C'est l'Amérique qui sert de cadre au nouveau roman de Philippe Besson, « La trahison de Thomas Spencer », publié aux éditions Julliard.
En 1999, Philippe Besson était un inconnu, il créée la surprise avec un premier roman « En l'absence des hommes » mettant en scène Marcel Proust sur fond de 1ère Guerre mondiale.
10 ans plus tard, Philippe Besson est devenu une valeur sûre du milieu littéraire français et chacun de ses romans est attendu comme un événement.
Philippe Besson n'a pas son pareil pour aller au plus...
Un soir d'été de Philippe Besson - Présentation - Suite
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) :
Philippe Besson, merci de nous recevoir pour Web Tv Culture. Votre nouveau roman, votre dixième roman, dix romans en dix ans… Cette grande aventure, vous l'avez espérée ou finalement est ce que c'est chaque jour une surprise ?
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) :
Non, je ne l'ai pas espérée du tout, je ne l'avais même pas du tout envisagée. C'est-à-dire que je suis tellement venu à l'écriture des romans par hasard, que vraiment je n'aurais pas pu une seconde imaginer ce qui...
Un soir d'été de Philippe Besson - Portrait - Suite
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Philippe Besson, nous sommes ensemble sur WebTVCulture pour parler de votre nouveau roman, votre dixième roman, qui paraît chez Julliard, "La trahison de Thomas Spencer", une belle histoire d'amitié, puis une trahison qui vient à la fois par une femme, et à la fois par la guerre. Comment est elle née cette histoire finalement ?
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) :
Ma première volonté est de raconter ce sentiment qu'est l'amitié, et qui peut être un sentiment aussi puissant et...
Un soir d'été de Philippe Besson - Le livre - Suite
Alain Monge
Librairie Sauramps
Le Triangle
34967 Montpellier
04 67 06 78 78
Il y a un livre de Besson qui sort en librairie presque tous les ans et c'est souvent une histoire d'homme. Mais, ce dernier livre est différent car c'est une histoire d'amitié. Ce sont deux garçons, presque deux jumeaux qui ont grandi ensemble dans une région du Sud des États Unis près du Mississippi. Ils ont une amitié indéfectible qui va durer trente ans et qui couvre tous les grands moments de l'histoire américaine comme la guerre de Corée, celle...
Un soir d'été de Philippe Besson - L'avis du libraire - Suite
Philippe Besson
La trahison de Thomas Spencer
Présentation 1'11En 1999, Philippe Besson était un inconnu, il créée la surprise avec un premier roman « En l'absence des hommes » mettant en scène Marcel Proust sur fond de 1ère Guerre mondiale.
10 ans plus tard, Philippe Besson est devenu une valeur sûre du milieu littéraire français et chacun de ses romans est attendu comme un événement.
Philippe Besson n'a pas son pareil pour aller au plus profond des âmes, sachant avec habileté et pudeur créer des personnages inoubliables. Tout le monde se souvient de ses précédents romans comme « Un homme accidentel », « Se résoudre aux adieux », « L'arrière saison » ou « Son frère » adapté au cinéma par Patrice Chéreau. Aujourd'hui, avec son dixième roman, « La trahison de Thomas Spencer « chez Julliard, Philippe Besson nous entraîne au cœur de l'Amérique des années 60 pour une histoire d'amitié, d'amour et de mort.
Un roman sombre où les événements de l'époque s'entrecroisent avec le destin tragique de trois héros ordinaires marchant vers le gouffre de leur vie.
« La trahison de Thomas Spencer » par Philippe Besson, c'est sur Web TV Culture.
En 1999, Philippe Besson était un inconnu, il créée la surprise avec un premier roman « En l'absence des hommes » mettant en scène Marcel Proust sur fond de 1ère Guerre mondiale.
10 ans plus tard, Philippe Besson est devenu une valeur sûre du milieu littéraire français et chacun de ses romans est attendu comme un événement.
Philippe Besson n'a pas son pareil pour aller au plus profond des âmes, sachant avec habileté et pudeur créer des personnages inoubliables. Tout le monde se souvient de ses précédents romans comme « Un homme accidentel », « Se résoudre aux adieux », « L'arrière saison » ou « Son frère » adapté au cinéma par Patrice Chéreau. Aujourd'hui, avec son dixième roman, « La trahison de Thomas Spencer « chez Julliard, Philippe Besson nous entraîne au cœur de l'Amérique des années 60 pour une histoire d'amitié, d'amour et de mort.
Un roman sombre où les événements de l'époque s'entrecroisent avec le destin tragique de trois héros ordinaires marchant vers le gouffre de leur vie.
« La trahison de Thomas Spencer » par Philippe Besson, c'est sur Web TV Culture.
Philippe Besson
La trahison de Thomas Spencer
Portrait 4'18Philippe Besson, merci de nous recevoir pour Web Tv Culture. Votre nouveau roman, votre dixième roman, dix romans en dix ans… Cette grande aventure, vous l'avez espérée ou finalement est ce que c'est chaque jour une surprise ?
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) :
Non, je ne l'ai pas espérée du tout, je ne l'avais même pas du tout envisagée. C'est-à-dire que je suis tellement venu à l'écriture des romans par hasard, que vraiment je n'aurais pas pu une seconde imaginer ce qui allait advenir. Je ne connaissais personne dans le monde de l'édition, le premier livre que j'ai écrit ça se passait pendant la guerre de 14 avec Marcel Proust, je me suis dit « qui ça peut intéresser ? ». La vraie première surprise a été d'être publié. Ce n'est pas du tout de la fausse modestie, je continue à ne pas très bien comprendre pourquoi on s'intéresse à mes livres. Ça me fait très très plaisir, je suis très très heureux ! Mais ça reste un mystère. Je ne sais pas pourquoi tout d'un coup il y a des livres qui vont atteindre le public et d'autres non. Je trouve que c'est toujours très injuste, j'ai eu de la chance d'être du bon côté de l'injustice, si je puis dire… Mais ça continue de me surprendre, oui.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Il y a une constante chez vous ? Vous savez toujours décortiquer les âmes, aller dans la psychologie la plus profonde des personnages, est ce qu'il y a un style Philippe Besson ?
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) : Un style, je ne sais pas, des obsessions en tout cas. C'est-à-dire qu'il y a des choses récurrentes, il y a des lignes de force ou de faiblesse. Donc c'est vrai que j'écris beaucoup autour du sentiment, autour du lien, du lien qui se noue et qui se dénoue, comment on perd quelqu'un, comment on finit toujours par perdre quelqu'un. J'écris beaucoup autour de la perte, de l'absence, de la disparition… J'aime bien le non-dit, j'aime bien l'interstice, j'aime bien les ombres, j'aime bien les choses entre deux comme ça.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Il y a beaucoup de vous-même dans vos romans ?
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) : Il y a énormément de mon intimité, il n'y a rien de ma vie. C'est-à-dire que moi je n'ai jamais écrit une seule fois une histoire qui me soit arrivée. D'ailleurs, j'ai l'impression que j'écris des livres parce que la vie ne suffit pas. J'écris des livres parce que la vie qui est la mienne n'est pas celle dont j'aurais rêvé. Pour autant on ne peut pas écrire en faisant abstraction de sa propre intimité donc on écrit avec ses névroses, ses obsessions, ses désirs, ses plaisirs, ses souvenirs...
Je ne connais aucun écrivain qui aurait suffisamment de distance ou de froideur pour s‘oublier absolument.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Quels sont les auteurs, qu'ils soient classiques ou contemporains, qui vous marquent, qui vous ont marqués ?
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) : C'est vrai que je lis abondamment la littérature actuelle. Je suis d'ailleurs de ceux qui pensent que la littérature actuelle est extrêmement riche. J'aime aussi bien Tanguy Viel, que Olivier Adam, Laurent Gaudé, Philippe Claudel, Valentine Goby… plein d'autres encore… Frédérique Clémençon. Il y a plein de gens extrêmement intéressants et j'en fais mon miel moi, je trouve d'ailleurs que c'est le retour, aujourd'hui, des gens qui ont envie de raconter des histoires. Ce qui s'était quand même un peu perdu à une époque. Ça a été l'affreuse période qui a suivi le nouveau roman où l'on pensait qu'il fallait écrire des livres en ne racontant surtout rien. Pour autant je continue de lire un peu ceux qui ne sont plus là. Alors c'est vrai que j'évoquais tout à l'heure Hervé Guibert, c'est vrai que ça m'a profondément marqué parce que j'avais vingt ans donc quand on prend Hervé Guibert comme ça dans le visage à vint ans, il en reste toujours quelque chose des années après, il reste pas mal de blessure et pas mal d'émerveillement aussi. J'ai beaucoup aimé Duras, il paraît que ça ne se fait pas du tout de dire que l'on aime Duras parce que c'est devenu plus du tout à la mode. Mais voilà, la musique de Duras me plait et puis… « Les hauts de Hurlevents » d'Émilie Brontë ça reste là aussi une sorte de chose indépassable… Comment ça a pu être écrit ça ? Je suis fasciné. J'ai relu, il y a un an, « Le rouge et le noir », c'est un peu bizarre parce que c'est quand même un classique de chez classique, mais j'avais un peu oublié. Et j'avais oublié à quel point c'est un chef d'œuvre.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Dix années, dix romans, pour vous c'est un moment de bilan ?
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) : Non, ce qui est sûr en tout cas c'est que s'est passé vite. C'est-à-dire que tout d'un coup, ce chiffre-là, parce que c'est un chiffre rond, ça nous oblige un peu à réfléchir voilà. L'idée du temps qui file me fait peur, m'a toujours fait peur, déjà à quinze ans ça me faisait peur, j'en ai quarante-deux aujourd'hui donc je crois que les choses ne vont pas s'améliorer ! Mais en même temps je n'imagine pas ma vie aujourd'hui sans écriture. C'est devenu absolument identitaire.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Raison de plus pour vous remercier de nous avoir accordé tout ce temps Philippe Besson, « La trahison de Thomas Spencer », c'est aux éditions Julliard.
Philippe Besson, merci de nous recevoir pour Web Tv Culture. Votre nouveau roman, votre dixième roman, dix romans en dix ans… Cette grande aventure, vous l'avez espérée ou finalement est ce que c'est chaque jour une surprise ?
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) :
Non, je ne l'ai pas espérée du tout, je ne l'avais même pas du tout envisagée. C'est-à-dire que je suis tellement venu à l'écriture des romans par hasard, que vraiment je n'aurais pas pu une seconde imaginer ce qui allait advenir. Je ne connaissais personne dans le monde de l'édition, le premier livre que j'ai écrit ça se passait pendant la guerre de 14 avec Marcel Proust, je me suis dit « qui ça peut intéresser ? ». La vraie première surprise a été d'être publié. Ce n'est pas du tout de la fausse modestie, je continue à ne pas très bien comprendre pourquoi on s'intéresse à mes livres. Ça me fait très très plaisir, je suis très très heureux ! Mais ça reste un mystère. Je ne sais pas pourquoi tout d'un coup il y a des livres qui vont atteindre le public et d'autres non. Je trouve que c'est toujours très injuste, j'ai eu de la chance d'être du bon côté de l'injustice, si je puis dire… Mais ça continue de me surprendre, oui.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Il y a une constante chez vous ? Vous savez toujours décortiquer les âmes, aller dans la psychologie la plus profonde des personnages, est ce qu'il y a un style Philippe Besson ?
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) : Un style, je ne sais pas, des obsessions en tout cas. C'est-à-dire qu'il y a des choses récurrentes, il y a des lignes de force ou de faiblesse. Donc c'est vrai que j'écris beaucoup autour du sentiment, autour du lien, du lien qui se noue et qui se dénoue, comment on perd quelqu'un, comment on finit toujours par perdre quelqu'un. J'écris beaucoup autour de la perte, de l'absence, de la disparition… J'aime bien le non-dit, j'aime bien l'interstice, j'aime bien les ombres, j'aime bien les choses entre deux comme ça.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Il y a beaucoup de vous-même dans vos romans ?
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) : Il y a énormément de mon intimité, il n'y a rien de ma vie. C'est-à-dire que moi je n'ai jamais écrit une seule fois une histoire qui me soit arrivée. D'ailleurs, j'ai l'impression que j'écris des livres parce que la vie ne suffit pas. J'écris des livres parce que la vie qui est la mienne n'est pas celle dont j'aurais rêvé. Pour autant on ne peut pas écrire en faisant abstraction de sa propre intimité donc on écrit avec ses névroses, ses obsessions, ses désirs, ses plaisirs, ses souvenirs...
Je ne connais aucun écrivain qui aurait suffisamment de distance ou de froideur pour s‘oublier absolument.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Quels sont les auteurs, qu'ils soient classiques ou contemporains, qui vous marquent, qui vous ont marqués ?
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) : C'est vrai que je lis abondamment la littérature actuelle. Je suis d'ailleurs de ceux qui pensent que la littérature actuelle est extrêmement riche. J'aime aussi bien Tanguy Viel, que Olivier Adam, Laurent Gaudé, Philippe Claudel, Valentine Goby… plein d'autres encore… Frédérique Clémençon. Il y a plein de gens extrêmement intéressants et j'en fais mon miel moi, je trouve d'ailleurs que c'est le retour, aujourd'hui, des gens qui ont envie de raconter des histoires. Ce qui s'était quand même un peu perdu à une époque. Ça a été l'affreuse période qui a suivi le nouveau roman où l'on pensait qu'il fallait écrire des livres en ne racontant surtout rien. Pour autant je continue de lire un peu ceux qui ne sont plus là. Alors c'est vrai que j'évoquais tout à l'heure Hervé Guibert, c'est vrai que ça m'a profondément marqué parce que j'avais vingt ans donc quand on prend Hervé Guibert comme ça dans le visage à vint ans, il en reste toujours quelque chose des années après, il reste pas mal de blessure et pas mal d'émerveillement aussi. J'ai beaucoup aimé Duras, il paraît que ça ne se fait pas du tout de dire que l'on aime Duras parce que c'est devenu plus du tout à la mode. Mais voilà, la musique de Duras me plait et puis… « Les hauts de Hurlevents » d'Émilie Brontë ça reste là aussi une sorte de chose indépassable… Comment ça a pu être écrit ça ? Je suis fasciné. J'ai relu, il y a un an, « Le rouge et le noir », c'est un peu bizarre parce que c'est quand même un classique de chez classique, mais j'avais un peu oublié. Et j'avais oublié à quel point c'est un chef d'œuvre.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Dix années, dix romans, pour vous c'est un moment de bilan ?
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) : Non, ce qui est sûr en tout cas c'est que s'est passé vite. C'est-à-dire que tout d'un coup, ce chiffre-là, parce que c'est un chiffre rond, ça nous oblige un peu à réfléchir voilà. L'idée du temps qui file me fait peur, m'a toujours fait peur, déjà à quinze ans ça me faisait peur, j'en ai quarante-deux aujourd'hui donc je crois que les choses ne vont pas s'améliorer ! Mais en même temps je n'imagine pas ma vie aujourd'hui sans écriture. C'est devenu absolument identitaire.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Raison de plus pour vous remercier de nous avoir accordé tout ce temps Philippe Besson, « La trahison de Thomas Spencer », c'est aux éditions Julliard.
Philippe Besson
La trahison de Thomas Spencer
Le livre 4'18Philippe Besson, nous sommes ensemble sur WebTVCulture pour parler de votre nouveau roman, votre dixième roman, qui paraît chez Julliard, "La trahison de Thomas Spencer", une belle histoire d'amitié, puis une trahison qui vient à la fois par une femme, et à la fois par la guerre. Comment est elle née cette histoire finalement ?
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) :
Ma première volonté est de raconter ce sentiment qu'est l'amitié, et qui peut être un sentiment aussi puissant et aussi violent que le sentiment amoureux. Par ailleurs, j'avais envie de retourner aux États Unis et de continuer ce chemin en Amérique comme avec mes précédents livres. Je voulais raconter ces années cinquante et soixante que je n'ai pas connues, et qui sont une sorte d'âge d'or.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Ces deux jeunes, Paul et Thomas, sont nés le 6 août 1945, le jour d'Hiroshima. Ensuite, il y a tous ces évènements qui sont en parallèle, comme la mort de Kennedy et de Martin Luther King. C'était important pour vous de revivre personnellement ces événements qui nous marquent encore aujourd'hui ?
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) :
Ce sont les jalons de notre propre histoire commune et de notre patrimoine. Ce qui est très étonnant, c'est que l'on croit que les années cinquante et soixante ont été un âge d'or. Mais quand on regarde de plus près, c'est aussi un temps très convulsif, très accidentel puisque les années cinquante, c'est le maccarthysme et la ségrégation raciale ; les années soixante ce sont les assassinats politiques. Ensuite, les années cinquante commencent par la guerre de Corée et les années soixante se terminent par la guerre du Vietnam. Ce qui m'intéressait, c'était de prendre les évènements pour la résonance qu'ils ont sur l'intimité de mes deux personnages.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Les régions de la Louisiane et du Mississipi, qui sont les décors dans votre livre, sont des régions bien particulières à cette période du siècle.
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) :
Le sud des États-Unis est une terre très conservatrice. C'est un sud corseté, puritain, pudibond, conservateur où le désir est comprimé, mais tout ça est au bord d'exploser. D'une part, il est marqué par les champs de coton et l'esclavage, et d'autre part, on sent que l'étincelle va s'allumer. J'aime donc beaucoup cette atmosphère. Puis, c'est une géographie qui a produit une littérature formidable parce qu'elle me paraît être une des plus intéressante. Les auteurs de cette littérature sont Faulkner, Tennessee Williams et encore plein d'autres.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
C'est donc l'un des deux héros, Thomas, qui raconte sa trahison. Il trahit mais il culpabilise énormément...
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) :
C'est quelqu'un qui est traversé par le remords, et qui prend à témoin un lecteur ou un auditeur imaginaire en lui disant : « Si je vous raconte l'histoire, vous allez me prendre pour un salaud. Mais si je vous explique comment j'en suis arrivé là et comment je suis devenu un traître, peut-être que vous allez me pardonner ». Donc c'est quelqu'un qui prend la parole dans l'espoir de se faire pardonner et de se faire comprendre.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
J'aimerais juste un mot sur Claire qui est le personnage féminin du livre. Elle passe de la lumière à l'ombre...
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) :
Ce que j'aime dans le personnage de Claire, c'est qu'elle est la plus libre de tous. Elle est insolente, va déniaiser les deux héros, parce qu'ils ont un coté culs terreux de l'Amérique profonde. Elle va les bousculer pour le meilleur et pour le pire. Sa liberté va devenir une forme de danger et va les mener au bord du gouffre. J'aime bien cette idée que l'on marche inexorablement vers le drame. Ce livre parle de gens heureux qui vont cesser de l'être et qui sont au-dessus d'un volcan et qui dansent.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Derrière ces lignes, c'est toute la beauté et la fragilité de l'amitié que vous dépeignez...
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) :
Oui. C'est de se dire que l'amitié se perd souvent sur rien ou sur quelque chose que l'on a pas vu venir. Paul et Thomas se sont séparés petit à petit d'abord sur des détails et ensuite sur des valeurs. Quand Claire arrive, elle ne provoque pas la trahison mais la révèle. Le problème est que souvent nos trahisons infimes ont des conséquences infimes. Je voulais raconter une trahison infime qui a des conséquences irréparables.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Merci beaucoup Philippe Besson, « La trahison de Thomas Spencer » , votre nouveau roman aux Éditions Julliard.
Philippe Besson, nous sommes ensemble sur WebTVCulture pour parler de votre nouveau roman, votre dixième roman, qui paraît chez Julliard, "La trahison de Thomas Spencer", une belle histoire d'amitié, puis une trahison qui vient à la fois par une femme, et à la fois par la guerre. Comment est elle née cette histoire finalement ?
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) :
Ma première volonté est de raconter ce sentiment qu'est l'amitié, et qui peut être un sentiment aussi puissant et aussi violent que le sentiment amoureux. Par ailleurs, j'avais envie de retourner aux États Unis et de continuer ce chemin en Amérique comme avec mes précédents livres. Je voulais raconter ces années cinquante et soixante que je n'ai pas connues, et qui sont une sorte d'âge d'or.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Ces deux jeunes, Paul et Thomas, sont nés le 6 août 1945, le jour d'Hiroshima. Ensuite, il y a tous ces évènements qui sont en parallèle, comme la mort de Kennedy et de Martin Luther King. C'était important pour vous de revivre personnellement ces événements qui nous marquent encore aujourd'hui ?
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) :
Ce sont les jalons de notre propre histoire commune et de notre patrimoine. Ce qui est très étonnant, c'est que l'on croit que les années cinquante et soixante ont été un âge d'or. Mais quand on regarde de plus près, c'est aussi un temps très convulsif, très accidentel puisque les années cinquante, c'est le maccarthysme et la ségrégation raciale ; les années soixante ce sont les assassinats politiques. Ensuite, les années cinquante commencent par la guerre de Corée et les années soixante se terminent par la guerre du Vietnam. Ce qui m'intéressait, c'était de prendre les évènements pour la résonance qu'ils ont sur l'intimité de mes deux personnages.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Les régions de la Louisiane et du Mississipi, qui sont les décors dans votre livre, sont des régions bien particulières à cette période du siècle.
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) :
Le sud des États-Unis est une terre très conservatrice. C'est un sud corseté, puritain, pudibond, conservateur où le désir est comprimé, mais tout ça est au bord d'exploser. D'une part, il est marqué par les champs de coton et l'esclavage, et d'autre part, on sent que l'étincelle va s'allumer. J'aime donc beaucoup cette atmosphère. Puis, c'est une géographie qui a produit une littérature formidable parce qu'elle me paraît être une des plus intéressante. Les auteurs de cette littérature sont Faulkner, Tennessee Williams et encore plein d'autres.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
C'est donc l'un des deux héros, Thomas, qui raconte sa trahison. Il trahit mais il culpabilise énormément...
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) :
C'est quelqu'un qui est traversé par le remords, et qui prend à témoin un lecteur ou un auditeur imaginaire en lui disant : « Si je vous raconte l'histoire, vous allez me prendre pour un salaud. Mais si je vous explique comment j'en suis arrivé là et comment je suis devenu un traître, peut-être que vous allez me pardonner ». Donc c'est quelqu'un qui prend la parole dans l'espoir de se faire pardonner et de se faire comprendre.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
J'aimerais juste un mot sur Claire qui est le personnage féminin du livre. Elle passe de la lumière à l'ombre...
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) :
Ce que j'aime dans le personnage de Claire, c'est qu'elle est la plus libre de tous. Elle est insolente, va déniaiser les deux héros, parce qu'ils ont un coté culs terreux de l'Amérique profonde. Elle va les bousculer pour le meilleur et pour le pire. Sa liberté va devenir une forme de danger et va les mener au bord du gouffre. J'aime bien cette idée que l'on marche inexorablement vers le drame. Ce livre parle de gens heureux qui vont cesser de l'être et qui sont au-dessus d'un volcan et qui dansent.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Derrière ces lignes, c'est toute la beauté et la fragilité de l'amitié que vous dépeignez...
Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) :
Oui. C'est de se dire que l'amitié se perd souvent sur rien ou sur quelque chose que l'on a pas vu venir. Paul et Thomas se sont séparés petit à petit d'abord sur des détails et ensuite sur des valeurs. Quand Claire arrive, elle ne provoque pas la trahison mais la révèle. Le problème est que souvent nos trahisons infimes ont des conséquences infimes. Je voulais raconter une trahison infime qui a des conséquences irréparables.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture)
Merci beaucoup Philippe Besson, « La trahison de Thomas Spencer » , votre nouveau roman aux Éditions Julliard.
Philippe Besson
La trahison de Thomas Spencer
L'avis du libraire 1'53Alain Monge
Librairie Sauramps
Le Triangle
34967 Montpellier
04 67 06 78 78
Il y a un livre de Besson qui sort en librairie presque tous les ans et c'est souvent une histoire d'homme. Mais, ce dernier livre est différent car c'est une histoire d'amitié. Ce sont deux garçons, presque deux jumeaux qui ont grandi ensemble dans une région du Sud des États Unis près du Mississippi. Ils ont une amitié indéfectible qui va durer trente ans et qui couvre tous les grands moments de l'histoire américaine comme la guerre de Corée, celle du Vietnam ainsi que les bouleversements des sixties. On ne peut pas dire qu'il y a un côté "Jules et Jim" dans le livre parce que ce n'est pas un triangle amoureux mais de l'amitié. L'histoire raconte le passage de l'adolescence à l'âge adulte entre ces deux garçons. Je pense que c'est une manière de parler de cette Amérique complexe, car elle a un côté hégémonique, mais a amené aussi une réflexion sur le monde d'un point de vue culturel et politique. Philippe Besson écrit d'une manière fluide car il a une grande facilité d'écriture. Dès le début de livre, son écriture vous prend par la main et vous conduit jusqu'à la fin. Il y a des gens qui aiment bien retrouver le même écrivain avec le même univers car ils sont en empathie avec l'écrivain. Mais d'un autre côté, je pense que l'on attend un peu plus de la littérature. On peut en lire un car il a une qualité d'écriture et une sensibilité par rapport aux rapports humains, mais on ne peut pas faire, tous les ans, le grand roman de l'année.
Alain Monge
Librairie Sauramps
Le Triangle
34967 Montpellier
04 67 06 78 78
Il y a un livre de Besson qui sort en librairie presque tous les ans et c'est souvent une histoire d'homme. Mais, ce dernier livre est différent car c'est une histoire d'amitié. Ce sont deux garçons, presque deux jumeaux qui ont grandi ensemble dans une région du Sud des États Unis près du Mississippi. Ils ont une amitié indéfectible qui va durer trente ans et qui couvre tous les grands moments de l'histoire américaine comme la guerre de Corée, celle du Vietnam ainsi que les bouleversements des sixties. On ne peut pas dire qu'il y a un côté "Jules et Jim" dans le livre parce que ce n'est pas un triangle amoureux mais de l'amitié. L'histoire raconte le passage de l'adolescence à l'âge adulte entre ces deux garçons. Je pense que c'est une manière de parler de cette Amérique complexe, car elle a un côté hégémonique, mais a amené aussi une réflexion sur le monde d'un point de vue culturel et politique. Philippe Besson écrit d'une manière fluide car il a une grande facilité d'écriture. Dès le début de livre, son écriture vous prend par la main et vous conduit jusqu'à la fin. Il y a des gens qui aiment bien retrouver le même écrivain avec le même univers car ils sont en empathie avec l'écrivain. Mais d'un autre côté, je pense que l'on attend un peu plus de la littérature. On peut en lire un car il a une qualité d'écriture et une sensibilité par rapport aux rapports humains, mais on ne peut pas faire, tous les ans, le grand roman de l'année.