livre c'est d'être découpé en petits chapitres sur lesquels on revient sur des sujets bien précis. Mais finalement c'est un livre qui s'adresse a tous, que l'on ait un sentiment religieux ou non. Tout le monde peut être intéressé par ce livre et par Sœur Emmanuelle ?

Jacques DUQUESNE (Soeur Emmanuelle : J'ai 100 ans et je voudrais vous dire...) : Oui, je crois parce que c'est une aventure humaine exceptionnelle. Si elle est si connue c'est parce que, justement, elle a vécu ces aventures extraordinaires. C'est aussi une liberté de penser qui est grande, c'est un exemple extraordinaire de quelqu'un qui toute sa vie à poursuivi le même objectif.

Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Y a t-il un mot qui pourrait définir Sœur Emmanuelle ?

Jacques DUQUESNE (Soeur Emmanuelle : J'ai 100 ans et je voudrais vous dire...) : Emmanuelle. Ça veut dire « la bonne nouvelle », en réalité elle s'appelait Madelaine et elle a choisi le nom d'Emmanuelle, « la bonne nouvelle », c'est bien la bonne nouvelle, non ?

Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Jacques Duquesne merci beaucoup, « J'ai 100 ans et je voudrais vous dire... », ce livre d'entretien avec Sœur Emmanuelle que vous avez coécrit avec Annabelle Cayrol, est publié aux éditions Plon.

Soeur Emmanuelle J'ai 100 ans et je voudrais vous dire Aux Editions Plon
  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Web TV Culture vous propose une émission consacrée à Jacques Duquesne et à son livre d'entretien avec Sœur Emmanuelle, « J'ai 100 ans et je voudrais vous dire…». L'enregistrement de cette émission a été réalisé quelques jours seulement avant le décès de la religieuse. Journaliste pour l'Express, la Croix ou encore le Point dont il fut rédacteur en chef, Jacques Duquesne est aussi romancier. On lui doit notamment « Maria Vandame » pour lequel il reçut le Prix INTERALLIÉ en...Soeur Emmanuelle J'ai 100 ans et je voudrais vous dire de Jacques Duquesne - Présentation - Suite
    Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Jacques Duquesne merci de nous recevoir chez vous, à l'occasion de la sortie aux éditions Plon de ce nouveau livre consacré à Sœur Emmanuelle, « J'ai 100 ans et je voudrais vous dire...», donc ça on en reparlera. Mais Jacques Duquesne, j'aimerais qu'on parle un petit peu de vous. Journaliste : « Le Point », « L'Express », « La Croix », « La vie catholique », romancier : « Maria Vandamne », « Catherine Courage », finalement l'écriture a toujours fait partie de votre vie, mais...Soeur Emmanuelle J'ai 100 ans et je voudrais vous dire de Jacques Duquesne - Portrait - Suite
    Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Jacques Duquesne nous sommes ensemble sur Web TV Culture pour parler de ce livre, publié aux éditions Plon, « Sœur Emmanuelle, J'ai 100 ans et je voudrais vous dire... », c'est un ouvrage écrit à 4 mains, avec Annabelle Cayrol. Alors cette rencontre avec Sœur Emmanuelle, vous lui avez expliqué le genre de livre que vous souhaitiez faire ? Jacques DUQUESNE (Soeur Emmanuelle : J'ai 100 ans et je voudrais vous dire...) : Absolument oui. Et nous sommes allés voir Sœur Emmanuelle, en Provence,...Soeur Emmanuelle J'ai 100 ans et je voudrais vous dire de Jacques Duquesne - Le livre - Suite
    Jean-Denys TETIER La Colomberie 7 rue de Condé 75006 Paris 01 43 26 36 47 www.lacolomberie.com jdtetier@lacolomberie.fr Duquesne est un octogénaire reconnu, il y a longtemps qu’il est dans la profession, il a écrit énormément , et dans le domaine du religieux, il a écrit des choses qui ont fait des succès de librairie générale . C’est quelqu’un qui ne craint pas d’écrire des livres, qui peuvent susciter la controverse, il ne cherche pas forcément la vérité scientifique, mais plutôt la petite histoire dans la...Soeur Emmanuelle J'ai 100 ans et je voudrais vous dire de Jacques Duquesne - L'avis du libraire - Suite