Pierre Lemaître

Pierre Lemaître

Au revoir là-haut

Le livre 4'07

On parle beaucoup Pierre Lemaître de votre nouveau titre, « Au revoir là-haut» que vous publiez chez Albin Michel. Alors je rappelle que vous étiez plutôt un habitué du roman noir, là vous sortez un petit peu de ce genre et vous nous emmenez au lendemain de la première guerre mondiale,
avec deux hommes que tout oppose puisqu'ils ne sont pas du même milieu qui se sont rencontrés dans les horreurs de la guerre. Et cette histoire d'amitié va se transformer au fil des années.
Pourquoi cette histoire et pourquoi avoir eu envie d'emmener votre lecteur justement dans l'immédiate après-guerre ?
L'immédiate après-guerre, c'est-à-dire les années 1918, 1923-24, c'est une très courte période qui semble presque, un angle mort de l'histoire. On connaît très bien la guerre, on connaît les années folles et au milieu, il y a un tout petit trou qui correspond au retour des vétérans.
Le mot de vétéran, dans notre esprit, dans notre imaginaire, est lié à des gens âgés… Mais en 1918, les vétérans, ce sont des jeunes hommes qui ont fait quatre ans et demi de guerre et qui vont revenir dans une France qui est bien en peine pour les accueillir.
Et il m'a semblé, moi qui avais envie de travailler sur la première guerre mondiale, que c'était une manière de leur rendre hommage que de travailler sur ce retour de guerre qui a été pour eux assez douloureux.
Vous aviez envie aussi de délivrer une sorte de message, parce que finalement même si on est dans l'immédiate après-guerre, je trouve que ce roman est très contemporain, très actuel. On y parle des exclus on y parle de tout un tas de choses qui nous rappelle l'actualité.
C'est absolument vrai. Ce qui a frappé… Alors la France d'aujourd'hui n'est pas la France des années vingt… Je pense que le parallèle ne peut pas être établi stricto sensu.
En revanche, on a des gens qui sont en situation de précarité, maux d'aujourd'hui, qui sont à la limite de l'exclusion, maux d'aujourd'hui, ils sont les ancêtres de nos nouveaux pauvres en quelque sorte. Et donc dans les années vingt, qu'est-ce qu'il se passe ?
Un système social en panne, incapable de faire de la place à tout le monde. C'est exactement ce qui se passe aujourd'hui.
Nous allons entrer dans une grande période, une grande et longue période de commémoration, de la première guerre mondiale et là vous nous parlez justement de tous ceux qui sont revenus,
et finalement, si la France a honoré ses morts, les revenants, les survivants étaient plutôt des gêneurs. Le message n'est pas très politiquement correct ?
Le message n'est pas très politiquement correct mais je ne fais pas exprès d'être politiquement incorrect. Il se trouve simplement que le propos que j'ai envie de tenir est de rendre hommage à ces jeunes hommes qui ont survécu à quelque chose d'à peu près inimaginable.
Juste une image : pendant la bataille de Verdun, il est tombé dans l'espace qui sépare votre fauteuil du mien environ huit obus. Et ces gens-là ont survécu à ça et quand ils reviennent, on leur propose cinquante-deux francs ou un manteau. C'est ça qui est politiquement incorrect.
Un mot sur Jean Blanchard dont vous placez une petite phrase, une citation en ouverture du roman.
Jean Blanchard va être fusillé pour insoumission. Il écrit à son épouse une lettre absolument déchirante dans laquelle il lui dit : « Au revoir là-haut », sous-entendu « Au revoir là-haut au ciel, au revoir là-haut ma chère épouse ».
Je l'ai utilisé pour lui rendre hommage comme titre de ce livre, et à la fin du livre, je rends à nouveau hommage à Jean Blanchard en rappelant qu'il a été en plus fusillé inutilement puisqu'il a été réhabilité deux années plus tard.
Je le disais en préambule, Pierre Lemaitre, vous êtes auteur de polars, c'est avant tout comme cela que vous êtes fait connaître. Que peut-on retrouver dans « Au revoir là-haut » qui rappelle un petit peu votre écriture de romans policiers ?
J'espère qu'on y retrouve ma musique. J'aime bien si vous voulez essayer de faire des romans dans lesquels le lecteur a l'impression qu'on lui raconte l'histoire à voix haute. Outre cette tonalité, j'espère qu'il va y trouver des rebondissements, du suspens.
Il me semble que la meilleure des recettes du polar pouvait tout à fait être réintégrée là, c'est en tous cas ce que j'ai essayé de faire.
Albert et Edouard, ce sont deux personnages que l'on garde bien présent à l'esprit après avoir refermé le roman. J'ai l'impression que c'est surtout un très beau roman sur l'amitié.
Ce sont deux hommes qui sont très dépendants l'un de l'autre et donc qui sont dans une grande fraternité mais elle ne va pas sans rugosité. Ils finissent même par se battre, par s'opposer, par se séparer, se retrouver. Donc, je voulais aussi que ce soit une histoire digne d'amitié, telle qu'elle existe dans la vraie vie.
Merci Pierre Lemaître et bravo pour ce très beau roman, « Au revoir là-haut ». C'est un vrai coup de coeur et c'est chez Albin Michel.

Philippe Chauveau :
On parle beaucoup Pierre Lemaître de votre nouveau titre, « Au revoir là-haut» que vous publiez chez Albin Michel. Alors je rappelle que vous étiez plutôt un habitué du roman noir, là vous sortez un petit peu de ce genre et vous nous emmenez au lendemain de la première guerre mondiale, avec deux hommes que tout oppose puisqu'ils ne sont pas du même milieu qui se sont rencontrés dans les horreurs de la guerre. Et cette histoire d'amitié va se transformer au fil des années. Pourquoi cette histoire et pourquoi avoir eu envie d'emmener votre lecteur justement dans l'immédiate après-guerre ?

Pierre Lemaître :
L'immédiate après-guerre, c'est-à-dire les années 1918, 1923-24, c'est une très courte période qui semble presque, un angle mort de l'histoire. On connaît très bien la guerre, on connaît les années folles et au milieu, il y a un tout petit trou qui correspond au retour des vétérans. Le mot de vétéran, dans notre esprit, dans notre imaginaire, est lié à des gens âgés… Mais en 1918, les vétérans, ce sont des jeunes hommes qui ont fait quatre ans et demi de guerre et qui vont revenir dans une France qui est bien en peine pour les accueillir, et il m'a semblé, moi qui avais envie de travailler sur la première guerre mondiale, que c'était une manière de leur rendre hommage que de travailler sur ce retour de guerre qui a été pour eux assez douloureux.

Philippe Chauveau :
Vous aviez envie aussi de délivrer une sorte de message, parce que finalement même si on est dans dans l'immédiate après-guerre, je trouve que ce roman est très contemporain, très actuel.
On y parle des exclus on y parle de tout un tas de choses qui nous rappelle l'actualité.

Pierre Lemaître :
C'est absolument vrai. Ce qui a frappé… Alors la France d'aujourd'hui n'est pas la France des années vingt… Je pense que le parallèle ne peut pas être établi stricto sensu. En revanche, on a des gens qui sont en situation de précarité, maux d'aujourd'hui, qui sont à la limite de l'exclusion, maux d'aujourd'hui, ils sont les ancêtres de nos nouveaux pauvres en quelque sorte. Et donc dans les années vingt, qu'est-ce qu'il se passe ? Un système social en panne, incapable de faire de la place à tout le monde. C'est exactement ce qui se passe aujourd'hui.

Philippe Chauveau :
Nous allons entrer dans une grande période, une grande et longue période de commémoration, de la première guerre mondiale et là vous nous parlez justement de tous ceux qui sont revenus, et finalement, si la France a honoré ses morts, les revenants, les survivants étaient plutôt des gêneurs. Le message n'est pas très politiquement correct ?

Pierre Lemaître :
Le message n'est pas très politiquement correct mais je ne fais pas exprès d'être politiquement incorrect. Il se trouve simplement que le propos que j'ai envie de tenir est de rendre hommage à ces jeunes hommes qui ont survécu à quelque chose d'à peu près inimaginable. Juste une image : pendant la bataille de Verdun, il est tombé dans l'espace qui sépare votre fauteuil du mien environ huit obus. Et ces gens-là ont survécu à ça et quand ils reviennent, on leur propose cinquante-deux francs ou un manteau. C'est ça qui est politiquement incorrect.

Philippe Chauveau :
Un mot sur Jean Blanchard dont vous placez une petite phrase, une citation en ouverture du roman.

Pierre Lemaître :
Jean Blanchard va être fusillé pour insoumission. Il écrit à son épouse une lettre absolument déchirante dans laquelle il lui dit : « Au revoir là-haut », sous-entendu « Au revoir là-haut au ciel, au revoir là-haut ma chère épouse ». Je l'ai utilisé pour lui rendre hommage comme titre de ce livre, et à la fin du livre, je rends à nouveau hommage à Jean Blanchard en rappelant qu'il a été en plus fusillé inutilement puisqu'il a été réhabilité deux années plus tard.

Philippe Chauveau :
Je le disais en préambule, Pierre Lemaitre, vous êtes auteur de polars, c'est avant tout comme cela que vous êtes fait connaître. Que peut-on retrouver dans « Au revoir là-haut » qui rappelle un petit peu votre écriture de romans policiers ?

Pierre Lemaître :
J'espère qu'on y retrouve ma musique. J'aime bien si vous voulez essayer de faire des romans dans lesquels le lecteur a l'impression qu'on lui raconte l'histoire à voix haute. Outre cette tonalité, j'espère qu'il va y trouver des rebondissements, du suspense. Il me semble que la meilleure des recettes du polar pouvait tout à fait être réintégrée là, c'est en tous cas ce que j'ai essayé de faire.

Philippe Chauveau :
Albert et Edouard, ce sont deux personnages que l'on garde bien présent à l'esprit après avoir refermé le roman. J'ai l'impression que c'est surtout un très beau roman sur l'amitié.

Pierre Lemaître :
Ce sont deux hommes qui sont très dépendants l'un de l'autre et donc qui sont dans une grande fraternité mais elle ne va pas sans rugosité. Ils finissent même par se battre, par s'opposer, par se séparer, se retrouver. Donc, je voulais aussi que ce soit une histoire digne d'amitié, telle qu'elle existe dans la vraie vie.

Philippe Chauveau :
Merci Pierre Lemaître et bravo pour ce très beau roman, « Au revoir là-haut ». C'est un vrai coup de coeur et c'est chez Albin Michel.

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  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Pierre Lemaître est bien connu des amateurs de roman noir. Depuis « Travail soigné » en 2006, il est passé maître dans l'art de nous entraîner dans nos frayeurs les plus inavouables. Un talent confirmé au fil des années, avec « Robe de marié », « Sacrifices » ou encore « Alex ». Scénariste pour la télévision, passionné de littérature et avouant même un faible pour Alexandre Dumas, Pierre Lemaître publie en cette rentrée littéraire 2013 un roman qui fera date et qui, à première vue, semble très éloigné de...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Pierre Lemaître - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Bonjour Pierre LemaitrePierre Lemaitre :BonjourPhilippe Chauveau :Votre actualité chez Albin Michel c'est ce nouveau roman dont on parle  beaucoup, « Au revoir là-haut », mais c'est vrai  qu'on vous connait aussi beaucoup en tant qu'auteur de romans noirs, de polars : « Sacrifice », « Alex », »Robe de Mariée ». Vous avez commencé l'écriture, en tout cas vos premiers livres en 2006, quelque chose comme ça ?Pierre Lemaitre :Oui, 2005, paru en 2006 tout à fait .Philippe Chauveau :Mais avant il y a eu une...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Pierre Lemaître - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau :On parle beaucoup Pierre Lemaître de votre nouveau titre, « Au revoir là-haut» que vous publiez chez Albin Michel. Alors je rappelle que vous étiez plutôt un habitué du roman noir, là vous sortez un petit peu de ce genre et vous nous emmenez au lendemain de la première guerre mondiale, avec deux hommes que tout oppose puisqu'ils ne sont pas du même milieu qui se sont rencontrés dans les horreurs de la guerre. Et cette histoire d'amitié va se transformer au fil des années. Pourquoi cette histoire et pourquoi...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Pierre Lemaître - Le livre - Suite
    Atout livres203 bis Avenue Daumesnil75012 Paris01 43 43 82 27 « Au revoir là-haut », le nouveau roman de Pierre Lemaître... Je découvrais Pierre Lemaître à cette occasion-là. C'est un très très grand roman, romanesque, plein de souffle, plein de bruit, de fureur. C'est un roman qu'on ne lâche pas du tout. Il y a une scène initiale de guerre fantastique et qui déjoue tous les pièges du genre. Pierre Lemaître ne fait pas semblant de nous faire découvrir la guerre de 14. Il sait très bien qu'on a en tête une bibliothèque...Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Pierre Lemaître - L'avis du libraire - Suite