Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
C'est au Québec et plus précisément à Montréal, que nous vous emmenons sur WebTV Culture, où à l'occasion du salon du livre nous avons rencontré Kim Thúy. Et ici, au Québec, Kim Thúy est devenue un phénomène littéraire.
« Boat people », ayant fui le Vietnam avec sa famille lorsqu'elle était enfant, Kim Thúy a débarqué ici au Québec il y a une trentaine d'années, et de ce parcours de réfugiée, elle a fait le thème de son premier roman, Ru, publié en France aux éditions Liana...
Ru de Kim Thúy - Présentation - Suite
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Bonjour Kim Thúy
Kim Thúy (RU):
Bonjour
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Nous sommes ensemble ici à Montréal au Québec dans le cadre du salon du livre où vous venez d'ailleurs d'être primée pour votre premier livre, votre premier roman: Ru pour lequel vous avez reçu le Prix du Gouverneur qui est ici un prix très prestigieux, très renommé. Le livre est déjà sorti il y a déjà quelques mois au Québec aux éditions Libre Expression. Il est sorti plus récemment en France chez Liana Levi....
Ru de Kim Thúy - Portrait - Suite
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Kim Thúy, vous publiez aux éditions Liana Levi pour la France votre premier roman, Ru, qui au Québec a obtenu le Prix du Gouverneur, l'un des prix les plus prestigieux.
Ce livre, c'est un roman, certes, mais aussi quelque part un petit peu votre vie
Kim Thúy :
C'est surtout que je voulais dépeindre l'univers des vietnamiens qui sont arrivés pendant cette période-là, dans ces conditions-là, et évidemment, j'ai personnalisé toutes ces histoires afin qu'il y ait un fil conducteur entre ces...
Ru de Kim Thúy - Le livre - Suite
Manon Trépanier
Librairie « Alire »
825, rue Saint Laurent Ouest
Place Longueil
Longueil – Québec
Tél : (450) 679-8211
www.librairie-alire.com
Moi je l'ai adoré car il m'a permis de voyager. J'ai voyagé avec Kim Thúy dans une contrée que je ne connaissais pas. C'est une « boat people » cette fille-là ; c'est une rescapée mais elle a une volonté de vivre, une volonté d'aimer. Le regard qu'elle porte sur les gens, sur les choses, c'est un regard toujours positif, c'est un livre qui fait du bien. Quand on se compare à...
Ru de Kim Thúy - L'avis du libraire - Suite
Kim Thúy
Ru
Présentation 1'03C'est au Québec et plus précisément à Montréal, que nous vous emmenons sur WebTV Culture, où à l'occasion du salon du livre nous avons rencontré Kim Thúy. Et ici, au Québec, Kim Thúy est devenue un phénomène littéraire.
« Boat people », ayant fui le Vietnam avec sa famille lorsqu'elle était enfant, Kim Thúy a débarqué ici au Québec il y a une trentaine d'années, et de ce parcours de réfugiée, elle a fait le thème de son premier roman, Ru, publié en France aux éditions Liana Levi.
Récompensé par de nombreux prix, Ru est un petit bijou où la souffrance se transforme en poésie, où la magie d'une rencontre et d'un sourire redonne l'espoir. Avec ce premier roman à l'écriture délicate, Kim Thúy à conquis le public québécois, et en France aussi le succès est au rendez vous. Ru, le premier roman de Kim Thúy est publié en France aux éditions Liana Lévi. Kim Thúy est avec nous sur Web TV Culture.
C'est au Québec et plus précisément à Montréal, que nous vous emmenons sur WebTV Culture, où à l'occasion du salon du livre nous avons rencontré Kim Thúy. Et ici, au Québec, Kim Thúy est devenue un phénomène littéraire.
« Boat people », ayant fui le Vietnam avec sa famille lorsqu'elle était enfant, Kim Thúy a débarqué ici au Québec il y a une trentaine d'années, et de ce parcours de réfugiée, elle a fait le thème de son premier roman, Ru, publié en France aux éditions Liana Levi.
Récompensé par de nombreux prix, Ru est un petit bijou où la souffrance se transforme en poésie, où la magie d'une rencontre et d'un sourire redonne l'espoir. Avec ce premier roman à l'écriture délicate, Kim Thúy à conquis le public québécois, et en France aussi le succès est au rendez vous. Ru, le premier roman de Kim Thúy est publié en France aux éditions Liana Lévi. Kim Thúy est avec nous sur Web TV Culture.
Kim Thúy
Ru
Portrait 4'53Bonjour Kim Thúy
Kim Thúy (RU):
Bonjour
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Nous sommes ensemble ici à Montréal au Québec dans le cadre du salon du livre où vous venez d'ailleurs d'être primée pour votre premier livre, votre premier roman: Ru pour lequel vous avez reçu le Prix du Gouverneur qui est ici un prix très prestigieux, très renommé. Le livre est déjà sorti il y a déjà quelques mois au Québec aux éditions Libre Expression. Il est sorti plus récemment en France chez Liana Levi. Avant de revenir sur ce premier livre, sur ce premier roman, quel parcours atypique que le vôtre. Avant d'arriver au Québec, il y a eu des heures difficiles. On peut revenir sur ce périple?
Kim Thúy (RU):
Mais vous savez, en même temps, c'est le parcours typique d'immigrant je crois. J'ai fait toute sorte de métiers. J'ai fait plein de détours tout simplement parce qu'on prenait ce qui venait vers nous et non pas choisir ce qui nous plaisait ou ce qui nous convenait. Alors c'est pour ça que j’ai fait toute sorte de métiers. Au tout début couturière parce que c'est un métier que l'on pouvait faire le soir, après le travail ou après l'école, et après j'ai fait droit, et par chance j'ai été recrutée pas un des grands bureaux de Montréal. J'ai été postée à l'extérieur, au Vietnam en fait parce qu'il y avait un projet là-bas, et quand je suis revenue, je voulais un travail un peu moins exigeant qui demandait moins de voyages. Donc j'ai ouvert un restaurant sans savoir vraiment cuisiner. On a fermé parce que c'était la fin du bail ; on se demandait si on renouvelait ou non, et étant donné que j'étais une très mauvaise femme d'affaires, on était dans le rouge. Mon mari disait « c'est un club social et non un restaurant !», donc on a décidé de fermer et il m'a mis en punition pendant un mois pour que je réfléchisse sur mon avenir. Je n'avais pas choisi parce que je n'arrivais pas à réfléchir, alors ce que j'ai fait, j'ai joué avec des mots pendant un mois pour passer le temps et c'est comme ça que le livre est né en fait.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
C'est cette mise en quarantaine imposé par votre époux qui vous a obligée à vous mettre à écrire?
Kim Thúy (RU):
Exactement, mais c'est un vieux rêve. Je voulais écrire depuis l'âge de 15 ans, depuis toute petite, depuis que j'ai découvert Marguerite Duras avec L'Amant C'était le point de départ de la littérature. Mais la littérature n'était pas un choix possible pour les immigrants. En tous cas dans notre tête à nous, ce n'était pas possible. C'est pour cela que j'ai fait toute sorte de métiers avant finalement de me mettre à l'écriture.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Vous avez quitté le Vietnam à l âge de 10 ans et vous êtes arrivée ici à Montréal au Québec?
Kim Thúy (RU):
Non, on est passé par le camps de réfugiés en Malaisie d'abord. On est parti en bateau, On a passé quatre mois en Malaisie environ. On était chanceux parce qu'il y en a d'autres qui ont passé plus de temps et c'était la délégation Canadienne qui est passée par notre camp la première. Et ils nous ont sélectionnés. Mon père était politicien donc c'était plus facile, et aussi parce qu'il parlait déjà français.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Quels sont vos premiers souvenirs...?
Kim Thúy (RU):
Du Québec?
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
...de jeune adolescente lorsque vous arrivez ici au Québec?
Kim Thúy (RU):
Le premier moment quand vous arrivez dans un pays où c'était recouvert de neige et que vous n'aviez jamais touché la neige, que vous n'aviez jamais senti le froid, c'était très étonnant.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Le livre, la littérature, est ce que ça vous à aidée aussi à avancer dans cette nouvelle vie?
Kim Thúy (RU):
Non, la littérature était très loin alors que quand j'étais jeune, oui. Au Vietnam, on était une famille qui lisait énormément, il y avait des livres partout, dans la salle de bains autant qu'en dessous des lits. Quand les communistes sont arrivés, c'était tout un travail de ramasser ces livres et de les détruire pour ne pas se faire accuser d'anti-révolutionnaire et tout. Alors que quand on est arrivé ici, on avait plus de livres, et ça c'était un sentiment très étrange. C'est ça qui dénotait la pauvreté chez nous, de ne pas avoir de livres, d'être aussi nu.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Alors ru maintenant est là, il existe bel et bien. C'est votre premier roman. C'est une sorte de revanche sur la vie, c'est un encouragement. Vous le vivez comment?
Kim Thúy (RU):
Pas du tous. Ce livre, c'est un privilège, et pour moi d'avoir tout ce temps, pendant un ans où je ne travaillais pas, où tout ce que je faisais, c'était de jouer avec les mots, de chercher les sens des mots. C'est un moment de plaisir égoïste ce livre. C'est du pur bonheur, rien d'autre.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Merci beaucoup Kim Thúy
Kim Thúy (RU):
Merci
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Ru, c'est donc votre premier livre, votre premier roman qui vient de recevoir le Prix du Gouverneur ici à Montréal dans le cadre du Salon du livre. Un livre qui est publié en France aux éditions Liana Lévi.
Bonjour Kim Thúy
Kim Thúy (RU):
Bonjour
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Nous sommes ensemble ici à Montréal au Québec dans le cadre du salon du livre où vous venez d'ailleurs d'être primée pour votre premier livre, votre premier roman: Ru pour lequel vous avez reçu le Prix du Gouverneur qui est ici un prix très prestigieux, très renommé. Le livre est déjà sorti il y a déjà quelques mois au Québec aux éditions Libre Expression. Il est sorti plus récemment en France chez Liana Levi. Avant de revenir sur ce premier livre, sur ce premier roman, quel parcours atypique que le vôtre. Avant d'arriver au Québec, il y a eu des heures difficiles. On peut revenir sur ce périple?
Kim Thúy (RU):
Mais vous savez, en même temps, c'est le parcours typique d'immigrant je crois. J'ai fait toute sorte de métiers. J'ai fait plein de détours tout simplement parce qu'on prenait ce qui venait vers nous et non pas choisir ce qui nous plaisait ou ce qui nous convenait. Alors c'est pour ça que j’ai fait toute sorte de métiers. Au tout début couturière parce que c'est un métier que l'on pouvait faire le soir, après le travail ou après l'école, et après j'ai fait droit, et par chance j'ai été recrutée pas un des grands bureaux de Montréal. J'ai été postée à l'extérieur, au Vietnam en fait parce qu'il y avait un projet là-bas, et quand je suis revenue, je voulais un travail un peu moins exigeant qui demandait moins de voyages. Donc j'ai ouvert un restaurant sans savoir vraiment cuisiner. On a fermé parce que c'était la fin du bail ; on se demandait si on renouvelait ou non, et étant donné que j'étais une très mauvaise femme d'affaires, on était dans le rouge. Mon mari disait « c'est un club social et non un restaurant !», donc on a décidé de fermer et il m'a mis en punition pendant un mois pour que je réfléchisse sur mon avenir. Je n'avais pas choisi parce que je n'arrivais pas à réfléchir, alors ce que j'ai fait, j'ai joué avec des mots pendant un mois pour passer le temps et c'est comme ça que le livre est né en fait.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
C'est cette mise en quarantaine imposé par votre époux qui vous a obligée à vous mettre à écrire?
Kim Thúy (RU):
Exactement, mais c'est un vieux rêve. Je voulais écrire depuis l'âge de 15 ans, depuis toute petite, depuis que j'ai découvert Marguerite Duras avec L'Amant C'était le point de départ de la littérature. Mais la littérature n'était pas un choix possible pour les immigrants. En tous cas dans notre tête à nous, ce n'était pas possible. C'est pour cela que j'ai fait toute sorte de métiers avant finalement de me mettre à l'écriture.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Vous avez quitté le Vietnam à l âge de 10 ans et vous êtes arrivée ici à Montréal au Québec?
Kim Thúy (RU):
Non, on est passé par le camps de réfugiés en Malaisie d'abord. On est parti en bateau, On a passé quatre mois en Malaisie environ. On était chanceux parce qu'il y en a d'autres qui ont passé plus de temps et c'était la délégation Canadienne qui est passée par notre camp la première. Et ils nous ont sélectionnés. Mon père était politicien donc c'était plus facile, et aussi parce qu'il parlait déjà français.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Quels sont vos premiers souvenirs...?
Kim Thúy (RU):
Du Québec?
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
...de jeune adolescente lorsque vous arrivez ici au Québec?
Kim Thúy (RU):
Le premier moment quand vous arrivez dans un pays où c'était recouvert de neige et que vous n'aviez jamais touché la neige, que vous n'aviez jamais senti le froid, c'était très étonnant.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Le livre, la littérature, est ce que ça vous à aidée aussi à avancer dans cette nouvelle vie?
Kim Thúy (RU):
Non, la littérature était très loin alors que quand j'étais jeune, oui. Au Vietnam, on était une famille qui lisait énormément, il y avait des livres partout, dans la salle de bains autant qu'en dessous des lits. Quand les communistes sont arrivés, c'était tout un travail de ramasser ces livres et de les détruire pour ne pas se faire accuser d'anti-révolutionnaire et tout. Alors que quand on est arrivé ici, on avait plus de livres, et ça c'était un sentiment très étrange. C'est ça qui dénotait la pauvreté chez nous, de ne pas avoir de livres, d'être aussi nu.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Alors ru maintenant est là, il existe bel et bien. C'est votre premier roman. C'est une sorte de revanche sur la vie, c'est un encouragement. Vous le vivez comment?
Kim Thúy (RU):
Pas du tous. Ce livre, c'est un privilège, et pour moi d'avoir tout ce temps, pendant un ans où je ne travaillais pas, où tout ce que je faisais, c'était de jouer avec les mots, de chercher les sens des mots. C'est un moment de plaisir égoïste ce livre. C'est du pur bonheur, rien d'autre.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Merci beaucoup Kim Thúy
Kim Thúy (RU):
Merci
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Ru, c'est donc votre premier livre, votre premier roman qui vient de recevoir le Prix du Gouverneur ici à Montréal dans le cadre du Salon du livre. Un livre qui est publié en France aux éditions Liana Lévi.
Kim Thúy
Ru
Le livre 3'53Kim Thúy, vous publiez aux éditions Liana Levi pour la France votre premier roman, Ru, qui au Québec a obtenu le Prix du Gouverneur, l'un des prix les plus prestigieux.
Ce livre, c'est un roman, certes, mais aussi quelque part un petit peu votre vie
Kim Thúy :
C'est surtout que je voulais dépeindre l'univers des vietnamiens qui sont arrivés pendant cette période-là, dans ces conditions-là, et évidemment, j'ai personnalisé toutes ces histoires afin qu'il y ait un fil conducteur entre ces histoires et aussi pour éviter que ce soit raconté comme si c'était des faits divers. Vous voyez dans un journal, une histoire après l'autre, donc il fallait remanier, manipuler un petit peu les histoires pour en faire une seule.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Vous avez vous-même souffert à l'écriture de ce livre où au contraire de la jubilation, parce que évidemment il s'agit d'un sujet grave.
Kim Thúy :
Oui, c'est un sujet grave mais je dois vous avouer que ça été un plaisir. Chaque page que j'écrivais, c'était pour moi une joie, un bonheur total. Et ce que vous avez là, ce sont de tous petits paragraphes. Mais au départ, il y avait pour chaque paragraphe peut-être trois ou quarte pages, donc mon travail à moi, chaque matin, c'était de relire dès la première ligne et puis d'enlever. J’ai fait une réduction en fait. A partir du bouillon je voulais faire une sauce, donc chaque jour je dégraisse, j'enlève le plus possible, et si mon éditeur ne me l'avait pas enlevé des mains, il y en aurait encore moins vous voyez, parce que j’en aurais enlevé encore et encore.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Je ne résiste pas au plaisir si vous le permettez de lire un extrait:
« On oublie souvent l'existence de toutes ces femmes qui ont porté le Vietnam sur leurs dos, pendant que leurs maris et leurs fils portaient les armes sur le feu. On les oublie parce que sous leurs chapeaux côniques, elles ne regardaient pas le ciel, elles attendaient seulement que le soleil tombe sur elles pour pouvoir s'évanouir plutôt que s'endormir »
Le français n'est pas votre langue maternelle, c'est une langue...
Kim Thúy:
apprise Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Dont vous avez fait l'apprentissage ici au Québec, et pourtant vous écrivez en français, et c'est ce que les critiques ont tout de suite remarqué. C'est la dextérité avec laquelle vous travaillez les mots et la syntaxe.
Kim Thúy:
Vous croyez ! Je fais tellement de fautes... Mais en même temps, j'allais vous dire que c'était du travail, mais ce n'était pas du travail, c'était vraiment du plaisir d'aller chercher la forme et le fond de chaque mot.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Ce livre retrace donc le parcours de ces milliers de personnes que l'ont appelle communément les « boat-poeple » et c'est un livre qui curieusement peut-être, à énormément séduit le public québécois, comment l'expliquez vous?
Kim Thúy:
Ce livre là s'adressait autant aux québécois qu'aux vietnamiens. Au départ, je pensais qu'il y aurait seulement ma famille qui allait le lire de même que les gens de « Granby » qui m'ont accueillie. Mais on m'a dit que peut-être cela rejoint ce sentiment d'exil ou qu'il y a certains sentiments qui sont universels. Mais il ne faut pas me le demander parce que je n'en ai aucune idée. Je pensais que c'était une vision assez étroite du monde.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Le livre s'ouvre avec une définition du mot « ru ». Alors ce titre, vous pouvez nous l'expliquer?
Kim Thúy:
Oui, alors ce titre… J'avais un restaurent qui s'appelait « Ru de Nam », et un peu comme dans le livre, je voulais reprendre un chapitre, un mot d'un autre chapitre de ma vie pour le lancer dans un autre chapitre. Et puis « ru » veut dire en vieux français « petit ruisseau » et en vietnamien c'est un très beau mot qui veux dire « bercer un enfant jusqu'au sommeil ».
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Merci beaucoup Kim Thúy. Votre premier roman qui, rappelons le, a reçu ici au Québec le Prix du Gouverneur. Ru, par Kim Thúy, est publié en France aux éditions Liana Lévi.
Kim Thúy, vous publiez aux éditions Liana Levi pour la France votre premier roman, Ru, qui au Québec a obtenu le Prix du Gouverneur, l'un des prix les plus prestigieux.
Ce livre, c'est un roman, certes, mais aussi quelque part un petit peu votre vie
Kim Thúy :
C'est surtout que je voulais dépeindre l'univers des vietnamiens qui sont arrivés pendant cette période-là, dans ces conditions-là, et évidemment, j'ai personnalisé toutes ces histoires afin qu'il y ait un fil conducteur entre ces histoires et aussi pour éviter que ce soit raconté comme si c'était des faits divers. Vous voyez dans un journal, une histoire après l'autre, donc il fallait remanier, manipuler un petit peu les histoires pour en faire une seule.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Vous avez vous-même souffert à l'écriture de ce livre où au contraire de la jubilation, parce que évidemment il s'agit d'un sujet grave.
Kim Thúy :
Oui, c'est un sujet grave mais je dois vous avouer que ça été un plaisir. Chaque page que j'écrivais, c'était pour moi une joie, un bonheur total. Et ce que vous avez là, ce sont de tous petits paragraphes. Mais au départ, il y avait pour chaque paragraphe peut-être trois ou quarte pages, donc mon travail à moi, chaque matin, c'était de relire dès la première ligne et puis d'enlever. J’ai fait une réduction en fait. A partir du bouillon je voulais faire une sauce, donc chaque jour je dégraisse, j'enlève le plus possible, et si mon éditeur ne me l'avait pas enlevé des mains, il y en aurait encore moins vous voyez, parce que j’en aurais enlevé encore et encore.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Je ne résiste pas au plaisir si vous le permettez de lire un extrait:
« On oublie souvent l'existence de toutes ces femmes qui ont porté le Vietnam sur leurs dos, pendant que leurs maris et leurs fils portaient les armes sur le feu. On les oublie parce que sous leurs chapeaux côniques, elles ne regardaient pas le ciel, elles attendaient seulement que le soleil tombe sur elles pour pouvoir s'évanouir plutôt que s'endormir »
Le français n'est pas votre langue maternelle, c'est une langue...
Kim Thúy:
apprise Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Dont vous avez fait l'apprentissage ici au Québec, et pourtant vous écrivez en français, et c'est ce que les critiques ont tout de suite remarqué. C'est la dextérité avec laquelle vous travaillez les mots et la syntaxe.
Kim Thúy:
Vous croyez ! Je fais tellement de fautes... Mais en même temps, j'allais vous dire que c'était du travail, mais ce n'était pas du travail, c'était vraiment du plaisir d'aller chercher la forme et le fond de chaque mot.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Ce livre retrace donc le parcours de ces milliers de personnes que l'ont appelle communément les « boat-poeple » et c'est un livre qui curieusement peut-être, à énormément séduit le public québécois, comment l'expliquez vous?
Kim Thúy:
Ce livre là s'adressait autant aux québécois qu'aux vietnamiens. Au départ, je pensais qu'il y aurait seulement ma famille qui allait le lire de même que les gens de « Granby » qui m'ont accueillie. Mais on m'a dit que peut-être cela rejoint ce sentiment d'exil ou qu'il y a certains sentiments qui sont universels. Mais il ne faut pas me le demander parce que je n'en ai aucune idée. Je pensais que c'était une vision assez étroite du monde.
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Le livre s'ouvre avec une définition du mot « ru ». Alors ce titre, vous pouvez nous l'expliquer?
Kim Thúy:
Oui, alors ce titre… J'avais un restaurent qui s'appelait « Ru de Nam », et un peu comme dans le livre, je voulais reprendre un chapitre, un mot d'un autre chapitre de ma vie pour le lancer dans un autre chapitre. Et puis « ru » veut dire en vieux français « petit ruisseau » et en vietnamien c'est un très beau mot qui veux dire « bercer un enfant jusqu'au sommeil ».
Philippe Chauveau (WebTV-Prod):
Merci beaucoup Kim Thúy. Votre premier roman qui, rappelons le, a reçu ici au Québec le Prix du Gouverneur. Ru, par Kim Thúy, est publié en France aux éditions Liana Lévi.
Kim Thúy
Ru
L'avis du libraire 0'55Librairie « Alire »
825, rue Saint Laurent Ouest
Place Longueil
Longueil – Québec
Tél : (450) 679-8211
www.librairie-alire.com
Moi je l'ai adoré car il m'a permis de voyager. J'ai voyagé avec Kim Thúy dans une contrée que je ne connaissais pas. C'est une « boat people » cette fille-là ; c'est une rescapée mais elle a une volonté de vivre, une volonté d'aimer. Le regard qu'elle porte sur les gens, sur les choses, c'est un regard toujours positif, c'est un livre qui fait du bien. Quand on se compare à ça, on peut juste se sentir mieux et surtout, sa langue, c'est tellement beau, c'est fragmenté, c'est poétique tout en restant très très simple. Elle parle au coeur des gens cette femme-là, c'est ce que j'ai particulièrement aimé dans ce livre-là.www.librairie-alire.com Elle a gagné le Prix du Gouvereur général, franchement elle le méritait.
Librairie « Alire »
825, rue Saint Laurent Ouest
Place Longueil
Longueil – Québec
Tél : (450) 679-8211
www.librairie-alire.com
Moi je l'ai adoré car il m'a permis de voyager. J'ai voyagé avec Kim Thúy dans une contrée que je ne connaissais pas. C'est une « boat people » cette fille-là ; c'est une rescapée mais elle a une volonté de vivre, une volonté d'aimer. Le regard qu'elle porte sur les gens, sur les choses, c'est un regard toujours positif, c'est un livre qui fait du bien. Quand on se compare à ça, on peut juste se sentir mieux et surtout, sa langue, c'est tellement beau, c'est fragmenté, c'est poétique tout en restant très très simple. Elle parle au coeur des gens cette femme-là, c'est ce que j'ai particulièrement aimé dans ce livre-là.www.librairie-alire.com Elle a gagné le Prix du Gouvereur général, franchement elle le méritait.