Dany Laferrière, de l'Académie française

Dany Laferrière, de l'Académie française

Le cri des oiseaux fous

Livre 5'13

Philippe Chauveau :

Ce livre Dany Laferrière « Le Cris des oiseaux fous » est sorti en 2000, il est ré-édité cette année aux éditions Zulma tel que vous l'aviez écrit à l'origine. C'est votre vie que vous racontez, les dernières heures que vous allez passer à Haïti. Vous avez 23 ans, votre mère vous pousse à partir parce que votre vie est en danger, la dictature est là, avec les Duvallier au pouvoir, et vous allez partir à Montréal. Curieusement, le livre est sous-titré « roman », pourquoi puisqu'il s'agit votre vie ?

Dany Laferrière :

Ma vie est un roman ! Parce que c'est ma vie et en même temps ce n'est pas ma vie. Je raconte des choses réelles, vraies et quotidiennes, mais avec l'art le plus artificiel qui soit. Par exemple, cette nuit qui ne dure que quelques heures, j'ai ramassé toutes les années de la dictature. Il y a les choses que j'ai vécues, d'autres que j 'ai rêvées et des choses qui sont arrivées à des amis. C'est un « je » mais c'est un « je » collectif. Et il y a assez d'artifices pour que ce soit un roman.

Philippe Chauveau :

Vous dédiez ce livre à votre ami, Gasner Raymond, journaliste engagé et qui va être assassiné par le pouvoir en place. Dans le livre, vous le dites, la mort de Gasner Raymond va vous forcer à devenir écrivain ?

Dany Laferrière :

Oui, on peut le dire comme ça. Je ne sais pas quelle est la valeur réelle de ce genre de déclaration, j'ai dit ailleurs que l'exil en était aussi la cause. Je crois qu'un écrivain n'est écrivain qu'après un certain nombre d'années et après un certain nombre de livres. Comme je sais qu'un livre n'existe que quand il est en librairie, je suis très américain à ce niveau-là, j'aime les choses concrètes.

Philippe Chauveau :

Avec le recul, comment vous souvenez-vous de l'écriture de ce roman, lorsque vous étiez face à votre page. Dans quel état d'esprit étiez-vous ?

Dany Laferrière :

Mais j'étais malade ! J'ai dû mettre cinq oreillers derrière moi parce que j'avais les reins brisés. Je ne savais pas que c'était dû à l'écriture de ce livre, c'est un livre qui m'a traversé comme un train de marchandise.

Philippe Chauveau :

Parce que les souvenirs étaient douloureux ?

Dany Laferrière :

Oui ! Ce n'était pas uniquement mes souvenirs, il y a beaucoup de choses dans ce livres. Il y a ce jeune homme qui découvre l'amour physique et l'amour « amoureux ». La chose la plus violente n'est pas la violence politique, c'est de dire adieu à des amis sans leur dire qu'on les quittés. Mais c'était ça ou la mort de ma mère, parce que ma mère n'aurait pas pu survivre si il m'arrivait malheur. Je crois que c'est la nuit la plus terrible de ma vie.

Philippe Chauveau :

Ce livre raconte votre dernière nuit avant de quitter le pays. Depuis, vous êtes revenu sur vos terres d'origine. Quel regard portez-vous aujourd'hui sur Haïti ?

Dany Laferrière :

Je ne porte pas de regard sur les choses, je me glisse. Pour moi un pays est un endroit où l'on ne porte pas de regard, où il n'y a pas de distance. Quand j'entends le créole, je n'ai pas besoin de savoir ce qu'il se dit pour savoir ce qu'il se passe vraiment dans le cœur des gens. Leur manière de marcher, de me dire ce qu'il se passe. Donc, quand je suis en Haïti, j'évite de porter de regard et de tirer un bilan.

Philippe Chauveau :

Votre actualité Dany Laferrière, c'est cette ré-édition, « Le Cri des oiseaux fous ». Ré-édition proposée par les éditions Zulma.

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  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Il est devenu immortel en mai 2015. Dany Laferrière siège depuis sous la coupole de l'Académie française. En trente ans d'écriture, que de chemin parcouru pour le jeune haïtien contraint de fuir son pays à l'âge de 23 ans, pourchassé par les hommes de Duvalier, le dictateur en place. Fils d'une mère archiviste et d'un père engagé politiquement et opposé au régime, le jeune Dany est élevé par sa grand-mère. De ses années d'enfance, il racontera ses souvenirs dans « L'odeur du café » ou « Le charme des après-midi...12 octobre 2016 de Dany Laferrière - Présentation - Suite
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    « J'ai adoré ce livre de Dany Laferrière ! C'est un roman qui nous emmène dans une nuit qui précède l'exil de Dany Laferrière à Montréal. Donc, on va rencontrer ses amis, sa famille. C'est un roman qui est très bien écrit. Dany Laferrière nous a habitués à une plume très belle, très colorée. C'est un roman très rythmé puisque c'est quasiment du minute par minute, cette dernière nuit à Haïti. C'est un rythme parfois lent mais on l'accompagne vraiment dans son exil. Pour moi, c'est une ré-édition qui s'impose...12 octobre 2016 de Dany Laferrière - L'avis du libraire - Suite