Voilà un phénomène littéraire ! En terme de littérature, Bernard Werber est inclassable et ça tombe bien car il n'est pas du genre à rentrer dans une case. Longtemps journaliste scientifique, il publie en 1990 son premier livre « Les fourmis » sur lequel il travaillait depuis l'âge de 17 ans et c'est un succès, mieux, c'est un véritable ras-de-marrée. Vendu à plus de deux millions d'exemplaires et traduit dans une trentaine de langues, ce titre propulse Bernard Werber dans la sphère des auteurs qui comptent. Cela aurait...
Le livre, cadeau idéal ? de Bernard Werber - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :Bonjour Bernard Werber. Merci de nous accueillir. Votre actualité, votre dernier livre chez Albin Michel « Troisième humanité ». Que de chemin parcouru depuis « Les fourmis », depuis vos premiers romans au début des années 90. Quand vous vous penchez en arrière, comment revivez-vous tout ça ? Est-ce qu'il y a des images fortes qui reviennent ?Bernard Werber :La première images, c'est le jour où « Les fourmis » ont été publiées. C'était en mars 1991. Et surtout, c'était une grande émotion parce...
Le livre, cadeau idéal ? de Bernard Werber - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :Un nouveau titre Bernard Werber, chez Albin Michel « Troisième humanité ». Le point de départ, c'est une expédition. Nous sommes dans les glaces avec ce paléontologue Charles Wells qui va faire une découverte étonnante, à savoir le squelette d'un homme démesurément grand. Un point de départ qui va nous amener à une refonte complète de l'Humanité. Alors comment est-elle née cette histoire ?Bernard Werber :Au début, il y avait l'idée d'offrir le point de vue de la Terre. Je me suis dis la Terre est un...
Le livre, cadeau idéal ? de Bernard Werber - Le livre - Suite
Bernard Werber
Troisième humanité
Présentation 1'30Voilà un phénomène littéraire ! En terme de littérature, Bernard Werber est inclassable et ça tombe bien car il n'est pas du genre à rentrer dans une case. Longtemps journaliste scientifique, il publie en 1990 son premier livre « Les fourmis » sur lequel il travaillait depuis l'âge de 17 ans
et c'est un succès, mieux, c'est un véritable ras-de-marrée. Vendu à plus de deux millions d'exemplaires et traduit dans une trentaine de langues, ce titre propulse Bernard Werber dans la sphère des auteurs qui comptent.
Cela aurait pu lui tourner la tête, bien au contraire, il a toujours cherché à rester proche de ses lecteurs et à leur offrir une vraie disponibilité. Sa production littéraire est importante, souvent construite sous forme de cycles,
comme la trilogie des « Fourmis », le cycle des « Anges », des »Dieux » ou encore « Les aventuriers de la science ». Mêlant habilement la philosophie, la spiritualité, le polar, la mythologie et la science, il qualifie lui-même ses romans de philosophie-fiction.
Il est vrai que l'on se laisse embarquer avec plaisir dans les aventures étranges de Bernard Werber qui, au-delà du roman, nous pose aussi des questions sur nos vies et notre monde.
Dans ce nouveau titre « Troisième humanité », les hommes vont être confrontés à une véritable apocalypse liée à leur vanité et leur inconséquence.
Et la trouvaille de Bernard Werber est de faire de la planète Terre un personnage à part entière. « Troisième humanité » c'est le nouveau roman de Bernard Werber publié chez Albin Michel. Bernard Werber nous reçoit chez lui pour Web TV Culture.
Voilà un phénomène littéraire ! En terme de littérature, Bernard Werber est inclassable et ça tombe bien car il n'est pas du genre à rentrer dans une case. Longtemps journaliste scientifique, il publie en 1990 son premier livre « Les fourmis » sur lequel il travaillait depuis l'âge de 17 ans et c'est un succès, mieux, c'est un véritable ras-de-marrée. Vendu à plus de deux millions d'exemplaires et traduit dans une trentaine de langues, ce titre propulse Bernard Werber dans la sphère des auteurs qui comptent. Cela aurait pu lui tourner la tête, bien au contraire, il a toujours cherché à rester proche de ses lecteurs et à leur offrir une vraie disponibilité. Sa production littéraire est importante, souvent construite sous forme de cycles, comme la trilogie des « Fourmis », le cycle des « Anges », des »Dieux » ou encore « Les aventuriers de la science ». Mêlant habilement la philosophie, la spiritualité, le polar, la mythologie et la science, il qualifie lui-même ses romans de philosophie-fiction. Il est vrai que l'on se laisse embarquer avec plaisir dans les aventures étranges de Bernard Werber qui, au-delà du roman, nous pose aussi des questions sur nos vies et notre monde. Dans ce nouveau titre « Troisième humanité », les hommes vont être confrontés à une véritable apocalypse liée à leur vanité et leur inconséquence. Et la trouvaille de Bernard Werber est de faire de la planète Terre un personnage à part entière. « Troisième humanité » c'est le nouveau roman de Bernard Werber publié chez Albin Michel. Bernard Werber nous reçoit chez lui pour Web TV Culture.
Bernard Werber
Troisième humanité
Portrait 3'59Bonjour Bernard Werber. Merci de nous accueillir. Votre actualité, votre dernier livre chez Albin Michel « Troisième humanité ». Que de chemin parcouru depuis « Les fourmis », depuis vos premiers romans au début des années 90.
Quand vous vous penchez en arrière, comment revivez-vous tout ça ? Est-ce qu'il y a des images fortes qui reviennent ?
La première images, c'est le jour où « Les fourmis » ont été publiées. C'était en mars 1991. Et surtout, c'était une grande émotion parce que j'attendais ça depuis douze ans. Ca faisait douze ans que j'avais écrit « Le fourmis » et six ans que je cherchai un éditeur.
Donc c'était un peu l'aboutissement d'un voeux très cher. Après il y a eu le moment où j'ai commencé dans le métier à découvrir les règles du métier et je me retrouvais dans les salons du livre avec des tas de livres à attendre comme un pêcheur que ça morde.
Il y avait des gens qui feuilletaient. Ils ne savaient pas trop de quoi il s'agissait et puis ils reposaient. Il fallait attendre. Quelqu'un arrivait et commençait à parler. Et progressivement les gens sont venus et à partir de quatre-cinq ans, j'ai commencé à avoir des petites queues, puis des grandes queues.
Et maintenant c'est un grand plaisir quand je fais une conférence il y a du monde et je vois ça juste comme un travail de marathon. Il faut tenir, être régulier, être au rendez-vous et en même temps il faut tout le temps les surprendre et ne pas rentrer dans des routines.
Il y a une fidélité de la part de votre public, des libraires aussi qui vous suivent. Ca veut-il dire que votre style, votre écriture et les histoires que vous racontez dans vos romans répondent à une attente et que vous avez pris une place qui n'était jusque là occupée par personne ?
Au moment où j'ai écrit le livre, ma seule envie était d'être publié. C'est pour ça que ça a été un choc quand le livre a été publié. Après je ne savais pas très bien quelle place ça prenait dans le monde de la littérature. J'avais l'impression d'avoir écrit le livre que j'avais envie de lire.
Il s'avère que j'étais hors du système. Hors du système littéraire classique, du système de la science-fiction ou polar. Etant nulle part, j'étais en même temps partout. Ca j'ai pu analyser que bien plus tard.
Comment pourriez-vous vous définir ? Quel écrivain êtes-vous ?
J'ai beaucoup lu de science-fiction, mais ce que j'écris me semble à côté de la science-fiction. Si je devais donner une définition, c'est plutôt philosophie-fiction. Je ne crois pas que la science, même mise en fiction sauve l'Humanité, par contre ce qui va sauver l'Humanité, ou la bouger,
c'est le changement de mentalité. Et le changement de mentalité, c'est une question de perspective. Ce que l'on retrouve dans tous mes livres, c'est parlons de l'homme autrement. Dans « Les fourmis » ce sont des insectes qui observent des géants qui sont les hommes.
Dans « Nous les dieux », ce sont les dieux qui observent les hommes. Dans « Nos amis les humains », ce sont les extra-terrestres.
Et là, dans « troisième humanité », c'est la planète. Donc chaque fois l'idée de placer la caméra dans un nouvel endroit pour parler de la même chose mais avec un angle, une perspective différente, ce qui me permettra d'en parler différemment.
Ce que vous attendez de vos lecteurs, ce n'est pas une lecture gratuite. Vous avez envie aussi que vos lecteurs s'interrogent, se posent des questions à la lecture de vos romans et aient un regard peut-être différent sur le monde qui nous entoure ?
Moi je crois qu'un bon livre est un livre, premièrement dans lequel le lecteur se retrouve et deuxièmement dans lequel le lecteur a envie, tout comme le personnage, de changer.
Quand j'ai vu la puissance qu'avait un livre juste parce qu'il renvoi des idées qui entrent en phase avec ma propre culture, ma propre conviction, je me suis dis que je devais être capable de reproduire ce que j'ai reçu.
J'ai reçu beaucoup de certains livres, donc je dois rendre beaucoup avec les miens et je dois surtout avoir cette envie d'ouvrir les portes dans l'esprit du lecteur, pour ceux qui en ont envie.
Le terme, c'est comprenne qui pourra, mais certains j'espère trouveront dans mes romans beaucoup plus qu'une simple histoire, mais une perspective qui va leur permettre de comprendre les choses différemment.
Merci Bernard Werber. Votre actualité « Troisième humanité » chez Albin Michel.
Philippe Chauveau :
Bonjour Bernard Werber. Merci de nous accueillir. Votre actualité, votre dernier livre chez Albin Michel « Troisième humanité ». Que de chemin parcouru depuis « Les fourmis », depuis vos premiers romans au début des années 90. Quand vous vous penchez en arrière, comment revivez-vous tout ça ? Est-ce qu'il y a des images fortes qui reviennent ?
Bernard Werber :
La première images, c'est le jour où « Les fourmis » ont été publiées. C'était en mars 1991. Et surtout, c'était une grande émotion parce que j'attendais ça depuis douze ans. Ca faisait douze ans que j'avais écrit « Le fourmis » et six ans que je cherchai un éditeur. Donc c'était un peu l'aboutissement d'un vœux très cher. Après il y a eu le moment où j'ai commencé dans le métier à découvrir les règles du métier et je me retrouvais dans les salons du livre avec des tas de livres à attendre comme un pêcheur que ça morde. Il y avait des gens qui feuilletaient. Ils ne savaient pas trop de quoi il s'agissait et puis ils reposaient. Il fallait attendre. Quelqu'un arrivait et commençait à parler. Et progressivement les gens sont venus et à partir de quatre-cinq ans, j'ai commencé à avoir des petites queues, puis des grandes queues. Et maintenant c'est un grand plaisir quand je fais une conférence il y a du monde et je vois ça juste comme un travail de marathon. Il faut tenir, être régulier, être au rendez-vous et en même temps il faut tout le temps les surprendre et ne pas être enfermer dans des routines.
Philippe Chauveau :
Il y a une fidélité de la part de votre public, des libraires aussi qui vous suivent. Ca veut-il dire que votre style, votre écriture et les histoires que vous racontez dans vos romans répondent à une attente et que vous avez pris une place qui n'était jusque là occupée par personne ?
Bernard Werber :
Au moment où j'ai écrit le livre, ma seule envie était d'être publié. C'est pour ça que ça a été un choc quand le livre a été publié. Après je ne savais pas très bien quelle place ça prenait dans le monde de la littérature. J'avais l'impression d'avoir écrit le livre que j'avais envie de lire. Il s'avère que j'étais hors du système. Hors du système littéraire classique, du système de la science-fiction ou polar. Étant nulle part, j'étais en même temps partout. Ça j'ai pu analyser que bien plus tard.
Philippe Chauveau :
Comment pourriez-vous vous définir ? Quel écrivain êtes-vous ?
Bernard Werber :
J'ai beaucoup lu de science-fiction, mais ce que j'écris me semble à côté de la science-fiction. Si je devais donner une définition, c'est plutôt philosophie-fiction. Je ne crois pas que la science, même mise en fiction sauve l'Humanité, par contre ce qui va sauver l'Humanité, ou la bouger, c'est le changement de mentalité. Et le changement de mentalité, c'est une question de perspective. Ce que l'on retrouve dans tous mes livres, c'est parlons de l'homme autrement. Dans « Les fourmis » ce sont des insectes qui observent des géants qui sont les hommes. Dans « Nous les dieux », ce sont les dieux qui observent les hommes. Dans « Nos amis les humains », ce sont les extra-terrestres. Et là, dans « troisième humanité », c'est la planète. Donc chaque fois l'idée de placer la caméra dans un nouvel endroit pour parler de la même chose mais avec un angle, une perspective différente, ce qui me permettra d'en parler différemment.
Philippe Chauveau :
Ce que vous attendez de vos lecteurs, ce n'est pas une lecture gratuite. Vous avez envie aussi que vos lecteurs s'interrogent, se posent des questions à la lecture de vos romans et aient un regard peut-être différent sur le monde qui nous entoure ?
Bernard Werber :
Moi je crois qu'un bon livre est un livre, premièrement dans lequel le lecteur se retrouve et deuxièmement dans lequel le lecteur a envie, tout comme le personnage, de changer. Quand j'ai vu la puissance qu'avait un livre juste parce qu'il renvoi des idées qui entrent en phase avec ma propre culture, ma propre conviction, je me suis dis que je devais être capable de reproduire ce que j'ai reçu. J'ai reçu beaucoup de certains livres, donc je dois rendre beaucoup avec les miens et je dois surtout avoir cette envie d'ouvrir les portes dans l'esprit du lecteur, pour ceux qui en ont envie. Le terme, c'est comprenne qui pourra, mais certains j'espère trouveront dans mes romans beaucoup plus qu'une simple histoire, mais une perspective qui va leur permettre de comprendre les choses différemment.
Philippe Chauveau :
Merci Bernard Werber. Votre actualité « Troisième humanité » chez Albin Michel.
Bernard Werber
Troisième humanité
Le livre 3'59Un nouveau titre Bernard Werber, chez Albin Michel « Troisième humanité ». Le point de départ, c'est une expédition. Nous sommes dans les glaces avec ce paléontologue Charles Wells qui va faire une découverte étonnante,
à savoir le squelette d'un homme démesurément grand. Un point de départ qui va nous amener à une refonte complète de l'Humanité. Alors comment est-elle née cette histoire ?
Au début, il y avait l'idée d'offrir le point de vue de la Terre. Je me suis dis la Terre est un personnage, ça serait bien de la faire parler. C'était un agacement de voir les partis écologistes qui disaient n'importe quoi.
Je me suis dis prenons le parti de l'entité la plus concernée par la pollution et les problèmes démographiques, c'est la planète elle-même. J'ai commencé à la faire parler. Et après je me suis dis, elle nous perçoit comme une espèce parasite locataire, mais qu'est ce qu'elle souhaite ?
Qu'est ce qu'elle attend de nous ? Et j'ai imaginé que certaines personnes, mes deux héros, Aurore et David, prennent conscience que la Terre a une envie par rapport à notre espèce
et ils vont aussi découvrir qu'il y avait une Humanité avant qui a échoué et nous sommes la deuxième Humanité et nous avons la possibilité d'en construire une troisième.
Il y a une vision de l'apocalypse, mais en même temps on n'a pas envie d'avoir peur parce que vous nous expliquez que l'apocalypse, ce n'est pas la fin des temps...
Non. En fait l'étymologie ça signifie « Apo », la levée, et « calypso », la voile. Donc ça veut dire la levée du voile. Dans le sens étymologique, ça veut dire que la vérité est cachée, mais un jour arrivera l'instant où on lèvera le voile et on verra ce qui se passe réellement.
Et on a considéré que c'était la fin du monde parce qu'on se dit que l'Homme n'est pas prêt à voir la vérité et quand il verra la vérité il sera stupéfié de surprise et il mourra. Mais ce que j'explique dans « Troisième humanité » c'est que l'Homme a une autre possibilité.
Au lieu de mourir de surprise, c'est de se transformer pour s'adapter à cette nouvelle vérité. Cette réalité enfin dévoilée, c'est que nous sommes une toute petite espèce, nous sommes très récents. La planète Terre a cinq milliards d'années,
nous avons tout au plus sept millions d'années et nous sommes les derniers arrivés. Les fourmis sont là depuis 120 millions d'années, les dinosaures depuis 250 millions d'années. Cette réalité, c'est que nous sommes une espèce qui peut disparaître.
Ce n'est pas grave, la nature s'en remettra, l'univers s'en remettra. Par contre nous risquons d'abîmer la Terre si nous faisons des bêtises. Donc il faut repenser notre rapport à la planète.
Il y a une certaine critique de notre société. Vous mettez le doigt sur certains de nos travers...
Je ne me moque pas du principe des actualités, je vois juste qu'on se prend tous les jours un choc avec un monde de guerre, des atrocités, la pollution. Des infos qui passent et qui jouent sur l'émotionnel.
Je pense à ces gens qui mangent en regardant la télévision, je ne sais pas comment ils ont encore de l'appétit. Quand on est branché sur l'actualité du monde, ce sont des gifles à longueur de journée.
Est-ce qu'il y a beaucoup de vous-même dans David Wells ?
Non ! C'est peut-être le héros qui est le plus différent de moi. Déjà il a des cheveux et il est petit. A priori je suis plutôt grand et je n'ai pas de cheveux... Aussi, il est plus en retrait. C'est quelqu'un qui est obsessionnel de la science et de l'avenir. Moi je suis plus dans le monde.
Il n'est pas sociable, je suis beaucoup plus sociable. Par contre je suis un peu dans l'héroïne, Aurore Kammerer, elle a un petit côté rentre dedans et elle a envie de faire bouger les choses qui sont dans les routines que je partage fortement.
Merci Bernard Werber. Votre actualité « Troisième humanité » chez Albin Michel.
Philippe Chauveau :
Un nouveau titre Bernard Werber, chez Albin Michel « Troisième humanité ». Le point de départ, c'est une expédition. Nous sommes dans les glaces avec ce paléontologue Charles Wells qui va faire une découverte étonnante, à savoir le squelette d'un homme démesurément grand. Un point de départ qui va nous amener à une refonte complète de l'Humanité. Alors comment est-elle née cette histoire ?
Bernard Werber :
Au début, il y avait l'idée d'offrir le point de vue de la Terre. Je me suis dis la Terre est un personnage, ça serait bien de la faire parler. C'était un agacement de voir les partis écologistes qui disaient n'importe quoi. Je me suis dis prenons le parti de l'entité la plus concernée par la pollution et les problèmes démographiques, c'est la planète elle-même. J'ai commencé à la faire parler. Et après je me suis dis, elle nous perçoit comme une espèce parasite locataire, mais qu'est ce qu'elle souhaite ? Qu'est ce qu'elle attend de nous ? Et j'ai imaginé que certaines personnes, mes deux héros, Aurore et David, prennent conscience que la Terre a une envie par rapport à notre espèce et ils vont aussi découvrir qu'il y avait une Humanité avant qui a échoué et nous sommes la deuxième Humanité et nous avons la possibilité d'en construire une troisième.
Philippe Chauveau :
Il y a une vision de l'apocalypse, mais en même temps on n'a pas envie d'avoir peur parce que vous nous expliquez que l'apocalypse, ce n'est pas la fin des temps...
Bernard Werber :
Non. En fait l'étymologie ça signifie « Apo », la levée, et « calypso », la voile. Donc ça veut dire la levée du voile. Dans le sens étymologique, ça veut dire que la vérité est cachée, mais un jour arrivera l'instant où on lèvera le voile et on verra ce qui se passe réellement. Et on a considéré que c'était la fin du monde parce qu'on se dit que l'Homme n'est pas prêt à voir la vérité et quand il verra la vérité il sera stupéfié de surprise et il mourra. Mais ce que j'explique dans « Troisième humanité » c'est que l'Homme a une autre possibilité. Au lieu de mourir de surprise, c'est de se transformer pour s'adapter à cette nouvelle vérité. Cette réalité enfin dévoilée, c'est que nous sommes une toute petite espèce, nous sommes très récents. La planète Terre a cinq milliards d'années, nous avons tout au plus sept millions d'années et nous sommes les derniers arrivés. Les fourmis sont là depuis 120 millions d'années, les dinosaures depuis 250 millions d'années. Cette réalité, c'est que nous sommes une espèce qui peut disparaître. Ce n'est pas grave, la nature s'en remettra, l'univers s'en remettra. Par contre nous risquons d'abîmer la Terre si nous faisons des bêtises. Donc il faut repenser notre rapport à la planète.
Philippe Chauveau :
Il y a une certaine critique de notre société. Vous mettez le doigt sur certains de nos travers...
Bernard Werber :
Je ne me moque pas du principe des actualités, je vois juste qu'on se prend tous les jours un choc avec un monde de guerre, des atrocités, la pollution. Des infos qui passent et qui jouent sur l'émotionnel. Je pense à ces gens qui mangent en regardant la télévision, je ne sais pas comment ils ont encore de l'appétit. Quand on est branché sur l'actualité du monde, ce sont des gifles à longueur de journée.
Philippe Chauveau :
Est-ce qu'il y a beaucoup de vous-même dans David Wells ?
Bernard Werber :
Non ! C'est peut-être le héros qui est le plus différent de moi. Déjà il a des cheveux et il est petit. A priori je suis plutôt grand et je n'ai pas de cheveux... Aussi, il est plus en retrait. C'est quelqu'un qui est obsessionnel de la science et de l'avenir. Moi je suis plus dans le monde. Il n'est pas sociable, je suis beaucoup plus sociable. Par contre je suis un peu dans l'héroïne, Aurore Kammerer, elle a un petit côté rentre dedans et elle a envie de faire bouger les choses qui sont dans les routines que je partage fortement.
Philippe Chauveau :
Merci Bernard Werber. Votre actualité « Troisième humanité » chez Albin Michel.