Passionné depuis toujours par les livres, Laurent Gaudé s'est tout naturellement tourné vers les études de lettres. C'est avant tout le théâtre qui offre ses premiers succès à ce parisien de naissance. Sa première pièce, Onysos le furieux, est jouée en 1997, alors qu'il n'a que 25 ans.
Parallèlement à ce travail théâtral, Laurent Gaudé se lance dans l'écriture romanesque avec Cris, son premier roman en 2001, suivi rapidement de La mort du roi Tsongor, succès critique et public qui le place dans la catégorie des «...
Ouragan de Laurent Gaudé - Présentation - Suite
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Bonjour Laurent Gaudé. Votre actualité, c'est Ouragan, votre nouveau roman aux éditions Actes Sud. Il y a eu précédemment Le soleil des Scorta ou encore Eldorado, entre autres. C'est vrai que le grand public vous connaît, notamment pour vos romans, mais il y a eu aussi le théâtre, il y a toujours le théâtre d'ailleurs, et ça a été votre première écriture. Juste après vos études, il y a eu une première pièce. Pourquoi l'écriture du théâtre, pourquoi si jeune cette envie?
Laurent...
Ouragan de Laurent Gaudé - Portrait - Suite
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Laurent Gaudé, votre actualité, un nouveau roman, Ouragan, publié chez Actes Sud, dont vous êtes un fidèle auteur.
Ouragan, vous nous entraînez, là-bas, en Louisiane, La Nouvelle-Orléans, avec les éléments qui vont se déchaîner. C'est un ouragan qui se prépare, la population qui fuit. Et puis une dizaine de personnages, qui eux, vont rester sur place. Et les premières pages s'ouvrent avec Joséphine, cette négresse presque centenaire comme elle le dit elle-même. Pourquoi avoir voulu...
Ouragan de Laurent Gaudé - Le livre - Suite
L’amandier
9, bd Richard Wallace
92800 Puteaux
Tél : 01-47-42-62-25
www.librairielamandier.com
librairielamandier@orange.fr
intervenant : Julie Bacques
Laurent Gaudé n'en est pas à son premier livre. Je vais être très franche, c'est l'un de mes auteurs français préférés, donc à chaque fois qu'il y en a un qui sort, on le conseille avec grand plaisir, on se jette dessus.
C'est vrai que c'est un auteur très agréable à faire découvrir, parce qu'en général, les lecteurs reviennent, et ils lisent tout Laurent Gaudé. Dans...
Ouragan de Laurent Gaudé - L'avis du libraire - Suite
Laurent Gaudé
Ouragan
Présentation 1'02Parallèlement à ce travail théâtral, Laurent Gaudé se lance dans l'écriture romanesque avec Cris, son premier roman en 2001, suivi rapidement de La mort du roi Tsongor, succès critique et public qui le place dans la catégorie des « auteurs qui comptent ». En 2004, avec Le soleil des Scorta, il obtient le Prix Goncourt.
Le nouveau roman de Laurent Gaudé, Ouragan, nous entraîne en Louisiane, à La Nouvelle-Orléans, où l'annonce d'une terrible tempête pousse les habitants à fuir. Ceux qui n'ont pu partir devront subir la fureur des éléments et des hommes. Dans ce roman inspiré de l'ouragan Katrina, l'auteur met en scène une dizaine de personnages qui vont se croiser dans une ville abandonnée. Un décor apocalyptique pour un roman qui se veut à la fois tragédie, récit incantatoire, et fable humaniste.
Ouragan, le roman de Laurent Gaudé est publié chez Actes Sud.
Laurent Gaudé qui est avec nous sur WTC
Parallèlement à ce travail théâtral, Laurent Gaudé se lance dans l'écriture romanesque avec Cris, son premier roman en 2001, suivi rapidement de La mort du roi Tsongor, succès critique et public qui le place dans la catégorie des « auteurs qui comptent ». En 2004, avec Le soleil des Scorta, il obtient le Prix Goncourt.
Le nouveau roman de Laurent Gaudé, Ouragan, nous entraîne en Louisiane, à La Nouvelle-Orléans, où l'annonce d'une terrible tempête pousse les habitants à fuir. Ceux qui n'ont pu partir devront subir la fureur des éléments et des hommes. Dans ce roman inspiré de l'ouragan Katrina, l'auteur met en scène une dizaine de personnages qui vont se croiser dans une ville abandonnée. Un décor apocalyptique pour un roman qui se veut à la fois tragédie, récit incantatoire, et fable humaniste.
Ouragan, le roman de Laurent Gaudé est publié chez Actes Sud.
Laurent Gaudé qui est avec nous sur WTC
Laurent Gaudé
Ouragan
Portrait 5'02Bonjour Laurent Gaudé. Votre actualité, c'est Ouragan, votre nouveau roman aux éditions Actes Sud. Il y a eu précédemment Le soleil des Scorta ou encore Eldorado, entre autres. C'est vrai que le grand public vous connaît, notamment pour vos romans, mais il y a eu aussi le théâtre, il y a toujours le théâtre d'ailleurs, et ça a été votre première écriture. Juste après vos études, il y a eu une première pièce. Pourquoi l'écriture du théâtre, pourquoi si jeune cette envie?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
C'est une question difficile, je ne sais pas, probablement parce que j'ai été assez tôt, grâce à mes parents, spectateur. Donc, il y a eu quelques grands chocs comme ça, pour moi, de mise en scène de spectacles que je trouvais absolument fascinants, qui me donnaient envie de participer d'une manière ou d'une autre à cette chose-là. J'étais trop timide probablement pour être acteur, cela ne m'a jamais tellement tenté, et l'écriture me semblait la seule manière pour moi de rentrer dans ce monde-là.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Vous avez comme ça, à brûle-pourpoint, un souvenir, un choc théâtral ?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
J'en ai plusieurs, un de ces grands spectacles dont je parlais c'est Maria Casarès dans le rôle d'Hécube, mis en scène par Bernard Sobel, c'était magnifique, je devais avoir quinze, seize ans, et de voir cette immense dame, incarnée comme ça avec tout son corps avec sa voix rocailleuse c'était très impressionnant.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Vous auriez pu rester dans l'écriture théâtrale, mais vous avez voulu aussi vous lancer dans l'écriture romanesque, donc c'est 1999 le premier roman Cris.
Laurent Gaudé (Ouragan) :
J'ai commencé à l'écrire en 1999, et j'ai mis deux ans à l'écrire donc effectivement il est sorti en 2001.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Alors pourquoi passer du théâtre au roman ?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
Je ne me suis jamais dit : « tu vas être dramaturge », j'avais envie d'écriture, c'est vrai que dans un premier temps, ça a pris la forme du théâtre, car ça me semblait plus facile, ça s'est fait comme ça, mais j'ai toujours eu rendez-vous dans ma tête avec l'écriture en général, je n'avais pas envie d'une forme, j'avais envie d'essayer l'écriture.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Tout s'est enchaîné finalement très rapidement, entre vos premières publications, et aujourd'hui, beaucoup de pièces, beaucoup de romans, La mort du roi Tsongor, prix Goncourt des lycéens, puis en 2004, la consécration le Goncourt pour Le soleil des Scorta. Comment avez-vous vécu tout cet enchaînement, est-ce qu'à un moment, vous avez eu envie de vous poser, de vous dire je me laisse embarquer, ou est ce que ça s'est fait naturellement ?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
Non, ça s'est fait naturellement et dans une grande joie d'abord, il faut le dire, c'est-à-dire qu'effectivement, j'ai beaucoup de chance. Cette succession-là de reconnaissance a permis, d'abord de valider mon choix d'écriture dans la vie, de m'asseoir dans cette activité-là, vis-à-vis des gens qui m'entourent, de la société ; vis-à-vis de tout ça, donc c'est déjà un luxe inouï par rapport à beaucoup de camarades auteurs qui sont encore dans cette difficulté-là. Puis ,vis-à-vis du travail, cela permet de le faire en toute liberté, et avec bonheur aussi, donc je n'ai pas eu envie que cela ralentisse, j'étais suffisamment jeune pour aimer ce rythme-là. Et puis, cela a provoqué d'autres projets aussi, d'autres travaux, donc ce sont des années très chargées, très intenses, très fatigantes. Mais je dis tout ça sans aucune plainte de ma part, c'est-à-dire que c'est un vrai bonheur.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Peut-on dire que vous êtes un boulimique de l'écriture en quelque sorte, vous aimez avoir plusieurs projets en cours simultanément ?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
J'aime bien le travail, ça a été mon rêve pendant longtemps, j'ai la chance de pouvoir le vivre, j'ai envie de le vivre totalement donc jusqu'au bout, ce qui veut dire effectivement parfois dans la fatigue. Mais j'ai constaté que je travaille bien quand je suis épuisé, je dis ça sérieusement, je crois qu'il y a quelque chose avec l'écriture, il y a des défenses, il y a des pudeurs, il y a des timidités qui tombent quand on est vraiment fatigué et qu'on doit quand même écrire.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Vous faites partie de ces auteurs qui ont une vraie belle relation avec leurs lecteurs, c'est important pour vous d'avoir ce lien, l'écriture ce n'est pas seulement la solitude devant sa feuille, c'est aussi le partage avec le lecteur ?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
Grâce à eux, l'aventure a commencé, donc j'ai envie qu'elle continue avec eux ; et c'est vrai que ce sont des moments plutôt agréables. Les gens qui viennent dans les librairies vous rencontrer, c'est rarement des gens qui viennent pour vous dire qu'ils vous détestent ; donc ce sont des moments aussi où on est entouré de bienveillance quand même, et en même temps confronté à cette chose assez magique qui est que, quand vous avez dix lecteurs devant vous, qui vous parlent d'un seul et même livre, vous vous rendez compte qu'il y a dix livres. Moi je trouve ça toujours assez passionnant de voir comment les gens parlent de leur lecture.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Ca vous apporte quoi finalement dans votre vie d'être auteur ?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
Tout, puisque c'est la seule chose qui m'intéresse vraiment. J'adore ça, et je suis heureux de pouvoir m'y consacrer complètement.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Merci beaucoup Laurent Gaudé, votre actualité, je le rappelle c'est Ouragan votre nouveau titre, aux éditions Actes Sud.
Bonjour Laurent Gaudé. Votre actualité, c'est Ouragan, votre nouveau roman aux éditions Actes Sud. Il y a eu précédemment Le soleil des Scorta ou encore Eldorado, entre autres. C'est vrai que le grand public vous connaît, notamment pour vos romans, mais il y a eu aussi le théâtre, il y a toujours le théâtre d'ailleurs, et ça a été votre première écriture. Juste après vos études, il y a eu une première pièce. Pourquoi l'écriture du théâtre, pourquoi si jeune cette envie?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
C'est une question difficile, je ne sais pas, probablement parce que j'ai été assez tôt, grâce à mes parents, spectateur. Donc, il y a eu quelques grands chocs comme ça, pour moi, de mise en scène de spectacles que je trouvais absolument fascinants, qui me donnaient envie de participer d'une manière ou d'une autre à cette chose-là. J'étais trop timide probablement pour être acteur, cela ne m'a jamais tellement tenté, et l'écriture me semblait la seule manière pour moi de rentrer dans ce monde-là.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Vous avez comme ça, à brûle-pourpoint, un souvenir, un choc théâtral ?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
J'en ai plusieurs, un de ces grands spectacles dont je parlais c'est Maria Casarès dans le rôle d'Hécube, mis en scène par Bernard Sobel, c'était magnifique, je devais avoir quinze, seize ans, et de voir cette immense dame, incarnée comme ça avec tout son corps avec sa voix rocailleuse c'était très impressionnant.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Vous auriez pu rester dans l'écriture théâtrale, mais vous avez voulu aussi vous lancer dans l'écriture romanesque, donc c'est 1999 le premier roman Cris.
Laurent Gaudé (Ouragan) :
J'ai commencé à l'écrire en 1999, et j'ai mis deux ans à l'écrire donc effectivement il est sorti en 2001.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Alors pourquoi passer du théâtre au roman ?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
Je ne me suis jamais dit : « tu vas être dramaturge », j'avais envie d'écriture, c'est vrai que dans un premier temps, ça a pris la forme du théâtre, car ça me semblait plus facile, ça s'est fait comme ça, mais j'ai toujours eu rendez-vous dans ma tête avec l'écriture en général, je n'avais pas envie d'une forme, j'avais envie d'essayer l'écriture.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Tout s'est enchaîné finalement très rapidement, entre vos premières publications, et aujourd'hui, beaucoup de pièces, beaucoup de romans, La mort du roi Tsongor, prix Goncourt des lycéens, puis en 2004, la consécration le Goncourt pour Le soleil des Scorta. Comment avez-vous vécu tout cet enchaînement, est-ce qu'à un moment, vous avez eu envie de vous poser, de vous dire je me laisse embarquer, ou est ce que ça s'est fait naturellement ?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
Non, ça s'est fait naturellement et dans une grande joie d'abord, il faut le dire, c'est-à-dire qu'effectivement, j'ai beaucoup de chance. Cette succession-là de reconnaissance a permis, d'abord de valider mon choix d'écriture dans la vie, de m'asseoir dans cette activité-là, vis-à-vis des gens qui m'entourent, de la société ; vis-à-vis de tout ça, donc c'est déjà un luxe inouï par rapport à beaucoup de camarades auteurs qui sont encore dans cette difficulté-là. Puis ,vis-à-vis du travail, cela permet de le faire en toute liberté, et avec bonheur aussi, donc je n'ai pas eu envie que cela ralentisse, j'étais suffisamment jeune pour aimer ce rythme-là. Et puis, cela a provoqué d'autres projets aussi, d'autres travaux, donc ce sont des années très chargées, très intenses, très fatigantes. Mais je dis tout ça sans aucune plainte de ma part, c'est-à-dire que c'est un vrai bonheur.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Peut-on dire que vous êtes un boulimique de l'écriture en quelque sorte, vous aimez avoir plusieurs projets en cours simultanément ?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
J'aime bien le travail, ça a été mon rêve pendant longtemps, j'ai la chance de pouvoir le vivre, j'ai envie de le vivre totalement donc jusqu'au bout, ce qui veut dire effectivement parfois dans la fatigue. Mais j'ai constaté que je travaille bien quand je suis épuisé, je dis ça sérieusement, je crois qu'il y a quelque chose avec l'écriture, il y a des défenses, il y a des pudeurs, il y a des timidités qui tombent quand on est vraiment fatigué et qu'on doit quand même écrire.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Vous faites partie de ces auteurs qui ont une vraie belle relation avec leurs lecteurs, c'est important pour vous d'avoir ce lien, l'écriture ce n'est pas seulement la solitude devant sa feuille, c'est aussi le partage avec le lecteur ?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
Grâce à eux, l'aventure a commencé, donc j'ai envie qu'elle continue avec eux ; et c'est vrai que ce sont des moments plutôt agréables. Les gens qui viennent dans les librairies vous rencontrer, c'est rarement des gens qui viennent pour vous dire qu'ils vous détestent ; donc ce sont des moments aussi où on est entouré de bienveillance quand même, et en même temps confronté à cette chose assez magique qui est que, quand vous avez dix lecteurs devant vous, qui vous parlent d'un seul et même livre, vous vous rendez compte qu'il y a dix livres. Moi je trouve ça toujours assez passionnant de voir comment les gens parlent de leur lecture.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Ca vous apporte quoi finalement dans votre vie d'être auteur ?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
Tout, puisque c'est la seule chose qui m'intéresse vraiment. J'adore ça, et je suis heureux de pouvoir m'y consacrer complètement.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Merci beaucoup Laurent Gaudé, votre actualité, je le rappelle c'est Ouragan votre nouveau titre, aux éditions Actes Sud.
Laurent Gaudé
Ouragan
Le livre 5'13Laurent Gaudé, votre actualité, un nouveau roman, Ouragan, publié chez Actes Sud, dont vous êtes un fidèle auteur.
Ouragan, vous nous entraînez, là-bas, en Louisiane, La Nouvelle-Orléans, avec les éléments qui vont se déchaîner. C'est un ouragan qui se prépare, la population qui fuit. Et puis une dizaine de personnages, qui eux, vont rester sur place. Et les premières pages s'ouvrent avec Joséphine, cette négresse presque centenaire comme elle le dit elle-même. Pourquoi avoir voulu situer votre roman, dans cet univers apocalyptique ?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
Précisément, parce que j'avais envie de confronter mon écriture au cataclysme. Je cherchais cette confrontation-là, comment on écrit un débordement complet de la nature, comment on écrit la catastrophe, l'apocalypse. Donc assez vite, j'ai repensé à ce qui s'était passé en Louisiane, en 2005, à la Nouvelle-Orléans. C'est vrai que sur le moment, ça m'avait, comme nous tous, beaucoup frappé, beaucoup touché. J'avais à l'époque, découpé des articles, et gardé beaucoup de documents. Je suis retourné voir ces documents-là, et je me suis dit que ça allait convenir ; ça m'a bouleversé de revoir ces images, le temps n'avait rien fait à l'affaire. Et puis, je trouve que c'est un sujet très riche, parce qu'il permet de parler, du déchaînement de la nature. Et avec la Nouvelle-Orléans, on peut aussi parler de l'incurie politique qui a suivie, et donc de la colère que les citoyens peuvent avoir, vis à vis de la manière dont ils ont été traités.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Pourquoi n'avoir jamais cité le nom de cet ouragan dans le roman?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
Pour une raison très simple, tout d'abord, je ne suis pas un spécialiste de ce qui s'est passé là-bas, je ne connais pas l'endroit. Je n'y étais pas pendant cette semaine du mois d'août, je n'avais pas envie de m'exposer à parler de quelque chose que je n'ai pas vécu. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas Katrina, ce sont les personnages que j'ai choisis, la vieille Joséphine m'intéresse-, ce qui m'intéresse c'est comment elle regarde Katrina, ou en tout cas cet ouragan qui arrive.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Avez-vous éprouvé le besoin de vous rendre à la Nouvelle-Orléans, pour voir les lieux, voir comment ça s'était passé ; ou au contraire , est-ce que vous avez travaillé de chez vous, sans cette nécessité ?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
J'ai fait comme je fais toujours, je reste chez moi. Je me rends compte , à chaque fois, que j'ai besoin de méconnaître mon sujet au départ, pour vraiment réussir à me l'approprier de manière romanesque .Si étais allé à la Nouvelle-Orléans, et si j'avais fait une vraie enquête journalistique, documentaire, je ne sais pas si, de retour chez moi, je me serais autorisé ce genre de chose. J'aurais été tellement porté par la réalité que je me serais, peut-être, auto censuré sur ce qui représente un pas de coté, par rapport à la réalité.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Les personnages, Joséphine, Keanu, Rose, ou ce révérend complètement illuminé, tous ces personnages –une dizaine qui vont se rencontrer, se croiser, des personnalités différentes, ce sont ces personnages sur lesquels le lecteur doit se concentrer ?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
Ce qui me bouleverse encore aujourd'hui quand je pense à ce qui s'est passé là-bas, et ce qui se passe ailleurs, c'est comment, tout d'un coup, dans la vie des gens qui ont subi ces catastrophes, le malheur est arrivé en quelques minutes. Comment, tout d'un coup, les coups du sort renversent les vies, c'est un thème éternel. C'est le thème de la tragédie, comment on bascule du bonheur tranquille, au malheur en quelque secondes, en quelques minutes, en quelques jours peu importe. Ce que l'homme a essayé de construite lentement, sa vie, son projet de vie, sa maison, son métier, ses proches, son quartier, tout ça va être balayé d'un coup.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Là ou l'on retrouve votre signature, c'est qu'au delà de la tragédie, avec l'évolution des éléments, des événements, les personnages, il y aussi cette fable humaniste finalement. Il y a toujours une lueur d'espoir dans la tragédie que vivent ces personnages.
Laurent Gaudé (Ouragan) :
Je prends volontiers cette idée -là. Effectivement, j'aime bien éprouver mes personnages ? C'est vrai qu'il y a souvent dans mes livres, des moments durs, de violence pourquoi pas. Là, c'est une violence qui leur est faite par un élément naturel, mais dans d'autres livres, ça peut être des violences entre personnages, de vengeance, de meurtre. Je vais volontiers vers cet état d'esprit un peu dur. Mais c'est toujours pour montrer ce qui m'émeut, moi, c'est la beauté de l'homme quand il reste debout. Et dans Ouragan, c'est particulièrement vrai, c'est-à-dire que, je n'éprouve pas mes personnages, au sens ou je les confronte à une épreuve uniquement par plaisir, c'est simplement pour montrer leur force de se tenir encore un peu debout, alors que tout a sombré.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Merci beaucoup Laurent Gaudé, Ouragan, c'est donc votre nouveau titre, et c'est aux Éditions Actes Sud.
Laurent Gaudé, votre actualité, un nouveau roman, Ouragan, publié chez Actes Sud, dont vous êtes un fidèle auteur.
Ouragan, vous nous entraînez, là-bas, en Louisiane, La Nouvelle-Orléans, avec les éléments qui vont se déchaîner. C'est un ouragan qui se prépare, la population qui fuit. Et puis une dizaine de personnages, qui eux, vont rester sur place. Et les premières pages s'ouvrent avec Joséphine, cette négresse presque centenaire comme elle le dit elle-même. Pourquoi avoir voulu situer votre roman, dans cet univers apocalyptique ?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
Précisément, parce que j'avais envie de confronter mon écriture au cataclysme. Je cherchais cette confrontation-là, comment on écrit un débordement complet de la nature, comment on écrit la catastrophe, l'apocalypse. Donc assez vite, j'ai repensé à ce qui s'était passé en Louisiane, en 2005, à la Nouvelle-Orléans. C'est vrai que sur le moment, ça m'avait, comme nous tous, beaucoup frappé, beaucoup touché. J'avais à l'époque, découpé des articles, et gardé beaucoup de documents. Je suis retourné voir ces documents-là, et je me suis dit que ça allait convenir ; ça m'a bouleversé de revoir ces images, le temps n'avait rien fait à l'affaire. Et puis, je trouve que c'est un sujet très riche, parce qu'il permet de parler, du déchaînement de la nature. Et avec la Nouvelle-Orléans, on peut aussi parler de l'incurie politique qui a suivie, et donc de la colère que les citoyens peuvent avoir, vis à vis de la manière dont ils ont été traités.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Pourquoi n'avoir jamais cité le nom de cet ouragan dans le roman?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
Pour une raison très simple, tout d'abord, je ne suis pas un spécialiste de ce qui s'est passé là-bas, je ne connais pas l'endroit. Je n'y étais pas pendant cette semaine du mois d'août, je n'avais pas envie de m'exposer à parler de quelque chose que je n'ai pas vécu. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas Katrina, ce sont les personnages que j'ai choisis, la vieille Joséphine m'intéresse-, ce qui m'intéresse c'est comment elle regarde Katrina, ou en tout cas cet ouragan qui arrive.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Avez-vous éprouvé le besoin de vous rendre à la Nouvelle-Orléans, pour voir les lieux, voir comment ça s'était passé ; ou au contraire , est-ce que vous avez travaillé de chez vous, sans cette nécessité ?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
J'ai fait comme je fais toujours, je reste chez moi. Je me rends compte , à chaque fois, que j'ai besoin de méconnaître mon sujet au départ, pour vraiment réussir à me l'approprier de manière romanesque .Si étais allé à la Nouvelle-Orléans, et si j'avais fait une vraie enquête journalistique, documentaire, je ne sais pas si, de retour chez moi, je me serais autorisé ce genre de chose. J'aurais été tellement porté par la réalité que je me serais, peut-être, auto censuré sur ce qui représente un pas de coté, par rapport à la réalité.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Les personnages, Joséphine, Keanu, Rose, ou ce révérend complètement illuminé, tous ces personnages –une dizaine qui vont se rencontrer, se croiser, des personnalités différentes, ce sont ces personnages sur lesquels le lecteur doit se concentrer ?
Laurent Gaudé (Ouragan) :
Ce qui me bouleverse encore aujourd'hui quand je pense à ce qui s'est passé là-bas, et ce qui se passe ailleurs, c'est comment, tout d'un coup, dans la vie des gens qui ont subi ces catastrophes, le malheur est arrivé en quelques minutes. Comment, tout d'un coup, les coups du sort renversent les vies, c'est un thème éternel. C'est le thème de la tragédie, comment on bascule du bonheur tranquille, au malheur en quelque secondes, en quelques minutes, en quelques jours peu importe. Ce que l'homme a essayé de construite lentement, sa vie, son projet de vie, sa maison, son métier, ses proches, son quartier, tout ça va être balayé d'un coup.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Là ou l'on retrouve votre signature, c'est qu'au delà de la tragédie, avec l'évolution des éléments, des événements, les personnages, il y aussi cette fable humaniste finalement. Il y a toujours une lueur d'espoir dans la tragédie que vivent ces personnages.
Laurent Gaudé (Ouragan) :
Je prends volontiers cette idée -là. Effectivement, j'aime bien éprouver mes personnages ? C'est vrai qu'il y a souvent dans mes livres, des moments durs, de violence pourquoi pas. Là, c'est une violence qui leur est faite par un élément naturel, mais dans d'autres livres, ça peut être des violences entre personnages, de vengeance, de meurtre. Je vais volontiers vers cet état d'esprit un peu dur. Mais c'est toujours pour montrer ce qui m'émeut, moi, c'est la beauté de l'homme quand il reste debout. Et dans Ouragan, c'est particulièrement vrai, c'est-à-dire que, je n'éprouve pas mes personnages, au sens ou je les confronte à une épreuve uniquement par plaisir, c'est simplement pour montrer leur force de se tenir encore un peu debout, alors que tout a sombré.
Philippe Chauveau (WebTV Culture) :
Merci beaucoup Laurent Gaudé, Ouragan, c'est donc votre nouveau titre, et c'est aux Éditions Actes Sud.
Laurent Gaudé
Ouragan
L'avis du libraire 1'069, bd Richard Wallace
92800 Puteaux
Tél : 01-47-42-62-25
www.librairielamandier.com
librairielamandier@orange.fr
intervenant : Julie Bacques
Laurent Gaudé n'en est pas à son premier livre. Je vais être très franche, c'est l'un de mes auteurs français préférés, donc à chaque fois qu'il y en a un qui sort, on le conseille avec grand plaisir, on se jette dessus.
C'est vrai que c'est un auteur très agréable à faire découvrir, parce qu'en général, les lecteurs reviennent, et ils lisent tout Laurent Gaudé. Dans Ouragan, il ne nous parle pas de Katrina en soi, d'ailleurs il ne le nomme jamais. On sait bien que c'est Katrina, mais ce n'est pas sous cet aspect-là que Laurent Gaudé l'aborde. Il va nous parler des personnages. Donc, c'est plus un bouquin sur la réaction, il explore l'âme humaine, on va rentrer dans la psychologie des personnages, qu'ils soient sympathiques, généreux, un peu fous. Et puis, petit à petit, ils vont se croiser, on va les suivre. Et ce n'est pas un reportage sur Katrina, d'ailleurs il le dit lui-même, il n'y est pas allé, il n'a jamais mis les pieds à la Nouvelle-Orléans. Ce n'est pas l'événement qui fait la chose, tout est prétexte chez lui à parler des personnages.
9, bd Richard Wallace
92800 Puteaux
Tél : 01-47-42-62-25
www.librairielamandier.com
librairielamandier@orange.fr
intervenant : Julie Bacques
Laurent Gaudé n'en est pas à son premier livre. Je vais être très franche, c'est l'un de mes auteurs français préférés, donc à chaque fois qu'il y en a un qui sort, on le conseille avec grand plaisir, on se jette dessus.
C'est vrai que c'est un auteur très agréable à faire découvrir, parce qu'en général, les lecteurs reviennent, et ils lisent tout Laurent Gaudé. Dans Ouragan, il ne nous parle pas de Katrina en soi, d'ailleurs il ne le nomme jamais. On sait bien que c'est Katrina, mais ce n'est pas sous cet aspect-là que Laurent Gaudé l'aborde. Il va nous parler des personnages. Donc, c'est plus un bouquin sur la réaction, il explore l'âme humaine, on va rentrer dans la psychologie des personnages, qu'ils soient sympathiques, généreux, un peu fous. Et puis, petit à petit, ils vont se croiser, on va les suivre. Et ce n'est pas un reportage sur Katrina, d'ailleurs il le dit lui-même, il n'y est pas allé, il n'a jamais mis les pieds à la Nouvelle-Orléans. Ce n'est pas l'événement qui fait la chose, tout est prétexte chez lui à parler des personnages.