Véronique Ovaldé

Véronique Ovaldé

Personne n'a peur des gens qui sourient

Portrait 00'06'08"

Philippe Chauveau :
Bonjour Véronique Ovaldé, votre actualité chez Flammarion « Personne n'a peur des gens qui sourient ». Voilà une belle aventure qui se poursuit. Une aventure en tant que romancière qui a démarré en 2000 avec votre premier titre. Mais il faut rappeler que, parallèlement, vous êtes aussi éditrice. Travailler dans le monde de l'écriture, de la littérature, cela a toujours été une envie, un rêve de gosse ?

Véronique Ovaldé :
Finalement pas du tout. ! En fait, j'ai toujours voulu être écrivain mais pour moi qui était une petite fille à la fois très pragmatique et un peu bizarre je me suis dit que pour pouvoir publier mes livres, il fallait que je passe par la case édition, il fallait que je rentre à l'intérieur des maisons d'édition. C'est comme ça que j'ai commencé à travailler l'édition, il y a 28 ans, avec la ferme intention de faire publier mes livres.

Philippe Chauveau :
Lorsque vous dites que vous étiez une petite fille bizarre, que vous vous sentiez différente. Est-ce le regard des autres qui vous donnait cette impression de ne pas évoluer de la même façon ?

Véronique Ovaldé :
Oui, c'est ça en général qui fait que vous vous sentez bizarre. Mais quand vous vous sentez bizarre lorsque vous êtes enfant, c'est aussi une forme d'arrogance. Vous êtes différent des autres donc il va vous arriver des choses exceptionnelles. Et qu'est ce qui peut vous faire plus plaisir quand vous êtes enfant que l'idée de vivre des choses un peu plus exceptionnelles que les autres.

Philippe Chauveau :
D’où l'envie de raconter des histoires ?

Véronique Ovaldé :
Moi, j'adorais raconter des histoires. J'adorais me raconter des histoires.
Je faisais partie en effet des petits enfants qui sont encombrés par leur imaginaire. Mais j'aimais aussi lire énormément, Donc, les deux étant liés, le fait d'aimer raconter des histoires et le fait de lire, avec ce rapport à la langue qui était très important pour moi, presque nécessairement, pour moi, il était évident que la suite des événements c'était que j'allais écrire et publier mes livres.

Philippe Chauveau :
Une enfance fantasque, une adolescence rebelle ou pas ?

Véronique Ovaldé :
Je n'avais pas une enfance fantasque, ce n'est pas vraiment le bon terme. Je dirais une enfance plutôt imaginative donc un peu enfermée dans mon monde personnel et singulier. Adolescente rebelle ? Oui, bien sûr mais avec discrétion.
J'ai longtemps feint d'être apprivoisée.

Philippe Chauveau :
Vous êtes toujours une adolescente rebelle ?

Véronique Ovaldé :
Non, je ne suis plus du tout une adolescente rebelle mais j'ai toujours un pied dans la marge.

Philippe Chauveau :
Vous nous le disiez, les livres ont très vite fait partie de votre univers. Quels sont les titres et les auteurs qui vous ont accompagnée, qui vous font grandir ?

Véronique Ovaldé :
La grande révélation fut pour moi toute une partie de la littérature américaine que je trouvais à la bibliothèque municipale de la ville où j'habitais, cette littérature classique américaine de Melville à Hémingway en passant par Faulkner. Et un grand moment d’éblouissement en découvrant le théâtre de Tennessee Williams que je lisais. J'étais très amoureuse de ce monde là.

Philippe Chauveau :
Si vous deviez donner une définition de ce que représente pour vous la littérature dans votre vie, que diriez-vous ?

Véronique Ovaldé :
La littérature, c'est mon fil à plomb. Ce qui me permet de me tenir droite, depuis longtemps.

Philippe Chauveau :
Comment fait-on pour conjuguer ces deux casquettes que sont l'édition et la vie d'auteur ?

Véronique Ovaldé :
Alors, je le disais, je travaille depuis longtemps dans l'édition, depuis 28 ans, mais j'ai fait plein de métiers différents en édition. J'ai été chef de fabrication j'ai j'étais correctrice, j'ai fait des couvertures, j'ai fait plein de choses différentes. Et puis, je suis devenue éditrice il y a une dizaine d'années, ce qui veut dire accompagner des auteurs. Après, pendant sept ans, j'ai été directrice de collection, une collection de poésie, puis une collection qui s’appelle « Signature » qui réédite des livres oubliés ou épuisés. C'est assez stimulant et fructueux de découvrir toutes ces facettes, ce travail autour du livre.

Philippe Chauveau :
Cette casquette d'éditrice n'empiète pas parfois sur votre imaginaire de romancière ?

Véronique Ovaldé :
Sur mon imaginaire, non. Sur mon temps de romancière. Oui ! Mais cela a toujours été le cas dans ma vie, j'ai toujours eu une organisation un peu serrée…

Philippe Chauveau :
On vous le dit, jimagine, assez souvent. Depuis le début de votre travail de romancière, on apprécie chez vous à la fois le travail de l'écriture, la syntaxe et puis aussi votre univers bien particulier, parfois fantasque. Je reprends volontairement ce terme. Est-ce une sorte de jardin secret dont vous entrouvrez la porte de temps en temps pour faire entrer vos lecteurs. Serait-ce une bonne définition de ce que vous avez envie de nous transmettre à travers vos histoires ?

Véronique Ovaldé :
Je ne sais pas si on pourrait dire un jardin secret. Je dirais plutôt une jungle secrète. C'est plu plaisant non ? C'est un peu plus foisonnant et dangereux qu'un jardin qui me semble un endroit plus policé.

Philippe Chauveau :
Une sorte de rébellion ?

Véronique Ovaldé :
Rébellion, peut être… Cela me rappelle la phrase d’André Breton quand il parlait de Frida Kahlo. Il disait qu’elle était comme une bombe entourée d'un ruban ». Un scénariste a dit ça un jour de mon travail et j'aime bien cette définition.

Philippe Chauveau :
Votre actualité, Véronique Ovaldé. « Personne n'a peur des gens qui sourient » publie chez Flammarion.

Personne n'a peur des gens qui sourient Flammarion
  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • C’est en 2000 que Véronique Ovaldé publie son premier roman « Le sommeil des poissons ». L’élégance et l’originalité de sa plume la font rapidement remarquer et les titres suivants lui amènent un public fidèle. En 2009, avec son 7ème titre, « Ce que je sais de Vera Candida », elle obtient notamment le prix Renaudot des lycéens et le prix Roman France Télévisions. Parallèlement, Véronique Ovaldé est aussi éditrice et écrit aussi pour la jeunesse.Cherchant à oublier le quotidien d’une enfance un peu triste,...Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique Ovaldé - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Bonjour Véronique Ovaldé, votre actualité chez Flammarion « Personne n'a peur des gens qui sourient ». Voilà une belle aventure qui se poursuit. Une aventure en tant que romancière qui a démarré en 2000 avec votre premier titre. Mais il faut rappeler que, parallèlement, vous êtes aussi éditrice. Travailler dans le monde de l'écriture, de la littérature, cela a toujours été une envie, un rêve de gosse ? Véronique Ovaldé :Finalement pas du tout. ! En fait, j'ai toujours voulu être écrivain mais...Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique Ovaldé - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau :Je me permets de reprendre cette phrase d'un scénariste au sujet de votre écriture : « Une bombe entourée d'un ruban ». C'est, peut-être, aussi une phrase qui correspond bien à Gloria, cette jeune femme que vous nous présentez dans votre nouveau roman « Personne n’a peur des gens qui sourient ». Gloria semble être une femme assez fragile, qui cache pas mal de failles. C’est elle que nous allons découvrir au fil des pages. Tout démarre un soir de début d'été, au mois de juin. C'est la fin de...Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique Ovaldé - Livre - Suite