Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : En 2003, avec « Le ventre de l'Atlantique », Fatou Diome faisait une entrée remarquable dans le milieu littéraire. Après « Kétala » en 2006, Fatou Diome revient avec son troisième roman, publié chez Flammarion : « Inassouvies nos vies ».
Betty, l'héroïne, est une jeune femme dont le passe-temps favori est d'observer ses voisins. Rapidement, elle se lie d'amitié avec une vielle dame Félicité. Mais cette rencontre s'avèrera finalement déstabilisante pour Betty, l'obligeant à une...
Fatou Diome, entre l'Afrique et l'Europe de Fatou Diome - Présentation - Suite
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Fatou Diome, bonjour, merci d'être avec nous sur Web Tv Culture à l'occasion de la sortie chez Flammarion de votre nouveau livre, votre troisième roman : « Inassouvies nos vies ». On en reparlera dans quelques instants.
J'aimerais simplement et brièvement revenir sur votre parcours. Vous êtes aujourd'hui à Strasbourg, mais vous êtes originaire du Sénégal.
Je sais que votre grand-mère compte beaucoup, c'était quoi votre enfance au Sénégal ?
Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : Mon...
Fatou Diome, entre l'Afrique et l'Europe de Fatou Diome - Portrait - Suite
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Nous sommes en compagnie de Fatou Diome sur Web TV Culture pour la sortie de son troisième roman, chez Flammarion ; « Inassouvies nos vies ». Fatou Diome merci d'être avec nous. Ce troisième roman, est-ce que c'était l'occasion d'écrire une histoire ou d'aborder certains thèmes qui vous sont chers ?
Fatou Diome : C'était l'envie de réfléchir justement sur ces « Inassouvies » qui traversent nos vies, parce qu'il nous manque à tous quelqu'un ou quelque chose. En tout cas ce petit détail...
Fatou Diome, entre l'Afrique et l'Europe de Fatou Diome - Le livre - Suite
Annie Simon
Librairie Rousseau
Rue de la république
25300 Pontarlier
03 81 39 88 39
Elle est lumineuse, ça c'est la première chose ! Elle a un visage, elle a un regard, c'est frappant ! Elle est chaleureuse ! Et elle dégage beaucoup d'intelligence. Elle parle avec simplicité, avec chaleur, avec son cœur. Elle a une diction merveilleuse, elle a une jolie voix et elle rit! Elle sourit toujours ! Et c'est toujours un rire et un sourire qui sont empreints de bienveillance. Elle n'a pas peur de parler de l'Afrique, vraiment elle en...
Fatou Diome, entre l'Afrique et l'Europe de Fatou Diome - L'avis du libraire - Suite
Fatou Diome
Inassouvies, nos vies
Présentation 1'05Betty, l'héroïne, est une jeune femme dont le passe-temps favori est d'observer ses voisins. Rapidement, elle se lie d'amitié avec une vielle dame Félicité. Mais cette rencontre s'avèrera finalement déstabilisante pour Betty, l'obligeant à une réelle introspection, à ne plus fuir sa propre existence.
Pourquoi a-t-on besoin des autres pour vivre ? Pourquoi est-il si difficile d'avoir le sentiment d'être heureux ? Pourquoi sommes-nous toujours en sensation de manque, comme si nos vies étaient inassouvies ?
Autant de questions, autant d'interrogations sur lesquelles Fatou Diome pose des mots avec une écriture très ciselée, musicale, où chaque phrase procure un frisson. Entre humour et révolte, tendresse et colère, Fatou Diome nous offre un livre poignant, qui nous interpelle et nous émeut.
« Inassouvies, nos vies » publié chez Flammarion par Fatou Diome. Rencontre sur Web TV Culture.
Betty, l'héroïne, est une jeune femme dont le passe-temps favori est d'observer ses voisins. Rapidement, elle se lie d'amitié avec une vielle dame Félicité. Mais cette rencontre s'avèrera finalement déstabilisante pour Betty, l'obligeant à une réelle introspection, à ne plus fuir sa propre existence.
Pourquoi a-t-on besoin des autres pour vivre ? Pourquoi est-il si difficile d'avoir le sentiment d'être heureux ? Pourquoi sommes-nous toujours en sensation de manque, comme si nos vies étaient inassouvies ?
Autant de questions, autant d'interrogations sur lesquelles Fatou Diome pose des mots avec une écriture très ciselée, musicale, où chaque phrase procure un frisson. Entre humour et révolte, tendresse et colère, Fatou Diome nous offre un livre poignant, qui nous interpelle et nous émeut.
« Inassouvies, nos vies » publié chez Flammarion par Fatou Diome. Rencontre sur Web TV Culture.
Fatou Diome
Inassouvies, nos vies
Portrait 4'18J'aimerais simplement et brièvement revenir sur votre parcours. Vous êtes aujourd'hui à Strasbourg, mais vous êtes originaire du Sénégal.
Je sais que votre grand-mère compte beaucoup, c'était quoi votre enfance au Sénégal ?
Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : Mon enfance au Sénégal c'était l'attention de ma grand-mère. Elle devait m'éduquer, me faire grandir, étant donné que j'avais des parents, qui à l'époque étaient trop jeunes et l'on ne m'attendait pas, donc on a n'a pas forcément voulu de moi.
Elle m'a récupérée, la priorité pour elle c'était de me nourrir, m'habiller, me soigner et me faire grandir. C'était déjà ça de gagné !
L'école c'était ma tentation puisque je voyais les autres enfants qui chantaient en français, qui racontaient des histoires que je ne connaissais pas, c'était ma curiosité.
J'ai commencé vraiment à écrire quand j'avais 13 ans, et c'était le moment où j'ai quitté le village. Il y a eu une espèce de solitude urbaine et je me suis retrouvée d'abord dans trois familles d'accueil. J'ai détesté ça ! Ensuite j'ai pris mon indépendance, je lisais, et le plaisir d'écrire est venu comme ça ! Plus je lisais, plus j'écrivais, plus j'écrivais, plus j'avais encore envie d'écrire ! Et ça continue, jusqu'à maintenant.
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Quels sont les auteurs ou les livres qui ont marqué votre adolescence ou même votre vie d'adulte ?
Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : Quand j'ai lu « Une si longue lettre » de Mariama Bâ, j'ai compris tout ce que je n'accepterais pas en tant que fille sénégalaise. Pour moi c'était la révélation de la condition féminine ce livre-là. Ensuite il y a eu le « Le petit prince », on a tellement lu ça en classe et c'est tellement poétique. Ça fait tellement rêver, l'envie d'aller rencontrer, de dépasser ce qu'on est, d'aller ailleurs, la découverte, mais aussi la poésie.
J'ai été toujours passionnée par les grands auteurs français. Pour moi Yourcenar par exemple c'est une émotion stylistique, c'est tellement précis qu'on se dit : mais c'est un fil tendu ! Chaque mot est à sa place, j'admire ça. Comme quand vous lisez Victor Hugo, il vous fait tout un fleuve de texte, mais on a quand même le sentiment que chaque périphrase est exactement là où elle devrait être et pas ailleurs.
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Depuis 1994, vous vivez à Strasbourg où vous êtes toujours étudiante. Vous êtes riche de deux cultures : la culture sénégalaise et africaine en général, et la culture française et européenne. Est-ce qu'il y a des liens finalement entre toutes ces cultures ?
Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : Le lien c‘est moi ! Le dénominateur commun ! Vous savez,vous faites une sauce à la crème, vous ne pouvez plus différencier l'eau de la crème ! Mais c'est bon !
Et je suis gourmande de nourriture comme je le suis de culture ! Je suis un alliage et je dis toujours, il y a eu la colonisation, il y a eu l'esclavage, okay, c'est important de le savoir ! C'est l'histoire, c'est bien ! Moi ce qui m'intéresse c'est demain !
Voilà pour moi c'est la fin du complexe linguistique, du complexe colonial, j'empreinte le français à personne ! C'est juste à moi, c'était une de mes langues africaines qui existait dans mon pays quand je suis née, donc je l'utilise de manière naturelle.
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Vous dites dans une interview : « J'écris par impuissance »
Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : oui !
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : C'est toujours le cas ?
Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : C'est quand même terrible de se réveiller et de se dire ; il y a des choses dans le monde, dans la vie, au quotidien que je ne peux pas changer ! Je ne peux pas fuir, ce serait un manque, ce serait de l'irresponsabilité et je suis obligée d'assumer. Assumer pour moi c'est faire face, les yeux dans les yeux avec la vie qu'elle nous convienne ou pas. Je dois l'admettre comme elle est, donc je me sens impuissante, mais je revendique le droit et la liberté de hurler parfois mon désaccord !
Ça pousse à être plus humble quand vous écrivez. Je ne suis pas chef d'entreprise, je n'ai rien inventé, j'écoute ce qu'il y a dans moi, ce que je ressens. Pour moi c'est une forme extrême de fragilité, de rentrer simplement dans la sensation des choses, de les admettre.
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Fatou Diome merci beaucoup, je rappelle le titre de votre nouveau livre, votre troisième roman ; Inassouvies nos vies, c'est aux éditions Flammarion.
J'aimerais simplement et brièvement revenir sur votre parcours. Vous êtes aujourd'hui à Strasbourg, mais vous êtes originaire du Sénégal.
Je sais que votre grand-mère compte beaucoup, c'était quoi votre enfance au Sénégal ?
Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : Mon enfance au Sénégal c'était l'attention de ma grand-mère. Elle devait m'éduquer, me faire grandir, étant donné que j'avais des parents, qui à l'époque étaient trop jeunes et l'on ne m'attendait pas, donc on a n'a pas forcément voulu de moi.
Elle m'a récupérée, la priorité pour elle c'était de me nourrir, m'habiller, me soigner et me faire grandir. C'était déjà ça de gagné !
L'école c'était ma tentation puisque je voyais les autres enfants qui chantaient en français, qui racontaient des histoires que je ne connaissais pas, c'était ma curiosité.
J'ai commencé vraiment à écrire quand j'avais 13 ans, et c'était le moment où j'ai quitté le village. Il y a eu une espèce de solitude urbaine et je me suis retrouvée d'abord dans trois familles d'accueil. J'ai détesté ça ! Ensuite j'ai pris mon indépendance, je lisais, et le plaisir d'écrire est venu comme ça ! Plus je lisais, plus j'écrivais, plus j'écrivais, plus j'avais encore envie d'écrire ! Et ça continue, jusqu'à maintenant.
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Quels sont les auteurs ou les livres qui ont marqué votre adolescence ou même votre vie d'adulte ?
Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : Quand j'ai lu « Une si longue lettre » de Mariama Bâ, j'ai compris tout ce que je n'accepterais pas en tant que fille sénégalaise. Pour moi c'était la révélation de la condition féminine ce livre-là. Ensuite il y a eu le « Le petit prince », on a tellement lu ça en classe et c'est tellement poétique. Ça fait tellement rêver, l'envie d'aller rencontrer, de dépasser ce qu'on est, d'aller ailleurs, la découverte, mais aussi la poésie.
J'ai été toujours passionnée par les grands auteurs français. Pour moi Yourcenar par exemple c'est une émotion stylistique, c'est tellement précis qu'on se dit : mais c'est un fil tendu ! Chaque mot est à sa place, j'admire ça. Comme quand vous lisez Victor Hugo, il vous fait tout un fleuve de texte, mais on a quand même le sentiment que chaque périphrase est exactement là où elle devrait être et pas ailleurs.
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Depuis 1994, vous vivez à Strasbourg où vous êtes toujours étudiante. Vous êtes riche de deux cultures : la culture sénégalaise et africaine en général, et la culture française et européenne. Est-ce qu'il y a des liens finalement entre toutes ces cultures ?
Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : Le lien c‘est moi ! Le dénominateur commun ! Vous savez,vous faites une sauce à la crème, vous ne pouvez plus différencier l'eau de la crème ! Mais c'est bon !
Et je suis gourmande de nourriture comme je le suis de culture ! Je suis un alliage et je dis toujours, il y a eu la colonisation, il y a eu l'esclavage, okay, c'est important de le savoir ! C'est l'histoire, c'est bien ! Moi ce qui m'intéresse c'est demain !
Voilà pour moi c'est la fin du complexe linguistique, du complexe colonial, j'empreinte le français à personne ! C'est juste à moi, c'était une de mes langues africaines qui existait dans mon pays quand je suis née, donc je l'utilise de manière naturelle.
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Vous dites dans une interview : « J'écris par impuissance »
Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : oui !
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : C'est toujours le cas ?
Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : C'est quand même terrible de se réveiller et de se dire ; il y a des choses dans le monde, dans la vie, au quotidien que je ne peux pas changer ! Je ne peux pas fuir, ce serait un manque, ce serait de l'irresponsabilité et je suis obligée d'assumer. Assumer pour moi c'est faire face, les yeux dans les yeux avec la vie qu'elle nous convienne ou pas. Je dois l'admettre comme elle est, donc je me sens impuissante, mais je revendique le droit et la liberté de hurler parfois mon désaccord !
Ça pousse à être plus humble quand vous écrivez. Je ne suis pas chef d'entreprise, je n'ai rien inventé, j'écoute ce qu'il y a dans moi, ce que je ressens. Pour moi c'est une forme extrême de fragilité, de rentrer simplement dans la sensation des choses, de les admettre.
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Fatou Diome merci beaucoup, je rappelle le titre de votre nouveau livre, votre troisième roman ; Inassouvies nos vies, c'est aux éditions Flammarion.
Fatou Diome
Inassouvies, nos vies
Le livre 4'34Fatou Diome : C'était l'envie de réfléchir justement sur ces « Inassouvies » qui traversent nos vies, parce qu'il nous manque à tous quelqu'un ou quelque chose. En tout cas ce petit détail qui empêche le cercle de notre vie d'être parfaitement rond, et je voulais réfléchir sur ça.
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Betty c'est cette jeune femme qui passe son temps à observer ses voisins et finalement c'est tout un portrait de la société qu'on découvre !
Fatou Diome : Oui, Betty c'est une jeune femme d'une trentaine d'années qui se met à la fenêtre, qui regarde l'immeuble d'en face. Et elle va s'arrêter sur une vieille dame. Et un moment cette dame disparaît, et donc les repères de Betty vacillent, elle va se mettre à chercher, chercher puis elle va finir par trouver Félicité dans une maison de retraite. Ses neveux et ses nièces l'ont placée là, soi-disant pour son bien. Sauf qu'ils l'ont oubliée là ensuite pour son malheur. Et Betty va venir tout le temps rendre visite à Félicité, puis elle va s'attacher à elle. Elles vont devenir très amies et elle va découvrir aussi la vie des autres personnes âgées dans cette maison de retraite. Elle va consigner ses souvenirs dans un carnet.
Pour moi c'est la quête de la plénitude, comment vivre entre le plein et le vide entre la quiétude et les angoisses. Tout ce qu'elle peut traverser, elle sait que c'est passager. Que ce soit une histoire d'amour, une histoire amicale, un lien affectif avec l'entourage ! Quoi qu'on puisse vivre, ça doit se terminer un jour ! Et la conscience de cette réalité-là est terrible, donc le seul choix c'est de l'accepter à un moment donné, pour essayer que chaque histoire d'amour soit la plus belle, que chaque amitié soit la plus belle et que chaque journée vécue soit la plus pleine, la plus jolie possible.
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Vous écrivez : « La société moderne fait tout pour garder ses dents de lait et ne supporte pas ceux qui ont perdu leurs dents de sagesse. »
Fatou Diome : Lorsque je suis arrivée du Sénégal, j'ai été étonnée, par les maisons de retraite ! Comment on pouvait mettre des gens du même âge à peu près, dans un coin de la ville. Les laisser vivre comme ça entre eux. Parce qu'en Afrique ce n'est pas dissocié, les personnes âgées restent dans la vie de tous les jours, occupent une certaine place assez honorable parce qu'on les respecte beaucoup, c'est vraiment les aînés de la famille. Et la en Europe j'ai eu le sentiment d'une cloison, qui séparait le monde des vieux, le monde des jeunes, et c'est ça qui m'a choqué.
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Le livre est très musical par les constructions des phrases, des mots que vous employez. Très musical aussi parce que vous nous donnez quelques pistes, en première page, vous nous expliquez quels sont les titres à écouter en lisant !
Fatou Diome : C'est la première fois que je donne directement l'ambiance musicale du livre, mais j'écris toujours en musique. Je ne peux pas écrire sans un fond musical et je choisis toujours quelque chose qui est lié à l'humeur du livre. Et là c'était vraiment les instruments à corde, donc j'ai signalé les « Suites pour Violoncelles » de Bach parce que pour moi ça correspond à l'ambiance réflexive de Félicité. Et après j'ai signalé aussi la Kora : la musique classique de l'Afrique. Je voulais aussi que les Européens puissent découvrir ma musique classique . La musique qui plonge dans mes racines : c'est la Kora, la musique qui me berce pour réfléchir, c'est la Kora !
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Lorsque le lecteur referme le livre, que voudriez-vous lui apporter avec ce roman ?
Fatou Diome : Qu'il soit obsédé par le mot « Inassouvis » ! E qu'il accepte peut-être que dans la vie, tous les trous ne sont pas comblés. Mais c'est parce qu'il y a des trous que la dentelle est belle ! Parce que, sans les trous il n'y aurait pas de dentelle ! Et la dentelle,tout le monde l'aime, elle est jolie, elle est esthétique ! Comme la vie ! Mais il y a des trous pour qu'elle soit belle, et il y a des manques à combler, qui nous motivent ! Si nous n'avons pas un manque à combler, nous ne faisons plus de projets. Si nous n'avons plus de rêves à réaliser, nous n'avançons plus. « Inassouvies nos vies », ce n'est pas un message de désespoir, c'est juste dire, quelque soit notre vie, si belle soit-elle, il y a une petite chose que nous aurions aimé faire ou réaliser. Cette petite chose là c'est notre volonté du lendemain qui nous permet de continuer.
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Fatou Diome, merci pour votre sourire et merci pour ce très beau roman : « Inassouvies nos vies » de Fatou Diome, édité chez Flammarion.
Fatou Diome : C'était l'envie de réfléchir justement sur ces « Inassouvies » qui traversent nos vies, parce qu'il nous manque à tous quelqu'un ou quelque chose. En tout cas ce petit détail qui empêche le cercle de notre vie d'être parfaitement rond, et je voulais réfléchir sur ça.
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Betty c'est cette jeune femme qui passe son temps à observer ses voisins et finalement c'est tout un portrait de la société qu'on découvre !
Fatou Diome : Oui, Betty c'est une jeune femme d'une trentaine d'années qui se met à la fenêtre, qui regarde l'immeuble d'en face. Et elle va s'arrêter sur une vieille dame. Et un moment cette dame disparaît, et donc les repères de Betty vacillent, elle va se mettre à chercher, chercher puis elle va finir par trouver Félicité dans une maison de retraite. Ses neveux et ses nièces l'ont placée là, soi-disant pour son bien. Sauf qu'ils l'ont oubliée là ensuite pour son malheur. Et Betty va venir tout le temps rendre visite à Félicité, puis elle va s'attacher à elle. Elles vont devenir très amies et elle va découvrir aussi la vie des autres personnes âgées dans cette maison de retraite. Elle va consigner ses souvenirs dans un carnet.
Pour moi c'est la quête de la plénitude, comment vivre entre le plein et le vide entre la quiétude et les angoisses. Tout ce qu'elle peut traverser, elle sait que c'est passager. Que ce soit une histoire d'amour, une histoire amicale, un lien affectif avec l'entourage ! Quoi qu'on puisse vivre, ça doit se terminer un jour ! Et la conscience de cette réalité-là est terrible, donc le seul choix c'est de l'accepter à un moment donné, pour essayer que chaque histoire d'amour soit la plus belle, que chaque amitié soit la plus belle et que chaque journée vécue soit la plus pleine, la plus jolie possible.
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Vous écrivez : « La société moderne fait tout pour garder ses dents de lait et ne supporte pas ceux qui ont perdu leurs dents de sagesse. »
Fatou Diome : Lorsque je suis arrivée du Sénégal, j'ai été étonnée, par les maisons de retraite ! Comment on pouvait mettre des gens du même âge à peu près, dans un coin de la ville. Les laisser vivre comme ça entre eux. Parce qu'en Afrique ce n'est pas dissocié, les personnes âgées restent dans la vie de tous les jours, occupent une certaine place assez honorable parce qu'on les respecte beaucoup, c'est vraiment les aînés de la famille. Et la en Europe j'ai eu le sentiment d'une cloison, qui séparait le monde des vieux, le monde des jeunes, et c'est ça qui m'a choqué.
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Le livre est très musical par les constructions des phrases, des mots que vous employez. Très musical aussi parce que vous nous donnez quelques pistes, en première page, vous nous expliquez quels sont les titres à écouter en lisant !
Fatou Diome : C'est la première fois que je donne directement l'ambiance musicale du livre, mais j'écris toujours en musique. Je ne peux pas écrire sans un fond musical et je choisis toujours quelque chose qui est lié à l'humeur du livre. Et là c'était vraiment les instruments à corde, donc j'ai signalé les « Suites pour Violoncelles » de Bach parce que pour moi ça correspond à l'ambiance réflexive de Félicité. Et après j'ai signalé aussi la Kora : la musique classique de l'Afrique. Je voulais aussi que les Européens puissent découvrir ma musique classique . La musique qui plonge dans mes racines : c'est la Kora, la musique qui me berce pour réfléchir, c'est la Kora !
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Lorsque le lecteur referme le livre, que voudriez-vous lui apporter avec ce roman ?
Fatou Diome : Qu'il soit obsédé par le mot « Inassouvis » ! E qu'il accepte peut-être que dans la vie, tous les trous ne sont pas comblés. Mais c'est parce qu'il y a des trous que la dentelle est belle ! Parce que, sans les trous il n'y aurait pas de dentelle ! Et la dentelle,tout le monde l'aime, elle est jolie, elle est esthétique ! Comme la vie ! Mais il y a des trous pour qu'elle soit belle, et il y a des manques à combler, qui nous motivent ! Si nous n'avons pas un manque à combler, nous ne faisons plus de projets. Si nous n'avons plus de rêves à réaliser, nous n'avançons plus. « Inassouvies nos vies », ce n'est pas un message de désespoir, c'est juste dire, quelque soit notre vie, si belle soit-elle, il y a une petite chose que nous aurions aimé faire ou réaliser. Cette petite chose là c'est notre volonté du lendemain qui nous permet de continuer.
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Fatou Diome, merci pour votre sourire et merci pour ce très beau roman : « Inassouvies nos vies » de Fatou Diome, édité chez Flammarion.
Fatou Diome
Inassouvies, nos vies
L'avis du libraire 2'25Librairie Rousseau
Rue de la république
25300 Pontarlier
03 81 39 88 39
Elle est lumineuse, ça c'est la première chose ! Elle a un visage, elle a un regard, c'est frappant ! Elle est chaleureuse ! Et elle dégage beaucoup d'intelligence. Elle parle avec simplicité, avec chaleur, avec son cœur. Elle a une diction merveilleuse, elle a une jolie voix et elle rit! Elle sourit toujours ! Et c'est toujours un rire et un sourire qui sont empreints de bienveillance. Elle n'a pas peur de parler de l'Afrique, vraiment elle en parle beaucoup, elle en parle bien ! Elle y va toujours, elle a donc sa grand-mère qui l'adore, et qui lui a tant donné, qui l'a élevée, qui lui a donné les livres, qui lui a donné la culture. Elle vit vraiment entre nous et cette Afrique, on sent qu'elle a vraiment trouvé un équilibre entre les deux et qu'elle a un regard sur les deux pays, que je trouve juste et à la fois sans concession.
On la sent posée, là entre ces deux continents. C'est quelqu'un qui est toujours comme ça, passionnée. Je pense qu'elle a trouvé une forme de paix, à réunir et à aimer ces deux continents.
L'histoire c'est une jeune femme qu'on sent isolée, solitaire, elle observe ses voisins. On comprend vite qu'elle va vivre sa vie qui manque apparemment de beaucoup de choses et de ce qu'elle pouvait espérer. Elle va vivre sa vie à travers des gens, qu'elle va découvrir, à qui elle va parler, comme sa voisine Félicité qui est une vieille dame qu'elle va suivre jusqu'à la fin, qu'elle va soutenir, avec qui elle va beaucoup échanger.
C'est un livre d'abord, sur la vieillesse, le temps qui passe et « que fait-on de nos vieux ? » Elle en parle ave beaucoup de dynamisme, elle a une très belle écriture qui est vivante et elle ne s'appesantit jamais. Elle raconte son histoire, on la suit, on va avec elle dans la maison de retraite, on voit les appartements des voisins de cette jeune femme.
On est intéressé, on est curieux, on n'est jamais plombé ! C'est un livre qui est vraiment plein d'amour, plein de regards sur les autres ! C'est vraiment un livre pour tous, pour les enfants, pour les parents.
Elle nous parle de nous, elle nous parle de notre société, elle n'a pas peur des mots, elle nous fait revenir sur nous-mêmes, réfléchir et je crois que c'est un livre essentiel !
Librairie Rousseau
Rue de la république
25300 Pontarlier
03 81 39 88 39
Elle est lumineuse, ça c'est la première chose ! Elle a un visage, elle a un regard, c'est frappant ! Elle est chaleureuse ! Et elle dégage beaucoup d'intelligence. Elle parle avec simplicité, avec chaleur, avec son cœur. Elle a une diction merveilleuse, elle a une jolie voix et elle rit! Elle sourit toujours ! Et c'est toujours un rire et un sourire qui sont empreints de bienveillance. Elle n'a pas peur de parler de l'Afrique, vraiment elle en parle beaucoup, elle en parle bien ! Elle y va toujours, elle a donc sa grand-mère qui l'adore, et qui lui a tant donné, qui l'a élevée, qui lui a donné les livres, qui lui a donné la culture. Elle vit vraiment entre nous et cette Afrique, on sent qu'elle a vraiment trouvé un équilibre entre les deux et qu'elle a un regard sur les deux pays, que je trouve juste et à la fois sans concession.
On la sent posée, là entre ces deux continents. C'est quelqu'un qui est toujours comme ça, passionnée. Je pense qu'elle a trouvé une forme de paix, à réunir et à aimer ces deux continents.
L'histoire c'est une jeune femme qu'on sent isolée, solitaire, elle observe ses voisins. On comprend vite qu'elle va vivre sa vie qui manque apparemment de beaucoup de choses et de ce qu'elle pouvait espérer. Elle va vivre sa vie à travers des gens, qu'elle va découvrir, à qui elle va parler, comme sa voisine Félicité qui est une vieille dame qu'elle va suivre jusqu'à la fin, qu'elle va soutenir, avec qui elle va beaucoup échanger.
C'est un livre d'abord, sur la vieillesse, le temps qui passe et « que fait-on de nos vieux ? » Elle en parle ave beaucoup de dynamisme, elle a une très belle écriture qui est vivante et elle ne s'appesantit jamais. Elle raconte son histoire, on la suit, on va avec elle dans la maison de retraite, on voit les appartements des voisins de cette jeune femme.
On est intéressé, on est curieux, on n'est jamais plombé ! C'est un livre qui est vraiment plein d'amour, plein de regards sur les autres ! C'est vraiment un livre pour tous, pour les enfants, pour les parents.
Elle nous parle de nous, elle nous parle de notre société, elle n'a pas peur des mots, elle nous fait revenir sur nous-mêmes, réfléchir et je crois que c'est un livre essentiel !