Lorsque vous remportez le prix Goncourt avec un roman salué par la critique et qui devient un succès populaire, forcément, on vous attend au tournant. Pierre Lemaitre le sait mais ne s'en émeut guère. Il écrit avant tout en fonction de ses envies, de ses humeurs et s'intéresse plus à ses lecteurs qu’au milieu de la critique littéraire.

Ainsi donc, après « Au revoir là-haut », voici le nouveau roman de Pierre Lemaitre « Trois jours et une vie » et ce qui séduit dans cet ouvrage, c'est que Pierre Lemaitre nous surprend à nouveau. Si l'on quitte la fresque historique de « Au revoir là-haut », on ne retrouve pas pour autant l'ambiance noire des polars qui avaient fait son succès précédemment comme « Alex » ou « Robe de mariée ».

Ici, nous sommes vraiment dans le roman psychologique et le roman d'ambiance. Une petite ville de province, dans l'est de la France, l'hiver 1999, à la veille de Noël. Un enfant, le petit Rémi, disparait mais dès la vingtième page, on sait que le gamin est mort, de façon brutale mais accidentelle, et que le responsable n’est autre que le jeune Antoine, à peine plus âgé. Il n'y a donc pas d'intrigue à proprement parler pour connaître l’auteur du crime ou ses motivations. Mais c'est bien Antoine que nous allons suivre au fil des jours, des semaines, des mois et des années. Antoine qui ne dit rien de son forfait, Antoine qui va grandir avec la culpabilité, Antoine dont la vie aura pris un autre chemin un soir de décembre, dans une forêt. Dans un univers sombre, triste, c'est l'histoire d’un adolescent solitaire qui cherche à se connaître, à se comprendre, et dont toute la vie va se construire dans le secret et le mensonge sur le visage meurtri du petit Rémi, mort pour rien, bêtement, par accident. Roman sur la fatalité, sur l'enfance, sur le secret, le nouveau livre de Pierre Lemaitre est un texte maitrisé, fort, oppressant avec un anti-héros, ce gamin un peu paumé, Antoine, que vous garderez longtemps en mémoire.

Coup de coeur donc pour le nouveau roman de Pierre Lemaitre « Trois jours et une vie » chez Albin Michel.