S’intéresser à l’autre, même le plus fragile, le plus humble, le plus insignifiant, le plus misérable, c’est ce qui donne à Véronique Mougin le sens de son métier de journaliste.

Par des enquêtes en presse magazine, à l’Express, Marie-Claire, Témoignage Chrétien ou Marianne, elle n’a eu de cesse de mettre en lumière les désordres sociaux de notre monde dit moderne et d’en dénoncer les outrances. Les enquêtes sont devenues des livres. Citons « Femmes en galère » ou encore « SDF, idées reçues » et « Papa, Maman, la rue et moi ».

Depuis, Véronique Mougin a ajouté une nouvelle corde à son arc, devenant biographe hospitalière, à savoir qu’elle accompagne des patients en fin de vie pour écrire le livre de leur vie, un projet thérapeutique accompagné par le corps médical basé sur la transmission et la mémoire.

En 2015, sur un ton plus léger, avec humour, mais aussi avec pertinence et lucidité, Véronique Mougin racontait ceux d’en haut et ceux d’en bas dans « Pour vous servir ». Ce premier roman lui permettant d’aborder d’autres thèmes et de laisser parler son goût pour l’écriture au long cours.

Après « Où passe le fil » et « Un fils à maman », voici le nouveau roman de Véronique Mougin, « A propos d’un village oublié » paru chez Flammarion.

Voilà Margrit, la grand-mère de la narratrice, de l’autrice donc puisqu’ici Véronique Mougin convoque son histoire familiale. Margirt est morte il y a dix ans et sa petite-fille veut raconter comment cette femme a survécu aux drames de la guerre. Margirt est morte il y a dix ans… en êtes-vous bien sûr ?

Avec son amoureux, elle a quitté sa Hongrie natale, poussée par les bruits de bottes et cette antisémitisme galopant des années 30. Les voilà à Paris. Mais la bête immonde avance inexorablement. Alors que Louis, le fiancé, est sous les drapeaux puis en camp de travail, Margrit, devenue Marguerite, se réfugie à Mirabelle, un petit village de la Drôme avec son petit bout ce chou nourrisson.

Et le roman de nous raconter tous les déboires, toutes les péripéties, les angoisses endurées par Marguerite pendant ces années de guerre. Mais au-delà du drame, ce sont surtout les rencontres, les coups de main, les sourires, les cachettes, le bol de soupe, les faux-papiers, toutes ces choses qui auront permis à Marguerite de traverser les heures sombres de l’histoire en gardant toujours foi en l’humanité.

C’est drôle, c’est tendre, c’est poétique, c’est jubilatoire. Si Véronique Mougin parle ici de ce que l’homme a de plus sombre en lui, elle parle surtout de ce qu’il a de plus beau en lui et cela fait du bien.

L’écriture est vive, espiègle tout en étant construite, musicale, travaillée et entre chaque chapitre, les commentaires de Margrit, en gentil fantôme espiègle apportent une légèreté et une originalité bien senties.

Voilà un livre enthousiasmant qui vous suivra longtemps. Et cette petite phrase à méditer : « Agrippe le moindre bout de joie et ne le lâche pas ! »

C’est le nouveau roman de Véronique Mougin et c’est un coup de cœur !

« A propos d’un village oublié » est publié chez Flammarion.